Ceux qui se donnent la mort pour en finir avec l'existence qui est la leur ont l'air d'être vraiment convaincus que tout se termine avec la mort, ce qui n'est certainement pas impossible, mais comment en être sûr cependant?

Un être intelligent se reconnaît à la facilité avec laquelle il comprend non pas tant ce qui est difficile et incompréhensible que ce qui est bête, et qui souvent a seulement l'air bête,  et inadmissible.

Il n'y a d'évident que ce qui est vrai, mais cela ne semble guère évident, bien évidemment.

Que de sottises ne débite-t-on , que d'horreurs ne commet-on rien que pour se donner une contenance, pour avoir l'air de quelqu'un de bien, de respectable!

L'ignorance et l'absence de talent, qui, bien souvent, se révèlent être des formes particulièrement exacerbées de paresse, mais ne s'y réduisent heureusement et malheureusement, car les circonstances imposées par divers facteurs, n'expliquent pas moins l'ignorance, ne stérilisent pas moins toute émergence de talent,  sont  autant des causes d'émerveillement que des motifs de dénigrement.

Interdire l'accès au savoir et empêcher le talent de se développer, péché suprême dont sont capables bien des gens sans même en être conscients.

Sans doute faut-il que, pour être, la justice se doive d'être rétributive, et de là distributive, mais on peut se demander si une justice rétributive, ce n'est autre chose qu'une justice de commerçant, de boutiquier, et ce serait une justice qui serait d'autant moins une justice qu'elle aurait la simplicité de croire en la possibilité d'une réelle. et juste,  rétribution.

On se tiendra pour satisfait d'une justice rétributive, à la seule condition de ne désirer une justice qui soit élevée, mais une justice peut-elle être juste si elle n'est pas élevée.

On peut entendre sans écouter, mais il arrive régulièrement qu'on a beau écouter, mais on n'entend rien, et pourtant l'on n'est pas atteint de surdité.

Ne de rien souffrir, ne pas s'ennuyer, c'est déjà pas mal, c'est même très bien, mais cela ne peut que se conquérir: importance et insignifiance de l'éducation.

Ne pas gaspiller son temps, ne pas se laisser voler sa vie par les autres, ne pas la dilapider en se passionnant pour des inepties.

Tout n'est peut-être qu'ineptie, mais tout n'est pas identiquement ineptie.

Quoi qu'on puisse dire du, contre le succès, le succès n'est jamais facile, et c'est ce que, pourvu qu'ils soient intelligents, ne manqueront de reconnaître même ceux qui arient tendance à mépriser le succès, à n'en faire aucun cas.

Le succès peut, plus souvent qu'on ne le croit, s'avérer encore plus difficile que la réussite la plus élevée.

Le travail et l'intelligence peuvent suffire à l'élévation de soi, à la réussite, mais pas au succès.

C'est, le plus souvent, en cherchant à se montrer intelligent, qu'on révèle l'étendue de son imbécillité, mais cela ne veut point dire que ceux qui n'ont à coeur de démontrer qu'ils sont intelligents ne sont point, eux aussi, parfois, des sots.

Certaines personnes ne comprennent jamais qu'ils ne font que perdre leur temps, leur vie, et, bien souvent, ne comprennent, ne comprendront jamais qu'ils n'auront fait que cela, et c'est peut-être tant mieux pour eux; d'autres comprennent, finissent par comprendre qu'ils n'ont jusque-là fait que cela: perdre leur temps, leur vie, et on ne sait très bien si c'est tant mieux ou tant pis, vu que c'est toujours très tardivement, quand il est trop tard-------et il est toujours trop tard------------ qu'ils se rendent compte qu'ils n'ont fait que perdre leur temps, quand il n'y a plus rien qu'ils puissent faire , ou alors si peu que c'en est franchement ridicule; d'autres encore croient fermement ne pas perdre leur temps, sont convaincus de vivre pleinement, mais en fait, ils ne font, eux aussi, que perdre leur temps, et tantôt s'en rendent compte, tantôt pas. Ils sont certainement à plaindre, même s'ils n'en demandent pas tant.
Mais il y a pire: ceux qui savent d'avance qu'ils vont perdre leur temps, qui, consciemment,, voire avec une espèce de frénésie, perdent leur temps et persistent à le perdre.
On en pourrait que conclure qu'il n'y a que cela à faire: perdre son temps.
Est-ce vrai cependant?
 Ceux qui perdent leur temps, qui brûlent leurs heures par obligation, ont peut-être le mérite de ne perdre leur temps que contre leur volonté, de ne pas le vraiment perdre en un sens; sait-on jamais cependant?
La vie étant ce que l'on peut constater, il est permis de penser que si, passé les années d'enfance par exemple, pour prendre un repère commode, on a pu, chaque jour de son existence, consacrer ne serait-ce quelques minutes à être attentif à ses parents, aux siens, on n'aura certainement pas consumé tout son temps à perdre sa vie.

Que de gens, pour se donner un air de supériorité, se comportent comme les êtres inférieurs qu'ils sont au fond!

On peut ne pas s'interdire de dire de quelqu'un qui le mérite, et pourvu que ce soit dans un but salutaire, tout le mal qu'il faut, mais on s'obligera en même temps à rappeler en quoi il n'est pas entièrement vil.

Il est des personnes dont il est, même en mentant, impossible de dire du bien et c'est là un fait auquel on ne fait pas suffisamment attention, peut-être parce que c'est quelque chose de trop fréquent, ou parce qu'on voudrait bien oublier qu'il peut exister de telles personnes, quand on ne serait soi-même quelqu'un dont il est rigoureusement de dire le moindre bien.

On se convainc aisément que tout ce que l'on fait est bien: il suffit pour cela d'être malhonnête.

Il y a des gens qui salissent tout, qui salissent même ce qui est beau et vertueux; il se faut tenir le plus loin possible d'eux.

Il est des compliments dont on se peut demander s'ils n'ont pas pour but de vérifier si les destinataires auxquels ils sont adressés sont encore plus sots qu'on ne le pourrait penser.

Seul un sot se réjouit d'un compliment; un homme intelligent fera tout au plus semblant d'en être flatté.

Celui qui nuit à mon ennemi, disait quelqu'un, qui l'humilie et le tue, n'est certainement pas une personne en laquelle je verrai un ami, car il m'ôte le plaisir extrême que je pourrai prendre à faire souffrir quiconque m'aura causé quelque tort, avant de l'exterminer.

 Il n'y a aucun mal à souhaiter que crève un salaud, pourvu qu'on le fasse crever soi-même.

Infiniment plus méprisable qu'une ordure est celui qui l'approuve et le loue.

Quand on n'a rien à gagner, on n'a rien à oerdre non plus, mais quand on n'a rien à perdre , on a tout à gagner, et comme quand on peut tout gagner, on peut tout perdre, il s'ensuit donc que quand on a tout à gagner, on n'a rien à gagner, comme n'importe qui le sait très bien.

Un esclave, c'est quelqu'un qui n'est pas libre, qui est opprimé, mais bien plus encore quelqu'un qui s'efforce de croire et de convaincre les autres que c'est lui-même qui a souhaité la condition qui est la sienne, quand il ne s'en affirmerait l'auteur.

Ce n'est pas parce qu'on a de la difficulté à atteindre les sommets, qu'il faut s'accommoder de ce qui est médiocre.

Ce qui est médiocre est toujours forcément vulgaire, mais ce qui est vulgaire n'est pas toujours médiocre.

 Certaines personnes, la plupart des gens, ne parviennent à mener une vie pleine en raison de l'emprisonnement que leur impose la pauvreté, d'autres parce que , riches, ils ne sont soumis à aucune contrainte.