Friday, October 31, 2014

Une promesse n'en est une que dans la mesure où il est impossible de l'honorer, dans la mesure  où elle exige qu'on ne cesse de se tuer à l'honorer.

L'être humain est cet animal qui est tout promesse, qu'il le sache ou non: c'est à la fois son drame et sa chance.

Il ne faut jamais donner à croire, ou même à soupçonner, à qui que ce soit qu'on lui promet quoi que ce soit, il ne faut surtout jamais le faire savoir ouvertement, fût-on sincère, car c'est le comble de l'indicrétion et de la vulgarité.
Ils tiennent à savourer le privilège de pouvoir choisir leurs propres tortionnaires, mais ce n'est pas ce qui les empêchera d'être torturés par d'autres qu'ils n'auront pas choisis ou qu'ils auront, sans le savoir, choisis.

Il faudrait que le droit de vote ne se réduisît point, comme c'est souvent le cas---------certains disent: tout le temps le cas-------, à celui de choisir uniquement entre deux maux.

C'est en choisissant celui qui les dominera et les asservira que plus d'un croit démontrer qu'il est libre.
Il faut, pour écrire, avoir perdu absolument toute relation avec tout langage déjà existant, avoir atteint à un état de mutisme complet et d'amnésie totale: il faut, pour écrire, être devenu aphasique, comme tout écrivain le sait.

L'aphasie de l'écrivain est, si l'on veut, une maladie, mais il ne s'agit pas d'une pathologie au sens strict: cette aphasie-là, l'aphasie créatrice, qui se distingue de l'autre aphasie en ceci qu'elle ne s'installe jamais tout à fait une fois pour toutes et que l'on n'en guérit jamais vraiment, il la faut toujours, au prix d'un labeur extrême, reconquérir.

C'est parce que l'aphasie est une condition nécessaire de l'acte d'écriture, qu'il n'y a aucun sens à dire de tel ou tel écrivain qu'il écrit en telle ou telle langue, en anglais ou en français, par exemple: il écrit en une langue nouvelle qu'il aura inventée et ce n'est pas parce que d'aucuns la confondent  avec telle langue qui leur est familière qu'il faut se laisser abuser.