Sunday, October 16, 2016

Ceux qui ne comprennent point mes textes, mais qui, néanmoins, persistent à me lire, ont bien quelque chance de me comprendre un jour, d'en arriver même à trouver que mes textes sont incroyablement limpides, me confiait quelqu'un qui passe pour désespérément hermétique. Il préféra, mes questions nonobstant, ne rien dire ausujet de ceux qui étaient convaincus de comprendre non seulement ce qu'il écrivait, mais même ce qu'il n'écrivait point; sans la moindre difficulté.

Est-il possible de parler sans dire des bêtises? Oui, mais à condition d'écrire en parlant et de ne point chercher à communiquer.

On demande souvent aux écrivains, aux artistes, aux vrais---et non seulement à ces médiocrités qui croient écrire---ce qu'ils ont voulu dire, voulu faire. Exista-t-il jamais question plus sotte? N'ont-ils point, ces écrivains et artistes,  écrit?

Rencontrant pour la première fois certaines personnes, on aurait envie de leur dire que hier encore on ne les connaissait pas et qu'on s'en trouvait infiniment mieux. Y comprendraient-elles, cependant, quoi que ce soit?


La plupart des humoristes sont bêtes, méchants, vulgaires, agressifs et cruels; seule exception peut-être: Alphonse Allais, mais Allais, en lequel Gérard Genette voyait, voit notre maître à tous, n'était certainement pas qu'un humoriste.

Il est bien possible que seuls les morts ne, étant déjà morts, désirent mourir; et pourtant, il y tant de vivants qui sont en fait des morts.





Wednesday, August 24, 2016

Quel écrivain ne se sentirait déshonoré et sali de s'entendre dire qu'il a une belle écriture, qu'il écrit bien, que l'on prend un plaisir immense à le lire! Sans doute est-ce le rôle d'un amuseur, d'un(e) prostitué(e), voire celui d'un politicien, de plaire, de procurer du plaisir; en peut-on dire autant d'un écrivain?

La vie moderne est un tel emprisonnement, un tel esclavage, que le plaisir y a pris une importance démesurée, mais qu'est ce plaisir-là , si ce n'est une bien insignifiante consolation, un exutoire fade, insipide et, même, coûteux? Même les êtres humains n'ont pas toujours été soumis à un tel environnement, mais il semble qu'on l'ait oublié.

Le spectacle d'un animal enfermé, n'importe où et pas seulement dans une cage, est quelque chose d'horrible, d'insoutenable; que dire alors de celui d'un homme dans les fers? Seul l'être humain éprouve le besoin ou le désir d'enfermer, de mettre en cage; cela seul devrait suffire à rappeler que les hommes sont des êtres inférieurs.

Tel se croit libre qui, en fait, est esclave de multiples influences, de bien des préjugés; ce n'est pas aussi grave que l'école,que  l'asile, que la prison ou le travail, mais c'est peut-être incroyablement plus sale, d'autant plus sale que les influences que l'on subit le plus et le plus intensément sont celles que l'on récuse avec fureur et/ou celles dont on n'est même pas conscient.

Il est exceptionnel, peut-être même impossible de comprendre quoi que ce soit au moment même où cela se passe, mais ce n'est pas l'avis des imbéciles. On n'en aurait rien à foutre, s'ils n'étaient si nombreux; mais ce sont eux qui, un peu partout, triomphent, qui exercent une véritable dictature, comme le démontre superbement le suffrage universel.

Comment peut-on se dire le disciple, ou même l'admirateur de qui que ce soit? Il vaut encore mieux être croyant et fréquenter des lieux de culte; non?






Wednesday, July 27, 2016

La page blanche n'est pas la page blanche; il ne s'ait pas d'une réalité qui existerait déjà, mais d'une nécessité qui n'est pas encore et qu'il faudra construire à partir de rien.

Friday, July 8, 2016

L'homme descend-il du singe? Ce qui est indéniable, c'est que les hommes adorent singer et sont friands de singeries.En sont-ils, ceux-là aussi, des descendants du singe? Oui, mais à condition de préciser que ce n'en sont que des perversions.

Si l'Humanité évoluait un peu plus rapidement, sa destruction eût déjà été chose faite. Mais ne désespérons pas: on en aura bientôt fini avec l'humanité de ces étranges créatures que l'on dit humains. A ces imbéciles qui me demanderaient si je ne suis humain, moi aussi---comme si cela les concernait----, je dirais que j'espère bien n'être pas humain ou ne plus en être un bientôt.

Avec la liquidation de l'humanité des êtres humains, commencera l'ère des surhumains, sauf si avant même ladite liquidation, les êtres humains, pas tout le monde, ont déjà procédé à l'extermination de toute forme de vie, car les êtres humains, des êtres incurablement inférieurs, ne redoutent rien tant que la venue du surhumain.

Il ne s'agit pas de tuer tous les êtres humains, mais, encore que ce ne soit peut-être pas une mauvaise idée d'en, comme on dit, envoyer ad patres un bien grand nombre d'entre eux, d'abolir leur humanité, la cause principale de ce que j'ai ailleurs appelé leur mauvaiseté.

Bien des êtres humains  (la majorité?) en sont toujours à un stade animal de développement, mais, même dans le pire des cas, ils ne sauraient être aussi dangereux que ceux que leur humanité distinguerait.

A quoi reconnaîtrait-on un être surhumain? Simplement à ceci que, passé un certain âge, il ne serait plus l'otage de tout désir mimétique?




Le racisme n'est peut-être pas la chose du monde la mieux partagée, mais il est certainement ici et là, un peu partout, sinon presque partout, comme poisson dans l'eau.

Les expressions et manifestations du racisme, inséparables de la perception et de la conviction de l'altérité de l'autre, digne, en raison de son altérité, d'un traitement différent, lequel n'est pas toujours forcément injuste et cruel, uniquement parce ne sont retenus, chez lui, que les indices, réels ou imaginaires, d'une différence dont on ne sait si elle séduit plus qu'elle n'inquiète,  sont multiples, retorses et contradictoires, au point d'induire en erreur, d'empêcher bien souvent  d'identifier le racisme lui-même et d'inciter à en reconnaître les prétendues stigmates là où il est foncièrement absent, car le racisme, ce n'est pas que le refus de l'altérité de l'autre, auquel on rêve parfois de s'identifier, toujours sans succès---d'où la frustration et la haine qui en résultent---, c'est aussi, corrélativement la haine de soi et surtout la haine de ceux qui renvoient à soi l'image tant honnie de soi.

Le racisme n'a rien de naturel: les enfants ne sont pas racistes.

Voir en l'autre, alors qu'on ne le connaît même pas,  quelqu'un de laid et de repoussant, quelqu'un qui mérite d'être humilié et tué, non parce qu'il est vraiment laid et repoussant et qu'il mérite d'être humilié et tué, mais parce qu'il est différent, est-ce autre chose que du racisme?

La différence fait-elle peur? Elle en est certainement capable; mais pas toujours. Ce qui est sûr, c'est m'est pas plus, ni moins, inquiétante que l'identité.

Ce qui, à l'instar du racisme par exemple, n'existe pas partout, pourrait bien ne pas exister du tout, mais il en va du racisme comme de toute autre invention: on ne rechigne pas, à l'occasion, à y recourir, pas avant d'avoir trouvé quelque chose qui y ressemble sous réserve que c'en soit une forme améliorée.

Sunday, June 5, 2016

Le sujet humain naît et grandit dans un état de dépendance à peu près totale et, à considérer comment la plupart, la très grande majorité des êtres humains mènent, choisissent de mener ou acceptent (en raison de contraintes subies, voulues ou accueillies) de mener leur vie, on est comme obligé de conclure qu'il n'y a rien que les êtres humains (Dieu merci! il n'y a pas que des êtres humains sur terre) aiment tant que de végéter ou de se prélasser dans un état de dépendance, de servitude même. Faut-il y voir une forme de régression au stade infantile? Je tiens qu'il s'agit plutôt d'une forme de perversion due à l'humaine tendance à la paresse.

L'aspiration au confort, dont on pourrait, non sans raison, penser que c'est le propre des classes aristocratiques ou, même élevées---les aristocrates ne sont bien souvent que des aristocrates  de l'argent---, la particularité de ceux qu'écoeurent les sordides mesquineries que le hasard sème sur les chemins de l'existence et auxquelles condamne l'absence de rigueur dans la conduite de sa vie à soi, n'est au fond et malheureusement peut-être qu'une litote servant à sublimer la paresse, voire la volonté de mort, d'autodestruction  dont elle est l'expression foncière; mais que peut bien désirer le vivant d'autre que la mort?

Les êtres humains seuls se, d'une manière ou d'une autre, tuent eux-mêmes , mais pas les animaux, ni les plantes, qui, eux, meurent; du moins dans l'état actuel de nos connaissances.Est-ce la preuve de la supériorité de l'être humain par rapport aux autres vivants?

Il se tue, se donne la mort, mais c'est pour ne pas mourir, pour ne point subir passivement sa mort.

Qu'est-ce que la mort donnée---et non infligée---à soi-même sinon un acte suprême de libération, 'le seul acte réussi' disait Lacan après Freud.

On se veut d'autant plus libre qu'on se sait ne pas l'être: on aime bien substituer la comédie à la réalité, jusqu'à ce qu'on découvre autre chose.

Friday, June 3, 2016

Le comportement humain est au moins souvent irrationnel, mais jamais incompréhensible et surtout pas inexplicable.

On peut expliquer et même comprendre, mais sans pour autant approuver ni, non plus, accepter.

Pourquoi s'étonner qu'un nigaud se croie intelligent? N'est-ce pas un nigaud après tout?

On balance des énormités le plus souvent parce qu'on est con; mais aussi par complaisance, et c'est peut-être plus grave encore.

Ils sont nombreux, très nombreux même à vouloir parler de ce à quoi ils n'entendent rien et ne peuvent rien entendre; que voulez-vous? Il faut bien qu'ils n'aient pas l'air trop con, mais malheureusement pour eux, ce n'est pas ce qui changera quoi que ce soit.

Le silence dans la discussion ne signifie pas que l'on n'ait rien à dire; pas toujours.  On se tait bien souvent parce qu'on s'ennuie, parce qu'on n'en a rien à foutre et, surtout peut-être, parce qu'on se sent trop fatigué.




Thursday, June 2, 2016

On est toujours insuffisamment honnête et toujours trop malhonnête, mais on peut douter que tous ceux qui se disent honnêtes et tous ceux qui ne se devinent malhonnêtes soient d'accord.

Les gens diaboliquement malhonnêtes se doivent de penser  que les autres ne sont pas moins malhonnêtes qu'eux. Quel réconfort cependant! Seuls ceux qui sont à l'extrême malhonnêtes s'en pourraient  contenter.

Ceux qui sont malhonnêtes ne peuvent pas ne pas savoir qu'ils sont de véritables pourritures, mais ils ne savent pas qu'ils le savent, ou n'en veulent rien savoir.

Il ne faut croire sur parole toute personne qui se dirait allergique à la malhonnêteté, non qu'elle soit forcément malhonnête, mais parce qu'une personne qui entretient un idéal d'honnêteté n'éprouve aucunement le besoin d'en parler et parce que quiconque se dit allergique à la malhonnêteté peut très bien le faire pour des raisons que tout le monde peut deviner.

Il y en a pour qui la malhonnêteté est une expression d'intelligence et qui n'hésitent pas à s'en vanter. Ce ne sont que des fumiers, mais ils ne sont peut-être pas aussi méprisables que ceux qui les approuvent et les encouragent.

Faut-il rendre aux gens malhonnêtes la monnaie de leur pièce?  Rien n'est moins sûr; le mépris devrait suffire, un mépris calculé et cruel, si le mépris n'était lui-même un objet de mépris.












Le philosophe essaie de comprendre, mais on croit qu'il cherche à expliquer, quand on ne se dirait que comprendre et expliquer, c'est, ce serait au fond la même chose.

On pourrait penser que pour expliquer, il faut avoir compris; c'est peut-être juste, peut-être seulement, mais encore faut-il que celui qui s'efforce de comprendre soit assuré d'avoir compris.

A moins qu'on ne soit d'avis que, pour comprendre, il faut d'abord expliquer ou s'expliquer; ce pourrait sembler l'évidence même, mais à la condition d'entendre expliquer non moins que s'expliquer au sens de se confronter avec, et l'on ne sera alors jamais tout  à fait prêt à en finir avec l'exercice en question.

Que c'est rassurant, du moins pour certains, de croire, de penser qu'on a compris, qu'on a tout compris de préférence! Cela dispense de continuer de chercher à comprendre.

Pour comprendre, si tant est qu'on comprenne jamais quoi que ce soit, il faut s'éloigner, fermer les yeux et se boucher les oreilles, tout en gardant à l'esprit que même là on ne sera jamais sûr de comprendre.

Comprendre, c'est prendre avec; on le savait auparavant, mais il faut croire que depuis on a évolué.

Monday, May 16, 2016

De loin on voit mal, mais de près on ne voit rien.

On ne voit pas ce que l'on ne voit pas, personne n'en disconviendra, mais on ne voit pas non plus ce qu'on voit.

Avant le cinéma déjà, on savait que l'on ne voit pas, que l'on est incapable de voir ce qui est pourtant devant soi, mais le cinéma a certainement mieux souligné cette curieuse évidence qui continue à échapper à l'humaine attention la plupart du temps.

Le cinéma, même quand il se contente filmer l'événement, ne fait  pas que le reproduire: il révèle à proprement parler l'événement, voire le produit: mais seuls les authetinques cinéastes et ceux qui savent lire en sont conscients, et ils ne sont pas nombreux.

L'oeil de la caméra ne fait pas que regarder et reproduire: il interprète, il lit et écrit, et cela réserve bien des surprises au cinéaste lui-même qui découvre que le vrai cinéaste, ce n'est pas lui.

Le cinéma est avant tout une écriture, mais seuls quelques rares cinéastes particulièrement courageux et exceptionnellement lucides s'y essaient.



Sunday, May 15, 2016

Il faut, pour songer à se battre pour la justice, savoir qu'elle est impossible, et la justice n'a de prix qu'à ce prix.

Il n'y a que les enfants et ceux qui, l'âge nonobstant, sont demeurés enfants, qui sachent refuser l'injustice: ils n'ont pas encore été corrompus par les autres, par la vie.

Les enfants ne savent pas être malhonnêtes; ils sont tout au plus égoïstes; mais parfois seulement, tandis que les adultes, quoique pas tous, savent être malhonnêtes tout le temps, et même quand ils cherchent à faire preuve d'honnêteté.

Une vie gâchée, dilapidée, salie, il n'y a rien de plus triste que cela.

Le courage est assurément la plus haute des vertus, mais le courage est rarement ce que l'on croit.

Ceux qui louent le courage dans l'adversité ne savent pas qu'il n'y a de courage que dans l'adversité.






Si la politique traite du vivre ensemble, la métapolitique, en tant que dépassement de la politique, ne peut avoir pour champ qu'un vivre avec qui serait également un vivre sans.

Réaliser une bonne action dans l'espoir d'une récompense, c'est peut-être pire encore que de commettre une vilaine action.

Les victimes de l'injustice sont nombreux à rêver du moment où ils auront enfin la chance de brandir le fouet de l'injustice.

On souhaiterait que le pouvoir fût juste, mais le pouvoir ne se savoure que dans l'impunité et on ne peut avoir le sentiment de jouir de l'impunité que si l'on commet une action particulièrement révoltante.

La peine capitale appliquée à un criminel, mais pour un crime qu'il n'a pas commis, voilà qui pourrait convaincre de l'existence d'une justice suprahumaine.

Une indifférence savamment calculée et travaillée au point de passer pour de l'indifférence pure, c'est peut-être la forme superlative de la vengeance.

Friday, May 13, 2016

Faire mieux que les Anciens, c'est souvent, dans un premier temps. ce dont on est convaincu d'être capable et dont on ne se préoccupe même pas non sans quelque mépris; puis vient le moment où l'on s'en devine incapable; cependant, comme on n'est pas seulement con et nul, mais également lâche et malhonnête, on n'en veut rien savoir; plus tard, bien plus tard, parfois, et parfois seulement, on comprend, eût-on jusque-là vénéré les Anciens au point d'en faire des dieux,  à quel point ils, mais seuls certains d'entre eux, demeurent indépassés et sont, peut-être même, indépassables, non sans se dire cependant  qu'on peut, pourrait  faire aussi bien qu'eux, quoique différemment et l'on parvient alors à effectivement faire mieux qu'eux, mais ça n'arrive que très rarement.

Plus d'un grand penseur donne souvent l'impression d'être superficiel et trivial et il n'est pas du tout impossible que l'on n'ait pas tort de juger tel ou tel penseur médiocre et  insignifiant, mais il s'agit d'une médiocrité, d'une trivialité dont ne seront jamais capables la plupart des gens.

C'est l'ignorance et la suffisance, cette forme ultime de la sottise, qui empêchent de juger à leur juste valeur les grands penseurs; si on les lisait mieux, on les comprendrait moins et l'on saurait alors qu'ils ne sont pas si simples qu'ils en ont l'air, et cela s'applique encore plus aux poètes qu'aux penseurs, en admettant que tout vrai penseur  , Heidegger par exemple, ne soit pas également et en même temps poète, et que tout authentique poète, Hölderlin par exemple, ne soit pas en même temps grand penseur; mais il y a longtemps, très longtemps que les présocratiques l'avaient compris, cela.

En pensant l'Histoire de la philosophie depuis Platon comme celle d'un perpétuel déclin, Heidegger a à la fois raison et tort, mais seuls ceux qui n'ont rien compris à Nietzsche et qui ne voient ce que le mage de Messkirch doit au solitaire de Sils- Maria n'hésiteront à trouver que Heidegger se trompe et a tort.

Il est très difficile de penser, surtout si l'on croit savoir ce que c'est que penser.

Il faut pour penser un abri spécial, abri invisible que le penseur se construit et qu'il transporte partout, mais dont personne ne sait rien.


Monday, May 9, 2016

Ils connaissent toutes les réponses, car ils ne se posent aucune question.

Trop occupé à gagner sa vie, à safisfaire ses besoins, à s'acquitter de ses devoirs et obligations, et à travailler à la réalisation de ses ambitions personnelles et mondaines, il s'était transformé en un véritable déchet ambulant, mais n'en avait aucunement conscience et croyait, ce dont il ne se privait guère, pouvoir se vanter de ce qu'il était devenu.

Tout grand criminel rêve de commettre au moins une grande et noble action et il arrive même à chacun d'entre ces grands criminels de croire qu'il a, qu'il aura effectivement réussi à réaliser la grande et noble action au moyen de laquelle il pensait probablement faire oublier sa bassesse, mais c'est, il le faut espérer, peine perdue.

L'être humain rêverait-il d'immortalité s'il ne se savait éphémère et insignifiant?

Insatisfait de soi-même, on cherche à plaire aux autres, et incapable de plaire aux autres, on se replie sur soi, sur l'image irréelle qu'on s'est faite de soi.

On n'admire jamais que des êtres inexistants, des fantômes, et on n'a peut-être pas tort.







Sunday, May 8, 2016

On n'en fait jamais assez pour les siens et toujours trop pour les autres, et on ne se doute  pour ainsi dire jamais de rien.

Ne jamais rien accepter d'autrui, même quand c'est, comme on dit, offert de bon coeur et sans qu'on ait demandé quoi que ce soit: c'est trop dangereux, d'autant plus dangereux que c'est probablement impossible.

Rationaliser! Y eut-il jamais d'entreprise  moins rationnelle que cela?

Une pensée purement (sic) originale n'est sans doute pas impossible, mais il n'y aura que son auteur pour l'identifier, la lire, la comprendre.

A défaut d'une pensée purement et rigoureusement originale, on s'efforcera, comme l'ont, entre autres, fait tant de poètes, de peintres, de musiciens, d'en bâtir une qui soit quasi originale, mais sans jamais s'en donner pour heureux.

Il ne sera jamais aisé à quiconque redoutant de souffrir et craignant de mourir de vivre dans l'honneur et la dignité.








Un homme intelligent sait qu'il n'a rien à attendre de la vie et doute de pouvoir s'atteendre à mieux de la mort.

L'être humain souffre tantôt de ne pas réaliser les désirs qui le taraudent le plus brutalement, tantôt de les assouvir; et dire que ces désirs qui le font tant languir ne sont même pas les siens propres.

Le sujet humain n'existe pas vraiment; il croit seulement exister, ou plutôt, comme le disait merveilleisement Lacan, il ex-siste.

C'est quand on n'a plus beaucoup de temps à vivre que l'on se rend compte que l'on n'a pas fait grand-chose de sa vie, ,mais il faut pour cela beaucoup de lucidité.

La volonté de pureté, de hauteur n'est possible que si l'on a le sentiment, vrai ou faux, d'être sale et ignoble, mais il est exceptionnel qu'en soient atteints ceux qui sont vraiment abjects et puants.

On ne vit vraiment, si l'on vit, qu'en dehors du monde, dans une espèce de néant , et tout le reste n'est que pourriture; mais comment acccepter qu'il en puisse être ainsi?

Sunday, May 1, 2016

Dépasser, tuer l'être humain en soi, mais sans régresser ni digresser dans le sens de l'inhumain, dans le sens de la dureté: telle est la tâche qui attend tout vivant humain et dont très peu, en admettant qu'il y en ait, sont capables.

Un jour peut-être, les êtres humains auront honte de leur condition d'être humain et ce sera probablement alors le signal du début de la plus grande révolution de tous les temps, de cette révolution dont seuls les penseurs et les artistes auront jusque-là su concevoir le projet désormais accessible aux autres pour s'être, grâce à l'oeuvre des penseurs et des artistes justement, transformés en prenant conscience de la honte de leur condition.

La société, la société moderne surtout, mais non moins peut-être toute société, fait obstacle à toute forme de vie communautaire, voire, encore qu'il ne soit guère assuré que la famille, quelle qu'en soit la réalité empirique ou conceptuelle, précède l'avènement de la communauté, à toute vie familiale; les premiers hommes étaient, semble-t-il, différents, car eux vivaient en communauté.

Une bonne action, est, étant donné qu'elle transforme le bénéficiaire en débiteur et le contraint à de l'ingratitude, sans qu'on s'en doute, une bien mauvaise et vilaine action, sauf peut-être entre parents et enfants, entre frères et soeurs, et entre ceux que l'amour unit.

Pour les êtres humains en général, une chose est fondamentalement bonne ou mauvaise: ils sont incapables de transcender cette opposition ou cette dialectique entre le bien et le mal; ce sont des dégénérés, des êtres inférieurs. Il faut en finir avec les êtres inférieurs en éliminant toute infériorité chez eux.

L'être humain est une pathologie qui ne saurait être guérie que par des êtres surhumains: vienne le Surhomme.
Una dies sine linea! Quid pudor est! Et tamen...

Une suite ininterrompue de catachrèses, les unes volontaires, les autres inconscientes, d'hyperboles, et donc de litotes, rarement perçues pour ce qu'elles sont,  d'antiphrases que l'on parvient à peine à identifier, alors que l'on ne pourrait s'en dire innocent, de synecdoques et de métaphores qui n'engendrent que des illusions et des contresens, la vie ne serait donc qu'un processus rhétorique?

Bien des gens tiennent au respect des autres, alors qu'ils ne se manifestement respectent eux-mêmes: il leur faut bien trouver quelque compensation.

Il faut pouvoir refuser absolument tout contact avec les gens malhonnêtes et ce n'est guère chose facile.

Dans la société des êtres humains, il faut parfois dire la vérité, souvent mentir, et toujours tromper, si toutefois l'on tient à survivre et à triompher.

PLus d'une bonne action est animée de bien mauvaises intentions, mais il est fort rare que l''on s'en aperçoive.




Friday, April 29, 2016

La vie est sale, la vie salit; mais c'est peut-être une chance qu'il en soit ainsi, car sinon, si la vie n'était pas sale, tout désir de pureté serait probablement impossible.

La vie a beau être sale, la mort l'est sans doute bien plus encore.

Une vie, et peut-être même toute vie, c'est toujours très long et très court à la fois.

On est toujours d'autant plus con qu'on n'a pas conscience de l'être.

Il faut, autant que possible, éviter de contracter la moindre obligation, étant donné que, n'importe comment, on ne la pourra jamais honorer.

Vous m'obligeriez si vous ne m'obligiez à vous venir en aide; et je serais alprs, n'en doutez point, votre obligé.








Sunday, April 24, 2016

Qu'un grand écrivain, qu'un génie soit méconnu ou, même, inconnu, c'est là un phénomène tout à fait courant, mais comment, non pas expliquer---ce qui est plutôt facile---, mais  comprendre et accepter qu'un parfait imbécile ait, puisse avoir une réputation d'intelligence?

Les personnes réellement intelligentes ne sont, sauf si elles sont effectivement kidnappées par les forces du marché, jamais des êtres dociles; elles sont donc dangereuses pour l'harmonie sociale.

Ce qu'on appelle harmonie sociale en est presque toujours la négation; fondée sur l'adhésion, volontaire ou/et non, à l'inacceptable, elle implique la soumission d'une majorité impuissante et silencieuse au règne de la force en tant qu'expression du droit.

Le droit peut-il triompher? En apparence, oui; en apparence seulement. En fait, il se faut demander s'il peut concrètement, s'il peut effectivement exister.

Ce qui est réellement n'est qu'exceptionnellement, très exceptionnellement, intelligible ou, même, perceptible: on se passionne pour rien d'autre que des figures de rhétorique et on ne le sait même pas.

La Révolution est une nécessité permanente, mais elle a pour précondition impérative la lecture et la très grande majorité des êtres humains ne savent pas, du moins pas encore, lire.












Saturday, April 23, 2016

Il faut de soi n'avoir aucune considération, ou alors être quelqu'un de superlativement supérieur, pour consentir à exécuter des tâches ou tout simplement à commettre des actions, en apparence banales, courantes, ordinaires, mais toujours honteuses, humiliantes, infamantes.

C'est de leur propre gré, sans que soit nécessaire la pression de quelque contrainte extérieure, et avec un enthousiasme que rien ne saurait contenir, ni personne tempérer, que d'aucuns se livrent à des actions absolument dégueulasses (sic) et, parfois, sans même y prendre plaisir.

La volonté mimétique, que l'on inclinerait à tenir pour naturelle chez l'homme, est cause de bien des malheurs; il ne s'agit pourtant d'une fatalité, quand bien même le refus de tout mimétisme témoignerait d'un certain rapport au mimétisme.

Jusqu'à un certain âge, jusqu'à un certain état de dépendance plutôt, qui jusqu'à un certain âge se peut concevoir, mais point au-delà, le mimétisme, le comportement mimétique méritent bien d'être traités avec quelque indulgence, mais on s'interdira, sans perdre son temps à les fustiger, toute mansuétude à l'endroit de ceux dont la seule ambition, c'est d'êtres des perroquets et des singes.

Jeune, on est tout fier d'être comparé à tel grand peintre, pour ceci que son oeuvre à soi a, aurait, de toute évidence, été influencée par la sienne; avec le temps, on, à moins qu'on ne soit d'une stupéfiante médiocrité, s'efforce, sans nier ce que l'on a pu devoir à tel ou tel peintre, d'en effacer tout ce qui pourrait rappeler dans son oeuvre à soi quelque présence étrangère.

En lisant Joyce ou Sollers, on ne peut s'empêcher de trouver que ce sont avant tout des musiciens; des musiciens bien plus brillants que bon nombre de ceux qui se piquent de faire de la musique. Le vrai musicien n'est pas toujours celui que l'on croit et plus d'un musicien authentique ne s'est jamais trouvé à proximité d'un instrument de musique.


Friday, April 22, 2016

Une pensée, c'est-à-dire un comportement aussi et des actions, qui ne doit rien à rien, ni, surtout, à personne, cela seul est propre et beau.

Créer une pensée bien à soi, à partir de soi seul, c'est peut-être, encore que ce ne soit certainement point facile, moins difficile qu'on ne le croit, mais on n'y songe même pas et ne s'en soucie jamais.

On ne commence à penser qu'à partir du moment où l'on a tué l'humain en soi.

Sale et puant comme seul peut l'être un être humain! Mais Pascal alors? Mais Mozart? Mais Freud? Ah! Parce que vous croyez que ce ne sont que des êtres humains?

Rien de plus dangereux que la compagnie, ou même le simple voisinage d'un imbécile, surtout que, comme n'importe quel autre imbécile, il ne manquera pas de se prendre pour un aigle de l'esprit.

Le génie est toujours indulgent, mais il peut lui arriver de s'emporter, de s'indigner, de se révolter, et on---les pygmées de l'esprit, les gens inférieurs--- trouve alors qu'il n'est qu'arrogant.


Thursday, April 21, 2016

Toute injustice, la plus infime comprise, est un scandale, mais infiniment plus choquante encore est l'indulgence qu'elle rencontre, peut, ici et là, rencontrer, et qui l'encourage.

L'injustice est toujours une faute de lecture; pire, elle est le fruit pourri et puant d'une incapacité de lecture.

Il faut bien sûr s'insurger,  se révolter contre toute injustice, mais sans une seconde oublier que l'injustice, c'est la chose du monde la plus répandue; du moins dans l'univers de ces êtres que l'on dit humains.

Il y a des gens qui sont parfaitement disposés à faire l'apologie de l'injustice, surtout quand ils n'en souffrent pas: il faut refuser tout contact avec eux, n'accepter ni de leur parler, ni même de les écouter.

L'injustice, c'est une blessure portée au coeur de tout existant, quel qu'il soit.

Il faut savoir être indulgent; les grandes âmes le sont toutes, mais elles ne refusent pas moins toute injustice en même temps.


Wednesday, April 20, 2016

Tout contact est potentiellement porteur de salissure; heureusement et malheureusement.

D'avoir à travailler pour gagner savie et ne passer sa vie qu'à ça, c'est triste et lamentable à mourir; il n'y a que les êtres humains qui soient capables de cela.

En arriver à penser par soi-même, il n'y a rien de plus difficile; surtout pour l'homme moderne; mais il y a des siècles, voire des millénaires, c'était du monde la chose la plus répandue; et aujourd'hui encore, tel est, dans certains lieux, le cas.

Bien des êtres humain ne vivent guère plus intensément que des animaux; c'est en tout cas ce que l'on croit, mais rien n'est moins sûr. Quoi qu'il en soit, les animaux, eux, sont, même domestiqués, incapables d'accepter dans l'allégresse, ou la soumission, que leur soient imposées des conditions d'existence qui les font se hérisser.

L'être humain accepte sa pitoyable condition en l'oubliant ou en feignant de l'oublier.

Il est bien vrai que l'homme d'aujourd'hui ne ressemble que très peu à celui des temps passés: à la différence de l'animal, l'être humain change, évolue, mais c'est, semble-t-il, toujours pour le pire.

Saturday, April 16, 2016

Rien, comme la vie, n'empêche de vivre, la vie telle qu'elle est organisée, structurée par et dans la société de ces dégénérés que sont les êtres humains.

Chez les êtres inférieurs, pas de vie commmunautaire; tout au plus une vie sociale, sociétale, quand il ne s'agirait tout bêtement d'une vie grégaire.

L'Histoire des êtres humains est, tant sur le plan ontogénétique qu'au niveau phylogénétique celle d'une constante dégradation, celle d'une décomposition dont on croit régulièrement que le stade ultime en est atteint, mais malheureusement on se trompe sans cesse et on n'en finit de se tromper.

La générosité dans l'opulence, encore qu'elle ne soit même là guère fréquente, est à la portée de n'importe qui; ce qu'il faut, c'est la générosité dans le dénuement le plus total.

L'expression générosité dans le dénuement le plus total a, bien entendu, tout l'air d'une contradiction, voire d'un paradoxe; en fait, il s'agit d'une tautologie: c'est à cette seule condition, celle d'un extrême dénuement, que la générosité peut naître.

Une attitude de modestie, que l'on ne confondra avec la modestie même, que l'on ne tiendra pas forcément pour synontme de la modestie même, même si elle ne s'y oppose pas nécessairement, n'a bien souvent rien à voir avec de la modestie dans son invisible éclat; ce serait plutôt 








Saturday, April 9, 2016

Au commencement, rien, le vide; peut-être; présence du vide, du rien, présence donc aucunement de rien, mais de la vie même en quelque sorte, avant que n'apparaisse, ne s'installe, du moins pour la cécité humaine, la vie proprement dite, celle dite animale d'abord, ancêtre de la vie humaine semble-t-il, comme si la différence entre l'animal et le non animal ou le préanimal était clairement et comme définitivement établie, comme si surtout les choses et même les plantes n'étaient que des manifestations ou expressions peu importantes de ce qu'on nomme la vie, et il en découle, de cette relative indifférence quant à la vie des choses et des plantes, des conséquences, d'autant plus graves qu'on n'y prête généralement attention, pour l'humaine attitude vis-à vis de tout, car qui, les plus obtus compris, oserait douter que de la considération pour les objets, naturels ou/et non, pour la vie végétale, ne naisse un comportement enfin respectueux des hommes, des êtres humains entre eux-mêmes non moins, en même temps, qu'entre eux et ce qui, apparemment, ne relève pas de l'humain? Mais pour cela il faut apprendre à lire et à écrire, ce dont  les plantes et les animaux, voire les objets, certainement les atomes, sont, à la différence des êtres humains, naturellement et spontanément capables.

Tout le monde (tout le monde?) désire vivre; qui s'intéresse à la vie cependant?

S'efforcer de dépendre aussi peu que possible de qui que ce soit: surtout s'il semble que ce soit impossible de ne beaucoup dépendre des autres.

Qu'est-ce qu'une vie humaine si ce n'est une suite ininterrompue de malentendus?

Seuls comptent pour la plupart des gens, peut-être même pour tout le monde, les intérêts personnels, et il n'y aurait rien de mal à cela, si trop souvent la primauté des intérêts personnels n'avait pour corrélat une volonté, souvent inconsciente, de profiter des autres..

Le comportement de l'être humain est en général parfaitement irrationnel; c'est pour cela qu'il n'est jamais bien difficile de l'expliquer.




Friday, March 25, 2016

On souffre toujours d'au moins deux maladies: la rareté et l'abondance,

On invoque l'absence, réelle, réelle ou/et imaginaire, de moyens, pour justifier son inaction, son incapacité à faire quoi que ce soit,  quand on ne se plaint d'une surabondance, ou même d'une abondance, de facilités pour fulminer contre le manque d'aucune source d'inspiration: ce serait comique , si ce n'était triste à mourir.

Quoi qu'on fasse, les conséquences n'en peuvent qu'être fâcheuses, même, voire surtout quand les intentions qui motivent ce qu'on fait sont bonnes et généreuses.

Le confort engendre souvent la mollesse et l'oisiveté, très souvent même; mais pas tout le temps.

X souffre de la non-réalisation de ses désirs, tandis que son meilleur ami ne sait plus quoi faire, tous ses désirs ayant été exaucés; ils ne se ressemblent pas moins cependant: ils sont tous deux tellement cons qu'ils sont convaincus de savoir ce qu'ils désirent.C'est pour cela, d'ailleurs, qu'ils sont sans doute de si grands amis.

On croit seulement désirer ce que l'on désire, mais cette vérité élémentaire n'est connue que de très peu de gens.











Friday, March 18, 2016

Les grands écrivains ne racontent ni le passé ni le présent, ils ne racontent rien: ils décrivent l'avenir.

Dire ce qui n'est pas encore et ne pas se contenter de répéter ce que tout le monde est en mesure de savoir, c'est la tâche du génie.

Tout vient, mais rien n'arrive, sinon après; plus tard; quand il est toujours trop tard.

L'événement, c'est ce qui arrive, et non ce qui est arrivé, si  tant est que quoi que ce soit arrive, ni ce que l'on savait possible, imminent même.

S'intéresser à l'événement, c'est s'intéresser à ce qui est frappé d'obsolescence, sinon à ce qui est déjà obsolète, mais ----que voulez-vous?----l'être humain adore les vieilleries.

Quoi de plus difficile que les relations entre parents et  enfants! Et pourtant, l'être humain aime si peu les difficultés; à moins qu'il ne les aime sans le savoir.






Il faut être bien con pour être convaincu d'être intelligent.

Il souhaite être riche et puissant, mais afin de pouvoir mener une vie d'ermite.

L'homme de génie: on admire ses réalisations , mais il a, lui, honte, de n'avoir pas fait grand-chose, et il n'est pas impossible qu'il ait raison.

Pourquoi n'y a-t-il pas de philosophes humoristes? Il y a bien des humoristes philosophes pourtant.Mais j'oublie peut-être Alphonse Allais, dont il faut bien reconnaître qu'on n'a jamis vraiment su si c'était un philosophe humoriste ou un humoriste philosophe.

Jeune, ce monsieur, que je rencontre dans un compartiment de train et que je ne connais absolument pas, rêvait d'être Einstein, mais il semble qu'avec l'âge il ait choisi d'être lui-même, ce qui, pour n'être peut-être pas bien brillant, est, selon toute probabilité, néanmoins mieux.

Il regrettait de n'avoir pas réussi sa vie; lui, au moins, n'avait pas la sottise de croire que sa vie avait êté une réussite.






Friday, March 11, 2016

Le jour où c'est la force en tant qu'antithèse de la violence, en tant que force de la vertu, qui prévaudra dans les relations entre les êtres humains, sera également le jour qui marquera la mort de l'être humain, et ce sera un vraiment grand jour; viendra-t-il jamais cependant?

Le droit anglo-saxon, reposant sur cette fiction, cette aberration même qu'est l'être rationnel, ne peut qu'être une source de répression; mais on a pu croire qu'il stipule des droits.

Le droit, anglo-saxon ou autre, ce ne sont, sauf pour certains,  pas des droits, des libertés, mais des interdictions.

J'ignore à peu près tout de telle personne dont on m'affirme que c'est quelqu'un de prodigieux, d'exceptionnel; c'est, m'apprend-on, un joueur de football et le monde serait, apparemment,  tout différent s'il n'existait pas. Tout ceci me pousse à me demander si Galilée ou Pascal n'étaient pas des joueurs de football. Non, ce n'étaient pas des joueurs de foot, et c'est tant mieux.

Il y a tant de choses que l'on ne ferait si l'on n'agissait avec autant d'indulgence, avec autant de complaisance même vis-à-vis des imbéciles.

En finir avec tout ce qui éloigne de la vie; avec la Famille, l'Eglise, l'Ecole, le Travail, la Société et ses saloperies d'institutions, mais uniquement pour ceci et ceci qu'ils éloignent de la vie.





Saturday, March 5, 2016

Il est, disposât-on de tous les moyens imaginables, terriblement difficile de donner aux autres, à commencer par ceux que l'on nomme les siens eux-mêmes, ce qu'ils veulent, ne serait-ce que parce que eux-mêmes ne savent ce qu'ils veulent.

Les préoccupations de tous les jours: argent, santé, sexe, , l'image de soi, gloire, pouvoir, sont, au fond, d'une trivialité absolument ridicule, mais aussi longtemps qu'on ne les a pas toutes liquidées---en admettant cela possible---, il est difficile de se soucier de l'essentiel.

Rien ne vaut la solitude; surtout quand on est seul, ainsi que l'affirmait je ne sais plus quel grand philosophe.

Le problème avec les rêves les plus fous, les plus grandioses, les plus sublimes par lesquels on se laisse emporter, au fond desquels on se très longuement  prélasse, c'est qu'il leur arrive de se réaliser, et ce ne sont plus du coup ces rêves que l'on croyait magiques et impossibles, mais de ridicules chimères empruntées à la réalité et moyennant lesquelles on on croyait effacer les tristes laideurs dont elle est constituée.

Il se croit intelligent; quel dommage! Moi aussi, je le croyais intelligent; jusqu'à ce matin.

Il faut savoir distinguer entre la force et la violence: la force peut être, à sa manière, violente, mais la violence ne saurait jamais être forte.








Friday, March 4, 2016

Ils se comportent et agissent comme des fumiers et exigent d'être traités presque comme s'ils étaient des saints.

On n'oublie pas seulement le mal que l'on fait aux autres, mais même les bienfaits que l'on doit.

Un parent est, même dans le pire des cas, persuadé d'en faire trop, du moins bien assez, pour ses enfants, tandis qu'un enfant sera, même dans le meilleur des cas, d'avis que ses parents n'auront pas fait grand-chose pour lui. Y a-t-il des exceptions, ici et là? Peut-être.......peut-être......

La dénégation et la sublimation sont à l'oeuvre à tout moment de toute vie humaine: on croit affirmer, mais en fait on nie; on croit admirer, mais au fond on se ment.

Pour tout ce qu'on pense, dit et fait, non moins que pour tout ce qu'on se refuse à penser, à dire et à faire, il y a des raisons, des justifications, du moins des explications, et au fond, on n'en ignore rien, mais on ignore ou désire ignorer qu'on n'en ignore rien.

Toute parole ne vaut que si elle est oeuvre de silence; toute action aussi, à sa manière.

Tuesday, March 1, 2016

Les êtres humains tiennent beaucoup à ce qu'il y ait toujours un commencement à tout; c'est à croire qu'ils ne sont obsédés que par la fin rapide de toute chose, car à peine ont-ils assisté au commencement de quoi que ce soit qu'ils songent déjà à sa fin prochaine, laquelle suscite leur intérêt en raison du mystère dont elle est tout enveloppée et aussi, peut-être parce qu'il n'y a que ça qu'ils aiment: la mort; celle des autres, bien entendu, mais peut-être bien plus encore, la leur. Toutefois, ils n'en savent rien, ou n'en veulent rien savoir. Et moi? Vous ne me prenez pas pour un être humain, j'espère? Qui suis-je donc? demanderez-vous sans doute. Mais outre le fait que cela ne vous concerne pas, je ne vois même pas en quoi cela vous devrait intéresser.

Que voudriez-vous faire de votre vie? De votre talent? ( comme dit l'autre à sa manière.) Je n'en sais rien, d'autant plus qu'il m'est fort difficile de dire, ou même de penser, que j'ai une vie à moi.

Le besoin, le désir d'être aimé, y a -t-il de plus grande pathologie que cela? Si seulement  ceux qui en souffrent  se contentaient d'en souffrir solitairement et silencieusement, surtout qu'il s'agit d'une maladie imaginaire! Mais c'est sans doute impossible.

On a toujours besoin d'un autre que soi: il faut croire  que l'être humain a dû commettre un bien monstrueux péché pour être frappé d'une telle malédiction.

Les imbéciles se recrutent bien plus parmi ceux qui se croient intelligents et que l'on croit intelligents.

On ne peut pas empêcher les imbéciles de parler, mais on n'est pas obligé de les écouter non plus. Et pourtant......


Monday, February 29, 2016

Basé sur une histoire vraie, ce film est le plus gros mensonge qu'on ait balancé au public.

Comment ose-t-on dire que telle ou telle personne est son idole? Tout simplement en se concentrant sur l'image  que projette la question et sur l'idée qu'on se fait d'elle.

J'aime et j'adore Derrida et Lacan, mais quand je dis cela, il faut bien comprendre que Derrida et Lacan sont uniquement des noms d'oeuvres pour moi.

A distance, de loin, la personne que l'on aime, ou croit aimer, est l'être le plus sublime au monde; mais de près..........

Celui qui sait lire saura lire avec sérieux, avec passion, le livre d'un inconnu, mais en général, nous ne lisons pas des textes, nous ne nous intéressons qu'aux textes de telle ou telle personne, que l'on tient souvent pour un auteur, quand ce n'est pas la seule personne qui fascine le p'tit con qui, au fond de (presque) chacun, ne dort jamais.

Il y a des gens capables de s'identifier avec une oeuvre, ça vaut bien mieux que de s'identifier avec une personne.




Saturday, February 27, 2016

Ce n'est pas très noble, ce n'est même pas bien beau, mais quel plaisir que de se moquer des imbéciles qui se croient intelligents, que de  les ridiculiser!

Seuls les gens inférieurs sont obsédés par le besoin de se mettre en valeur, de se mettre en avant, et s'il n'y a à cela rien d'anormal, il y a rien de plus risible non plus.

Il n'y a peut-être qu'un seul acte rationnel pour l'être humain: le suicide, mais il n'en est pas capable, et ce n'est pas simplement parce qu'il n'est pas un être rationnel.

Tout écrivain finit, tôt ou tard, par, étonné, amusé ou même agacé, comprendre qu'il n'a, au fond, jamais cessé d'écrire qu'un seul livre, en eût-il écrit une centaine.

Orson Welles eût dû, après avoir écrit Citizen Kane, s'en tenir là; mais s'il a tenu à continuer, c'est peut-être qu'après Citizen Kane, il n'était plus tout à fait Orson Welles.

Le moraliste n'a rien d'un moralisateur et tout moralisateur n'est, dans le meilleur des cas, qu'une espèce de nigaud; il est curieux qu'on ne puisse voir tout ce qui les sépare..









Thursday, February 25, 2016

Est-il possible de salir quelqu'un qui est déjà sale à l'extrême?

L'homme intelligent n'est sûr de rien alors qu'il comprend à peu près tout; l'imbécile est assuré de tout savoir, mais il ne sait même pas qu'il ne sait rien.

Ce n'est pas faire preuve d'humilité que de se contenter d'une vie ordinaire, c'est se comporter comme un con.

Il faut beaucoup de courage et de lucidité pour reconnaître qu'on n'est ni libre ni heureux, et se battre contre sa condition, mais la plupart des gens ne sont ni courageux, ni intelligents, ni même honnêtes, et il est facile de leur faire croire qu'ils sont libres et heureux. de les donc exploiter.

C'est une manière de se rebeller que de nier la  précarité et l'indignité de sa condition, mais quand la négation en question n'est que verbale et imaginaire, elle est franchement lamentable.

Le véritable écrivain---Flaubert par exemple, ou John Ford---écrit même quand il a l'air de simplement raconter, mais il faut savoir lire pour s'en apercevoir.
Il se croit écrivain; le problème, c'est que bien d'autres le croient également écrivain.

Seuls ceux qui sont terriblement malheureux doivent se convaincre qu'ils sont au fond heureux.

On n'en fait jamais assez pour ses enfants; les parents, bien entendu, ne le savent pas, ou n'en veuelent rien savoir. Mais les enfants, eux, ne l'ignorent et c'est parce qu'ils ne l'ignorent qu'ils s'efforcent de l'oublier en se montrant reconnaissants.

On fait comme les autres parce qu'on croit devoir faire comme eux, même quand on est habité par le soupçon que ce qu'ils font n'est pas bien. Mais tel est le sujet humain qu'il préfère se comporter comme un salaud plutôt que d'être pris pour un con.

Fera-t-on un jour, plus tard, ce qu'on n'a pas encore fait? Peut-être, mais à condition de se rappeler que plus tard ne vient jamais.

Il ne sera jamais interdit de critiquer quelqu'un qui ne mérite pas d'être critiqué, pour la simple et bonne raison que ce sont ceux qui critiquent quelqu'un d'irréprochable  qui se couvriront de honte et de ridicule. Par contre, on défendra ceux qui se couvrent de honte et de ridicule. il est bien vrai qu'ils en ont grand besoin.


Tuesday, February 23, 2016

Bien des gens ne sont modestes que parce qu'ils n'ont guère les moyens de faire autrement; que le loisir leur soit offert de pouvoir se comporter différemment, et l'on verra quels ils sont en réalité.

Diego Maradona n'est pas qu'un joueur de football et c'est tant mieux pour lui; mais c'est surtout, c'est uniquement le joueur de foot, prodigieux et exceptionnel, il est vrai, que les gens connaissent et admirent, et c'est tant pis pour eux.

Alexis Philonenko admirait Cassius Clay, Mohamed Ali, si l'on préfère, le boxeur, mais pour des millions de Noirs, surtout aux Etats- Unis, dont beaucoup ont peut-être même oublié que Clay avait été boxeur, il était avant tout un héros, un symbole, un homme qui ne savait pas seulement distribuer des coups et en esquiver, mais qui savait aussi réfléchir et prendre position avec courage et lucidité.

Le monde est un livre immense dont les pages mouvantes et invisibles  attendent depuis toujours le lecteur qui les saura amener à la lumière nocturne du jour.

Seuls ceux qui savent lire sont convaincus de ne savoir lire, et ils ont, même eux, parfois, raison.

Pouvoir être lu et compris de tout le monde sans être compris de personne, n'est-ce point là le sort habituel de tout véritable écrivain?




Saturday, February 13, 2016

Qu'on veuille ressembler à quelqu'un jusqu'à tel âge,  ,jusqu'à  mettons l'âge de quinze ans par exemple, peut sembler, comme on dit, normal, naturel, mais au-delà? Il est vrai, cela dit, que bien des gens n'ont jamais, même centenaires, que moins de quinze ans.

Qui voudrait vivre longtemps, très longtemps, à part ceux qui passent leur temps à gaspiller leur vie?

Vieillir, c'est souvent laid et toujours pénible; toutefois cela n'a rien à voir avec ceux qui avancent en âge sans devenir vieux.

Chez les Anciens, on savait se retirer de la vie sociale, et même de la vie familiale, à partir d'un certain âge; ils n'étaient pas, eux, des dégénérés.

Qu'est-ce qu'on ne peut avoir avec du fric? A peu près tout; sauf ce que même l'absence de fric ne permet pas seule d'obtenir.Et parfois il n'est même pas nécessaire d'avoir du fric: il suffit de convaincre les autres que l'on en a.

Quand on est riche et puissant, on peut tout se permettre; on peut m8me se permettre d'être vertueux.




Friday, February 12, 2016

Les autres, à certaines exceptions près, ne peuvent, même, et peut-être surtout, quand ils vous veulent du bien, que vous embêter et vous nuire.

Ne rien, autant que possible, demander à personne, ne rien accepter de personne: c'est trop dangereux.

Ceux qui passent leur temps à déclarer que personne ne doit rien à personne ne croient pas moins, en même temps, que les autres, tous les autres, ont des devoirs vis-à-vis d'eux et doivent les servir.

Seuls les fumiers ont besoin de la considération et du respect des autres; les gens honnêtes et vertueux n'en ont que faire.

Quand les lieux qui vous sont, qui vous étaient familiers, vous semblent lointains, étrangers et même étranges, c'est sans doute que vous avez vieilli.

Toute injustice le, affirme-t-il, révolte, mais il ne se révolte guère.






Wednesday, February 10, 2016

Une heure sans une ligne, c'est déjà suffisamment inquiétant; alors un jour, on a vraiment beaucoup de mal à imaginer ce que c'est, bien que ce soit la chose du monde la plus répandue.

Il est terriblement imprudent d'accepter d'écouter n'importe qui; le refus de divers contacts ne doit pas, cependant, aller jusqu'au mépris.

La plupart des gens sont si cons, si malhonnêtes, si dégueulasses qu'il faut bien se résoudre  à ne fréquenter qui que ce soit que sous la pression, que l'on s'efforcera de réduire au minimum, de la nécessité. Et moi? Mais moi, je n'embête personne et, surtout, il y a très peu de gens que j'accepte de fréquenter.

On est d'autant plus convaincu, on se convainc d'autant plus de bien se comporter, d'agir honorablement, que l'on commet des actes répréhensibles. Quoi de plus naturel, d'ailleurs?

Ce que la plupart des gens disent des leurs, de ceux qu'ils, comme on dit, aiment, ou encore admirent, de ceux avec lesquels ils s'identifient, doit toujours être traité avec, pour le moins, un rien de suspicion.

Vous voulez m'impressionner? Vous me croyez donc suffisamment débile pour être impressionné par vous; pourquoi chercher alors à m'impressionner?




Tuesday, February 9, 2016

C'est parce qu'il ne mérite que du mépris que les siens (du moins certains d'entre eux), ses amis (il en a), ceux qui lui ressemblent et ceux qui voudraient lui ressembler (il y en a) disent abondamment, excessivement même, de bien de lui.

Il est convaincu d'avoir réussi sa vie. Le pauvre homme!

Le devoir d'aimer, même quand on aime cela, n'a probablement rien à voir avec l'amour.

Quelqu'un n'est vraiment honorable et admirable que s'il est vénéré et admiré de ses ennemis, de ceux qui, avec raison, le haïssent.

Il vole, il viole, il tue, mais personne n'en sait rien, surtout qu'il prend le soin de n'en rien laisset savoir; il n'est cependant pas moins sale et méprisable que les voleurs, violeurs et assassins qui se vantent publiquement d'être tels qu'ils sont.

Le grand homme qui est, en même temps, une pourriture, n'a aucune excuse; si encore il n'était pas quelqu'un de grand, on pourrait à la limite le comprendre, l'excuser.












DU REFUS DU STÉRÉOTYPE
Très brève note sur, entre autres, au moins deux remarques de Sir Aneerood Jugnauth
  
Il est bien connu que le politicien, surtout quand il est au pouvoir, prend garde de ne froisser l’opinion courante,  témoigne d’une profonde réluctance à s’éloigner des clichés les plus éculés eux-mêmes, et n’a que de l’aversion pour tout ce qui va à contre-courant des idées reçues. Et ce qui (naturellement ?) vaut pour le politicien ne vaut pas moins (bizarrement ?) pour le politique, encore qu’on se fût attendu de sa part, d’autant plus qu’il est, le politique, un acteur qui est  le plus souvent absent de la scène politique, qu’il eût un comportement différent. Mais il faut croire qu’il n’en est, en général, rien ; si, dans l’opposition, si, hors du pouvoir ou/ et avant le pouvoir, le politicien se fait un point d’honneur de tenir un discours progressiste, voire révolutionnaire, une fois au pouvoir, il a vite fait de montrer et de démontrer qu’il n’est, lui aussi, qu’un affreux réactionnaire. Non qu’il préfère le confort que procure l’immobilisme du stéréotype, l’envers nullement solidaire et  farouchement hostile de tout effort authentique de pensée, mais il cherche et trouve refuge dans le semblant de progressisme,  de mouvement sinon de changement, de tout conservatisme. Et le pouvoir est, comme par essence, conservateur, réactionnaire.
Or il semble bien que Sir Aneerood Jugnauth soit au moins en train d’infliger un sévère démenti à ces idées reçues quant au pouvoir. Ceux qui s’en étonneraient n’ont que le tort d’oublier son désir, sa volonté même d’achever sa carrière dans l’honneur, ce qu’amplement souligne son discours de Rivière-du- Rempart, le 12 décembre 2014, discours qui, bien plus que l’expression d’un souhait ou l’énoncé d’une ambition, signifie la promesse d’un engagement. Mais on n’atteint pas à l’honneur, on ne gravit pas les difficiles sommets qui y mènent n’importe comment, certainement pas avec la désinvolture d’un cavalier se rendant au bal, comme dirait notre ami de Copenhague. Et Sir Aneerood Jugnauth a déjà plus d’une fois prouvé qu’il a, le premier et, à ce jour, le SEUL, magnifiquement compris cela.
Il a parfaitement établi qu’il ne revient pas au pouvoir, surtout pas à un Premier ministre, d’être le complice des écarts dont ont pu se rendre coupables les autorités censées être au service du pays, mais qu’il est de son devoir de s’opposer de tout son être auxdits écarts, même quand il n’en est, ni directement ni indirectement, la cible. Allant plus loin encore, il  a choisi de privilégier la distinction et la retenue contre certains antagonismes, contre l’hostilité à peine voilée de réactionnaires soucieux du seul effritement de leurs prérogatives abusivement, voire illégalement, acquises, alors que d’autres ne se fussent privés de recourir à l’intimidation, aux menaces pour éliminer toute velléité de confrontation.  Ce qu’un jour l’Histoire appellera peut-être l’affaire Iqbal, le cas Ramdhony, ou encore le (faux ?) problème Pravind Jugnauth signifie déjà que le rêve d’honneur de Sir Aneerood Jugnauth, c’est le rêve d’une île Maurice réellement démocratique, dans laquelle prévaut la primauté effective de la loi et au sein de laquelle le Gouvernement et ses auxiliaires seront au service des gens, avec pour tâche de protéger, et non de dominer.
Il y a à peine quelques jours Sir Aneerood Jugnauth a opéré, contre toute attente peut-être, mais avec un rare bonheur assurément, un véritable virage épistémologique  en refusant de se satisfaire des concepts traditionnels d’esclavage, dont il souligne la nécessaire extension pour une appréhension idoine  du champ conceptuel ainsi défriché, et celui de patriotisme, de service au pays, en rappelant, avec une extrême lucidité, qu’il est plus d’un moyen de servir son pays, où que l’on se trouve,  et que les plus reconnus  et acceptés d’entre ces moyens ne sont pas forcément, ni toujours les meilleurs.
Par toutes ses prises de position, lesquelles pourraient déjà constituer le manifeste de son testament politique, Sir Aneerood Jugnauth a suffisamment et abondamment confirmé savoir  qu’il ne foulera le sol de la Terre promise de l’honneur qu’en léguant au pays une Nation démocratique et juste, une Nation qui méprise les flagorneurs et les profiteurs, une Nation au sein de laquelle le peuple sera vraiment roi. Pour toutes ces raisons, je ne craindrai de proclamer la nécessité, le devoir même pour tous, quels qu’ils soient et quelles que soient leurs préférences personnelles ou politiques, de le soutenir, de l’épauler, de l’aider  dans son désir de trouver le chemin de l’honneur (Honoris Iter) : c’est tout le pays qui en bénéficiera et, sans doute, pendant très longtemps au moins.

Sunday, February 7, 2016

Qui d'autre qu'une crapule chercherait à convaincre de son honnêteté?

Une personne éprise de vertu et de noblesse doutera toujours d'être suffisamment vertueuse et noble, tandis qu'une canaille sera en permanence d'avis qu'il est quelqu'un de bien.

Note à l'attention de tous ceux qui rêvent d'avoir des enfants: un parent est toujours, aux yeux de ses enfants, très et insuffisamment grand.

On se rappelle bien plus le bienfait que l'on s'est vu refuser que celui dont on a été le bénéficiaire.

Ne jamais céder à toute pression extérieure, surtout quand, ayant envahi son intimité à soi, elle a l'air de provenir de soi,

Toute pression est haïssable, surtout celle exercée par un salaud doublé d'un imbécile.

Saturday, February 6, 2016

Comment ose-t-on demander, ou accepter, l'aide de qui que ce soit? Dans des circonstances exceptionnelles, vraiment exceptionnelles, on peut comprendre, mais quand il n'y a, si l'on peut dire, que des exceptions?

Dans une société libre, personne ne saurait avoir des droits sur personne, même si l'on y reconnaît la nécessité, ou l'importance, du facteur de réciprocité.

Il faut au droit la force, comme n'importe quel abruti lui-même le sait, mais quand le droit n'est que la force?

On ne discute pas, on ne raisonne pas avec la force: on l'évite ou, mieux, on l'anéantit, mais encorre faut-il en être capable.

Y a-t-il opposition réelle entre le droit et la force? C'est apparemment ce que croient les bandits; et certains juristes.

On ne comprend pas pourquoi les chirurgiens n'aiment pas qu'on les prenne pour des bouchers? Il y aurait donc des gens qui croient que les chirurgiens sont des bouchers?






Encore que la lecture, pourvu qu'on sache lire---mais qui sait lire?---, transforme le texte lu, il vaut encore mieux ne rien lire que de lire n'importe quoi.

Au nom de la liberté, de ce qu'ils croient pouvoir nommer ainsi, ils réclament le droit de faire n'importe quoi et même celui de tuer.

Si, comme l'affirment péremptoirement bien des analphabètes, il faut défendre ses droits, c'est qu'en fait on n'y a pas droit et que ce ne sont donc pas des droits.

Quelqu'un qui n'a rien à se reprocher, qui ne regrette rien, est soit quelqu'un d'exceptionnel---et il y a, exceptionnellement, des gens exceptionnels---, soit un horrible imbécile.

Prendre garde à toute personne convaincue d'être intelligente; quelqu'un qui craint de n'être qu'un con est infiniment moins inquiétant.

Qui, sauf un être inférieur, éprouverait le besoin d'être dominateur?




Friday, February 5, 2016

Mesure-t-on jamais assez le tort que l'on, sans même le savoir, sans même le vouloir, peut causer à autrui?

Il est réconfortant----mais, et toute la question est là, pour qui?---de penser que ce sont toujours les autres qui nous doivent quelque chose, mais que bous-mêmes, bien évidemment, ne devons jamais rien à personne.

La considération d'autrui est très importante pour bien des gens, pour, si ça se trouve, pour la majorité même des gens, mais pas, Dieu merci!  pour tout le monde.

Il y a dans le fait de vouloir être l'ami de quelqu'un comme quelque chose de sale; comment, en effet, peut-on, si tant est que l'amitié ne soit pas autre chose qu'une lubie, vouloir être l'ami de quelqu'un? Soit on est amis, soit on n'est pas amis; tout simplement; tout bêtement; comme ça; jusqu'à ce qu'on ait la chance ou/et la malchance de comprendre qu'on se comportait comme des cons; ou comme des fous.

Il ou elle sont convaincus d'aimer quelqu'un et lui déclarent même leur amour: l'étonnant, ou le pire, c'est qu'ils sont sincères.

En venir, au bout de cinquante ans par exemple, à comprendre que l'on n'aime pas, n'aime plus, que l'on n'a, en fait, jamais vraiment aimé au fond la personne que l'on était sincèrement convaincu, la veille encore,de profondément aimer; y a-t-il rien de plus bouleversant que cela?

Le premier, et peut-être même le seul, devoir de tout être humain consiste à se protéger soi-même et les siens, au besoin par n'importe quel moyen et cela, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne signifie nullement de l'indifférence envers les autres, ne serait-ce que parce que, bien souvent, pour assurer sa protection personnelle, et celle des siens, il faut bien compter avec les autres, tenir compte, prendre soin d'eux, quand il ne s'agirait---mais ça, c'est autre chose---de se servir d'eux.

Pour peu qu'on se respecte, on s'abstiendra, autant que possible et le plus possible, de solliciter l'aide d'autrui, mais cela, encore que nullement, en définitive, impossible, n'est jamais aisé.

L'échange, l'échange actif, conscient, est, entre les humains, inévitable, et il est rare que les conditions de l'échange, de tout échange, soient équitables et justes, mais l'on veillera quand même à ce que, sans en souffrir soi-même, on n'en profite pas au détriment de qui que ce soit.

Ceux qui ne se rappellent et ne rappellent constamment que le seul bien, presque toujours imaginaire, tellement imaginaire même qu'il se faut demander s'ils ne sont point atteints de démence, qu'ils auront, auraient fait, au bénéfice des autres bien évidemment, sont de dangereux égoïstes , mais ils n'en savent rien, n'ont aucunement conscience de leur égoïsme; selon toute apparence du moins.

L'amitié? Il faut de la chance, beaucoup de chance, une chance inouïe pour y pouvoir y croire, ou alors énormément de naïveté.

La plupart des gens souffrent d'être seuls, mais il y en a aussi qui souffrent de n'être pas, de n'être jamais assez seuls: ils savent, ces derniers, qu'on n'est jamais vraiment seul.


On se croit souvent obligé, alors qu'il n'en est rien.

Qui dira jamais combien l'autre ignore toute l'ardeur mise à le remercier, à lui plaire?

Il y a bien des gens qui, pour jouir de la considération des autres, pour conquérir leur admiration et se faire aimer d'eux, iraient même jusqu'à se rendre haïssables et méprisables.

Il admire tel personnage public et célèbre dont il se vante d'avoir été l'ami; il a bien de la chance de ne savoir à quel point l'autre, maintenant décédé, le méprisait.

Qui n'a pour autrui aucune considération peut aisément dire beaucoup de bien de n'importe qui: il se fiche éperdument de tout le monde, ça ne lui coûte donc rien de distribuer des éloges.

Un compliment juste, légitime, franc, sincère, foncièrement admiratif et désintéressé, cela existe assurément, mais comment en être jamais assuré?


Thursday, February 4, 2016

Les fumiers croient aisément que les autres, voire tous les autres, sont au moins aussi dégueulasses qu'eux, mais ont beaucoup de mal à accepter que la moindre de leurs qualités, s'ils en ont, ne soit pas  réservée qu'à eux.

Il faut bien que les salauds s'obligent à croire qu'ils sont vertueux, car sinon ils ne pourraient continuer dans la voie qu'ils ont choisie.

On demandait un jour à un célèbre penseur de l'Antiquité s'il se croyait irremplaçable, à quoi il fit réponse qu'il n'avait pas à se croire irremplaçable, puisqu'il l'était, comme tout le monde, non sans ajouter toutefois qu'irrempaçable, il ne l'était de la même manière que n'importe qui d'autre.

Que l'on veuille, enfant, être tel grand personnage historique ou lui ressembler, est tout à fait compréhensible, mais à partir d'un certain âge (mental, et que beaucoup n'atteignent jamais), c'est franchement pitoyable.

Il rêvait, jeune, d'être un grand écrivain; comme Joycepar exemple; mais comme il était intelligent, il comprit assez vite, sans rien renier de son admiration pour Joyce, qu'il avait bien mieux à faire.

Bien des peintres eussent mieux fait de n'être que des peintres en bâtiment; là au moins, ils auraient sans doute réussi.



 Ni bourreaux (laissons cela aux salauds), ni victimes  (laissons cela aux naïfs).

Le travail, le travail salarié, de nos jours, est un véritable esclavage; comment s'étonner que les deviennent, par conséquent,  de plus en plus apathiques?

On accuse les travailleurs de réclamer des hausses salariales, alors qu'ils parviennent à peine à survivre, mais on trouve normal et acceptable que les très riches surtout s'enrichissent davantage, et au détriment des pauvres de surcroît.

La richesse matérielle n'est jamais indispensable, mais la pauvreté (matérielle) l'est enocre moins.

On doit son bonheur (ce qu'on appelle ainsi) à la sottise des autres, mais on doit son malheur à la sienne propre, même quand les autres y sont pour quelque chose.

Il est criminel, du moins irresponsable, d'avoir des enfants, surtout si on est intelligent.

Il ne faut pas fréquenter les gens ordinaires et le monde est surtout plein de gens ordinaires.

Pour vivre pleinement sa vie, il faut la liberté, et pour être libre, il faut être puissant, fort et courageux.

Le vrai courage ne découle ni de la puissance, ni de la force, mais il est plus facile de faire preuve de courage quand on est fort et puissant.

Les vertus individuelles sont rarement des vertus sociales et les vertus sociales ne sont jamais des vertus individuelles; il ne faut cependant mésestimer les unes, ni sous-estimer les autres.

Il est facile de (prétendre) mépriser les vertus sociales, quand on est riche, célèbre et puissant, et il est dangereux de les mépriser quand on n'est pas riche, célèbre et puissant.

Seuls ceux qui sont authentiquement libres sont capables de considérer avec hauteur les vertus sociales, mais il semble qu'il faille, pour être libre, d'abord accepter d'être prisonnier des contraintes qu'impose la société dans laquelle on vit.


Wednesday, February 3, 2016

Quelqu'un de physiquement laid peut réussir à faire oublier qu'il est laid, mais le moyen pour un sot d'en faire autant pour son ignorance et sa bêtise!

Il est des cas où la beauté physique peut sans dommage remplacer même l'intelligence.

Etre superlativement beau et devenir laid à force de bêtise et de méchanceté, c'est un exploit bien fréquent chez les êtres humains.

Il veut écrire, il croit même écrire; si seulement il pouvait savoir ce qu'il fait en réalité!

 Il écrit bien, très bien même, et en est tout fier; il ignore qu'ils sont des millions à pouvoir très bien écrire.

Picasso a su devenir riche et célèbre de son vivant, bien qu'il fût un grand peintre, et il a ainsi provoqué bien des malentendus.
Le plus grand obstacle à l'exercice de la pensée et même à celui de l'analyse et de la réflexion, c'est ce qu'on pourrait appeler l'opinion courante dont les formes sont multiples, mais le pire semble atteint quand l'opinion courante est le reflet du discours officile, à moins que ce ne soit quand l'inverse se produit.

Si l'homme est bien un roseau pensant, il faut craindre qu'il n'y ait jamais eu, à n'importe quel moment et chez n'importe quel peuple, beaucoup d'hommes sur la terre.

Roseau pensant ! Roseau penchant?

Ce n'est pas vraiment quand on a le ventre vide qu'on ne peut penser, c'est surtout quand on est entouré de nigauds et qu'on a la tête pleine de sornettes.

Il passe son temps à rêver et il est convaincu de penser.

On ne pense vraiment qu'à partir de rien et il n'est pas de penseur qui ne l'ait compris.






On n'en fait jamais assez pour les siens et on n'a que soi-même à en blâmer, mais la plupart des gens n'en veulent rien savoir, et c'est peut-être parce qu'ils n'en ignorent rien.

On ne craint que très rarement le jugement des siens, après tout, ce sont les siens à soi; par contre, on se sent obligé vis-à-vis des autres, mais y a-t-il rien de plus lâche?

Ce n'est pas en exprimant des regrets (bien bruyants), fussent-ils sincères, ce n'est pas en se flagellant (en public) que l'on s'absout de quoi que ce soit; ce serait trop facile.

Que de gens qui, en public, ont l'air parfaitement irréprochables, sont, dans le privé, de véritables fumiers.

On croit toujours qu'on a raison même quand on sait qu'on a tort, surtout quand on n'est qu'un sale con.

On sera toujours aussi étonné d'apprendre que telle personne a fréquenté les grandes universités et y a brillé, qu'on n'en voudra rien croire en entendant dire de telle autre personne qu'elle n'a même pas été à l'école, et l'on aura, dans l'un comme dans l'autre cas, parfaitement tort de s'étonner.





Tuesday, February 2, 2016

Il fut un temps où les êtres humains se contentaient, partagés entre la peur et l'admiration, de contempler la Nature et, même, de la vénérer; puis il vint à l'idée de certains d'entre eux d'essayer de la comprendre et, pour ce, de l'interpréter, avant que d'autres ne songent à la transformer; et maintenant, le rêve suprême, c'est de l'anéantir totalement et toute vie avec: c'est ce que certains appellent progrès et voudraient imposer à tout et à tous.

Vouloir être comme un autre, convoiter ce qu'il a, c'est ne pas vouloir être soi-même et, surtout, c'est sale, sauf chez les enfants.

Le soi, étant toujours déjà au moins un autre, ne saurait exister, mais quand, de plus, il se veut un autre, il est, si possible, encore moins soi-même.

Les enfants ne sont dangereux que quand ils sont également des adultes, cependant que les adultes sont d'autant moins dangereux que s'ils sont demeurés enfants.

Faire preuve de circonspection contre toute intention bienveillante à son endroit, car elle est, dans bien des cas, le contraire même de la bienveillance et, bien souvent, elle est le fait de sots.

Ne rien, autant que possible, attendre d'autrui; c'est trop bête.




Monday, February 1, 2016



LA MENACE ET LE SALUT

Là où croît toute menace– et toute menace réelle est toujours menace d’un extrême danger, faute de quoi il n’y a pas, à proprement parler, de menace, faute de quoi toute menace n’est que  menace de comédie–, là aussi,  pourvu que la menace ne soit pas totalement imperceptible, entièrement indéfinissable et comme confusément vague et abstraite– mais n’est-ce pas justement la particularité de toute menace d’être, pour être réellement menaçante,  (presque) complètement imperceptible  et donc  démesurément difficile, sinon impossible à appréhender ?–, croît, cependant que la menace silencieusement et obscurément  s’intensifie et que le danger dont elle est l’annonciatrice à pas de loup ou/et « sur des pattes de colombe» s’approche,  ce qui peut, ce qui en peut préserver, ce qui la peut prévenir, et ce n’est rien d’autre que la parole poétique,laquelle, parole également prophétique, se distingue de celle de Cassandre condamnée à toujours prédire la vérité pour sans cesse se heurter au scepticisme de ses auditeurs, a beau s’en distinguer, mais n’en est pas moins une parole muette, en définitive point tout à fait différente de celle de la fille de Priam, car vaine,  à ceci près toutefois– et il s’agit là d’un trait absolument fondamental– que, pour peu qu’on y soit attentif, pour peu donc qu’on œuvre, farouchement hostile à tout ce qui en peut signifier l’obscurcissement afin de (inconsciemment ?) consacrer le règne de la surdité et de parachever la quasi-omniprésence de la cécité qui en découle, quand  elle n’en serait la source malsaine et perverse, sous réserve  d’une vigilance de tous les instants quant  à sa lente et difficile émergence, elle est, ladite parole que l’on n’aura pas la naïveté de confondre avec celle de ces  prêcheurs  que l’on rencontre à tous les coins de rue et qui, fussent-ils d’horizons  aussi divers et éloignés les uns des autres que, rassemblés, fortuitement ou non, sous un même chapiteau, ils ne manqueraient de se prendre entre eux-mêmes pour des Martiens, ont en partage et en commun  cette même passion pour la médiocrité et la bêtise qui, bizarrement, ne les signale pas à l’attention comme étant dignes d’un ostracisme propre à les à jamais confondre, ni ne les transforme, eux dont le péché est pourtant bien plus redoutable que la faute d’Actéon coupable tout simplement d’avoir Diane au bain surprise, en cerfs  n’ignorant,  dans l’angoisse et la douleur, être condamnés à se faire déchirer à belles dents  par la meute de chiens  jusque là leurs fidèles et obéissants admirateurs, en mesure, car émanation de la lecture scrutant interminablement l’invisible espace du réel, de, entre autres et principalement, rappeler l’inaudible de toute menace qui menace d’autant plus qu’elle ne menace point, qui est menaçante à condition de n’être pas menaçante, induisant ainsi un effet de confort illusoire qui n’est même pas de l’ordre de l’apaisement consécutif à l’évacuation, réelle ou imaginaire, d’une menace exceptionnellement, ou non, reconnue pour ce qu’elle est, ou à l’élimination de la concrétisation de telle menace en tant que réalité contre laquelle il n’est d’issue possible que la mort, ou le salut pat le biais de l’appréhension du réel que rend possible la lecture, celle qui sans cesse écrit et réécrit tout en lisant, mais il ne faudrait surtout perdre de vue  que ni l’ignorance ni la conscience de la menace, et cela vaut également pour tout danger, n’empêchent, la dénégation et la sublimation aidant, de continuer de vivre, si tant est que ce soit bien vivre que de mener une existence de somnambule, de zombie, et c’est très certainement là que se trouve la vraie menace et que réside le danger le plus redoutable auxquels une vie humaine se pourrait trouver exposée, menace et, éventuellement, danger, nullement cependant identifiés et répertoriés pour ce qu’ils sont, des obstacles à la volonté de vie, des vecteurs de léthargie qui maquillent la détresse qui résulte de l’éloignement des forces de la vie  en la naturalisant, en en faisant le cours naturel et obligé de toute vie humaine, auquel les agents de l’opération de naturalisation en question ont bel et bien  l’air  d’obéir et de se soumettre tout en y assujettissant les autres, en, du moins, s’efforçant de les y assujettir, ou simplement en la niant brutalement  par  le truchement d’un train de vie  qui interdit le temps de la réflexion et neutralise, du fait même de sa seule existence, fût-elle, cette exisyence, toute factice,  toute initiative créatrice, cependant  qu’à quelques exceptions près qui, elles-mêmes, risquent d’être de moins en moins  exceptionnelles, tout espoir d’une vie humaine, pas grand-chose pourtant,  s’amenuise dangereusement et que tout dépassement de l’humain, probablement la seule tâche qui vaille, promet d’être inconcevable pour la plupart, sinon pour tous, les êtres humains étant désormais unis dans le sommeil d’une existence dominée, tant pour les divers oisifs que pour les esclaves, ces autres oisifs malgré eux qui n’ont même idée  de l’état qui est le leur, par la satisfaction des besoins  et la réalisation de désirs et d’ambitions  qui doivent à peu près tout au mimétisme ou, miraculeusement, au refus de l’existence telle qu’elle s’impose, ici et là, partout la même cependant  sous des allures de diversité, de nouveauté et de progrès qui, au fond, le refus nonobstant, sinon en raison même du refus, de sa stratégie, de son style,  lesquels équivalent à des refus du refus, ne trompent personne, ce dont atteste la frustration, qu’on a beau s’évertuer, mais en vain, à se dissimuler, qui couronne tout dénouement heureux même, voire tout accomplissement prodigieux, car si la menace et le danger qu’elle (l’existence ou ce qui en tient lieu) préfigure ne sont ni menaçants ni dangereux, soit parce qu’ils sont menaçants et dangereux et qu’il y a donc moyen de prendre les précautions qui s’imposeraient, quelle qu’en soit, par ailleurs, leur efficacité, soit parce qu’ils ne sont ni menaçants ni dangereux et que l’on se trouve alors tout désarmé et vulnérable face à ce qui, ne menaçant point et n’étant, du moins en apparence, dangereux, peut d’autant mieux se révéler menaçant et dangereux, soit encore en raison du déguisement qu’ils empruntent, le corrélatif de l’humaine incapacité ou de l’humaine réluctance à affronter  la seule menace et le seul danger, au regard desquels toute autre menace, si insidieuse et terrifiante soit-elle, et tout autre danger, dût-il être indéniable dans toute l’étendue de son son horreur, qui, d’ailleurs, en dérivent, ne sont au fond que des jeux aussi superficiels qu’ennuyeux, qui soient pour le sujet humain de bien réels défis, n’en soupçonnât-il rien, pour se contenter d’une existence en réalité vide et affreusement triste, riche de balivernes et de sottises dont d’aucuns croient pouvoir s’enorgueillir avec cette insolence qui n’indique que trop qu’ils n’ignorent passer leur temps à ne rien faire, tout le temps et partout, sauf à des moments de profonde et tragique lucidité vite engloutis par le courant putride du fleuve de la vie détourné de ce qui eût dû en être  le cours naturel et le sens  véritable, afin de s’abîmer dans des activités multiples, parfois, souvent même contradictoires, les unes trompeusement austères, les autres ouvertement frivoles, toutes reconnaissables à ceci qu’elles soûlent et abrutissent, quand elles n’engendrent que frustration et morosité, même quand et là où elles promeuvent la conviction, d’autant plus dangereuse que creuse, chez les acteurs pleinement engagés , et peut-être pas que chez eux, dans la scénographie de la vie quotidienne dont ils ont hérité ou/ et qu’ils ont, par leurs propres soins, constituée, de mener une vie bien riche, bien pleine, alors qu’en définitive ils n’auront fait  que se rassasier des délices, de la béatitude qu’à bien des gens (la majorité ?) le ronflement procure, pour peu qu’ils aient eu la chance, ou la malchance, d’échapper à la détresse imposée par les exigences d’une survie immédiate dans l’espoir et l’attente  de la lueur libératrice qui jamais ne se manifestera autrement que comme illusion, mais qu’il s’agisse de confort, et de la mollesse qui en dérive, ou de détresse, et du désespoir qui en peut émaner– et ce sont là les deux principaux, voire les seuls véritables dangers, sous des formes différentes, divergentes, et opposées, bien entendu, dangers auxquels toute menace réelle, de celle tenue pour insignifiante à celle, dramatique, spectaculaire et terrifiante, qui plonge dans le désarroi et anéantit toute possibilité d’optimisme,  si elles est vraiment menace, expose, étant entendu que la menace menace, est menaçante, n’est menaçante que dans la mesure où elle ne menace pas, tout en menaçant–, ce à quoi il faut s’en tenir (comme dirait Lacan mon maître), c’est que le confort et la détresse, ces deux dangers bien réels ici du doigt pointés, au fond, n’en sont pas réellement, vu qu’ils en fait voilent et occultent non seulement LE danger auquel, sous des formes multiples, toute existence humaine est appelée à faire face, pour autant qu’elle ne se résigne à la détresse (tout le monde aura compris que le terme et le concept de détresse ne sont pas employés ICI en un sens strictement heideggerien, et cela je le dis tout en soulignant tout ce que ce texte doit à Heidegger, quoique je ne m’en rende pleinement compte qu’à l’instant même) et pour peu qu’elle ne se contente du confort épicurien dont, selon les Stoïciens, se repaissent les pourceaux– mais que l’on ne commette l’erreur de penser qu’il ne faut tenir aucun compte du confort et de la détresse : ils peuvent bien servir de préface à la réflexion sur la menace, le danger et le salut ; après tout, même à la cuisine on peut penser–, mais aussi et surtout la menace, LA menace qui, sous des formes multiples, menace toute existence humaine en y interdisant, en y impossibilisant l’exercice de cela seul  d’où pourrait provenir quelque salut pour l’être humain, concevable uniquement semble-t-il, en tant que dépassement de l’humain, en y impossibilisant l’exercice de la pensée, laquelle est essentiellement attention de tous les instants au murmure inaudible des êtres et des choses, mais, de même que la menace ne menace que si elle ne menace pas– on voit bien où cela nous mène : elle menace si elle ne menace pas ; elle ne menace(rait) donc jamais, et nos difficultés que font que s’amplifier–, le salut ne sauve, n’est salutaire qu’à la condition de ne pas sauver, n’éloigne le danger qu’en en soulignant la proximité, n’annule la menace qu’en en accentuant l’imminence, et si d’aventure le salut sauvait, devait être salutaire, il ne serait plaus salut, mais se réduirait au plaisir des pourceaux, et donc à l’absence de salut, car la menace et, même, le danger ont autant besoin du salut, qu’au salut il faut, pour son salut, si je puis dire, la menace et le danger : toute sotériologie, s’il y en a, ne peut qu’être une phobologie, comme tout le monde l’aura deviné dès le commencement même de ce texte.