Monday, February 29, 2016

Basé sur une histoire vraie, ce film est le plus gros mensonge qu'on ait balancé au public.

Comment ose-t-on dire que telle ou telle personne est son idole? Tout simplement en se concentrant sur l'image  que projette la question et sur l'idée qu'on se fait d'elle.

J'aime et j'adore Derrida et Lacan, mais quand je dis cela, il faut bien comprendre que Derrida et Lacan sont uniquement des noms d'oeuvres pour moi.

A distance, de loin, la personne que l'on aime, ou croit aimer, est l'être le plus sublime au monde; mais de près..........

Celui qui sait lire saura lire avec sérieux, avec passion, le livre d'un inconnu, mais en général, nous ne lisons pas des textes, nous ne nous intéressons qu'aux textes de telle ou telle personne, que l'on tient souvent pour un auteur, quand ce n'est pas la seule personne qui fascine le p'tit con qui, au fond de (presque) chacun, ne dort jamais.

Il y a des gens capables de s'identifier avec une oeuvre, ça vaut bien mieux que de s'identifier avec une personne.




Saturday, February 27, 2016

Ce n'est pas très noble, ce n'est même pas bien beau, mais quel plaisir que de se moquer des imbéciles qui se croient intelligents, que de  les ridiculiser!

Seuls les gens inférieurs sont obsédés par le besoin de se mettre en valeur, de se mettre en avant, et s'il n'y a à cela rien d'anormal, il y a rien de plus risible non plus.

Il n'y a peut-être qu'un seul acte rationnel pour l'être humain: le suicide, mais il n'en est pas capable, et ce n'est pas simplement parce qu'il n'est pas un être rationnel.

Tout écrivain finit, tôt ou tard, par, étonné, amusé ou même agacé, comprendre qu'il n'a, au fond, jamais cessé d'écrire qu'un seul livre, en eût-il écrit une centaine.

Orson Welles eût dû, après avoir écrit Citizen Kane, s'en tenir là; mais s'il a tenu à continuer, c'est peut-être qu'après Citizen Kane, il n'était plus tout à fait Orson Welles.

Le moraliste n'a rien d'un moralisateur et tout moralisateur n'est, dans le meilleur des cas, qu'une espèce de nigaud; il est curieux qu'on ne puisse voir tout ce qui les sépare..









Thursday, February 25, 2016

Est-il possible de salir quelqu'un qui est déjà sale à l'extrême?

L'homme intelligent n'est sûr de rien alors qu'il comprend à peu près tout; l'imbécile est assuré de tout savoir, mais il ne sait même pas qu'il ne sait rien.

Ce n'est pas faire preuve d'humilité que de se contenter d'une vie ordinaire, c'est se comporter comme un con.

Il faut beaucoup de courage et de lucidité pour reconnaître qu'on n'est ni libre ni heureux, et se battre contre sa condition, mais la plupart des gens ne sont ni courageux, ni intelligents, ni même honnêtes, et il est facile de leur faire croire qu'ils sont libres et heureux. de les donc exploiter.

C'est une manière de se rebeller que de nier la  précarité et l'indignité de sa condition, mais quand la négation en question n'est que verbale et imaginaire, elle est franchement lamentable.

Le véritable écrivain---Flaubert par exemple, ou John Ford---écrit même quand il a l'air de simplement raconter, mais il faut savoir lire pour s'en apercevoir.
Il se croit écrivain; le problème, c'est que bien d'autres le croient également écrivain.

Seuls ceux qui sont terriblement malheureux doivent se convaincre qu'ils sont au fond heureux.

On n'en fait jamais assez pour ses enfants; les parents, bien entendu, ne le savent pas, ou n'en veuelent rien savoir. Mais les enfants, eux, ne l'ignorent et c'est parce qu'ils ne l'ignorent qu'ils s'efforcent de l'oublier en se montrant reconnaissants.

On fait comme les autres parce qu'on croit devoir faire comme eux, même quand on est habité par le soupçon que ce qu'ils font n'est pas bien. Mais tel est le sujet humain qu'il préfère se comporter comme un salaud plutôt que d'être pris pour un con.

Fera-t-on un jour, plus tard, ce qu'on n'a pas encore fait? Peut-être, mais à condition de se rappeler que plus tard ne vient jamais.

Il ne sera jamais interdit de critiquer quelqu'un qui ne mérite pas d'être critiqué, pour la simple et bonne raison que ce sont ceux qui critiquent quelqu'un d'irréprochable  qui se couvriront de honte et de ridicule. Par contre, on défendra ceux qui se couvrent de honte et de ridicule. il est bien vrai qu'ils en ont grand besoin.


Tuesday, February 23, 2016

Bien des gens ne sont modestes que parce qu'ils n'ont guère les moyens de faire autrement; que le loisir leur soit offert de pouvoir se comporter différemment, et l'on verra quels ils sont en réalité.

Diego Maradona n'est pas qu'un joueur de football et c'est tant mieux pour lui; mais c'est surtout, c'est uniquement le joueur de foot, prodigieux et exceptionnel, il est vrai, que les gens connaissent et admirent, et c'est tant pis pour eux.

Alexis Philonenko admirait Cassius Clay, Mohamed Ali, si l'on préfère, le boxeur, mais pour des millions de Noirs, surtout aux Etats- Unis, dont beaucoup ont peut-être même oublié que Clay avait été boxeur, il était avant tout un héros, un symbole, un homme qui ne savait pas seulement distribuer des coups et en esquiver, mais qui savait aussi réfléchir et prendre position avec courage et lucidité.

Le monde est un livre immense dont les pages mouvantes et invisibles  attendent depuis toujours le lecteur qui les saura amener à la lumière nocturne du jour.

Seuls ceux qui savent lire sont convaincus de ne savoir lire, et ils ont, même eux, parfois, raison.

Pouvoir être lu et compris de tout le monde sans être compris de personne, n'est-ce point là le sort habituel de tout véritable écrivain?




Saturday, February 13, 2016

Qu'on veuille ressembler à quelqu'un jusqu'à tel âge,  ,jusqu'à  mettons l'âge de quinze ans par exemple, peut sembler, comme on dit, normal, naturel, mais au-delà? Il est vrai, cela dit, que bien des gens n'ont jamais, même centenaires, que moins de quinze ans.

Qui voudrait vivre longtemps, très longtemps, à part ceux qui passent leur temps à gaspiller leur vie?

Vieillir, c'est souvent laid et toujours pénible; toutefois cela n'a rien à voir avec ceux qui avancent en âge sans devenir vieux.

Chez les Anciens, on savait se retirer de la vie sociale, et même de la vie familiale, à partir d'un certain âge; ils n'étaient pas, eux, des dégénérés.

Qu'est-ce qu'on ne peut avoir avec du fric? A peu près tout; sauf ce que même l'absence de fric ne permet pas seule d'obtenir.Et parfois il n'est même pas nécessaire d'avoir du fric: il suffit de convaincre les autres que l'on en a.

Quand on est riche et puissant, on peut tout se permettre; on peut m8me se permettre d'être vertueux.




Friday, February 12, 2016

Les autres, à certaines exceptions près, ne peuvent, même, et peut-être surtout, quand ils vous veulent du bien, que vous embêter et vous nuire.

Ne rien, autant que possible, demander à personne, ne rien accepter de personne: c'est trop dangereux.

Ceux qui passent leur temps à déclarer que personne ne doit rien à personne ne croient pas moins, en même temps, que les autres, tous les autres, ont des devoirs vis-à-vis d'eux et doivent les servir.

Seuls les fumiers ont besoin de la considération et du respect des autres; les gens honnêtes et vertueux n'en ont que faire.

Quand les lieux qui vous sont, qui vous étaient familiers, vous semblent lointains, étrangers et même étranges, c'est sans doute que vous avez vieilli.

Toute injustice le, affirme-t-il, révolte, mais il ne se révolte guère.






Wednesday, February 10, 2016

Une heure sans une ligne, c'est déjà suffisamment inquiétant; alors un jour, on a vraiment beaucoup de mal à imaginer ce que c'est, bien que ce soit la chose du monde la plus répandue.

Il est terriblement imprudent d'accepter d'écouter n'importe qui; le refus de divers contacts ne doit pas, cependant, aller jusqu'au mépris.

La plupart des gens sont si cons, si malhonnêtes, si dégueulasses qu'il faut bien se résoudre  à ne fréquenter qui que ce soit que sous la pression, que l'on s'efforcera de réduire au minimum, de la nécessité. Et moi? Mais moi, je n'embête personne et, surtout, il y a très peu de gens que j'accepte de fréquenter.

On est d'autant plus convaincu, on se convainc d'autant plus de bien se comporter, d'agir honorablement, que l'on commet des actes répréhensibles. Quoi de plus naturel, d'ailleurs?

Ce que la plupart des gens disent des leurs, de ceux qu'ils, comme on dit, aiment, ou encore admirent, de ceux avec lesquels ils s'identifient, doit toujours être traité avec, pour le moins, un rien de suspicion.

Vous voulez m'impressionner? Vous me croyez donc suffisamment débile pour être impressionné par vous; pourquoi chercher alors à m'impressionner?




Tuesday, February 9, 2016

C'est parce qu'il ne mérite que du mépris que les siens (du moins certains d'entre eux), ses amis (il en a), ceux qui lui ressemblent et ceux qui voudraient lui ressembler (il y en a) disent abondamment, excessivement même, de bien de lui.

Il est convaincu d'avoir réussi sa vie. Le pauvre homme!

Le devoir d'aimer, même quand on aime cela, n'a probablement rien à voir avec l'amour.

Quelqu'un n'est vraiment honorable et admirable que s'il est vénéré et admiré de ses ennemis, de ceux qui, avec raison, le haïssent.

Il vole, il viole, il tue, mais personne n'en sait rien, surtout qu'il prend le soin de n'en rien laisset savoir; il n'est cependant pas moins sale et méprisable que les voleurs, violeurs et assassins qui se vantent publiquement d'être tels qu'ils sont.

Le grand homme qui est, en même temps, une pourriture, n'a aucune excuse; si encore il n'était pas quelqu'un de grand, on pourrait à la limite le comprendre, l'excuser.












DU REFUS DU STÉRÉOTYPE
Très brève note sur, entre autres, au moins deux remarques de Sir Aneerood Jugnauth
  
Il est bien connu que le politicien, surtout quand il est au pouvoir, prend garde de ne froisser l’opinion courante,  témoigne d’une profonde réluctance à s’éloigner des clichés les plus éculés eux-mêmes, et n’a que de l’aversion pour tout ce qui va à contre-courant des idées reçues. Et ce qui (naturellement ?) vaut pour le politicien ne vaut pas moins (bizarrement ?) pour le politique, encore qu’on se fût attendu de sa part, d’autant plus qu’il est, le politique, un acteur qui est  le plus souvent absent de la scène politique, qu’il eût un comportement différent. Mais il faut croire qu’il n’en est, en général, rien ; si, dans l’opposition, si, hors du pouvoir ou/ et avant le pouvoir, le politicien se fait un point d’honneur de tenir un discours progressiste, voire révolutionnaire, une fois au pouvoir, il a vite fait de montrer et de démontrer qu’il n’est, lui aussi, qu’un affreux réactionnaire. Non qu’il préfère le confort que procure l’immobilisme du stéréotype, l’envers nullement solidaire et  farouchement hostile de tout effort authentique de pensée, mais il cherche et trouve refuge dans le semblant de progressisme,  de mouvement sinon de changement, de tout conservatisme. Et le pouvoir est, comme par essence, conservateur, réactionnaire.
Or il semble bien que Sir Aneerood Jugnauth soit au moins en train d’infliger un sévère démenti à ces idées reçues quant au pouvoir. Ceux qui s’en étonneraient n’ont que le tort d’oublier son désir, sa volonté même d’achever sa carrière dans l’honneur, ce qu’amplement souligne son discours de Rivière-du- Rempart, le 12 décembre 2014, discours qui, bien plus que l’expression d’un souhait ou l’énoncé d’une ambition, signifie la promesse d’un engagement. Mais on n’atteint pas à l’honneur, on ne gravit pas les difficiles sommets qui y mènent n’importe comment, certainement pas avec la désinvolture d’un cavalier se rendant au bal, comme dirait notre ami de Copenhague. Et Sir Aneerood Jugnauth a déjà plus d’une fois prouvé qu’il a, le premier et, à ce jour, le SEUL, magnifiquement compris cela.
Il a parfaitement établi qu’il ne revient pas au pouvoir, surtout pas à un Premier ministre, d’être le complice des écarts dont ont pu se rendre coupables les autorités censées être au service du pays, mais qu’il est de son devoir de s’opposer de tout son être auxdits écarts, même quand il n’en est, ni directement ni indirectement, la cible. Allant plus loin encore, il  a choisi de privilégier la distinction et la retenue contre certains antagonismes, contre l’hostilité à peine voilée de réactionnaires soucieux du seul effritement de leurs prérogatives abusivement, voire illégalement, acquises, alors que d’autres ne se fussent privés de recourir à l’intimidation, aux menaces pour éliminer toute velléité de confrontation.  Ce qu’un jour l’Histoire appellera peut-être l’affaire Iqbal, le cas Ramdhony, ou encore le (faux ?) problème Pravind Jugnauth signifie déjà que le rêve d’honneur de Sir Aneerood Jugnauth, c’est le rêve d’une île Maurice réellement démocratique, dans laquelle prévaut la primauté effective de la loi et au sein de laquelle le Gouvernement et ses auxiliaires seront au service des gens, avec pour tâche de protéger, et non de dominer.
Il y a à peine quelques jours Sir Aneerood Jugnauth a opéré, contre toute attente peut-être, mais avec un rare bonheur assurément, un véritable virage épistémologique  en refusant de se satisfaire des concepts traditionnels d’esclavage, dont il souligne la nécessaire extension pour une appréhension idoine  du champ conceptuel ainsi défriché, et celui de patriotisme, de service au pays, en rappelant, avec une extrême lucidité, qu’il est plus d’un moyen de servir son pays, où que l’on se trouve,  et que les plus reconnus  et acceptés d’entre ces moyens ne sont pas forcément, ni toujours les meilleurs.
Par toutes ses prises de position, lesquelles pourraient déjà constituer le manifeste de son testament politique, Sir Aneerood Jugnauth a suffisamment et abondamment confirmé savoir  qu’il ne foulera le sol de la Terre promise de l’honneur qu’en léguant au pays une Nation démocratique et juste, une Nation qui méprise les flagorneurs et les profiteurs, une Nation au sein de laquelle le peuple sera vraiment roi. Pour toutes ces raisons, je ne craindrai de proclamer la nécessité, le devoir même pour tous, quels qu’ils soient et quelles que soient leurs préférences personnelles ou politiques, de le soutenir, de l’épauler, de l’aider  dans son désir de trouver le chemin de l’honneur (Honoris Iter) : c’est tout le pays qui en bénéficiera et, sans doute, pendant très longtemps au moins.

Sunday, February 7, 2016

Qui d'autre qu'une crapule chercherait à convaincre de son honnêteté?

Une personne éprise de vertu et de noblesse doutera toujours d'être suffisamment vertueuse et noble, tandis qu'une canaille sera en permanence d'avis qu'il est quelqu'un de bien.

Note à l'attention de tous ceux qui rêvent d'avoir des enfants: un parent est toujours, aux yeux de ses enfants, très et insuffisamment grand.

On se rappelle bien plus le bienfait que l'on s'est vu refuser que celui dont on a été le bénéficiaire.

Ne jamais céder à toute pression extérieure, surtout quand, ayant envahi son intimité à soi, elle a l'air de provenir de soi,

Toute pression est haïssable, surtout celle exercée par un salaud doublé d'un imbécile.

Saturday, February 6, 2016

Comment ose-t-on demander, ou accepter, l'aide de qui que ce soit? Dans des circonstances exceptionnelles, vraiment exceptionnelles, on peut comprendre, mais quand il n'y a, si l'on peut dire, que des exceptions?

Dans une société libre, personne ne saurait avoir des droits sur personne, même si l'on y reconnaît la nécessité, ou l'importance, du facteur de réciprocité.

Il faut au droit la force, comme n'importe quel abruti lui-même le sait, mais quand le droit n'est que la force?

On ne discute pas, on ne raisonne pas avec la force: on l'évite ou, mieux, on l'anéantit, mais encorre faut-il en être capable.

Y a-t-il opposition réelle entre le droit et la force? C'est apparemment ce que croient les bandits; et certains juristes.

On ne comprend pas pourquoi les chirurgiens n'aiment pas qu'on les prenne pour des bouchers? Il y aurait donc des gens qui croient que les chirurgiens sont des bouchers?






Encore que la lecture, pourvu qu'on sache lire---mais qui sait lire?---, transforme le texte lu, il vaut encore mieux ne rien lire que de lire n'importe quoi.

Au nom de la liberté, de ce qu'ils croient pouvoir nommer ainsi, ils réclament le droit de faire n'importe quoi et même celui de tuer.

Si, comme l'affirment péremptoirement bien des analphabètes, il faut défendre ses droits, c'est qu'en fait on n'y a pas droit et que ce ne sont donc pas des droits.

Quelqu'un qui n'a rien à se reprocher, qui ne regrette rien, est soit quelqu'un d'exceptionnel---et il y a, exceptionnellement, des gens exceptionnels---, soit un horrible imbécile.

Prendre garde à toute personne convaincue d'être intelligente; quelqu'un qui craint de n'être qu'un con est infiniment moins inquiétant.

Qui, sauf un être inférieur, éprouverait le besoin d'être dominateur?




Friday, February 5, 2016

Mesure-t-on jamais assez le tort que l'on, sans même le savoir, sans même le vouloir, peut causer à autrui?

Il est réconfortant----mais, et toute la question est là, pour qui?---de penser que ce sont toujours les autres qui nous doivent quelque chose, mais que bous-mêmes, bien évidemment, ne devons jamais rien à personne.

La considération d'autrui est très importante pour bien des gens, pour, si ça se trouve, pour la majorité même des gens, mais pas, Dieu merci!  pour tout le monde.

Il y a dans le fait de vouloir être l'ami de quelqu'un comme quelque chose de sale; comment, en effet, peut-on, si tant est que l'amitié ne soit pas autre chose qu'une lubie, vouloir être l'ami de quelqu'un? Soit on est amis, soit on n'est pas amis; tout simplement; tout bêtement; comme ça; jusqu'à ce qu'on ait la chance ou/et la malchance de comprendre qu'on se comportait comme des cons; ou comme des fous.

Il ou elle sont convaincus d'aimer quelqu'un et lui déclarent même leur amour: l'étonnant, ou le pire, c'est qu'ils sont sincères.

En venir, au bout de cinquante ans par exemple, à comprendre que l'on n'aime pas, n'aime plus, que l'on n'a, en fait, jamais vraiment aimé au fond la personne que l'on était sincèrement convaincu, la veille encore,de profondément aimer; y a-t-il rien de plus bouleversant que cela?

Le premier, et peut-être même le seul, devoir de tout être humain consiste à se protéger soi-même et les siens, au besoin par n'importe quel moyen et cela, contrairement à ce que l'on pourrait croire, ne signifie nullement de l'indifférence envers les autres, ne serait-ce que parce que, bien souvent, pour assurer sa protection personnelle, et celle des siens, il faut bien compter avec les autres, tenir compte, prendre soin d'eux, quand il ne s'agirait---mais ça, c'est autre chose---de se servir d'eux.

Pour peu qu'on se respecte, on s'abstiendra, autant que possible et le plus possible, de solliciter l'aide d'autrui, mais cela, encore que nullement, en définitive, impossible, n'est jamais aisé.

L'échange, l'échange actif, conscient, est, entre les humains, inévitable, et il est rare que les conditions de l'échange, de tout échange, soient équitables et justes, mais l'on veillera quand même à ce que, sans en souffrir soi-même, on n'en profite pas au détriment de qui que ce soit.

Ceux qui ne se rappellent et ne rappellent constamment que le seul bien, presque toujours imaginaire, tellement imaginaire même qu'il se faut demander s'ils ne sont point atteints de démence, qu'ils auront, auraient fait, au bénéfice des autres bien évidemment, sont de dangereux égoïstes , mais ils n'en savent rien, n'ont aucunement conscience de leur égoïsme; selon toute apparence du moins.

L'amitié? Il faut de la chance, beaucoup de chance, une chance inouïe pour y pouvoir y croire, ou alors énormément de naïveté.

La plupart des gens souffrent d'être seuls, mais il y en a aussi qui souffrent de n'être pas, de n'être jamais assez seuls: ils savent, ces derniers, qu'on n'est jamais vraiment seul.


On se croit souvent obligé, alors qu'il n'en est rien.

Qui dira jamais combien l'autre ignore toute l'ardeur mise à le remercier, à lui plaire?

Il y a bien des gens qui, pour jouir de la considération des autres, pour conquérir leur admiration et se faire aimer d'eux, iraient même jusqu'à se rendre haïssables et méprisables.

Il admire tel personnage public et célèbre dont il se vante d'avoir été l'ami; il a bien de la chance de ne savoir à quel point l'autre, maintenant décédé, le méprisait.

Qui n'a pour autrui aucune considération peut aisément dire beaucoup de bien de n'importe qui: il se fiche éperdument de tout le monde, ça ne lui coûte donc rien de distribuer des éloges.

Un compliment juste, légitime, franc, sincère, foncièrement admiratif et désintéressé, cela existe assurément, mais comment en être jamais assuré?


Thursday, February 4, 2016

Les fumiers croient aisément que les autres, voire tous les autres, sont au moins aussi dégueulasses qu'eux, mais ont beaucoup de mal à accepter que la moindre de leurs qualités, s'ils en ont, ne soit pas  réservée qu'à eux.

Il faut bien que les salauds s'obligent à croire qu'ils sont vertueux, car sinon ils ne pourraient continuer dans la voie qu'ils ont choisie.

On demandait un jour à un célèbre penseur de l'Antiquité s'il se croyait irremplaçable, à quoi il fit réponse qu'il n'avait pas à se croire irremplaçable, puisqu'il l'était, comme tout le monde, non sans ajouter toutefois qu'irrempaçable, il ne l'était de la même manière que n'importe qui d'autre.

Que l'on veuille, enfant, être tel grand personnage historique ou lui ressembler, est tout à fait compréhensible, mais à partir d'un certain âge (mental, et que beaucoup n'atteignent jamais), c'est franchement pitoyable.

Il rêvait, jeune, d'être un grand écrivain; comme Joycepar exemple; mais comme il était intelligent, il comprit assez vite, sans rien renier de son admiration pour Joyce, qu'il avait bien mieux à faire.

Bien des peintres eussent mieux fait de n'être que des peintres en bâtiment; là au moins, ils auraient sans doute réussi.



 Ni bourreaux (laissons cela aux salauds), ni victimes  (laissons cela aux naïfs).

Le travail, le travail salarié, de nos jours, est un véritable esclavage; comment s'étonner que les deviennent, par conséquent,  de plus en plus apathiques?

On accuse les travailleurs de réclamer des hausses salariales, alors qu'ils parviennent à peine à survivre, mais on trouve normal et acceptable que les très riches surtout s'enrichissent davantage, et au détriment des pauvres de surcroît.

La richesse matérielle n'est jamais indispensable, mais la pauvreté (matérielle) l'est enocre moins.

On doit son bonheur (ce qu'on appelle ainsi) à la sottise des autres, mais on doit son malheur à la sienne propre, même quand les autres y sont pour quelque chose.

Il est criminel, du moins irresponsable, d'avoir des enfants, surtout si on est intelligent.

Il ne faut pas fréquenter les gens ordinaires et le monde est surtout plein de gens ordinaires.

Pour vivre pleinement sa vie, il faut la liberté, et pour être libre, il faut être puissant, fort et courageux.

Le vrai courage ne découle ni de la puissance, ni de la force, mais il est plus facile de faire preuve de courage quand on est fort et puissant.

Les vertus individuelles sont rarement des vertus sociales et les vertus sociales ne sont jamais des vertus individuelles; il ne faut cependant mésestimer les unes, ni sous-estimer les autres.

Il est facile de (prétendre) mépriser les vertus sociales, quand on est riche, célèbre et puissant, et il est dangereux de les mépriser quand on n'est pas riche, célèbre et puissant.

Seuls ceux qui sont authentiquement libres sont capables de considérer avec hauteur les vertus sociales, mais il semble qu'il faille, pour être libre, d'abord accepter d'être prisonnier des contraintes qu'impose la société dans laquelle on vit.


Wednesday, February 3, 2016

Quelqu'un de physiquement laid peut réussir à faire oublier qu'il est laid, mais le moyen pour un sot d'en faire autant pour son ignorance et sa bêtise!

Il est des cas où la beauté physique peut sans dommage remplacer même l'intelligence.

Etre superlativement beau et devenir laid à force de bêtise et de méchanceté, c'est un exploit bien fréquent chez les êtres humains.

Il veut écrire, il croit même écrire; si seulement il pouvait savoir ce qu'il fait en réalité!

 Il écrit bien, très bien même, et en est tout fier; il ignore qu'ils sont des millions à pouvoir très bien écrire.

Picasso a su devenir riche et célèbre de son vivant, bien qu'il fût un grand peintre, et il a ainsi provoqué bien des malentendus.
Le plus grand obstacle à l'exercice de la pensée et même à celui de l'analyse et de la réflexion, c'est ce qu'on pourrait appeler l'opinion courante dont les formes sont multiples, mais le pire semble atteint quand l'opinion courante est le reflet du discours officile, à moins que ce ne soit quand l'inverse se produit.

Si l'homme est bien un roseau pensant, il faut craindre qu'il n'y ait jamais eu, à n'importe quel moment et chez n'importe quel peuple, beaucoup d'hommes sur la terre.

Roseau pensant ! Roseau penchant?

Ce n'est pas vraiment quand on a le ventre vide qu'on ne peut penser, c'est surtout quand on est entouré de nigauds et qu'on a la tête pleine de sornettes.

Il passe son temps à rêver et il est convaincu de penser.

On ne pense vraiment qu'à partir de rien et il n'est pas de penseur qui ne l'ait compris.






On n'en fait jamais assez pour les siens et on n'a que soi-même à en blâmer, mais la plupart des gens n'en veulent rien savoir, et c'est peut-être parce qu'ils n'en ignorent rien.

On ne craint que très rarement le jugement des siens, après tout, ce sont les siens à soi; par contre, on se sent obligé vis-à-vis des autres, mais y a-t-il rien de plus lâche?

Ce n'est pas en exprimant des regrets (bien bruyants), fussent-ils sincères, ce n'est pas en se flagellant (en public) que l'on s'absout de quoi que ce soit; ce serait trop facile.

Que de gens qui, en public, ont l'air parfaitement irréprochables, sont, dans le privé, de véritables fumiers.

On croit toujours qu'on a raison même quand on sait qu'on a tort, surtout quand on n'est qu'un sale con.

On sera toujours aussi étonné d'apprendre que telle personne a fréquenté les grandes universités et y a brillé, qu'on n'en voudra rien croire en entendant dire de telle autre personne qu'elle n'a même pas été à l'école, et l'on aura, dans l'un comme dans l'autre cas, parfaitement tort de s'étonner.





Tuesday, February 2, 2016

Il fut un temps où les êtres humains se contentaient, partagés entre la peur et l'admiration, de contempler la Nature et, même, de la vénérer; puis il vint à l'idée de certains d'entre eux d'essayer de la comprendre et, pour ce, de l'interpréter, avant que d'autres ne songent à la transformer; et maintenant, le rêve suprême, c'est de l'anéantir totalement et toute vie avec: c'est ce que certains appellent progrès et voudraient imposer à tout et à tous.

Vouloir être comme un autre, convoiter ce qu'il a, c'est ne pas vouloir être soi-même et, surtout, c'est sale, sauf chez les enfants.

Le soi, étant toujours déjà au moins un autre, ne saurait exister, mais quand, de plus, il se veut un autre, il est, si possible, encore moins soi-même.

Les enfants ne sont dangereux que quand ils sont également des adultes, cependant que les adultes sont d'autant moins dangereux que s'ils sont demeurés enfants.

Faire preuve de circonspection contre toute intention bienveillante à son endroit, car elle est, dans bien des cas, le contraire même de la bienveillance et, bien souvent, elle est le fait de sots.

Ne rien, autant que possible, attendre d'autrui; c'est trop bête.




Monday, February 1, 2016



LA MENACE ET LE SALUT

Là où croît toute menace– et toute menace réelle est toujours menace d’un extrême danger, faute de quoi il n’y a pas, à proprement parler, de menace, faute de quoi toute menace n’est que  menace de comédie–, là aussi,  pourvu que la menace ne soit pas totalement imperceptible, entièrement indéfinissable et comme confusément vague et abstraite– mais n’est-ce pas justement la particularité de toute menace d’être, pour être réellement menaçante,  (presque) complètement imperceptible  et donc  démesurément difficile, sinon impossible à appréhender ?–, croît, cependant que la menace silencieusement et obscurément  s’intensifie et que le danger dont elle est l’annonciatrice à pas de loup ou/et « sur des pattes de colombe» s’approche,  ce qui peut, ce qui en peut préserver, ce qui la peut prévenir, et ce n’est rien d’autre que la parole poétique,laquelle, parole également prophétique, se distingue de celle de Cassandre condamnée à toujours prédire la vérité pour sans cesse se heurter au scepticisme de ses auditeurs, a beau s’en distinguer, mais n’en est pas moins une parole muette, en définitive point tout à fait différente de celle de la fille de Priam, car vaine,  à ceci près toutefois– et il s’agit là d’un trait absolument fondamental– que, pour peu qu’on y soit attentif, pour peu donc qu’on œuvre, farouchement hostile à tout ce qui en peut signifier l’obscurcissement afin de (inconsciemment ?) consacrer le règne de la surdité et de parachever la quasi-omniprésence de la cécité qui en découle, quand  elle n’en serait la source malsaine et perverse, sous réserve  d’une vigilance de tous les instants quant  à sa lente et difficile émergence, elle est, ladite parole que l’on n’aura pas la naïveté de confondre avec celle de ces  prêcheurs  que l’on rencontre à tous les coins de rue et qui, fussent-ils d’horizons  aussi divers et éloignés les uns des autres que, rassemblés, fortuitement ou non, sous un même chapiteau, ils ne manqueraient de se prendre entre eux-mêmes pour des Martiens, ont en partage et en commun  cette même passion pour la médiocrité et la bêtise qui, bizarrement, ne les signale pas à l’attention comme étant dignes d’un ostracisme propre à les à jamais confondre, ni ne les transforme, eux dont le péché est pourtant bien plus redoutable que la faute d’Actéon coupable tout simplement d’avoir Diane au bain surprise, en cerfs  n’ignorant,  dans l’angoisse et la douleur, être condamnés à se faire déchirer à belles dents  par la meute de chiens  jusque là leurs fidèles et obéissants admirateurs, en mesure, car émanation de la lecture scrutant interminablement l’invisible espace du réel, de, entre autres et principalement, rappeler l’inaudible de toute menace qui menace d’autant plus qu’elle ne menace point, qui est menaçante à condition de n’être pas menaçante, induisant ainsi un effet de confort illusoire qui n’est même pas de l’ordre de l’apaisement consécutif à l’évacuation, réelle ou imaginaire, d’une menace exceptionnellement, ou non, reconnue pour ce qu’elle est, ou à l’élimination de la concrétisation de telle menace en tant que réalité contre laquelle il n’est d’issue possible que la mort, ou le salut pat le biais de l’appréhension du réel que rend possible la lecture, celle qui sans cesse écrit et réécrit tout en lisant, mais il ne faudrait surtout perdre de vue  que ni l’ignorance ni la conscience de la menace, et cela vaut également pour tout danger, n’empêchent, la dénégation et la sublimation aidant, de continuer de vivre, si tant est que ce soit bien vivre que de mener une existence de somnambule, de zombie, et c’est très certainement là que se trouve la vraie menace et que réside le danger le plus redoutable auxquels une vie humaine se pourrait trouver exposée, menace et, éventuellement, danger, nullement cependant identifiés et répertoriés pour ce qu’ils sont, des obstacles à la volonté de vie, des vecteurs de léthargie qui maquillent la détresse qui résulte de l’éloignement des forces de la vie  en la naturalisant, en en faisant le cours naturel et obligé de toute vie humaine, auquel les agents de l’opération de naturalisation en question ont bel et bien  l’air  d’obéir et de se soumettre tout en y assujettissant les autres, en, du moins, s’efforçant de les y assujettir, ou simplement en la niant brutalement  par  le truchement d’un train de vie  qui interdit le temps de la réflexion et neutralise, du fait même de sa seule existence, fût-elle, cette exisyence, toute factice,  toute initiative créatrice, cependant  qu’à quelques exceptions près qui, elles-mêmes, risquent d’être de moins en moins  exceptionnelles, tout espoir d’une vie humaine, pas grand-chose pourtant,  s’amenuise dangereusement et que tout dépassement de l’humain, probablement la seule tâche qui vaille, promet d’être inconcevable pour la plupart, sinon pour tous, les êtres humains étant désormais unis dans le sommeil d’une existence dominée, tant pour les divers oisifs que pour les esclaves, ces autres oisifs malgré eux qui n’ont même idée  de l’état qui est le leur, par la satisfaction des besoins  et la réalisation de désirs et d’ambitions  qui doivent à peu près tout au mimétisme ou, miraculeusement, au refus de l’existence telle qu’elle s’impose, ici et là, partout la même cependant  sous des allures de diversité, de nouveauté et de progrès qui, au fond, le refus nonobstant, sinon en raison même du refus, de sa stratégie, de son style,  lesquels équivalent à des refus du refus, ne trompent personne, ce dont atteste la frustration, qu’on a beau s’évertuer, mais en vain, à se dissimuler, qui couronne tout dénouement heureux même, voire tout accomplissement prodigieux, car si la menace et le danger qu’elle (l’existence ou ce qui en tient lieu) préfigure ne sont ni menaçants ni dangereux, soit parce qu’ils sont menaçants et dangereux et qu’il y a donc moyen de prendre les précautions qui s’imposeraient, quelle qu’en soit, par ailleurs, leur efficacité, soit parce qu’ils ne sont ni menaçants ni dangereux et que l’on se trouve alors tout désarmé et vulnérable face à ce qui, ne menaçant point et n’étant, du moins en apparence, dangereux, peut d’autant mieux se révéler menaçant et dangereux, soit encore en raison du déguisement qu’ils empruntent, le corrélatif de l’humaine incapacité ou de l’humaine réluctance à affronter  la seule menace et le seul danger, au regard desquels toute autre menace, si insidieuse et terrifiante soit-elle, et tout autre danger, dût-il être indéniable dans toute l’étendue de son son horreur, qui, d’ailleurs, en dérivent, ne sont au fond que des jeux aussi superficiels qu’ennuyeux, qui soient pour le sujet humain de bien réels défis, n’en soupçonnât-il rien, pour se contenter d’une existence en réalité vide et affreusement triste, riche de balivernes et de sottises dont d’aucuns croient pouvoir s’enorgueillir avec cette insolence qui n’indique que trop qu’ils n’ignorent passer leur temps à ne rien faire, tout le temps et partout, sauf à des moments de profonde et tragique lucidité vite engloutis par le courant putride du fleuve de la vie détourné de ce qui eût dû en être  le cours naturel et le sens  véritable, afin de s’abîmer dans des activités multiples, parfois, souvent même contradictoires, les unes trompeusement austères, les autres ouvertement frivoles, toutes reconnaissables à ceci qu’elles soûlent et abrutissent, quand elles n’engendrent que frustration et morosité, même quand et là où elles promeuvent la conviction, d’autant plus dangereuse que creuse, chez les acteurs pleinement engagés , et peut-être pas que chez eux, dans la scénographie de la vie quotidienne dont ils ont hérité ou/ et qu’ils ont, par leurs propres soins, constituée, de mener une vie bien riche, bien pleine, alors qu’en définitive ils n’auront fait  que se rassasier des délices, de la béatitude qu’à bien des gens (la majorité ?) le ronflement procure, pour peu qu’ils aient eu la chance, ou la malchance, d’échapper à la détresse imposée par les exigences d’une survie immédiate dans l’espoir et l’attente  de la lueur libératrice qui jamais ne se manifestera autrement que comme illusion, mais qu’il s’agisse de confort, et de la mollesse qui en dérive, ou de détresse, et du désespoir qui en peut émaner– et ce sont là les deux principaux, voire les seuls véritables dangers, sous des formes différentes, divergentes, et opposées, bien entendu, dangers auxquels toute menace réelle, de celle tenue pour insignifiante à celle, dramatique, spectaculaire et terrifiante, qui plonge dans le désarroi et anéantit toute possibilité d’optimisme,  si elles est vraiment menace, expose, étant entendu que la menace menace, est menaçante, n’est menaçante que dans la mesure où elle ne menace pas, tout en menaçant–, ce à quoi il faut s’en tenir (comme dirait Lacan mon maître), c’est que le confort et la détresse, ces deux dangers bien réels ici du doigt pointés, au fond, n’en sont pas réellement, vu qu’ils en fait voilent et occultent non seulement LE danger auquel, sous des formes multiples, toute existence humaine est appelée à faire face, pour autant qu’elle ne se résigne à la détresse (tout le monde aura compris que le terme et le concept de détresse ne sont pas employés ICI en un sens strictement heideggerien, et cela je le dis tout en soulignant tout ce que ce texte doit à Heidegger, quoique je ne m’en rende pleinement compte qu’à l’instant même) et pour peu qu’elle ne se contente du confort épicurien dont, selon les Stoïciens, se repaissent les pourceaux– mais que l’on ne commette l’erreur de penser qu’il ne faut tenir aucun compte du confort et de la détresse : ils peuvent bien servir de préface à la réflexion sur la menace, le danger et le salut ; après tout, même à la cuisine on peut penser–, mais aussi et surtout la menace, LA menace qui, sous des formes multiples, menace toute existence humaine en y interdisant, en y impossibilisant l’exercice de cela seul  d’où pourrait provenir quelque salut pour l’être humain, concevable uniquement semble-t-il, en tant que dépassement de l’humain, en y impossibilisant l’exercice de la pensée, laquelle est essentiellement attention de tous les instants au murmure inaudible des êtres et des choses, mais, de même que la menace ne menace que si elle ne menace pas– on voit bien où cela nous mène : elle menace si elle ne menace pas ; elle ne menace(rait) donc jamais, et nos difficultés que font que s’amplifier–, le salut ne sauve, n’est salutaire qu’à la condition de ne pas sauver, n’éloigne le danger qu’en en soulignant la proximité, n’annule la menace qu’en en accentuant l’imminence, et si d’aventure le salut sauvait, devait être salutaire, il ne serait plaus salut, mais se réduirait au plaisir des pourceaux, et donc à l’absence de salut, car la menace et, même, le danger ont autant besoin du salut, qu’au salut il faut, pour son salut, si je puis dire, la menace et le danger : toute sotériologie, s’il y en a, ne peut qu’être une phobologie, comme tout le monde l’aura deviné dès le commencement même de ce texte.
Les mensonges, les affabulations, les inventions jouent dans la gestion de la vie quotidienne un rôle infiniment plus important qu'on ne le croit, mais ce n'est pas pour autant une raison d'y céder, car, quoi qu'on dise et quoi qu'on fasse, on est toujours tôt ou tard rattrapé par la vérité. Encore heureux que l'on ne soit pas déjà mort alors!

Il y aura toujours de bonnes raisons de mentir, mais il n'y en aura jamais de mauvaises pour dire la vérité.

Là où le mensonge peut contribuer à promouvoir la justice, sans doute ne faut-il  hésiter à mentir.

Il faut reconnaître qu'il y a un certain plaisir du mensonge, surtout quand on traite avec des gens trop austères, avec des gens qui prennent tout au sérieux.

Doit-on rendre au menteur la monnaie de sa pièce? Bien sûr, mais à condition de s'y prendre de manière telle qu'il n'en sache jamais rien et en vienne à prendre l'antithèse du mensonge qui lui a été servi pour la vérité.

Il ne faut pas se défier des seuls menteurs, mais peut-être bien plus encore des amoureux de la vérité.
Il semble que l'être humain ne sache qu'imiter; et mal en plus.Apparemment, il n'en ignore rien et c'est peut-être pour cette raison qu'il essaie de s'abstenir d'imiter, mais il faut avouer que le résultat est le plus souvent décevant, tellement décevant même que cela donnerait presque l'envie de s'aller tirer une balle dans la tête.

Il existe fort heureusement des humains qui ont su se libérer de cette maladie qu'est la passion mimétique: grâce à eux, on ne désespère pas tout à fait de l'Humanité.

Un être humain qui n'est pas un animal mimétique, c'est un peu comme un Martien: pour ne pas se compliquer l'existence, il feint, quoi qu'il lui en coûte, de faire comme les autres et passe donc à peu près inaperçu.

Les êtres humains ne parviendront à être libres que s'ils liquident tout ce qui en eux n'est pas eux: tâche difficile, mais nullement impossible, sauf qu'il ne semble pas évident que les êtres humains en général aspirent à la liberté.

Ce n'est pas parce qu'on admire quelqu'un ou son oeuvre, qu'il faut essayer de lui ressembler; ce serait même, si on l'admirait et qu'on le respectât vraiment, une raison pour ne pas y songer du tout.

 Il ne peut pas ne pas imiter, c'est, pour lui, une maladie dont il ne peut, et peut-être neveut également, guérir; vivre donc l'ennuie et mourir lui fait peur, il préfère encore s'ennuyer; c'est un être dangereux.






Les êtres humains ne souffrent pas tous du besoin d'être aimés, mais seuls ceux d'entre eux qui en sont demeurés à un niveau infantile de développement.

Entre l'enfant et l'adulte demeuré enfant, ou plutôt ayant régressé au stade infantile, un véritable abîme: alors que l'enfant fait rire aux éclats, l'adulte fait sourire de mépris.

C'est de la pure irresponsabilité que d'avoir des enfants, étant donné l'impossibilité d'être un parent qui soit comparable à un dieu.

Ne pouvant avouer son égoïsme foncier, l'homme a inventé la fiction de l'amour, mais les fictions tôt ou tard meurent, même si elles vivent très longtemps.

Est-ce parce que l'on a du mal à se supporter soi-même que l'on a besoin d'autrui? Mais cette question est autrement plus compliquée, vu qu'au commencement, l'autre, les autres étaient déjà là.

Quel lieu ennuyeux et dangereux que le monde des humains! Et jusqu'ici l'Humanité n'a pu trouver rien de mieux.