Il vivait dans un état d'isolement à peu près total,mais, ne l'ayant ni recherché ni même souhaité,cet état-là , il en était comme mortifié , se plaignait d'être seul et eût voulu jouir de la compagnie des autres, avoir, lui aussi, des amis;plus tard,il comprit qu'il se trompait.Il en fut heureux et honteux à la fois.

Il y a, leur extrême variété nonbstant,plus d'affinités entre les imbéciles qu'il n'en saurait y avoir entre des gens suprêmement intelligents que pourtant plus d'un lien, dont on aurait l'impression que l'invisibilité garantit une espèce de pérennité,rapproche et unit, et c'est probablement pour cela qu'il n'existe de véritable communauté de grands esprits;les communautés d'imbéciles,par contre, sont à ce point innombrables qu'on finirait par conclure que l'univers n'est peuplé que d'imbéciles.

Il ne faut pas beaucoup de temps à n'importe qui, fût-ce au plus follement ambitieux des hommes , de réaliser tout ce qu'il souhaite ou croit souhaiter accomplir,mais, en même temps, il convient de reconnaître que même l'éternité n'y suffira jamais , surtout si l'on passe son temps à le gaspiller. La vie est ce cadeau insipide et parfaitement inutile dont on peut cependant attendre bien plus qu'on n'en saurait espérer. A quoi sert de vivre? A pas grand-chose,et ce n'est, ma foi! pas mal du tout , mais ne soyons pas si sûrs que c'est mieux que rien.

Il travaille, dit-il, pour avoir de l'argent; il, hélas! ignore que ce n'est pas en travaillant qu'on a de l'argent, qu'on devient riche , mais en volant.

On reconnaît aisément les imbéciles à ceci qu'ils ne se posent pas de questions,mais offrent toujours des réponses : tout est clair pour eux.

Nietzsche,le grand Nietzsche, dit quelque part qu'il faudrait, pour qu'on livrât une pensée,la sienne, au public,qu'on ne l'aimât point, qu'on n'y fût point attaché, et les imbéciles se sont empressés de voir dans la déclaration du père de Zarathoustra une expression d'égoïsme , les imbéciles, qui sont toujours convaincus qu'il faut partager , communiquer, comme s'ils savaient ce que c'est,et qui sont incapables de soupçonner que le mot de Nietzsche ,inspiré en fait par une profonde modestie et par le désir de ne point chez l'autre intrusion faire,ne trahit , dans la pire, dans la plus malveillante des hypothèses,autre chose qu'une maladresse, bien rare ,il est vrai, chez lui,mais nullement étonnante pour peu qu'on se rappelle à quel point le pouvaient agacer des contemporains les attitudes et comportements , maladresse occasionnée par la colère bien plus que par le mépris,par une certaine générosité aussi,maladresse dont il ne pouvait être inconscient et dont il était peu content ,ainsi qu'en témoigne la réaction qu'il eut en apprenant la mort de David Strauss, mais qui, en réalité,renvoie à une intense volonté de pureté et de noblesse.

On se préoccupe de sa santé pour rester envie, pour éloigner la souffrance et retarder le moment de la mort; tout cela semble très sensé, mais il convient de ne perdre de vue que la vraie maladie , celle dont on ne peut que souffrir et mourir, même en en jouissant,c'est la vie elle-même.

Il est exceptionnel, en admettant que jamais cela arrive, qu'un homme juste et vertueux,qu'un saint s'aventure à donner des leçons de morale, à faire ,comme on dit, de la morale; ce sont, bien entendu, les salauds, les criminels, les cons-----on en rencontre partout, dans des chaumières aussi bien que dans des châteaux ,à l'agora aussi bien qu'au Sénat,------------qui excellent dans cet art,et ils y excellent tout en se livrant en même temps, dans le même souffle, aux pires bassesses, tout en pratiquant les turpitudes les plus innommables.

La vie pourrait être si belle, est si belle,mais il y a toujours des cons pour vous la gâcher : ce sont là gens à vous transformer en partisan féroce et enthousiaste de la peine capitale.

Tout opposé que je suis à la peine capitale,je ne serais point fâché de la voir appliquée aux policiers, aux magistrats ,aux juges,aux ministres, aux hommes d'Etat,voire aux enseignants et aux prêtres, du moins à certains, sinon à bon nombre d'entre eux------- à bon nombre, veux-je dire,d'entre les policiers, magistrats,etc.-----------, de manière générale à tous ceux qui ,abusent du pouvoir surtout, mais aussi de la richesse et de la force , pour faire souffrir ceux qu'ils sont censés ,bien plus que d'autres,étant ,eux, directement payés pour cela,protéger et dont ils juré de garantir le bien-être, allant même jusqu'à leur promettre la justice ,l'équité et le bonheur.

Quand on est ignorant et sot,il n'est pas difficile de se croire intelligent et savant, vu qu'on est armé de la conviction qu'il n'y a rien au-delà de ce que l'on comprend et sait.

On s'affirme d'autant plus libre qu'on ne l'est pas et se sait ne point l'être;et l'on participe à l'étouffement de sa propre personne,allant même jusqu'à déclarer y prendre plaisir ,quand on n'ajouterait qu'on est seul responsable de cet état de servitude ,qu'on l’a soi-même voulu, comme si de nier que quelqu’un d’autre en soit coupable et de proclamer bien haut qu’on a soi-même désiré ,qu’on désire soi-même sa propre humiliation, la pouvait effacer.

On s'affirme d'autant plus libre qu'on ne l'est pas et se sait ne point l'être;mais l'on participe à l'étouffement de sa propre personne,allant même jusqu'à déclarer y prendre plaisir ,quand on n'ajouterait qu'on est seul responsable de cet état de servitude qu'on a soi-même voulu

Quand on n'a rien à attendre ni à espérer de la vie et qu'on ne redoute rien et ne craint personne,il ne s'ensuit pas qu'on soit forcément un être heureux,mais on est assurément un être libre;rete à savoir ce qu'on fait de cette liberté dont, par ailleurs, il sied de ne point s'amuser à croire qu'elles est acquise une fois pour toutes.

Il n'y a qu'une chose que les imbéciles ne sachent point : ils ne savent qu'ils ne savent rien.Cela excepté, ils savent tout.

Ce qu'on croit être du courage n'est bien souvent que de l'inconscience,et parfois ne se distingue de la lâcheté elle-même,mais qu'on n'en déduise que le courage n'est qu'illusion.

Demander à quiconque--------et peu importe de qui il s'agit,-------- de modérer ses désirs, comme si on en avait le droit et que cela fût possible, revient à lui demander de s'abstenir de désirer.

L'être humain ne sait pas ce qu'il désire; peut-être ne sait-il même désirer, et si jamais il en vient à croire qu'il désire effectivement,il échoue à voir que ce n'est pas vraiment lui qui désire, mais quelqu'un d'autre que lui en lui,et qui, à sa place , désire, lui inspire des désirs qu'il croit émaner de sa personne , mais peut-être ne l'ignore-t-il tout à fait et ce serait alors ce savoir-là, bien plus dramatique et funeste qu'on ne saurait le penser, qui le pousse à inlassablement désirer,à inlassablement vouloir désirer,en pure perte et dans le vide.

Sans prétendre savoir ce que c'est que vivre, on peut quand même prendre le risque d'affirmer que ce n'est pas simplement rester en vie.

Ceux qui ne font que rester en vie n'ignorent probablement qu'ils ne sont pas en train de vivre, mais s'ils se tuent à rester en vie, c'est sans doute dans l'espoir de vivre un jour.

Rester en vie dans l'espoir de vivre, de vivre pleinement plus tard: cela requiert beaucoup de courage , d'héroïsme même, ou beaucoup de naïveté.

On est toujours responsable de la situation dans laquelle on se trouve,même, et peut-êre même surtout,quand on n'a rien fait pour s'y trouver; et au lieu d'en blâmer ,ou d'en remercier, qui que ce soit,les siens, les autres, le Sort, les circonstances, Dieu,on ferait mieux de voir comment soit s'en sortir, soit pérenniser ,mais en l'améliorant, l'instant présent.

Dans la mesure où ( presque ) tout ce qui se passe, tout ce qui a lieu, tout ce qu'on couvre ou dé-couvre, relève de l'ordre du programmable ou de celui du prévisible, on ne peut pas vraiment parler d'événements, même là où cela peut, non sans quelque raison, surprendre,plongeant dans le ravissement ou dans l'indignation, car , au fond, la surprise en question n'en est pas une,étant donné qu'elle ne surprend pas vraiment, cette surprise, ce sentiment d'étonnement jubilatoire ou scandalisé auquel on s'attend,en général, s'agissant de tel ou tel type d'occurences , dont la récurrence même, fût-elle si peu fréquente qu'on en finirait par les oublier, attesterait un indice de probabilité suffisamment élevé pour qu'on s'interdise , pour peu qu'on éloigne toute tentation de délire hyperbolique, de recourir au terme d'événement,lequel se justifierait, par contre,de l'imprévisibilité totale de ce qui survient, et se pourrait appliquer à tout ce qui, n'apparaissant que dans la lumière aveuglante de l'après-coup qui rend lucides et clairvoyants même les arriérés mentaux et les politiciens, aura, dans le silence et l'obscurité, contribué à l'éclosion qui ne procure des frémissements qu'à ceux qui sont morts,mais ne le savent point.

Quand le plaisir est une source d'abêtissement et d'aveulissement,il faut savoir s'y opposer avec la plus grande fermeté.

Tout ce qui est beau grandit l'être humain et tout ce qui grandit l'être humain est beau ,mais il faut toute une préparation, longue et difficile, avant de se pénétrer de cela.

Il n'est pas difficile de passer pour intelligent----------surtout aux yeux des imbéciles-----------, ce qui l'est , c'est de l'être effectivement; certains apparemment l'ignorent ,mais il est réconfortant de savoir que seuls les imbéciles tiennent à passer pour intelligents.

Parce qu'il est habile, rusé, éloquent ,et a de l'allure, on le croit intelligent ,et , du coup ,lui aussi, étant donné qu'il n'est nullement intelligent, se croit intelligent.

Dénoncer, critiquer une mauvaise action, c'est bien;l'empêcher de se produire, c'est nettement mieux.

Ni le droit ,ni la morale ne sont en mesure d'encourager des comportements inspirés par des soucis de justice, s'ils ne bénéficient de l'appui de la lecture.

Il avait toutes les vertus et tous les talents , mais il lui manquait d'être noble, et cela ruinait presque toutes ses autres qualités dont il avait pourtant toutes les raisons imaginables d'être fier.

Quand on sait qu'il est impossible d'être parfait et qu'il est très difficile d'être , quoi qu'on veuille et quoi qu'on fasse ,un authentique héros,on devrait s'interdire d'avoir des enfants. Il est vrai que les enfants ont toujours vite fait , aveugles à leur noirceur trop réelle,de se convaincre de la grandeur de leurs parents,mais , tôt ou tard, la réalité toujours nous rattrape, et alors..........

Les êtres qui sont presque parfaits------------il y en a ,au grand dam des complexés, des individus inférieurs ----------, et même les héros n'ont pas le temps d'avoir des enfants.Et pourtant, les enfants peuvent fort bien inciter à de l'héroïsme , à de la noblesse.Il y aurait là une espèce d'équilibre à trouver dont sont capables seuls ceux qui sont vraiment supérieurs.

Tout facteur de contrainte introduit, sauf s'il s'agit d'une contrainte naturelle, ou encore, peut-être--------admettons-le, même si c'est bien plus compliqué que cela en a l'air--------, d'une contrainte qui résulte de quelque atteinte à soi portée sur tel ou tel plan : physiologique, psychique, intellectuel, dans toute existence un élément de facticité qui la corrompt, la salit , ne serait-ce que parce qu'il détourne de soi.
Cela peut n'avoir l'air de rien, surtout que bien souvent,c'est la contrainte elle-même qui, s'imposât-elle de l'extérieur et contre son gré à soi, est à la base de réalisations jusque-là inimaginables, mais c'est être à côté ou hors de soi que de mener une vie dictée esentiellement contre soi et malgré soi, une vie d'eslave, quoi !

La plupart des hommes s'accommodent aisément de l'esclavage , et pas uniquement quand il s'agit de celui des autres.

Les êtres inférieurs se réjouissent volontiers,spontanément , de l'esclavage des autres; ils en oublient le leur et en viennent même à croire qu'ils le peuvent nier.

Il n'y a rien qui rime aussi bien avec celsitude que solitude et inversement; faut-il s'en réjouir ? Je n'y répondre saurais , mais ils seront extrêmement nombreux à vouloir offrir des réponses qu'ils ne manqueront, de surcroît, de croire définitives.

Si l'organisation de la vie sociale favorise l'asservissement et l'étouffement de la personne humaine, ne contribuant, exception faite d'une minorité de privilégiés et de parasites, guère à son épanouissement, il faudrait , même si, par impossible, ladite organisation se devait---------ce qui, en fait, n'est pas si inconcevable qu'on le pourrait penser,---------aux animaux, aux plantes, aux choses en général,à, par exemple, ce qu'on nomme environnement, sans trop savoir de quoi l'on parle, attentive montrer, sérieusement réfléchir quant aux moyens de l'entièrement démolir et d'exterminer tous ceux qui en sont les principaux responsables.
Mais comment, dirat-on, déterminer quels sont ces principaux responsables ?Oh ,ne craignez rien; cela ne risque pas d'être difficile.N'importe comment, tout le monde les connaît et les peut identifier.

Le pouvoir, la puissance du pouvoir et tout ce qui accompagne l'exercice du pouvoir, exception faite ou non des déviations et des perversions qu'un tel exercice souvent, sinon tout le temps, implique, a l'air d'impliquer comme nécessairement et inévitablement, mobilisent peut-être le respect , suscitent certainement l'envie ,ou même l'admiration, autant qu'ils donnent lieu à des expressions qui en sont l'envers ,mais qui les confirment : la jalousie, la haine; il est cependant des gens que tout cela laisse indifférents.

Ce que certains ( la majorité?)appellent humour n'est trop souvent qu'un mélange de sottise et de méchanceté.

Le désir de vengeance est bien souvent un désir de justice, mais le désir de justice n'est jamais qu'un désir de vengeance.

On se convainc toujours d'avoir raison surtout quand on n'ignore avoir tort, sauf si l'on s'est forgé une âme élevée.

En admettant que Dieu existe et qu'il soit cet Etre parfait dont certains croient pouvoir parler------------ils en savent quelque chose apparemment-----------, on aimerait bien comprendre---------c'est à désespérer les plus intelligents d'entre les hommes eux-mêmes,-------- ce qui l'a pu pousser à créer l'être humain, si toutefois il l'a vraiment créé, et là encore il en est qui ont l'air d'en beaucoup savoir et qui, de plus , ne craignent d'ajouter que c'est à son image à lui que Dieu à créé l'homme , mais si tel est réellement le cas, il faut bien conclure que ce n'est que très partiellement que Dieu a pu créer l'homme à son image.

Il y a des gens qui souffrent du besoin d'être admirés, d'être adorés , besoin que l'on souvent confond avec celui d'être aimé; c'est un mal absolument étrange et parfaitement absurde, vu que si l'on ne peut souhaiter être admiré par ceux que l'on tient pour égaux ou inférieurs à soi, on ne peut non plus vouloir l'être par ceux dont on reconnaît la supériorité par rapport à soi qui, du coup, d'être admiratifs de soi ne seraient plus vraiment supérieurs , mais il y a quand même une explication à cette hideuse pathologie : elle n'est probablement autre chose que volonté d'exercer de la domination sur les autres.

Le droit anglo-saxon a pour fondement une fiction qui en règle et module le fonctionnement, celle de l'homme raisonnable; à partir de là, il ne faut point s'étonner qu'il n'en découle que des aberrations.

On peut convaincre quelqu'un d'intelligent de s'être comporté comme un imbécile, mais non un imbécile.

Récuser l'idée qu'il soit possible d'être objectif et vouloir ,en même temps, être tenu pour un oracle; il y en a qui en sont capables , mais il vaut mieux ne point songer à les décrire.

Il y a des gens qui sont capables d'enlaidir même ce qu'il y a de plus beau; j'en connais qui ne s'opposeraient à ce qu'ils eussent le cou tranché sur la place publique.

Je suis, bien évidemment, contre la peine de mort, et le fait que la très grande majorité des gens sont en faveur de la peine capitale prouve tout simplement que j'ai raison; ce que je ne parviens à comprendre cependant, c'est que ceux qui approuvent la mise à mort par l'Etat, par le pouvoir officiel condamnent l'assassinat, même, et peut-être même surtout, quand c'est dans un dessein de justice.

Ce sont surtout les imbéciles et les complexés, les faibles quoi! qui cherchent à s'imposer et ils sont les plus nombreux; si on ne s'en rend compte, c'est qu'ils n'ont pas tous toujours la patience et la volonté de travail nécessaires à la réalisation de leurs fantasmes, et on en conclut bêtement qu'ils ne sauraient être vraiment nuisibles. Et c'est alors qu'ils se révèlent encore plus dangereux.