Monday, August 24, 2020

 Le penser et l'agir n'ont de sens que dans le silence et l'obscurité, faute de quoi ils ne sont que des catachrèses qui encouragent le voyeurisme.

D'avoir l'esprit toujours occupé ne signifie point que l'on pense, d'avoir l'esprit trop occupé peut même constituer un sérieux obstacle à l'exercice de la pensée.

Penser, c'est entrer dans rapport actif avec tout ce qui n'est pas soi, avec l'altérité de l'autre qui le laisse in - tact.

S'approcher  de l'autre sans s'en approcher, c'est en cela, en cette auto - négation qui n'en finit pas de soi. que consiste le penser de la pensée.

Agir sans agir, ce n'est pas ne pas agir: si seulement l'on pouvait comprendre cela!

Quoi que l'on fasse ou ne fasse pas, on ne peut que nuire à autrui et à soi - même jusque dans la mort et même au - delà de la mort.





 Les enseignants, les maîtres sont, en général, si nuls, si cons, si intellectuellement et moralement affreux, qu'il se faut bien demander s'il ne faudrait pas voir en eux de véritables dangers publics.

Si on a de la chance, beaucoup de chance, on peut rencontrer, dans toute une vie, un prof, un seul prof, qui fasse pour soi une différence telle que toute son existence s'en trouve transformée, mais tout le monde n'a pas cette chance - là.

Un prof, ça ne sert pas à grand - chose et c'est déjà pas mal, vu que, dans la plupart des cas, un prof, ça ne sert à rien de bon.

Si au moins les enseignants savaient enseigner, on accepterait de les écouter, mais - encore qu'il faille reconnaître qu'enseigner, c'est difficile au point d'être impossible - c'est tellement rare.

Enfant déjà, je n'étais guère impressionné par les maîtres, mais - est-ce pour cela? -j'ai, par la suite, eu de la chance.

Un prof, me parlant, un jour, d'un de ses profs à lui, que je connaissais et que je trouvais plutôt sympathique, me confia qu'il parlait de Molière comme un dieu -j'ignorais que les dieux parlassent de Molière et je doute encore qu'ils, si tant est qu'il y en ait, le fassent -, mais je crois que c'était pour lui une manière de parler, une formule, médiocre, pour dire son admiration, et voilà ce qui se passe quand on a l'admiration facile.


Sunday, August 23, 2020

 Il est très difficile de savoir ce qui se passe exactement quand il se passe quelque chose, mais on peut , grâce à diverses actions, empêcher que se produisent certains événements, bien qu'on ne sache ce qui va se passer: ce sont, en général, des actions silencieuses dont on ne saisit la portée que bien après.

Vous arrivez bien tard, Monsieur; le train est déjà parti et, comble de malheur pour vous! - il a même fait un grave accident qui a causé la mort de tous ceux qui s'y trouvaient.

Il y a pire qu'une oeuvre inachevée: c'est, comme on l'aura deviné, une oeuvre achevée, mais en tout point exécrable.

Ceux qui savent regarder un film savent que ce qu'on voit n'est pas ce qui est, et qu'on ne voit pas ce qui est, sauf grâce à un agrandissement de l'image (Blow - up ) ou encore à la rétrospection par un autre de l'image (The Man who shot Liberty Valance), savent surtout que c'est avec l'aide d'un autre que soi ou de la technique que l'on voit.

Toute image est toujours mouvante; il s'agit de savoir regarder, de savoir re - garder.

Il y a des images qu'on ne fait pas que voir, mais que l'on entend également; c'est l'une des très grandes leçons de la peinture.














Wednesday, August 19, 2020

 Il y a le désir et il y a le Désir: ce qu'on appelle le désir, c'est tout simplement de l'ordre de l'appétit, de l'envie, voire du besoin, dont la répétition se transforme, comme l' a fort bien vu Lacan, en demande, le désir constituant la marque de l'impossibilité de la satisfaction de la demande, ce dont seuls certains, pas tous lacaniens forcément, sont conscients.


Je disais, un jour, à X - et ce furent les dernières paroles que je lui adressais viva voce - qui me parlait de ce qu'elle appelait un désir de pureté chez moi: "Sait -on jamais ce qu'on veut?"

Ce qu'on tient pour de la grandeur trop souvent n'est, encore que dans les seuls cas qui font qu'esquisser un sourire de mépris aux personnes austères, que de la hauteur, lais il n'est pas difficile de s'y laisser tromper, surtout si l'on n'est qu'un ...

Je ne sais trop si c'est - ayant failli dans la tâche qu'on lui avait, dans un moment d'optimisme exagéré, confié, ou qu'il avait, lui - même, dans cet excès de confiance en soi dont les sots - c'est - à - dire les ministres, les juges, bien des professeurs et, parfois, même des prêtres ont le secret, voulu entreprendre - pour s'excuser (modestement?) ou pour se défendre (plutôt agressivement?), si c'est pour s'excuser et se défendre successivement - ce dont on pourrait croire tout le monde capable - ou pour se'excuser et se défendre similtanément, comme si l'excuse et l'autodéfense, comme si la modestie et l'insolence chez lui se confondaient, mais toujours est - il qu'il trouve opportun de me dire, de m'apprendre peut - être, selon lui, qu'il n'est pas Dieu, propos bizarre, insultant même (comme si je ne le savais pas) auquel, néanmoins, je souscris volontiers en l'interrompant : " Ne vous inquiétez pas: même Dieu n'est pas Dieu, il n'est as que la représentation que l'on se fait de Dieu qui, n'importe comment, n'existe même pas " et, sur ce, je choisis de tout simplement de m'en aller, mais avec une telle célérité, qu'il doit aujourd'hui encore, se poser bien des questions à mon sujet.

Si ceux qui lisent les journaux et font confiance aux médias - à ceux d'aujourd'hui surtout -, prenaient le soin de lire Herder, ils cesseraient incontinent de lire le journal; d'écouter la radio de regarder la télévision, mais ceux qui lisent les journaux d'aujourd'hui, ne lisent pas Herder.

Il n'y a pas si longtemps, on pouvait encore lire les journaux, tandis qu'aujourd'hui, même des auteurs célèbres de livres écrivent moins bien que des élèves de 3e.






Tuesday, August 18, 2020

 Ce qui, en vérité, est, n'est, au fond, jamais ce qu'on voit , et ce qu'on voit n'est jamais vraiment ce qui est.

On ne voit, au fond, que des fragments, que des morceaux, des éclats, et on a la légèreté de croire qu'on a vu et compris.

Le problème de l'être avec, du vivre avec, ce n'est pas qu'on ne voit, ni ne comprend ce qui est, c'est que, bien qu'on ne voie ni ne comprenne rien à rien,on est convaincu de savoir, de tout savoir, de tout comprendre.

Le langage empêche d'appréhender la réalité, autrement dit toujours oblige à toujours s'efforcer d'appréhender la réalité.

A Nodier qui disait que "la réalité est une passion inutile", on pourrait faire remarquer la réalité est une passion impossible, encore qu'il ne soit pas impossible que c'est précisément ce que Nodier, que Balzac, lui - même, admirait, avait en tête, Nodier qui ne devait pas ignorer que si toute passion fait souffrir, c'est parce que toute passion est impossible et, donc, inutile.

Il fut un temps où les écrivains écrivaient, afin de pouvoir manger, dans des journaux, mais les temps ont changé, car maintenant ce sont les journalistes qui se croient des écrivains.


Sunday, August 16, 2020

 Que vous disiez la vérité ou que vous mentiez, on vous croira aussi longtemps que ce que vous dites sert les intérêts de ceux qui vous écoutent.

On ne condamne les criminels que s'ils sont faibles et vulnérables.

Faut - il vraiment critiquer le mensonge  quand il n'a pour but que le plaisir de tous?

Il faut bien rappeler ce que tout le monde sait, car on ne sait pas toujours que l'on sait ce que l'on sait.

L'ignorant est convaincu de savoir, le fou ne sait pas qu'il sait, le sage sait qu'il ne sait pas.

Toute oeuvre difficile risque souvent d'agacer, d'ennuyer, mais toute oeuvre ennuyeuse n'est pas toujours difficile à comprendre.







Wednesday, August 12, 2020

 Les Grecs de l'Antiquité pouvaient tous, presque tous,  se perdre dans des réflexions vertigineuses, tout en se livrant à des occupations tout à fait ordinaires, voire abêtissantes, sans doute parce que rien ne les pouvait abêtir. Mais les Grecs ont oublié de continuer à être des Grecs, ils ont, pour diverses raisons, fini par ne pas savoir ce que c'est qu'être grec.

Dieu merci! Il y a encore des Grecs superbes parmi nous même maintenant et le dernier d'entre eux n'est autre que Martin Heidegger aui, en allemand, parlait grec.

Tout vient après, plus tard, trop tard même, au futur antérieur qui est, bien mieux que l'imparfait de l'indicatif selon l'immense Proust, le temps de la mort, celui  de la célébration du présent tel qu'on ne l'a pas compris et connu aussi bien que du présent en tant que temps de  ce qui n'a jamais été et aura seulement été. 

Le miracle grec , c'est moins la grandeur de la Grèce que son déclin: comment peut - on descendre si bas après as'être élevé si haut?des

On parle très peu du miracle romain, de ces Romains qui, bien qu'ils ne fussent que des paysans et des rustres, surent être des lecteurs - médiocres, il est vrai, mais tout de même des lecteurs - de Platon, des Stoïciens, et apprirent à être courageux et intègres, à l'instar d'un Regulus, d'un Caton l'Ancien.

Les Romains savaient, même s'ils se souvent trompaient, ce qu'est l'honneur, ils savaient qu'un homme qui craint de mourir peut difficilement être honorable.




Monday, August 10, 2020

 Il est trop facile de dire que le quotidien, le travail, la famille, les contraintes de la vie collective empêchent de philosopher, car, ce ne sont pas moins des incitations à réagir, qui, du fait de détourner de l'activité philosophique, y attirent.

Philosopher, penser, peser - c'est un autre mot pour penser -, calculer, qui a le sens de compter aui, lui - même, vient de computare qui signifie penser avec, sont des pratiques difficiles, d'où leur réel intérêt.

Ce qui détermine la vie, la manière de vivre d'un individu, d'un groupe, d'une société de ce qu'on appelle d'un mot étrange une civilisation, mot d'autant plus étrange que ce qu'on croit devoir ainsi nommer n'est jamais un,  c'est sa manière de penser ou de ne pas penser, ce qui lui tient lieu de pensée étant aux antipodes de la pensée.

Ceux qui croient penser, qui sont convaincus de raisonner le plus souvent ne font que bavarder, que ratiociner, mais ne se prennent pas moins, à l'instar des journalistes et des politiciens, pour des penseurs.

Il semble que le pire soit atteint au sein d'une collectivité quand ce sont les voyous, les flics, les militaires qui font (régner) la loi, et les politiciens aussi ou les juges qui, d'ailleurs, bien souvent ne sont guère différents des voyous, quand  ils n'en sont pas eux - même ou qu'ils ne sont pas bien pires qu'eux.

Ne pas confondre l'anarchie et l'an - archie, surtout si on n'est pas capable de voir qu'elles sont, l'une à l'autre, aussi étrangères que peut l'être, comme disait Freud, "l'ours blanc à la baleine".





Sunday, August 9, 2020

 Qu'est - ce que la philosophie? Les réponses ne manquent pas à cette question, les unes aussi, sinon plus décevantes que les autres, et cela seul signifie que cette question est une vraie question, car elle non seulement implique de réponse dans sa syntaxe, mais est et demeure - du loin jusqu'ici - sans réponse.


On pourrait de la philosophie dire ce que Popper disait de la science, qu'elle ne vaut que pour autant qu'elle "est falsifiable", si la proposition de Popper  était vraie, mais elle n'est même pas fausse.


Toute l'histoire de la philosophie dit assez clairement qu'on ne peut philosopher avec le langage de  tous les jours, de tout le monde.


Tout projet philosophique doit creuser, lui - même, son propre chemin , inventer son propre langage , faute de quoi il ne peut que "tomber dans la tautologie du bavardage, en attendant que le bavardage se mette à philosopher. 

Le premier pas vers le philosopher consiste à s'efforcer à en finir avec l'opinion.


L'information, la communication, le calcul, l'échange sont les plus grands obstacles à l'activité philosophique, dans la mesure où ils se sont substitués à elle.




                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                             








Saturday, August 8, 2020

Tout le monde se croit en mesure de réfléchir, de raisonner, de penser, sauf les philosophes et les penseurs.

On ne pense pas avec  les mots, mais avec des concepts; de ne pas le savoir est la source de bien des maux.

Les contraintes du quotidien empêchent de penser, mais il faut pouvoir penser malgré le quotidien.

Le plus grand ennemi de la pensée, c'est l'illusion de penser.

Herder avait bien vu qui disait que "le langage a été donné à l'homme pour dissimuler sa pensée", mais qui encore sait qui était Herder?

A l'école, l'accent est mis sur le cacul, mais en en faisant l'envers, sinon la négation de la pensée.



Thursday, August 6, 2020

Chaque jour nouveau, chaque jour qui s'ajoute aux jours qui l'ont précédé, ce n'est pas forcément un nouveau jour, ni forcément un jour aucunement différent, mais tout jour est forcément différent de celui qui l'aura précédé (comme on dit) non moins que celui qui lui succédera, même là où toute ressemblance est indéniable, car si aujourd'hui ressemble à hier, si aujourd'hui est la répétition d'hier, c'est qu'aujourd'hui n'est pas hier, ne peut pas être hier, de même que demain ne pourra jamais être ce qu'est, ce qu'aura été aujourd'hui, surtout que demain aujourd'hui, le jour d'hui ne sera plus ce qu'il était, aura été, peut - être ne sera même plus du tout.

Le temps d'aujourd'hui, du jour d'hui, ce qu'on croit pouvoir appeler le temps de maintenant, est - ce bien le temps présent? Le temps de la présence du présent? Celui du présent, du cadeau de la présence de la présentification de la présence du présent? A cette question, il faut être aussi bouché qu'un flic, qu'une caricature de juge ou un législateur choisi par une foule d'ignorants pour avoir la réponse facile.


L'instant présent, c'est, à proprement parler, l'instant qui n'est pas, l'instant qui, à peine apparu, aussitôt disparaît, c'est la vie en tant qu'elle est insaisissable, impossible même.

On parle de son temps à soi, comme si on en était le propriétaire, comme si on pouvait avoir un temps, du temps qui fût propre à soi.voler son 

Eliminer autant que possible toutes les contraintes inutiles, car elles volent le temps à soi, sa vie à soi.

Quoi que l'on fasse, on ne fait que perdre son temps (ce qu'on nomme ainsi), c'est une raison supplémentaire pour ne pas se le  laisser volerte même, pire encore, y participer.




Wednesday, August 5, 2020

Tout ce qu'on pense, dit et fait est motivé  par des vivants, par un vivant surtout  qui est comme mort, car on ne le voit ni ne le connaît jamais vraiment, et tourné vers un mort surtout dont le souvenir est là, toujours hante, comme s'il était encore vivant.

C'est quand meurt quelqu'un que l'on découvre qu'on le, comme on dit, connaissait, mais on était alors totalement indifférent à sa présence.

Les regrets, les excuses, quoi de plus sale dans une vie qui, elle - même, n'est que pourriture!

Le grand auteur, un Virgile par exemple, non seulement ne se pardonnera jamais d'avoir cédé à la tentation de la publication, mais s'étonnera même d'avoir produit ce qu'il a produit sans l'incontinent détruit, car il sait que seuls les médiocres ne se voient pas, ne voient pas qu'on les voit dans toute leur laideur aussi, et osent se montrer en public.

Il écrit; c'est du moins ce qu'il croit, mais le pire, c'est qu'il y en a qui le croient aussi.

La vie est une affreuse comédie qui ne fait pas rire et qu'on ne peut même pas prendre au sérieux.




Qui tient à démontrer sa supériorité doit se sentir bien inférieur, doit même être très inférieur.


Quiconque est, se trompât - il, convaincu de sa supériorité ne s'avisera sans doute pas d'en faire étalage, et c'est tant mieux; surtout pour lui.

Il faut, pour vite comprendre qu'on est en présence d'un être supérieur, beaucoup d'intelligence; beaucoup d'intelligence et de modestie, et cette union d'une intelligence exceptionnelle et d'une modestie in - appréciable est tellement rare qu'on la pourrait croire impossible.

 Certains   hommes supérieurs aiment à vivre obscurément et  médiocrement dans de petites villes éloignées perdues dans des régions où il ne s'aventure grand monde en général, à croire qu'ils bénéficient, en vivant ainsi, de quelque mystérieuse protection et jouissent de la sérénité qui leur est indispensable pour les activités auxquelles ils attachent de l'importance


En général, les gens se sentent perdus à l'étranger: à peine arrivés dans le pays qu'ils,pendant de longs mois, ont rêvé de connaître, d'explorer, ils éprouvent un cruel besoin de renter immédiatement.


Bien des gens  ayant abondamment voyagé sont, en fait,  les hommes d'une seule ville: Borges est l'homme de Buenos Aires, Joyce, celui de Dublin et Valéry, le Méditerranéen, l'homme de Paris, Pessoa, celui de Lisbonne, quand on ne serait tenté de trouver que c'est Buenos Aires qui est la ville de Borges, Dublin, celle de Joyce, et ainsi de suite, comme si ces auteurs avaient créé Buenos Aires, Dublin, Paris, Lisbonne, eux - mêmes, des villes imaginaires ressemblant aux villes réelles que tout le monde connaît ou croit connaître, et bien différentes d'elles en même temps, créations uniques et possessions uniques de chacun d'entre eux, et il en va ainsi de tous, car la ville que je vois, que je visite, dont j'arpente les rues sans en contempler les monuments, sans faire attention à ses couleurs qui ne cessent de changer, non seulement les saisons, mais quotidiennement selon les déplacements du soleil dans sa course, n'est pas celle que voient les autres, ni même celle que je reconnais à différents moments de la journée, et c'est probablement pour autant, pour tout cela, que toute ville, tout lieu est toujours plongé, pour celui qui y est attentif, dans un silence indéfinissable et revêtu  d'une obscurité plus révélatrice de son "être" que les lumières dont il est inondé, encore que toute lumière ait sa part d'obscurité, laquelle est plus impressionnante que la familiarité lumineuse  dont on est, le plus souvent, le spectateur aveugle.






Tuesday, August 4, 2020

Le besoin d'être aimé, besoin pathologique s'il en est, est rarement guérissable et ça vous ruine toute une existence.

Ce besoin qui n'en est pas tout à fait un, n'étant pas organique, de ne pas être comblé, se transforme en frustration, en divers états de morbidité, en agressivité; il devient ainsi désir de mort, désir de donner la mort non moins que de la recevoir.

Faute d'être aimé par les autres, on finit par s'aimer soi - même, et c'est absolument lamentable.

Ils tuent aujourd'hui, craignant sans raison aucune d'être tués demain, s'ils n'agissent pas ainsi, mais allez faire comprendre ça à des gens qui sont rongés par la peur et dévorés par la haine!

Un homme heureux, c'est un homme qui n'a besoin de rien ni de personne; autant dire que c'est un homme mort.

L'homme craint la mort, non parce qu'il ne la désire pas, mais parce qu'il la soupçonne de n'être pas réelle, de n'être pas ce qu'on la croit être.










C'est parce que rien ne permet de penser que Dieu, au sens le plus mélioratif imaginable, puisse exister, rien sinon le désespoir, qu'il faut, peut - être, malgré tout se contraindre à espérer que Dieu existe.

Dieu existe peut - être, mais en tant que déguisement emprunté par le Diable, c'est, en tout cas, ce qu'un grand chef religieux prétendait.

Qu'est - ce que la religion sinon la négation de l'existence de Dieu? Dieu arait - il besoin de quoique ce soit pour être accessible aux hommes?

On aurait l'impression que Dieu, tel que le conçoivent les diverses religions, se cache, se déguise,à l'instar d'un malfaiteur, mais ce n'est sans doute qu'une impression.

La beauté des cathédrales, des temples, des lieux de culte, dont on doit la création à des rois, à des chefs politiques sert autant à masquer la laideur des gouvernants - et de leurs valets - qu'à faire oublier le mensonge sur lequel repose  (peut - être) toute religion.


Ceux qui croient vraiment en Dieu ne sont pas bien nombreux: le plus souvent (le plus souvent?), on croit que l'on croit en Dieu sans rien savoir de Dieu


Monday, August 3, 2020

Si vous affirmez que quelqu'un est forcément honnête et juste, parce qu'il est juge (à croire que les juges le sont de naissance ou du fait d'être juges devenus,  et sont, donc, de naissance ou du fait d'être juges devenus, honnêtes et justes, il est peu probable que l'on vous accuse de généraliser, même si, par ailleurs, vous ne savez pas, comme la plupart des gens, ce que c'est que généraliser, mais ne vous avisez d'insinuer que, pour avoir rencontré plein de gens d'une certaine catégorie professionnelle ou, même, sociale, qui sont méprisables,  que ces gens - là (que vous avez en tête) sont dignes de mépris, car non seulement vous en blâmera - t on ( on ici a le sens de - presque - tout le monde), mais vous risquez bien, surtout en démocratie, étant donné que les démocraties - pas toutes, il est vrai - ne sont le plus souvent que des dictatures discrètes,  subtilement déguisées, voire, parfois, à peine déguisées, d'aller au - devant de sacrés problèmes.

Il est souvent reproché à tel philosophe de ne rien ni personne respecter, et cela est franchement scandaleux, car s'il est bien vrai qu'il ne respecte pas tout ce qui et tous ceux qui ne méritent de l'être, pour ceci que cela est avéré, et non parce que ce serait son opinion - un philosophe n'a pas d'opinion, sauf s'il s'oublie -, il est tout aussi vrai que  le vrai philosophe, que l'on ne confondra pas avec  le premier batteur d'estrade venu, ni avec le premier barbouilleur de colonnes sur le marché, respecte ce qui et ceux qui méritent le respect.


Tel est l'esprit de corps chez certaines gens - des gens inférieurs le plus souvent - qu'il vous suffit de trouver, non sans raison, qu'est corrompu l'un d'entre eux pour qu'ils se tous cabrent, s'emportent et  vous critiquent de généraliser - le péché suprême, en la conjoncture! -, mais c'est peut - être parce qu'ils se sentent tous, non sans raison, visés.

 De bien des gens qui pratiquent le même métier, la même profession que soi, on se refusera à dire que ce sont des collègues, et c'est bien ainsi.

Ils sont très nombreux ceux qui, travaillant au sein de tel établissement, de telle institution, se comportent comme s'ils en étaient les propriétaires: ce sont  surtout les chefs, les directeurs, les patrons et ils sont tous plantons dans ce qui leur tient d'âme.


Ils sont cruels et tyrammiques, mais uniquement quand ils sont confrontés à plus faible qu'eux, et l'on a vite fait de comprendre qu'ils passent leur vie à se faire botter les fesses par leurs supérieurs qui, eux aussi ..., jusqu'à ce que ...







 



Ceux qui sont vraiment intelligents se mettent rarement en colère et sont toujours indulgents envers les autres, mais seulement quand ils savent qu'ils sont des êtres supérieurs et peuvent s'offrir le loisir d'être condescendants.

Quelqu'un qui tient à avoir toujours raison ne fait le plus souvent que se rendre ridicule, et croira volontiers qu'on lui donne raison, quand, en fait, on se moque gentiment de lui.


D'aucuns veulent faire oublier leur médiocrité en prétendant être paresseux, insinuant ainsi que s'ils travaillaient, ils accompliraient des miracles.


La peur de l'échec  a ruiné les ambitions de plus d'un homme que l'absence de génie.


Les autres sont rarement responsables de nos succès, souvent  de nos échecs, mais, la plupart du temps, nous sommes, nous - mêmes, les artisans de notre perte  et, quelquefois, les auteurs de nos succès.


On croit souvent, sinon toujours, savoir ce qu'on veut, sauf sur le tard, quand il est beaucoup trop tard pour y rien changer.















Quand je serais votre ami, disait (je crois) Gide, le grand Gide, à quelqu'un, je ne serais pas celui de vos turpitudes, phrase étonnante de la part de Gide qui était d'une extrême simplicité et qui avait une intelligence peu commune, car il a l'air de dire qu'il sera volontiers l'ami de quelqu'un, ses turpitudes nonobstant.

Les colères de Bloy, pour terrifiantes qu'elles soient, sont compréhensibles, car ce sont les colères d'un homme indigné par l'injustice, révolté contre la misère et exaspéré par la bêtise, mais, dirigées contre ceux dont Victor Hugo disait pourtant, bien qu'à juste titre, que "(leur )bonheur est fait du malheur des autres", elles ne laissent pas d'étonner, mais il n'est impossible que les colères de Bloy fussent celles d'un authentique saint.

Plus personne ne lit Léon Daudet, si tant est qu'il y ait encore des gens qui ont entendu parler de lui, car tout le monde ne connaît qu'Alphonse Daudet, mais Léon était admiré de Proust lui - même et était un écrivain à peu près irréprochable; il était cependant loin d'être un grand écrivain, il était tout au plus un redoutable artisan, et ils sont nombreux des comme lui qui ne seront jamais que de bons, de très bons écrivains même, mais jamais de grands, de véritables écrivains, à moins que...

Sans Blanchot, il me sera toujours difficile d'accepter que Maurras fut quelqu'un d'intelligent et maintenant encore, je n'arrive pas à comprendre le maurrassisme de Blanchot, mais il est vrai que l'ennemi acharné que je suis des positions politiques de Maurras ne me permet sans doute d'apprécier ce dernier à sa juste valeur.

Il y a tant d'écrivains qu'on ne lirait absolument pas s'ils n'avaient  la réputation d'être de grands écrivains, réputation si surfaite, si imméritée qu'on se peut demander s'ils ne la doivent à de fous furieux alcooliques et même ..., mais laissons.


Valéry disait avec raison souhaiter que l'histoire de la littérature s'écrivît un jour sans mention de nom de personne, seule manière sans doute de faire comprendre à la foule que l'auteur de tout livre est toujours à venir.