Tuesday, December 31, 2013

Il est difficile à un grand penseur, à un grand artiste d'être compris aussi longtemps qu'il n'est pas deveu un penseur, un artiste de rien du tout: de cela il résulte d'horribles et dangereux malentendus.
Ce qu'on croit être un livre n'est trop souvent qu'un recueil de fantasmes et de frustrations personnels, et l'on a l'impudence de vouloir que cela passionne les autres.

Il a besoin de la considération d'autrui: c'est sûrement quelqu'un de bien malheureux et c'est tant pis pour lui.

De quelqu'un qui ne sollicite pas l'attention des autres on croit et dit volontiers qu'il est fier ou arrogant, alors qu'il désire tout simplement qu'on le laisse en paix.

Pour ne pas dépendre de qui que ce soit, il faut être riche, comme personne ne saurait l'ignorer, mais seuls les attardés mentaux croiront que la richesse en question n'est que matérielle.

Qui prête trop attention aux autres est par eux exploité, et qui n'accorde aux autres qu'une attention superficielle est par eux critiqué, condamné: faute de pouvoir trouver ce qu'on nomme le juste milieu, on choisira d'être critiqué plutôt que d'être exploité, sauf si l'on a le goût du martyre.
On éprouve le besoin de se mettre en avant, d'occuper le devant de la scène soit parce qu'on se sent écarté, soit parce qu'on est un con; soit parce qu'on a mal à soi, à son ego, soit parce qu'on a le cerveau qui ne fonctionne pas très bien; il est heureux qu'on puisse également  vouloir se mettre en avant pour se protéger contre les autres.
Une vie humaine, c'est surtout une succession ininterrompue de sottises dont on croit se garder en préférant le silence et l'inaction au verbe et à l'action, mais c'est peine perdue.


Atteindre ce stade où l'on ne doit plus rien à personne, non sans reconnaître ses dettes passées, lesquelles désormais dépassées, n'en sont plus, il faut pour cela non seulement du génie, mais aussi de la noblesse; il faut pour cela ne pas être qu'unêtre humain.

Un homme inférieur, c'est quelque chose de banal, mais une femme inférieure, c'est quelque chose de scandaleux et de répugnant.

Un homme ne saurait s'élever  s'il n'est pas au moins autant femme qu'homme, tandis qu'une femme, d'être plus homme que femme,  s'abaisse, se diminue.




L'être humain aime la liberté, mais il préfère l'asservissement: celui de soi bien sûr, mais aussi celui des autres qui lui fait detemps à autre son état de servitude.

Ils ne semblent pas bien nombreux ceux qui ne subissent pas la liberté comme une espèce de contrainte.






Monday, December 30, 2013

De savoir que n'importe quel regard pourrait se poser sur ses tableaux amène tout peintre authentique à tecouvrir ses toiles d'une autre toile , insignifiante celle-là, anodine, ou à les obombrer, et une jubilation tout enfantine de lui s'empare pour peu que son oeuvre éveille l'admiration et entraîne l'adhésion des uns et des autres.
Il aime tout ce qui est gratuit, il adore les cadeaux et il en sera ainsi au moins jusqu'à ce qu'il découvre que rien n'est gratuit et comprenne qu'il n'y a rien de plus coûteux que les cadeaux que l'on reçoit, et peut-être même après.

il n'aime pas recevoir, mais il aime bien donner: on le croit généreux, mais en fait c'est un salopard  qui ne cherche qu'à vassaliser les autres, qu'à les dominer.


Sunday, December 29, 2013

Combien se plaignent de n'être point libres, qui, dès qu'ils jouissent d'une liberté à peu près totale, affirment ne savoir que faire et s'ennuyer? Mais c'est que le problème, ce n'est pas tant l'absence de liberté qu'une insurmontable paresse.

Les regrets ne servent à rien, mais il ne faut pas croire qu'on n'a rien à regretter.

Saturday, December 28, 2013

Un être rationnel, que l'on distinguera d'un être raisonnable,  c'est quelqu'un qui sait que c'est une véritable sottise que de vouloir être seulement raisonnable.

Il n'est jamais assuré de rien, se méfie de toute certitude et essaie de se passionner pour le seul vrai savoir; il ne peut que passer pour un velléitaire ou un dilettante, pour un excentrique quoi!, sinon pour un fou, mais cela vaut mieux que d'être confondu dans la masse des imbéciles qui s'ignorent.
Il détestait lire les livres des autres, car soit ils étaient plats et, ne lui apprenant rien de nouveau,  lui faisaient perdre son temps, soit ils lui, remarquablement écrits de surcroît, procuraient le sentiment d'être une espèce de balourd ignorant, en lui apportant des lumières nouvelles qu'il eût préféré ne devoir qu'à sa seule perspicacité: il est moins facile qu'il n'y paraît de dire s'il avait raison ou tort, mais peut-être n'avait-il ni tort ni raison non plus, et ne faisait-il que rappeler une situation courante au point de ne mériter même qu'on y accorde quelque attention.

C'est la seule lecture, pourvu que l'on sache lire et que l'on doute en permanence de savoir lire, qui permet de reconnaître le grand oeuvre, mais peut-être également l'incapacité de lire, sauf que là c'est moins sûr.




Il parle, mais c'est parce qu'il ne sait pas qu'il ne sait pas; sinon, il éviterait de souffler mot.

Ceux qui sont d'avis que les hommes sont naturellement mauvais devraient préciser que ne le sont  que ceux d'entre eux qui sont inférieurs ou ceux qui n'ont pas su surmonter certains aspects de leur vie infantile, laquelle aura par la suite débouché sur une évolution inquiétante, monstrueuse même peut-être.
En choisissant, mais non sans prendre un maximum de précautions, de tenir les autres pour essentiellement méchants,  on risquera certes de se tromper, ce qui vaut mieux que de subir des déceptions.

Ne jamais parler, ne jamais agir sans avoir longuement pesé la portée de chacune de ses paroles, et de chacun de ses acte; ce n'est pas ce qui préservera de toute erreur, de toute sottise, mais il y en aura sans doute moins.


Friday, December 27, 2013

La difficulté que l'on peut rencontrer à atteindre les sommets ne décourage pas tant qu'elle inspire et imprime une nouvelle ardeur face aux défis qui se présentent, à moins que, scatophile, on n'ait d'autres goûts, d'autres penchants.

Un être libre est toujours égal à lui-même et toujours supérieur aux événements qu'il dépasse et transcende alors même qu'il les subit, a l'air de les subir.
L'injustice indigne, parce qu'elle est injuste, bien sûr, mais bien plus encore parce qu'elle est laide.

Quiconque commet une action injuste, honteuse, se transforme, devient méprisable et même, physiquement laid, fût-il indéniablement beau.
On ne rencontre jamais deux fois la même personne, mais l'on se comporte comme si la personne que l'on a vue hier était aujourd'hui la même, ce qui est vrai, sauf que ce n'est que seulement en partie vrai.

Je ne puis reprocher son infidélité à toute personne qui m'admire ou/et m'aime que si je demeure toujours le même , si je suis toujours à ses yeux celui que j'étais quand naquit chez elle, chez lui, le sentiment d'admiration ou d'amour, et cela n'est possible que si l'autre personne se ment à elle-même, ou se trompe.

En amour on se trompe beaucoup plus qu'on ne trompe, mais si l'on reconnaît difficilement que l'on a pu tromper l'autre et refuse d'admettre que l'on ait été trompé, on tiendra pour impossible que l'on ait pu se tromper: plutôt tromper et être trompé que se tromper; plutôt avouer avoir (été) trompé que de concéder que l'on s'est trompé.

Thursday, December 26, 2013

 Le désir de mort, qui s'exprime le plus visiblement dans des comportements le plus souvent lentement autodestructeurs, est peut-être encore plus dramatique dans cet état de complet abandon de soi auquel se laisse aller l'individu.

Un rien de lucidité ferait voir et comprendre que tout ce qui lie à la vie ne vaut grand-chose, ne vaut même rien et est parfaitement ridicule, mais on n'a aucun moyen de préférer à cela la mort.
  Il est étonnant que l'on soit en général allergique à tout ce qui est difficile; faut-il en incriminer une inclination naturelle à la paresse? Sied-il plutôt d'attribuer cela à la conscience de son inaptitude à soi? Et s'il s'agissait de quelque crainte à la perspective d'un échec et du sentiment de honte qui s'en ensuivrait? Il est peut-être plus raisonnable d'en blâmer une combinaison de ces facteurs, et donc de s'en prendre à soi-même.

Au coeur même de la vie, le désir de mort est très présent, mais il est rare que l'on s'en aperçoive.


Ce qui m'appartient, ce qui est à moi, échappe le plus souvent  à la conscience que j'en puis avoir; cela ne m'est pas au fond étranger, mais cela tojuours comme étrange me frappe.

Les moyens pour atteindre à ce que désirons ou croyons désirer nous prennent presque tout notre temps, tant et si bien qu'à la fin nous ne, quand nous l'eussions obtenu, jouissons que très peu, presque aucunement de ce que nous avons souhaité, de ce que nous voulons.
Ce n'est pas vraiment moi qui pense, qui parle, qui écris, qui agis et réagis, mais plutôt le non-moi en moi qui, à tout instant, me dérobe mon existence; le non-moi en moi qui m'empêche de vivre et sans lequel je ne puis, jusqu'à un certain point, mais seulement  prévivre.

Prévivre, c'est ce que font la plupart des humains sans même le savoir, et c'est probablement une chance énorme pour eux.

On passe le plus clair de son temps à exister; il n'est pas impossible que certains d'entre nous prévivent (en attendant de vivre?), mais combien sont-ils à vraiment vivre? Il vaut peut-être mieux ne pas le savoir.




On ne vit vraiment qu'au moment, si on a la (mal)chance de faire l'expérience de ce moment, où l'on très consciemment fait face à la mort, moment impossible comme personne ne l'ignore, et de le savoir, les hommes passent leur temps à mettre en scène leur propre mort, tantôt sur le mode comique, tantôt sur le mode pathétique, sans doute parce qu'ils croient pouvoir ainsi avoir quelque aperçu d'une vie intense, mais ils se trompent à n'en pas douter.





Un être humain dépourvu de volonté, ou encore incapable d'agir en vue de ce qu'il veut, de ce qu'il désire, c'est un être qui n'est ni vivant, ni même mort.

Travailler à abolir toute trace de l'autre, de tout autre chez soi, en soi, afin d'être un être tout nouveau, libre et qui ne doit rien à personne ni à quoi que ce soit, c'est peut-être le seul idéal pour lequel les hommes devraient être disposés à mourir.


Wednesday, December 25, 2013


La destruction de tout ce qui n'élève point et l'élimination de tous ceux qui nuisent à l'épanouissement de soi sont de véritables devoirs pour tout être qui aspire à vivre aussi pleinement que possible sa vie.

Il est des contraintes qui, si l'on peut dire, ne contraignent point, mais permettent et obligent même de s'élever, de s'épanouir; il n'est pas raisonnable de continuer à les qualifier de contraintes, il serait souhaitable qu'on leur appliquât l'expression de dé(-)pression.
On comprend, on croit toujours, quand on n'en est convaincu, comprendre les autres, il n'y a que soi-même que l'on ne comprend guère et soi seul que l'on croit des autres incompris.

On ne vit vraiment qu'à partir du moment où l'on s'est recréé  entièrement à neuf, faute de quoi on, dût-on avoir-------il est vrai que c'est déjà beaucoup, immense même, --------avoir mené une existence trépidante et folle, n'a pas réellement vécu.



Il y a toujours des raisons qui expliquent de manière bien convaincante tout ce que l'on fait, même si l'on n'a pas toujours, même si l'on a si peu souvent raison de faire ce que l'on fait.

On passe son temps à s'inventer des devoirs absolument imaginaires, à courir après des plasirs qui n'en sont même pas, à se tromper d'ambitions, et l'on ne s'en rend compte, si l'on s'en rend compte, que très tardivement, quand il n'y a plus rien à faire, au milieu de regrets, dans l'amertume et la honte.

Une vie humaine ne vaut jamais grand-chose, et l'on parvient quand même à la réduire à bien moins que cela encore.

Tuesday, December 24, 2013

Il y a des gens qui se contentent de rien et même de n'importe quoi, tandis que d'autres ne sont de rien satisfaits: il leur faut tout et même plus encore; rien n'est pour eux suffisamment bon, suffisamment grand. Ils n'ont pas l'air de le savoir, mais au fond, ils se ressemblent.

Ceux qui se ressemblent sont parfois, souvent, ceux qui sont les plus oppposés, justement parce qu'ils se ressemblent.
Seul un être intelligent est capable de démolir des certitudes, et seul un démolisseur de certitudes est vraiment intelligent, mais la Société n'a pas grand besoin d'êtres intelligents: des êtres utiles suffisent.

On le croit l'ennemi de toute certitude, mais il n'est allergique qu'aux fausses certitudes, et c'est parce qu'au fond il n'aime que c'la: les certitudes, qu'il ne saurait accepter n'importe quelle certitude.

A trop douter, on s'interdit toute action, et à ne pas douter, on commet non seulement des sottises, mais même des atrocités: le tout, c'est de savoir douter. Difficile, très difficile!
Un être libre ne se soumet à rien, ni aux conventions, ni aux lois, parce qu'il le faut, mais parce qu'il est en mesure de les tenir pour justes et nécessaires.

Quand le législateur n'est qu'un imbécile--et cela est bien plus fréquent qu'on ne le soupçonne, --la loi risque fort de n'être fondée que sur des préjugés.




Monday, December 23, 2013

Toute action, tout geste en vue d'une contrepartie est toujours au moins un peu sale, même si l'on en vient à ne plus désirer la contrepartie initialement souhaitée; c'est là une évidence qui n'a  besoin d'aucune explication.

La vie est faite d'interruptions, d'interruptures, mais on voudrait croire qu'elle consiste en suites, de préférence ordonnées, en successions harmonieuses: c'est (évidemment?) plus commode.


Sunday, December 22, 2013

L'égoïsme rend idiot, il empêche de voir ce qui est pourtant patent, pour ceci qu'on est trop occupé de soi-même.

Il y a bien des comportements, bien des activités qui transforment les gens en de véritables débiles mentaux; tout le monde n'y succombe heureusement pas, mais il est tout de même étonnant qu'ils ne soient pas, ces comportements et activités, au moins découragés.
Les gens malhonnêtes s'indignent quand on les accuse d'être malhonnêtes, et il n'est pas aisé de savoir si c'est parce qu'ils savent qu'ils sont des fumiers, ou si c'est parce qu'ils craignent, ayant été démasqués, de ne plus pouvoir  profiter de leur crapulerie.

Il y a des personnes qui n'ont pas l'air de savoir qu'elles sont affreusement malhonnêtes, mais ce sont probablement des comédiens, et elles sont, à ce titre, au moins doublement malhonnêtes.

Saturday, December 21, 2013

A s'en tenir à ce qu'on entend le plus fréquemment autour de soi, on finirait par se persuader que seuls aiment leur métier, seuls savent ce qu'est la conscience professionnelle ceux qui, pour assurer leur gagne-pain, font souffrir les autres et même les tuent.

On n'invoque, en guise de justification, le travail, le devoir que quand on a commis quelque chose de bas et d'impardonnable, mais quand on s'est rendu coupable d'une infamie, on ferait mieux de fermer sa gueule au lieu d'en rajouter.


Qui n'a pas connu les tourments de la faim ne saurait comprendre la misère et la détresse des pauvres: cela seul suffirait pour que l'on exige de ceux qui aspirent à gouverner, à gérer les affaires de la Cité, qu'ils fassent l'expérience de la faim  pendant au moins un mois d'affilée avant que ne leur soit confié l'exercice du Pouvoir.

Un serviteur du peuple qui s'enrichit dans l'exercice de ses fonctions, autrement dit en s'écartant dudit exercice qu'il aura perverti et dénaturé, aura certainement commis des actes qui justifieraient qu'il eût le cou tranché sur la place publique.


Les vrais cinéastes, les vrais écrivains n'essaient même pas de produire des effets de réalité;bien au contraire, ils mettent l'accent sur la dimension fictionnelle de leur travail; mais c'est ainsi qu'ils font voir, alors qu'ils n'y songent peut-être même pas, la réalité dans toute sa splenhorrdeur.

Faire du cinéma, c'est écrire avec une caméra, mais bon nombre de ceux qui déclarent se passionner pour le cinéma n'en savent à peu près rien.

 Le cinéma ne montre pas des images en mouvement: il en produit et ce n'est pas du tout la même chose.

Friday, December 20, 2013

Le cinéma devrait pouvoir aider à ouvrir les yeux, mais il semble qu'il surtout rend aveugle, quand, pire! il ne rend débile, malgré Ford, malgré Welles, malgré Antonioni, pour ne mentionner qu'eux.

Hitchcock n'est pas qu'un maître du suspense, c'est même le diminuer que de ne voir en lui que quelqu'un qui a, ce qui n'est pas faux, il est vrai, porté l'art du suspense à un point jusqu'ici inégalé, car en fait il nous rappelle que nous avons des yeux pour voir, mais que nous ne savons pas voir.

ILs sont nombreux, parmi les écrivains, les peintres et les cinéastes, à se tourner vers la réalité pour créer des oeuvres de fiction; Ford, quant à lui, a recours à la fiction pour faire voir la réalité.
Même les objets inanimés changent, quand bien même ils ne seraient soumis aux lois du temps et de l'usure et qu'ils fussent soigneusement préservés de toute possibilité d'accident: le petit buste de Beethoven, que j'ai sur ma table de travail, n'est pas, sans même que je le déplace, le même, selon mon humeur de l'imstant et selon les effets de lumière aux différents moments de la journée, et l'on voudrait que l'être aimant, aimé fût toujours le même!

On croit toujours aimer la même personne, alors qu'il n'en est rien, mais on préfère s'accrocher à l'illusion dont on s'est un jour épris au point d'en être comme halluciné, autant parce que l'on ne veut passer pour infidèle, que parce que l'on préfère des fragments d'images à ce qui est vraiment.

Nous n'avons de temps que pour ce et ceux qui, pour diverses raisons, dont certaines, et pas forcément celles d'entre elles qui seraient les moins avouables, nous sont totalement inconnues,nous intéressent: le reste et les autres pourraient très bien disparaître sans que cela nous émeuve, mais que peut vouloir dire alors le sentiment d'humanité des êtres humains?
Les imbéciles sont certainement  de grands aristotéliciens aux yeux d'Averroës; sans le savoir bien évidemment, car  soit ils louent, et admirent, soit ils blâment et critiquent; ils ne s'en peuvent empêcher, mais qu'ils louent ou qu'ils blâment, ils ne font que proférer des inepties.

Ceux qui croient pouvoir compter sur les autres oublient qu'ils ne peuvent compter sur eux-mêmes.

Ce qui est simple n'est pas évident, mais ce qui est évident n'est pas trivial, est si peu trivial que du coup il n'est plus évident et échappe à l'attention de presque tous.


Seul quelqu'un d'intelligent et de prudent se méfie des compliments qui lui sont adressés; bien moins parce qu'il les croit peu sincères ou inspirés par la volonté de se servir du prochain, que, encore qu'il ne se réjouisse à la perspective d'être berné,parce qu'il doute qu'ils soient mérités.

Etre responsable du malheur, de la tristesse de quelqu'un, c'est dégueulasse à l'infini.

Il n'y a que ceux qui sont inférieurs qui cherchent à s'imposer; ceux qui ne leur ressemblent pas n'ont même pas à y songer.


Il y a une certaine assurance de soi qui naît du travail, de la patience, il y en a une autre qui est fille de la bêtise: quoi qu'on pense et dise, elles ne se ressemblent pas et il n'est jamais très difficile de les distinguer.

Ce qu'on croit ou /et déclare ne pas aimer, c'est bien souvent ce qu'on aime au fond, ce qu'on désire le plus, mais qui, du moins pour l'heure, demeure hors de portée et dont on craint de ne pouvoir jamais  jouir.

Il arrive qu'on désire et souhaite ce  dont en fait on fait peu de cas, ce qu'on véritablement foule aux pieds, mais ce n'est pas tant parce qu'on est bête et/ou pétri de contradictions, que parce que l'on est faible et que l'on cède à certaines exigences de la réalité sociale.


Quand la loi ne peut s'imposer d'elle-même, c'est qu'elle mal faite, c'est qu'au fond elle n'est loi que de nom: elle aura pour auteurs des voyous vivant dans une société où triomphe la voyoucratie.

La démocratie ne peut exister et, éventuellement, durer que dans petits groupes: partout ailleurs, elle se transforme rapidement en ochlocratie.


Thursday, December 19, 2013

Il est des compliments qui ne cessent d'être énormes et débiles qu'à partir du moment où l'on comprend que l'on ne comprenait pas qu'ils ne sont que des railleries, et on est alors si peu content qu'on préfère encore tenir que les compliments en question étaient sincères.

On a honte d'avoir pris un imbécile pour quelqu'un d'intelligent, mais seul quelqu'un d'intelligent ne se consolera jamais d'avoir pris un génie pour un nigaud.


Wednesday, December 18, 2013

La lecture n'est bien souvent que du voyeurisme, mais il s'agit là d'un voyeurisme tel qu'on en est difficilement conscient, et on n'en éprouve donc aucune honte, ni n'en ressent-on quelque gêne.

Si seulement on pouvait savoir que la plupart du temps on croit seulement lire, on essaierait peut-être d'apprendre à lire.


Tuesday, December 17, 2013

On critique, ridiculise et condamne les naïvetés d'une jeune, d'un adolescent et même celles d'un enfant, mais on est plein de compréhension, d'indulgence et de complaisance envers celles de quelqu'un d'âge mûr qui, lui, mériterait bien qu'on l'en fusillât, quoique qu'il ne mérite pas autant d'être fusillé que ceux accueillent bienveillamment ses sottises.

Si ceux qui sont cons et ignorants se contentaient de n'être que cons et ignorants, ce serait déjà presque bien, mais ils se croient obligés d'être également des salauds.




On se laisse trop souvent voler savie et c'est toujours, en définitive, quelle que soit, quelle qu'ait pu être la responsabilité des autres, quelles qu'aient pu être les circonstances,  de sa faute à soi: se laisser voler sa vie, c'est triste et honteux.

La vie ne vaut très certainement grand-chose, mais n'est-ce pas une raison supplémentaire pour essayer d'en faire quelque chose?

Il n'y a que des avocats, des juristes, des flics, des matons et des cons  pour, de ce que quelqu'un déclare, avoue, reconnaisse avoir un commis un crime, conclure à sa culpabilité.

On étudie le droit parce qu'on veut faire triompher la justice, mais, une fois le diplôme acquis, la justice on s'en fout complètement; il n'y a plus que le fric qui compte désormais.







Monday, December 16, 2013

On met un temps infini à découvrir ce qui a toujours été là, sous les yeux, mais on ne se croit pas moins redoutablement intelligent.

L'ennui et la paresse se devraient être mutuellement exclusifs, mais l'être humain est cet animal capable de réaliser la prouesse de s'ennuyer et d'être paresseux en même temps.

Sunday, December 15, 2013

Un être humain qui ne disposerait pas de lui-même, qui ne s'appartiendrait pas et qui ne disposerait pas de temps à soi, c'est pitoyable et laid, mais tellement courant en même temps.
Il y a tant de choses qui, durant notre jeunesse, ne parviennent même à retenir notre attention, tant elles nous semblent triviales, propres à fasciner les seuls esprits inférieurs, et aisément accessibles, mais avec l'âge, elles semblent s'être transformées, et les voilà attirantes devenues maintenant qu'elles semblent dramatiquement hors de notre portée, et on ne sait pas très bien si c'est, durant les années de jeunesse que l'on se montrait débile ou non, ou si c'est maintenant que l'on démontre, ou non, avoir acquis quelque sagesse.
Pour ne point (s') avouer son humiliation, on feint de prendre plaisir à sa déchéance, on participe à son propre avilissement  et on finit même par y vraiment prendre plaisir.

Au fond, tout être humain rêve d'être son propre et unique, absolument unique, géniteur, à tous les sens de ce mot, mais très peu le savent, et même parmi ceux-là, il y en a très peu qui y parviennent.

On est vraiment soi-même en tant qu'être nouvellement créé si on a réussi à se libérer de tout, de tous.

Saturday, December 14, 2013

Une vie humaine, est-ce autre chose qu'une succession d'erreurs et de malentendus?

La vie de bon nombre de gens se réduit à des postures: ils s'adaptent, quoi! Ce n'est pas vivre, cela.
Pourquoi parler de soi? Il y a pour cela ceux qui sont inférieurs.

Qui cherche à faire plaisir aux autres, finit le plus souvent par les agacer et les lasser.


Friday, December 13, 2013

Ce n'esr pas ce qui est que l'on voit, mais la transformation qu'impose l'herméneutique de son regard.

Pourvu qu'il soit actif, l'oeil  voit tojours pour la première fois ce qu'il voit ou revoit, mais l'oeil, l'oeil humain du moins a le regard trop souvent obscurci soit par ce qu'il croit être le souvenir de ce qu'il a déjà vu et qu'il n'a, en fait, jamais vu, , soit par le sentiment d'incompréhension que produit chez lui toute rencontre nouvelle qui le dépouille de l'exercice de ses facultés habituelles, soit encore, et plus banalement, par les soucis et les penchants qui interdisent de voir ce qui est.

Les arts visuels nous apprennent mieux que toute autre chose que nous ne savons ni regarder ni même voir et, de ce fait, peuvent nous apprendre à voir, mais il ne semble pas que nous en ayons le temps.


Wednesday, December 11, 2013

Ce que l'on voit, ce n'est pas le visible lui-même dans toute son étendue, mais ce seul fragment du visible vers lequel on est, pour diverses raisons, amené à diriger son attention, et ce qu'on croit y voir, cela dût-il ne point exister ailleurs que dans son délire à soi.

Non content de ne pas voir ce qui est bel et bien là sous les yeux, on se permet même de voir ce qui n'est point là.
Le Droit n'est qu'une catachrèse quand il ne peut ou ne ne veut s'opposer efficacement à la force, quand il ne peut faire échec à quelque forme de domination que ce soit.

Le Droit peut s'utilement allier à la force, mais quand c'est la force qui subtilise le manteau du Droit, c'est qu'on est déjà dans un système dictatorial.
Les gens inférieurs, surtout ceux d'entre eux, qui sont désespérément et irrémédiablement inférieurs, pourraient au moins essayer de cacher leur infériorité, mais ils en sont probablement incapables.

Chez les barbares, la loi sert à interdire, à réprimer et à opprimer, mais pas chez les civilisés, si tant est que l'on en rencontre, où elle existe pour protéger et, au besoin, persuader.


Tuesday, December 10, 2013

Le sadisme et le masochisme sont des faits  beaucoup plus importants qu'on ne le pourrait soupçonner dans l'existence de la plupart des êtres humains, et peut-être même dans la vie de tout être humain.

On accepte ce qui est imposé en (se) disant qu'on l'approuve et l'accueille, et on finit bel et bien par l'accepter.


Monday, December 9, 2013

Bien des gens sans même s'en rendre compte proclament régulièrement être fiers d'être de parfaits imbéciles.

Le plus grave, ce n'est pas tant d'avoir gaspillé sa vie à soi que d'avoir fait gaspiller la leur aux autres.

Quand je pourrais me venger des torts qui m'ont été faits, je ne pourrai jamais expier ceux que j'ai commis à l'encontre d'autrui.

Il n'avait que de modestes ambitions: on en tira conclusion qu'il n'était ni modeste ni ambitieux, cependant que d'autres le trouvaient soit modeste  soit ambitieux, jamais les deux  à la fois; mais lui s'en émouvait pas beaucoup, n'ignorant qu'il était fort ambitieux, ce qui ne pouvait que l'inciter, l'ignorât-il, à être modeste.


La vraie modestie est une conquête; conquête souvent silencieuse et inconsciente, mais conquête tout de même: on n'est pas naturellement modeste, et, quand on le serait, c'est qu'on ne l'est pas au fond.



Sunday, December 8, 2013

N'accorder de l'importance à rien, car, au fond, rien n'est important.

Les bonheurs les plus intenses sont toujours, en définitive, médiocres; les malheurs les plus accablants des euphémismes au regard de ceux qu'on n'arrive même à imaginer;et les plaisirs les plus extrêmes lamentables et risibles: on se donne vraiment beaucoup de mal pour rien.

L'horreur, le comble de l'horreur, mais n'est-ce point quelque chose de quotidien, d'omniprésent même? Et donc de banal?

L'être humain, l'être le plus sale et le plus répugnant qui soit; difficile, sans la dénégation et la sublimation, d'aimer un être humain, ou même, de le respecter.

La plus grande maladie, c'est la vie elle-même, ou du moins la vie telle qu'on la connaît. S'efforcer de vivre loin de cette vie-là et de ses pourritures.

Saturday, December 7, 2013

X a à son actif une oeuvre abondante et c'est vraiment dommage pour lui d'avoir choisi de  rendre public le produit de ses activités,  de son travail, car s'il s'en fût abstenu,personne n'eût pu deviner à quel point il est sot.


La vie collective, la vie publique très précisémenmt, abêtit: s'en méfier, si possible, et s'en éloigner.

Wednesday, December 4, 2013

Les imbéciles, qui acceptent tout ce qu'on leur débite, pourvu que ce soit faux, peuvent bien croire que la démocratie existe et que l'Etat de droit n'est pas qu'un fantasme, mais que faut-il penser de ceux qui, indubitablement intelligents, gobent de telles inepties?

Ni la démocratie, ni l'Etat de droit ne peuvent exister; c'est d'ailleurs pour cela qu'il y faut travailler, mais sans se faire d'illusions.

Ce n'est que dans la mort que la vertu peut triompher de la violence; nous ne sommes cependant pas encore morts.


Tuesday, December 3, 2013

Eprouverait-on du plaisir à visiter les grandes villes, les très grandes et belles villes surtout, si, les visitant, on avait constamment à l'esprit les misères et les souffrances qu'elles ont dû coûter à des milliers, à des millions de gens?


Aux yeux de ceux qui sont riches et puissants,seuls les pauvres ont toujours assez, sinon beaucoup d'argent, tel est leur mépris du malheur des démunis.
Est-ce bien la vie qui ne vaut rien, ou la non-vie au sein de la vie?

Tout ce qui éloigne de la vie---les conventions et traditions, les institutions, les obligations, notamment celles d'entre elles qui ne sont qu'imaginaires--------devrait, par un effet de réaction, raffermir la volonté de vivre pleinement sa vie, mais tout ce qui éloigne de la vie en éloigne tant et si complètement, que la plupart des gens finissent même par oublier de vouloir vivre.

Tout simplement exister, se laisser vivre, ce n'est pas vivre; c'est honteux. Mais c'est probablement pour cela qu'on n'en veut rien savoir.

Monday, December 2, 2013

La justice est-elle possible? Oui, très certainement; mais pas entre les hommes tels qu'ils sont en général: des êtres veules et inférieurs.
Elle n'est possible qu'entre les êtres supérieurs, entre gens sans préjugés, ni ressentiment.

Il tient à ce qu'on le couvre de louanges pour ses qualités, mais insiste pour qu'on mette ses faiblesses sur le compte du milieu dans lequel il a grandi; c'est là un drôle de raisonnement.




Il faut souhaiter, me disait quelqu'un, que les salauds ne meurent jamais, car cela interdirait de  les jamais traiter avec indulgence.

Ce n'est pas parce quelqu'un vient de crever qu'il aussitôt deviendrait quelqu'un de bien, même si toute sa vie, il n'a été qu'un fumier: on est vraiment trop bon, trop con aussi, avec les morts.

Si on accordait aux vivants une considération égale à celle que l'on réserve aux morts, tout irait tellement bien.
Il n'y a rien de tel que la compagnie des êtres supérieurs pour que l'on comprenne, à condition que l'on ne soit pas un incorrigible abruti, combien on est con  et que l'on éprouve le besoin de s'élever soi aussi.

C'est une singulière aberration que de croire que l'égalité est synonyme de justice; n'en serait-ce pas plutôt l'antithèse?