Tuesday, August 6, 2019

Le bavardage, la discussion , surtout celle qui se veut intelligente et qui, médiocre, ne parvient qu'à être fade, monotone, banale et ridicule, et peut-être le soliloque aussi, non pas le soliloque en public et à haute voix qui provoquerait l'étonnement des passants, qui ferait sourire gentiment ou rire méchamment, qui inciterait même d'aucuns à réclamer l'intervention des forces publiques, des flics surtout, mais le soliloque muet, silencieux, et constant que l'on ne devinerait jamais, qu'aucun signe ( un visage austère, un front plissé par quelque effort monstrueux, un regard dont la fixité glacerait de terreur, si la tête, basse et tournée vers le seul sol, n'en faisait rien voir) ne permettrait de soupçonner, ne sont probablement rien d'autre que de lamentables tentatives de se convaincre qu'on est capable de réfléchir, de penser, de même que la lecture des journaux sert, surtout aux imbéciles et aux demeurés, à montrer qu'ils ne s'intéressent qu'aux sujets sérieux, tels que la politique, les faits divers,  la publicité , à des cochonneries en fait, auxquelles il faudrait maintenant, comme  s'il n'y en avait pas  déjà assez (de ces cochonneries) qui stérilisent toute activité propre à élever, ajouter la radio, la télévision, le cinéma, du moins l'usage qui en est fait par presque tout le monde, à commencer par ceux qui ont ou auraient quelque chose à y gagner, non moins que par  ceux qui croient devoir en quelque profit tirer et qui finiront bien par comprendre qu'on les a eus, qu'ils se sont fait avoir comme des bleus, comme des ploucs, lequel (usage), plongeant dans un somnambulisme quasi permanent devenu le mode d'existence routinier et comme obligé de presque tous, sauf à de rares moments que leur concèdent de brusques et trop rapides réveils occasionnés par quelque mystérieux aiguillon qu'il est leur est plus facile et surtout confortable d'ignorer afin de pouvoir continuer de paisiblement ruminer, de travailler comme des bœufs, de se comporter comme des singes et de vivre comme des porcs, s'en réjouissant, tout en se vantant d'être des êtres humains, comme si l'on pouvait se vanter d'être un être humain, de n'être qu'un pitoyable et grotesque saltimbanque sur la scène bruyante et morne de l'existence dont le vide est à peine camouflé par les rires qui en proviennent  et les gémissements qui en émanent, les seuls témoignages peut-être de quelque activité, de quelque présence, cependant que les forces naturelles, les plantes et les animaux continuent comme devant, selon toute apparence aucunement inquiétés par le passage du temps, indifférents au fardeau qui s'alourdit des ans, que rien ne justifie et ne personne excuse, à moins que (hypothèse douteuse qui, quand elle serait digne d'être retenue et acceptée, ne le pourrait être pendant plus de quelques secondes d'égarement) l'être humain ne soit qu'une monstrueuse erreur, une erreur qui mérite d'être rectifiée, qui doit, mieux encore, être éliminée, afin que puisse naître un être nouveau, l'être surhumain ou parhumain, car l'être humain n'a que trop duré et il faut bien que l'on se résolve à en finir avec cette pourriture qui n'en finit de tout salir, de tout corrompre, avec cette pourriture dont la seule existence est une anomalie qui, ô ridicule, ose se prétendre enfant de Dieu fait à son image, car il le sait, lui, qu'il est à l'image de Dieu, qu'il est une créature de Dieu et peut-être l'a-t-il déjà rencontré et va-t-il le voir de temps à autre pour discuter un brin, pour boire un coup, pour jouer aux cartes, avant qu'ils ne se séparent après de violents échanges de coups de poing, de coups de pied et d'invectives, mais encore faut-il, pour que tout cela se confirme, que Dieu ne soit pas, qu'une espèce de nigaud qui passe son temps à s'ennuyer, à jouer aux billes et c'est là une hypothèse tellement horrible qu'on préférerait encore croire que Dieu, qu'un tel dieu en tout cas, n'existe pas, ne peut pas exister, ne doit pas même exister, hypothèse plus pénible certes à digérer, mais, semble-t-il, moins dramatique à composer avec, compte tenu de la prodigieuse rapidité et de la déconcertante facilité avec lesquelles la plupart finissent par, sans même s'en rendre compte, l'intérioriser, sans doute parce que l'être humain, qui est incapable de vivre sans avoir des dieux, des idoles, des fétiches à adorer, se passe fort aisément de Dieu dont il n'a que faire, surtout qu'il a depuis longtemps cessé de croire en Dieu, depuis qu'il ne voit pas du tout à quoi peut servir ce Dieu perpétuellement absent devenu étrangement inactif après s'être amusé à confectionner l'horloge parfaite par excellence (parfaite jusqu'à ce que vînt Newton) du monde, qu'est le monde, mais se trouve alors contraint de s'en remettre à n'importe quoi, au sort, au hasard, à la chance, à n'importe  qui, aux autres, aux siens peut-être ou surtout, à soi-même, voire au Diable, à un dieu diabolique par ses propres soins et en fonction de ses craintes, de ses fantasmes confectionné dans un but à la fois apotropaïque et sotériologique, un père malveillant étant en mesure d'être bien plus bienveillant encore qu'un père bienveillant, vu que le père bienveillant n'est capable de rien, d'autant plus qu'entre-temps il faut bien, à moins qu'on n'ait la lucidité et le courage, ou la sottise de se suicider, vivre, survivre plutôt, exister à l'instar d'une chose, d'une espèce de plante, d'un animal ou, pire encore, d'un animal humain qui ne sait que se montrer autoritaire ou obéissant, tout juste bon à travailler, à fonder une famille, à respecter, comme on dit, les lois, fussent-elles injustes, oppressives, révoltantes et scandaleuses, comme le sont les lois, toutes les lois bien souvent, sinon toujours, quand elles sont conçues par des voyous, des analphabètes, des alcooliques, des habitué (e)s des fumeries d'opium, des proxénètes, des flics, des minus ou/ et par leurs complices, leurs admirateurs, leurs laquais, leurs hommes de main, celles et ceux ayant appris et maîtrisé l'art de se prosterner,  de ne dire en permanence que "Oui, Monsieur, oui Monsieur" , celles et ceux qui s'empressent d'applaudir à chaque fois que les puissants éternuent, tout juste bon également à fréquenter des églises  pour se gaver de platitudes que débitent des débiles mentaux, à chanter la gloire (inexistante) de la Patrie, à faire l'éloge de salauds, de meurtriers, de cannibales, ou alors à regarder la télévision, à écouter la radio, à lire le journaux ou les magazines de mode, certains livres qui salissent les poubelles quand on les y jette, pour pouvoir ensuite bavarder, discuter, échanger comme on dit maintenant, s'imposer, avoir l'occasion de se croire intelligent et cultivé, surtout si on n'est ni intelligent ni cultivé, et qu'importe si les autres n'en sont pas convaincus, étant donné qu'ils ne peuvent qu'être des sots dès lors qu'ils ne sont pas convaincus, à moins qu'il ne s'agisse d'autre chose, qu'il ne s'agisse de jouissance, de cette jouissance dont on ne sait rien, dont il n'y a rien à savoir, dont on n'a pas le moindre souvenir, pour ceci qu'on ne saurait avoir conscience d'en faire l'expérience, probablement parce que, et on doit à Lacan de l'avoir appris, "là où ça parle, ça jouit et ça ne sait rien"  ou ( mieux encore?) parce que si- et c'est Leclaire, l'élève de Lacan, qui prend maintenant le témoin-" celui qui dit par son dit, s'interdit la jouissance", "celui qui jouit corrélativement fait s'abolit tout mot, tout dit possible dans l'absolu de l'annulation qu'il célèbre", ce qui, en d'autres termes, signifie que la jouissance ne peut qu'être interdite, ne peut qu'être dite sans être dite entre les lignes, dans les interstices abyssaux entre les mots, entre les phonèmes eux-mêmes, lesquels ne sont perceptibles que grâce au souffle, à la respiration dont on acquiert la maîtrise, si tant est qu'on l'acquière, ladite maîtrise, qu'au prix- et non au terme- d'une interminable ascèse, laquelle n'en finissant de ruiner les effets du bavardage, de la discussion, de la lecture, de la rumination qu'elle n'élimine pas tant qu'elle les transforme, les rendant comme à eux-mêmes étrangers, méconnaissables, pour ouvrir, dans l'espacement ainsi par le jeu du souffle et de la respiration produit un espace propice à la lecture, à pensée, au penser de la pensée qui est écriture, écriture sur l'eau, sur le vent, sur tout, écriture invisible à même le corps de tout et de tous, passés, présents et à venir, voire peut-être en l'absence de tout et de tous, ou plutôt grâce à l'absentification, ce travail de l'écriture sans lequel l'être humain semble réduit à traverser les chemins de la vie sans y rien voir, sans y rien entendre, comme s'il ne vivait pas, ce dont il lui arrive, par moments, d'avoir, dans l'effroi et la honte, le sentiment qu'il a vite fait cependant d'étouffer, de chasser, d'oublier, rien ne lui étant, malgré tout et contre toute attente peut-être, plus douloureux que d'avoir  à reconnaître qu'il n'a passé sa vie qu'à ne rien faire et par la faute des autres et par la sienne, mais il ne préférera pas moins, dans l'illusion d'ainsi laver sa déchéance et oublier son ignominie, continuer à bavarder, à s'enivrer, à dilapider sa vie dans de sempiternelles discussions ennuyeuses et stériles pour faire comme les autres, pour ne pas déroger à telle règle silencieuse qui veut qu'on ne soit pas différent, qu'on n'affiche surtout pas sa différence à soi, sous peine d'en subir les conséquences les plus fâcheuses et inquiétantes, pour peu qu'on n'ait pas su ou pu développer et conquérir, grâce à des circonstances favorables ou grâce à l'absence des circonstances en question, que l'on aurait tendance à invoquer pour expliquer les comportements les plus abjects, des actions honteuses, une vie passée à ne rien faire, à perdre son temps, à subir les effets tant extérieurs qu'intérieurs de facteurs nuisibles à une vie consacrée à l'élévation de soi, à jaspiner, les qualités, les vertus dont on n'ignore, encore que vaguement et confusément, qu'elles peuvent contribuer, sous réserve qu'on veuille bien consentir aux efforts herculéens que cela suppose et qui pourraient bien décourager les plus hardis eux-mêmes, à faire de sa vie à soi sinon une oeuvre d'art, du moins, ce qui au fond est peut-être encore mieux, une oeuvre tout court, voire un oeuvre éloigné des chaînes et des turpitudes que la compagnie des autres impose, quand on n'aurait, soi-même, la sottise ou/et la faiblesse d'y céder, non sans quelque joie d'ailleurs, si irrésistible la tentation des plaisirs insignifiants et faciles que l'on peut se procurer n'importe où, sinon partout, dans les milieux les plus sales et repoussants, non moins que dans les lieux plus austères, cependant que longue et difficile est la voie qui ne mène nulle part, la seule qui protège contre les laideurs de l'existence, qui éloigne des mesquines facilités qu'elle offre, qui soit capable de préserver des atteintes ont on aurait tort de croire qu'elles sont inhérentes, consubstantielles à l'existence, étant donné que, quelque réticence que l'on éprouve à l'admettre, elles sont, ces atteintes, ces agressions ,contraires au désir de vivre, la conséquence maléfique des agissements de cette pourriture qu'est l'humain, à moins qu'on ne s'oblige à tenir qu'on les doit à la perversité d'un dieu frustré et (donc) sadique qui, après avoir créé le monde  pour tenter, mais sans succès, de  surmonter son ennui, qui se délecterait du plaisir qu'il éprouverait à contempler, en hurlant de rire tel un demeuré, le spectacle affligeant des êtres humains s'efforçant de donner un sens à leur existence d'autant plus misérable qu'ils  s'entourent de bien inutiles précautions pour, grâce à la conquête de la fortune et du pouvoir et aux avantages (pourtant) considérables qui en peuvent découler, oublier la triste comédie de leurs semblants de  tentatives  de vaincre les forces contraires, quelles qu'elles soient et quelle qu'en puisse être la source, qu'il les faille attribuer, ces forces, à la méchanceté d'un dieu démoniaque ou à l'humaine faiblesse plus prompte à, face à la force,  à toute forme d'autorité, à la violence, se soumettre, quand elle n'en choisit d'être la complice, l'auxiliaire, l'esclave même, dans le lâche et  secret, mais également vain espoir  de n'en ainsi, peut-être,  être la victime, espoir bien vite déçu évidemment, bien vite trompé assurément, tant il est vrai que l'être humain, que l'humanité de l'humain, que l'humain en l'être de cet étant que l'on dit humain  aspire comme naturellement à la facilité, au repos, voire à mort, à la mort donnée aussi bien qu'à la mort subie ou reçue dont il n'ose cependant  (s') avouer se délecter, à la volonté de vie, car rien ni personne, semble-t-il, ne s'opposent  à l' hypothèse qui voudrait que la vie fût une maladie et que l'être humain ne désirât autre chose que d'en être délivré,

Sunday, August 4, 2019

Est-ce l'incapacité à penser qui encourage l'incapacité de penser?

Le sujet humain ne pense pas, c'est un fait bien connu; il parvient  tout au plus à réfléchir, à analyser, à calculer, à résoudre des problèmes qui n'en sont pas, à critiquer ( au sens grec de ce mot), et en conclut qu'il pense, surtout qu'un génie a pu dire de l'homme, de l'animal humain qu'il "est un roseau pensant" , ne soupçonnant pas une seconde que ce que Pascal a voulu dire puisse être bien différent de ce qu'il croit: seuls pensent, sont capables de penser les animaux surhumains, que l'on prend pour des humains parce qu'ils ont l'air de leur ressembler, mais sans le savoir, sans le vouloir surtout.

Si les humains pouvaient penser, ils ne seraient alors pas ou plus des humains, mais il n'est pas sûr que les humains ne veuillent pas continuer à être, à n'être que des humains.

Le penser est difficile, peut-être même impossible, et l'être humain n'aime que ce qui est facile ou ce qui a seulement l'air d'être facile.

A une époque où les journalistes passent pour des penseurs, il (n')est (pas) étonnant que ceux qui se mêlent de penser veuillent faire du journalisme.

A l'époque des Grecs, il était possible de vouloir penser et (peut-être même) d'y parvenir n'importe où; n'importe quand, tout en vaquant aux diverses activités de la vie quotidienne, mais aujourd'hui ...




On les croit fiers, agressifs même, alors qu'en fait ils essaient tout simplement et bien vainement de dissimuler la honte de leur condition; ils sont nombreux des comme eux.

" Vous n'avez pas honte de vous? " pourrait-on avoir envie de demander à bien des gens, mais ce serait peine perdue, car, manifestement, ils n'ont aucune honte de ce qu'ils font, de ce qu'ils sont- qu'il importe de distinguer de ce qu'on leur fait faire ou/et être-,  ils sont trop obtus pour cela.

Mais c'est vous devriez avoir honte, vous qui, humiliant les autres, avez la sottise de croire que vous les couvrez de honte!

Pourquoi voudriez-vous que les gens malhonnêtes eussent honte d'eux-mêmes? Ne sont-ils pas malhonnêtes?

Comment osent-ils sortir en public, alors qu'ils se devraient au fond de quelque lointaine forêt rendre pour y cacher leur asphyxiante laideur morale? Ils, ce sont, bien entendu, les hommes politiques; pas tous sans doute, mais assurément presque tous.

Madame, on comprend que vous n'ayez jamais honte, que le sentiment de la honte vous soit étranger; après tout, vous êtes bien une madame.










Saturday, August 3, 2019

La fidélité est-elle possible? Peut-être bien que oui; autrement dit, peut-être bien que non aussi. Ce qui est sûr, c'est qu'elle ne saurait exister sans la mémoire. Mais alors, on ne saurait, dans les cas, s'il y en a, d'absence totale de mémoire, parler d'infidélité; on ne saurait faire accusation d'infidélité là où est absente la faculté de mémorisation. En fait, pour qu'il y ait fidélité, il faut qu'il y ait une mémoire sans et avec mémorisation respectivement; il faut une mémoire passive qui, parce que passive, serait donc active. La fidélité n'est, semble-t-il, possible que si elle n'est pas possible, étant donné que la mémoire est ce qu'elle est censée être, (uniquement?) là où il n'y a aucun effort de mémorisation, être là quand elle n'est pas là.  Alors? Alors, ne faisons pas comme si nous savions, comme si nous pouvions savoir ce que sont la fidélité et l'infidélité. Tâchons plutôt de penser la fidélité.


Dira- t- on que, quand se perd,  quand se perd sans l'intrusion d'aucun facteur intérieur non moins qu'extérieur,  la mémoire de la chose adorée, de la personne aimée, il y a infidélité ou, comme ne manqueraient de l'affirmer les journalistes quand ils se prennent pour des philosophes, non- fidélité, ou encore qu'il n'y a pas d'infidélité?

Les mots fidélité et foi ont une racine commune; c'est à se demander si, pour être fidèle, il ne faut être aveugle, s'il ne faut pas s'aveugler, se crever les yeux ou, pire encore, l'esprit.


Se vanter d'être fidèle, de pouvoir être fidèle, c'est un peu comme si l'on se vantait d'être un débile mental, ce que ne font sans doute les vrais débiles mentaux qui, eux, sont incapables de se vanter d'être des débiles mentaux.

La spontanéité et la contrainte, quand bien même elle ne fût, cette dernière, de l'extérieur imposée, ne peuvent qu'exclure toute idée de sincérité, de fidélité.

Il est, malgré tout, important d'être fidèle, mais la question, c'est de savoir comment l'être, s'il est même possible de l'être, et non pas simplement de savoir envers qui ou quoi il s'agirait d'être fidèle, surtout que toute obligation de fidélité, que le devoir de fidélité signifie la ruine même de toute possibilité de fidélité.






Friday, August 2, 2019

Une vie honorable, une vie sans tache aucune, c'est moins facile et moins difficile aussi qu'on ne le croit.
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Il vaut mieux s'amuser que de s'ennuyer, il vaut mieux s'efforcer de s'élever plutôt que de courir après les plaisirs.

Ne  rien faire, ne rien dire, ne rien penser, même passivement, dont on pourrait avoir honte un jour.

L'existence, c'est bien souvent comme un fleuve boueux qu'il faut traverser, mais sans se laisser souiller.

Ne pas se laisser vaincre par la vie, par ce qu'elle peut comporter de sale, d'ignoble, surtout quand les circonstances y semblent inviter.

Etre méprisable au plus haut point imaginable, et n'en avoir conscience, c'est peut-être pour beaucoup une chance; du moins jusqu'au jour où il leur faut bien accepter de reconnaître l'ampleur de leur ignominie.







                                                                                                                                                                                                                                               

Thursday, August 1, 2019

La mort, elle-même, n'est jamais banale, ce qui est vraiment banal, c'est le fait de mourir.

De la mort, on ne sait grand-chose, on ne sait rien, et c'est peut-être pour tenter d'en savoir quelque chose que l'être humain s'efforce, sur divers modes dont certains sont franchement puérils, de pénétrer dans l'intimité de la mort.

Il y a des gens dont on pourrait souhaiter qu'ils ne mourussent jamais, mais uniquement pour qu'ils subissent d'interminables souffrances.

Ce qu'il y a fâcheux dans le fait de mourir, c'est qu'il transforme des salopards, des fumiers en héros,  en fait même des saints, du moins aux yeux de bien des gens; mais un salaud qui crève sera toujours un salaud.

Le fait de mourir est une obscénité: il faut apprendre à prévoir sa mort et s'éloigner, s'aller cacher loin de tout et de tous, dès que l'on sait que la mort sera bientôt là.

Ce n'est pas seulement de sa vie qu'il faut appendre à faire une oeuvre d'art, mais de sa mort aussi.






Wednesday, July 31, 2019

Ils sont superlativement malhonnêtes et s'indignent de ce qu'on dénonce leurs agissements, mais peut-être s'attendaient-ils à ce qu'on les en félicitât.

Pire que la malhonnêteté, il y a la complaisance avec laquelle d'aucuns l'accueillent.

Il est malhonnête, parce que, dit-il, tout le monde est malhonnête et acceptons, encore que ce ne soit pas vrai du tout, qu'il en soit bien ainsi: la question consiste alors à savoir s'il acceptera d'être pauvre parce que la grande majorité des gens ne connaissent que la misère, mais il répondra probablement qu'il acceptera volontiers d'être pauvre, pourvu que tout le monde soit également pauvre.

Puisque vous n'êtes qu'un minus et que vous êtes malhonnête et mesquin, je ne vous souhaite qu'une chose: que vos enfants sachent, de préférence quand vous ne serez plus là, à quel point leur père était un fumier.

Vos parfums, vos bijoux, vos vêtements  ne parviendront  jamais, Madame, à faire oublier que vous n'êtes qu'une salope, une conne, un individu inimaginablement  méprisable; je ne vous méprise pas; cependant; pour cela, il faudrait que vous soyez au moins  digne de mon mépris à moi: or,  vous ne l'êtes même pas.

Elle est belle, indéniablement et superlativement belle, mais comme elle est bête, malhonnête et lâche, on en finit par totalement oublier qu'elle est belle, pour ne voir combien elle est sale, répugnante et, même, atrocement laide.





Tuesday, July 30, 2019

On pourrait être tenté de penser que tout le monde ne peut que se passionner pour la justice; ce n'est toutefois, encore qu'il ne s'agisse pas forcément d'une impossibilité, guère attesté dans les faits, ce que les faits quotidiennement attestent, c'est le mépris, au bénéfice de ce qu'il est convenu d'appeler la loi, de toute notion de justice affiché surtout par les avocats, magistrats et juges, que l'on ne confondra pas avec les juristes, et par  les politiciens et les politicards, qui, eux, ne comprenant rien à la politique, ne songent qu'au pouvoir et à l'argent.

Quand la loi est, comme c'est fréquemment, sinon toujours, le cas, aux antipodes de la justice, il s'y faut de toutes ses forces opposer.

Même si l'on concède à la loi le besoin, la nécessité même, d'être forte, on n'aura l'inconscience de juger que la force est synonyme de loi.


Je ne respecte et ne m'efforce d'honorer que les contraintes et les obligations  que je m'impose moi-même, indépendamment de tout et de tous.


Il n' a quelque chance d'être juste que celui-là qui est constamment convaincu d'être insuffisamment juste.


Il se faut toujours méfier des lois, et bien plus encore quand elles semblent justes, car il est bien possible que cela cache quelque chose.




Monday, July 29, 2019

Le chant et la danse (auxquels s'ajoutera assez vite le théâtre), le dessin, la gravure  et, plus tard, la peinture et la sculpture sont, selon toute vraisemblance, les premières activités libres et gratuites du descendant du singe qu'est l'être humain, les premiers témoignages de ce que, bien des siècles après, on nommera le besoin artistique, besoin difficile à expliquer et qui naît peut-être de cette propension à l'ennui dont il semble bien que  seul l'être humain soit atteint.

On saura peut-être, un jour, si les animaux s'ennuient; ce qu'on sait pour l'heure, c'est que seul l'être humain est capable de s'ennuyer et de s'inventer des chaînes pour s'en libérer, mais peut-être aussi de faire, positivement et négativement, preuve de créativité.

Au fond, toute humaine activité est vouée au vide et au silence; n'en tirons toutefois conclusion qu'elles se valent toutes, les activités en question.

Savoir faire de chacun de ses gestes, de chacune de ses actions, une oeuvre d'art, et trouver cela parfaitement banal; à cela on reconnaît la vraie grandeur de quelqu'un.

Il a su, créant du silence, provoquer de l'étonnement et, même, susciter de l'admiration: ne nous empressons pas de crier au génie, encore faut-il savoir qui aura été d'étonnement bouleversé, qui se sera montré admiratif.

Très souvent, regardant un tableau par exemple, on ne voit point ce qui est pourtant bien visible sur la toile, mais ce qui n'y est pas, et cela ne doit point étonner, car l'oeil véritablement recrée, voire crée, du moins si l'on sait regarder, l'objet qui s'offre, comme on dit, à la vue.






Sunday, July 28, 2019

Ceux qui parlent du respect des lois devraient apprendre ce qu'est le double génitif, cela vaudra mieux pour tous.

Si les lois ne respectent pas l'individu, c'est qu'elles ne doivent pas être respectées.

Le flic agit dans l'illégalité la plus totale, parce qu'il est (parfois, mais rarement, à tort) convaincu d'avoir le droit d'ainsi agir.

Le législateur, dont on condamne la mauvaise foi, n'est en fait qu'un sale ignorant, un pauvre imbécile, mais alors ce sont ceux qui acceptent de confier à des ploucs la responsabilité de légiférer qu'il convient de mépriser.

Ceux qui affirment que la voix du peuple, c'est la voix de Dieu, sont, s'ils sont croyants, des blasphémateurs, mais si croyants ils ne le sont pas, on se demande ce qu'ils peuvent bien être.

Un peu partout, il n'y a que des oligarchies, mais  ceux qui tiennent que les oligarchies ne sont stigmatisables, que si ce sont des oligarchies de  l'ineptie et du vice, oublient que toute oligarchie est toujours celle de l'ineptie et du vice, autrement dit de la violence.

Saturday, July 27, 2019

Tout change, même ce qui ne change pas, mais on n'y voit rien; comme toujours.

Tout change, mais en même temps rien ne change, sinon au  bout d'un temps très long; et encore!

Le temps passe et l'âge vient, et avec l'âge, l'accompagnant, viennent la sénescence, sinon la sénilité, pour peu qu'elle ne se soit déjà, depuis longtemps même, manifestée, la maladie, la laideur, la débilité, dont on se rend à peine compte, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus rien, même pas un amas de cendres.

Mais qu'ai-je donc fait tout ce temps? Où sont passées toutes ces années? Et pourtant, je ne croyais même pas avoir  avoir tout le temps qu'il faut pour tout ce que je voulais réaliser!

Le pire, ce n'est pas de ne savoir ce qu'on veut, de ne pas pouvoir en rien savoir, mais de croire que l'on sait ce que l'on veut.

Ce n'est pas parce qu'on n'a pas le sentiment d'avoir vieilli, qu'on demeure encore tout jeune.




Wednesday, July 24, 2019

La nuit, les rues désertes, les carrefours vides, l'obscurité que masquent de tristes réverbères et le vain mécanisme des feux rouges: vert, rouge, orange, vert, rouge, orange, et surtout le silence, le silence qui persiste, à tout indifférent, cependant que la nuit s'enfonce dans la nuit jusqu'à ce que soudain éclate le jour et que les rues s'emplissent de gens, que divers bruits s'emparent des rues: ça parle, ça crie, ça hurle, ça grince, ça crisse et c'est comme si la nuit n'avait point été là, la nuit qui, à son retour, fera oublier la lumière du jour, comme si le jour n'avait eu de réalité non plus, une fois le soleil disparu, sauf bien entendu  si l'on se trouve en Scandinavie en été, quand il fait jour près de vingt-trois heures sur vingt-quatre et, pour peu qu'on s'endorme au mauvais moment , on se lève et s'endort en plein jour, ou presque, mais la nuit n'en demeure pas moins bien spéciale qui transforme et éloigne les lieux que l'on, à tort d'ailleurs, croit familiers, les déportant, donc, au moins doublement dans les profondeurs d'insondables  ténèbres, cependant que, sur place, ils semblent si étranges, étrangers même, comme inconnus, les maisons, les magasins, tous les bâtiments, les endroits encore ouverts et éclairés, tels des bars, des cafés, certains restaurants où l'on s'est rendu vingt fois, compris, tous enfermés, prisonniers du voile invisible et indestructible de la nuit qui convie bien moins au repos, qu'il n'incite à des promenades solitaires, à des explorations  souvent futiles, vu que l'on est à si point perdu dans ses pensées, dans ce qui en tient lieu plutôt, que tout se passe comme si on ne voyait rien, comme si on était insensible aux multiples parfums de la nuit, se trouvât-on, par moments, à proximité de quelque jardin, comme s'il n'y avait rien, rien à part ses soucis à soi, ses fantasmes, d'infranchissables obstacles interdisant que l'on soit attentif à la beauté et au mystère de la nuit, qu'est la nuit, offerts et inaccessibles à la fois, dans le silence, dans le vide, témoins impassibles de la viduité à soi d'être humain égaré sur les chemins de la vie.
Le blanc de la page, virginité solitaire qui de personne  la curiosité ne sollicite, si impérieuse la  quête de pain et de vin, comme si la vie s'y pouvait résumait, celle exceptée de quelque promeneur qui, s'étant affranchi des servitudes de la vie sociale, éprouve le besoin de s'y aller mirer, quand bien même il fût convaincu de n'y rien trouver, car il soupçonne bien, sans trop savoir pourquoi, que là peut-être demeure à peine enfoui le mystère même de l'existence, mais les promeneurs sont, dans un monde où l'on n'a pas honte de se vanter de son sérieux, de travailler pour gagner son pain et perdre sa vie, de fonder une famille parce qu'il faut bien, parce qu'il faut faire comme les autres, parce qu'il faut faire plaisir aux parents, comme s'il était jamais possible de faire plaisir à qui que ce soit, aux parents surtout qui, d'ailleurs, n'en demandent pas tant, sauf quand ils ne valent guère mieux que des journalistes, des avocats ou des politicards, de payer des impôts pour que des fumiers en puissent profiter, rares, ont toujours été rares et sont, sans aucun doute, bien plus rares encore, rares au point d'être inexistants, à l'époque actuelle qui se distingue de celles qui l'ont précédée uniquement pour ceci qu'elle est encore plus sale, plus veule, plus laide, mais, encore qu'ils soient rares, ils n'ont pas tout à fait disparu et ils sont, pour l'heure, le seul espoir de sortie possible de cette salissure, de cette atrocité qu'est l'humanité, car ils savent, eux, que seuls comptent le blanc, le vide, l'invisible, l'interstice, le trait, le retrait, le silence, le rien, toutes nos convictions n'étant que des superstitions, et nous passons notre temps, notre vie à nous enthousiasmer pour des excréments devant lesquels nous nous extasions.

Tuesday, July 23, 2019

Le temps à soi, du temps pour soi, c'est ce qui manque le plus à la plupart des gens qui ne disposent que de cette absence de temps qu'est le temps de la survie, lequel anéantit le temps de la vie.


Le temps de la survie, celui du travail, des diverses obligations, souvent imaginaires et toujours inutiles, le temps volé par l'Etat et ses chiens, dévoré par des sottises, c'est bel et bien le temps d'une existence laide et honteuse qui ne donne même lieu à de l'indignation; comment, en effet, se pourrait-on indigner, quand on n'a que le temps inexistant de la survie.


Oh! Ce froid et dur étang qu'est le temps pour tout étant, sauf pour ceux d'entre les étants qui ont appris que le sens de l'Etre ne se peut appréhender qu'au plus près de l'étant.


Le temps, c'est ce qu'il faut; ce qui fait défaut, bref ce qu'on n'a pas; comment se fait-il donc qu'àn ose dire qu'on a tout son temps?



Le temps d'une vie, c'est le temps qu'il faut, qu'il aura fallu pour mourir.


Vivre, c'est peut-être perdre son temps, mais perdre son temps, ce n'est pas vivre.





Sunday, July 21, 2019

Le mot grec doxa, que l'on traduit par opinion, se traduit également par, en français, le mot gloire, mais il serait plus approprié que l'on parlât de notoriété ou encore de popularité. Ce double sens, si c'en est bien un, de doxa nous rappelle que la notoriété, ou la popularité, que l'on (mais qui?) confond souvent avec la gloire, n'est que la sœur jumelle de l'opinion dont on n'ignore que, née de l'ignorance, elle ne peut, tout comme elle, conduire à la pire des servitudes.
On la disait autrefois subjective, ce qui signifie qu'on voyait bien alors qu'elle est comme toujours livrée au caprice, vouée au changement et donc condamnée à l'erreur. On en est maintenant venu à la trouver publique et on a même inventé l'opinion publique internationale, autant de signes terrifiants du niveau d'inculture et de l'immensité de la sottise dont on risque presque tous d'être, la confusion involontairement (?) entretenue par les médias qui s'en nourrissent, d'être les prisonniers
Et dire que depuis les Grecs déjà on savait que l'opinion, d'être aux antipodes de l'epistémè, ne peut qu'être ennemie non  seulement de l'alètheia, mais de la gnosis déjà, et bien plus encore de la sophia. Mais on n'y voit rien et il n'est pas impossible cette confusion entre ces différents termes ait rendu possible ce qu'on nomme démocratie et dont Platon craignait qu'elle ne se transformât en ochlocratie.


Francis Ponge rappela, un jour, à quelqu'un qui l'interrogeait, qu'il était contre la démocratie, non pour s'en excuser ou pour le regretter, mais pour apporter une précision et presque pour s'en vanter. Francis Ponge est un homme intelligent, mais il semble qu'il n'ait rien retenu  à propos de ce que Deleuze disait des "gros concepts", bref qu'il ait oublié que LA démocratie n'existe pas, ne peut pas exister. Il n'aurait pas moins oublié que, pour Derrida, c'était là une chance, la seule même peut-être, pour la démocratie, entendue au sens de justice, et qu'il faut autant soutenir, encourager, selon les circonstances, le désir de démocratie, qu'il le faut condamner.


Je soupçonne ceux qui se disent en faveur de la démocratie de ne pas savoir ce que c'est: ils sont convaincus que la démocratie rime avec la tenue d'élections à intervalles réguliers, mais en quoi  les élections peuvent-elles mener à ce qu'on nomme démocratie (que j'invite à entendre ici en son sens le plus courant, le plus vulgaire) ? Ne dirait-on pas qu'elle favorise plutôt l'émergence de dictatures?


La démocratie n'est le plus souvent autre chose qu'un slogan, et les slogans n'ont d'utilité que pour les publicistes, les propagandistes, les prostitué(e)s et les politicards.


Une société dont tous les membres seraient des gens vertueux est une impossibilité, mais point une communauté, ni des communautés de gens vertueux; et pourtant, les communautés de gens vertueux sont rares, rares au point d'être inexistantes. Il y a bien des raisons à cela, il y a surtout que la vertu est une passion (au sens étymologique) difficile.


Quand on aura compris que l'être humain est surtout guidé par l'instinct de mort, quand, en d'autres mots, on aura compris la pensée de Freud dans toute sa complexité et sa profondeur, on ne s'étonnera plus de rien.













Friday, June 28, 2019

Les chefs d'Etat, ceux qui sont, comme on dit en employant une expression fort complexe, au pouvoir, qui, eux, n'ont en général que du mépris- et ils n'ont pas toujours tort- pour les lois et les institutions, invoquent toujours ces mêmes lois et institutions pour expliquer leur inaction et justifier des décisions absolument abjectes, mais le pire, c'est qu'on ne le leur en tient pas rigueur.

Le plus grand danger qui menace l'être humain, c'est, bien entendu, l'être humain lui-même, l'humanité de l'être humain qui de lui fait un état lamentable et pitoyable.

Il n'y a pas de gouvernants chez ceux qui se peuvent gouverner eux-mêmes; chez les animaux, par exemple, mais les êtres humains sont des étants d'une infériorité telle qu'il leur faut tuer ou être tués: il leur faut des législateurs, des bourreaux.


Comment devient-on un être humain? Les enfants ne sont pas des êtres humains, ils sont bien mieux qu'eux; le contact avec les humains, cependant, salit, corrompt; mort à  l'humanité de l'animal humain!


On aurait souvent l'impression que les animaux sont tristes, mais il se faut demander si ce n'est pas la vue des humains qui les rend tristes.


Qui d'autre que l'être humain est capable de se fabriquer des chaînes  et de s'en vanter?













Les saisons sont toutes
Bien plus belles qu'on ne le pense,
Mais l'homme n'y voit rien.

C'est l'évidence même:
L'homme subit les saisons plus
 Qu'il ne les savoure.


La diversité
Des saisons est comme un hymne
A la gloire du Temps.

Les saisons du cœur
Sont bien plus imprévisibles
Que même la Nature.

Il arrive parfois
Qu'indifférent aux saisons
On soit: quel malheur!

Cet oiseau qui passe
Connaît bien mieux les saisons
Que n'importe quel homme.

Pour lui toute saison
Arrive au mauvais moment:
Que peut-il donc être?

Apprendre à connaître
Les saisons telles qu'elles sont:
Y songe- t-on jamais?

La Nature se vêt
Toujours de couleurs conformes
A chaque saison.

Pour les exploités
C'est toujours la même saison:
Celle de la souffrance.

A l'aube de la vie,
On dilapide tout son temps:
Mais bien vite, le soir.

La saison du juste:
Celle qui jamais ne vient,
Même quand c'est trop tard.

Je me nomme Hiver,
La plus belle des saisons;
Mais très peu le savent.

Et quand vient la nuit,
Ferme les yeux et écoute
Son chant lumineux.

A tout changement
De saison, tout paysage
N'est plus comme avant.

Que vienne la saison
Du culte de la vertu
Chez tous les humains.

Partout et toujours,
C'est la saison des haïkus;
Ne le savent pas tous.

Qu'à chaque seconde
Résonne le chant d'un haïku,
En silence partout.

En toute  saison,
Tu te feras un devoir
D'apprendre le haïku.

Où que tu te trouves,
Produis au moins un haïku:
Plus tard tu verras.

Un jour viendra
Où l'on comprendra enfin
Que tout est haïku.

Sa finalité
Semble bien être cela
Qu'on nomme satori.

Au commencement,
S'il y en a qui soit un,
De tout, un haïku.

Il semble que le monde
Soit fait pour aboutir à
Un unique haïku.

Je suis ce qui est
Et je suis ce qui n'est pas:
J'ai pour nom Haïku.


En s'intéressant
Au seul instant, le haïku
Dit le rien de tout.

En sa brièveté,
Le haïku  l'air de dire
L'insaisissable.

Mais en vérité,
Ce presque rien qu'est le haïku
Dit le rien lui-même.

La méditation
Est nécessaire au haïku.
Le reste importe peu.

La vie, un haïku
Que l'on met toute une vie
A tenter d'écrire.

La mort est peut-être
De toute vie, quelle qu'elle soit,
Le haïku ultime.

Le haïku s'écrit
Sans papier ni roseau,
Et même sans auteur.

Le haïku, c'est comme
Une des formes accidentelles
De l'Esprit du monde.

Idéalement,
C'est sur le vent que s'écrit
L'authentique haïku.

C'est une quête et non
Une sorte de révélation:
C'est ça le haïku.

On n'y comprend rien,
Si l'on  croit que le haïku
Exprime quelque chose.

Le haïku n'advient
Qu'au terme de profondes lectures,
En tant qu'écriture.

Ce qui, au fond, compte,
Ce sont les saisons du cœur,
De l'esprit, de l'âme.

Pour le poète, seule
Une saison vraiment compte:
Celle du haïku.

Sont-ce les saisons
Les seules auteures des haïkus?
N'est-ce pas l'inverse?

Ecrire un haïku,
Un seul qui résumerait
L'univers lui-même.

Faire de sa vie
Un magnifique haïku:
Le rêve suprême, quoi!

Après dix-sept ans
Passés sur dix-sept syllabes,
Il s'interrogea.

Ayant médité
Pendant de nombreuses années,
Il voulut écrire.

Commencer très tôt,
Car il est toujours trop tard
Pour faire ce qu'on veut.

Au soir de la vie,
C'est la saison des regrets,
Des mensonges aussi.

Le poète cherche,
Et on croit qu'il a trouvé!
Quoi? Il ne sait pas.

Il dort tout le temps,
Mais il n'en est guère conscient
Et s'estime heureux.

C'est la pire  saison
Et elle dure toute la vie
Pour pratiquement tous.

Ma saison à moi
Est celle du travail et du
Plaisir qu'il implique.

Y a-t-il ailleurs
Que sur terre des saisons?
Oui, mais autrement.

 Des jours serait bien
 Plus dure la monotonie,
Les saisons absentes.

Rien n'est propice
Au travail autant que la
Période des vacances.

Brutal le changement
De saison ne l'est que pour
Quelques jours seulement.

Il aime tant l'hiver
Qu'il se rend sous les tropiques,
 Dès les premières neiges.

De l'hiver les pauvres
Ne connaissent que les rigueurs,
Par contre point les autres.

En toute saison,
Ils ne pensent qu'à manger:
Mais c'est qu'ils ont faim.

La vie est pour eux
Un interminable hiver,
Même quand il fait chaud.

Ils n'en connaissent qu'une
De saison, et c'est la pire:
Celle de la misère.

Froid, glacé, l'hiver,
L'intérieur des églises,
 Sauf quand on y prie.

En Scandinavie,
On se croirait, en été,
 Le soir en plein jour.

A Tana en hiver,
Le charme des brumes matinales
Fait penser à Londres.

Durant les vacances
D'été en Europe, les villes
Ne se ressemblent pas.

Selon les saisons,
Les gens ne sont plus les mêmes,
La plupart du temps.

Les saisons souvent
Nous semblent comme détraquées,
Alors que c'est nous.

Les saisons enseignent
Qu'éphémère, tout paysage
N'est qu'une création.

C'est un escargot:
Il avance tout tranquillement,
 Bavant gentiment.

Toute apparition
Est aussi disparition:
Rien de plus clair.

De tout le néant
En est l'infini aussi:
On l'a désappris.

Les saisons nous voilent
La réalité du monde,
Parce qu'elle est trop vive.

L'essence du haïku;
Le temps de tout instant et
Son abolition.

Le temps qui passe et
Tout dépasse, il le voudrait
Immobiliser.

Tout est dans l'instant:
C'est la sagesse du haïku
Qu'on peine à comprendre.

L'instant certes n'est rien,
Mais en même temps, il est tout.
Qui le pourrait nier?

La vie n'est guère plus
Qu'une succession d'instants:
C'est déjà beaucoup.

Cinquante ans plus tard,
Il comprit avoir cessé
De vivre ce jour-là.

Tout instant toujours
Continuera d'exister
Eternellement.

L'éternité dure
A peine plus qu'un simple instant;
Pourquoi?

Tout ce temps n'avait
En fait à peine existé.
Mais que c'était long!

Il n'a rien fait,
Le temps lui aura manqué;
C'est ce qu'il prétend.


La cinquième saison,
On n'en peut faire l'expérience
Que grâce au penser.

Il est une saison
Qui, quand bien même permanente
Devrait être, n'est pas.

Une saison surtout
Pour beaucoup n'existe pas:
Celle du penser.

Tout ce qui empêche
L'exercice de la pensée
S'oppose à la vie.

A quoi sert d'avoir
Connu toutes les saisons,
 Sauf celle qui importe?

Au fond, il n'y a
Sur terre qu'une seule saison:
Celle de l'ennui.

A Madagascar
Et dans tous les pays pauvres,
Il fait toujours triste.

Durant la saison
Des fêtes et des évasions,
Soyons indulgents.

Le temps passe, s'en va,
Mais, chez moi, la même saison
Toujours me harcèle.

La vie ne connaît
En fait qu'une seule saison;
C'est la maladie.

La saison des jouets
Est maintenant terminée;
Celle des jeux aussi.

Maintenant commence
La plus dure des saisons:
On ne le sait pas.

Il y a une saison
Qui traverse tous les moments
Et elle est bien fade.

L'enfance, des erreurs
La saison, et la vieillesse,
Celle des horreurs.

Trop chaud est l'été
Et beaucoup trop froid l'hiver,
Sauf pour quelques-uns.

Les saisons nous cachent
Ce qu'est la réalité
En la transformant.

La réalité
Ne se peut concevoir sans
Le souffle du haïku.

C'est une illusion
Que la réalité, seule
Compte la vérité.

Les saisons soulignent
L'éternité de l'instant,
Sans la révéler.

C'est grâce aux saisons
Que l'on comprend combien est
Ephémère la vie.

Toute saison toujours
Est le travail du soleil
qui sans cesse se meut.

Qu'est-ce que le haïku?
Une lumière qui s'éteint
De jour comme de nuit.


C'est le lien social
Qui empoisonne l'existence
De tout et de tous.


Toujours je m'ennuie,
Et chaque seconde qui passe
Dure bien trop longtemps.

Chaque seconde de plus
En est toujours une de trop
Qui n'est qu'en pure perte.

Tout instant importe,
Mais l'addition de tous rien
Ne vaut; qui l'eût dit?

Eternel et nul
Comme un battement de cils
Dans l'attente de l'autre.

En une seule seconde,
Une vie peut basculer
Et même s'écrouler.

Une vie ne suffit
Pour attendre la seconde
Qui peut-être viendra.

En cette seconde-là,
J'ai bien cru ma dernière heure
Déjà arrivée.

La plus longue durée
N'est qu'une accumulation
De points, et c'est tout.

En fait chaque seconde
Dure toute une éternité:
Que de temps perdu!

Vivre chaque seconde,
Comme si c'était la dernière
De toute sa vie.

Tout instant qui passe
Est unique; malgré cela,
Quelle désinvolture!

L'instant de sa mort
Rôde et guette en permanence:
Ne point l'oublier.

Le passé n'est plus,
C'est ce que croient bien des gens.
Quelle absurdité!

A chaque instant fuit
La vie dans toute sa gloire
Et sa vanité.

L'instant de ma mort,
Qui toujours sans cesse m'assiège,
Je n'en saurai rien.

Qu'est-ce qu'un instant?
Presque rien et tout n'est-ce pas?
Vous ne trouvez pas?

Tant de temps perdu,
Que d'instants jetés au vent;
C'est, dit-on, la vie.

De bien trop d'instants
De sa vie on pourrait dire
Qu'ils n'ont pas été.

Oh, quelles sont rapides
Les secondes quand on sent
S'amener la mort.

La saison approche
A grands pas des illusions:
C'est qu'il se fait tard.

Sous un ciel d'été,
Se sentir de froid transi:
Banal fait divers.

Elles étaient, les secondes,
Alors si longues et bien lentes;
On avait le temps.














































































































Friday, June 21, 2019

La crainte de mourir n'empêchera jamais de mourir, mais elle peut empêcher de vivre.

En passant sa vie à subvenir à ses besoins, l'être humain  montre non seulement  qu'il n'est guère différent  de l'animal, mais qu'il n'en est pas conscient non plus.

Tout esclave qui refuse sa condition d'esclave n'en est pas un.

Est-ce parce que vous savez que vous n'êtes qu'une pourriture, Monsieur, que vous faites semblant d'en être fier, afin que les autres ne voient point à quel point vous êtes répugnant?

Comment se fait-il, Madame, que vous ne sachiez pas combien vous êtes laide à faire peur, alors que vos parents eux-mêmes ne l'ignorent?

Au fond, tout homme est hanté par la volonté de mourir, mais il n'en veut rien savoir.








Friday, June 14, 2019

C'est la crainte, toujours ridicule, de la mort, de mourir  qui empêche de vivre.

En voulant se maintenir en vie, on ne parvient qu'à survivre.

Une vie, ce n'est pas grand-chose, c'est même presque rien, et il n'ya rien de plus banal que la mort, et c'est justement pour cela qu'on y attache une importance démesurée.

En vérité, il n'y a peut-être que le suicide qui mérite quelque attention, mais le suicide est probablement un acte impossible.

Qu'est-ce qui n'est pas sale et laid dans une vie humaine? Seule l'enfance peut-être, mais l'enfance est, si tant est qu'elle ait jamais existé, morte depuis bien longtemps, assassinée par cette pourriture qu'on appelle l'humain.

Il ne parvenait à se faire entendre même quand on, ce qui n'arrivait que très rarement, l'écoutait religieusement, et il pensait que c'était de sa faute; mais peut-être se trompait-il.




Sunday, June 9, 2019

Rien ne nuit tant au penser, à l'activité de la pensée que l'opinion, que le langage courant: il faut s'efforcer de penser malgré, voire avec l'opinion, au travers du langage courant.

La Tradition, la Famille, l'Ecole, l'Eglise, le Travail emprisonnent, asservissent, alors qu'ils devraient contribuer à la libération et à l'épanouissement de tout vivant, et ce n'est pourtant point une fatalité.

Quand on aura compris que la parole, et peut-être même le langage, nuit à l'exercice de la pensée, il y aura alors quelque espoir de paix sur terre.

Pour se justifier, d'aucuns invoquent le respect et l'application des lois, mais seul un fumier affirmerait la primauté de lois qui sont contraires à la vertu.

Il se vante de se soumettre aux lois, mais ne l'en blâmons pas: c'est un attardé mental.

Vous n'avez pas honte, Madame, Monsieur, de vivre (comme on dit) ainsi que vous le faites? Mais non, vous êtes trop bouché(e) pour avoir conscience de vos saloperies, surtout que l'on vous traite un peu partout avec tant d'égards qui feraient croire que vous êtes quelqu'un d'honorable; sachez cependant que je vous méprise profondément;


Saturday, June 8, 2019

Le monde va mal, très mal même, et s'il est indéniable qu'il en a toujours été ainsi, sauf peut-être durant la période de communisme primitif  qui a précédé l'avènement de la société, qu'il importe de distinguer de la communauté, de la vie commune, de la vie en commun qui, elle aussi, connaissait bien des heurts, lesquels étaient, dans un espace démographique relativement restreint, moins difficiles à apaiser, et dont des vestiges subsistent encore çà et là, quoique de plus en plus épisodiquement, il n'en est pas moins vrai que le monde, surtout depuis bientôt près d'un siècle, va de plus en plus dramatiquement mal, tellement mal même, qu'il semble bien que rien ne saurait guérir le mal dont il souffre, rien ni personne, à moins qu'une révolution, que l'on ne confondra pas avec ces enfantillages que l'on a pu, dans on ne sait quel état d'égarement, tenir pour révolutionnaires, ne l'en vienne délivrer, et toute révolution est toujours, ce que nos révolutionnaires d'opérette de Robespierre à Pol Pot, sinon à Mao lui-même déjà, n'ont jamais pu comprendre, est avant tout acte de langage, a lieu dans les têtes et dans les âmes d'abord, mais il semble bien que tout cela, qui n'a rien de bien nouveau, n'ait paq encore été compris.

La révolution n'est possible que si elle est impossible et personne ne l'a peut- être mieux compris que Freud qui la, plus profondément que Marx lui-même, savait interminable.

La révolution ne sera possible qu'à partir où l'on en aura fini avec l'humain et cela promet de prendre beaucoup de temps, vu que jusqu'ici  on est encore prisonnier du divin (je n'ai pas dit: de Dieu).

Connaissez-vous quelque chose qui soit plus sale que l'humain, que l'humanité de cet existant que l'on dit humain?

Tout le monde se soucie ou feint de se soucier, cependant que plus d'un croit se soucier de l'environnement - sans toujours savoir, d'ailleurs, ce qu'est l'environnement-, mais presque personne n'a l'air de comprendre qu'il faut, avant tout, se préoccuper de l'environnement intellectuel, moral (au sens étymologique) et spirituel dans lequel on se débat.

Soyez  donc révolutionnaires, mais tâchez d'abord de savoir ce qu'est la révolution, sans vous contenter de ce que l'on en dit, ni même de l'idée que vous vous en faites!





Thursday, February 7, 2019

Les maîtres ne sont que bien provisoirement et plutôt superficiellement nécessaires, mais ils demeurent nécessaires.

Tous ceux qui enseignent, qui guident, qui forment ne sont pas des maîtres; il y a là un malentendu que d'aucuns voudraient bien perpétuer.

Est- ce parce que j'ai passé beaucoup de temps dans des établissements d'enseignement? Les enseignants, les enseignantes surtout, sont parmi les personnes les plus ignorantes, les plus cones, les plus ignobles, les plus méprisables, les plus dégueulasses que j'ai rencontrées; il y pire cependant; il y a bien pire.

L'enseignant n'a pas à faire preuve d'autorité: la seule autorité dont il dispose, et qui n'est pas la sienne propre, est celle du savoir et de l'intelligence; mais il est bien vrai qu'il y a très peu d'enseignants au sens propre de ce terme, la plupart d'entre eux n'étant guère différents de certains criminels qui m130riteraient d'être fusillés sur la place publique.

S'avise-t-on assez qu'un ministre n'est qu'une espèce de minus? Du moins si l'on se fie à l'étymologie des ces deux mots, mais d'aucuns ne reconnaissent une origine commune à ces deux mots.

On me dit que telle dame est une enseignante; et j'en suis étonné, car l'ayant, bien malgré moi, observée et entendue, je m'étais dit qu'elle ne pouvait qu'être entremetteuse, qu'une salope, quoi!






Tuesday, February 5, 2019

Ni la mort ni la vie, mais une espèce d'entre- deux où l'on demeure en vie, où l'on reste en vie sans vire, où l'on demeure en vie sans vie.

Tout n'est pour eux qu'opinion, mais si tout n'est qu'opinion, il n'y a donc pas d'opinion.

Dans le malheur, une seule attitude n'est possible: le silence, celui d'un cri monstrueux et inaudible qui progressivement mène du refus  à la révolution en passant par la révolte.

Il semblerait que dans l'Antiquité on sûr guérir toutes, en tout cas, presque toutes les maladies, mais, de nos jours, on ne sentente pas de ne plus savoir (volontairement?) guérir, on parvient mêne à créer de nouvelles maladies.

L'inacceptable, n'est-ce pas ce que l'on accepte le plus aisément?

Un salaud ne veut pas savoir qu'il en est un, mais un imbécile n'est même pas capable de savoir qu'il en est un.



















Dans un premier temps, non seulement l'être humain, mais peut- être même tout être ou, si l'on préfère tout étant, sinon, plus simplement tout existant en général, quel qu'il soit, réagit et agit, mais de manière passive en quelque sorte, en fonction de ce dont il a besoin, pas tant pour rester en vie, que pour soulager la souffrance ou pour éliminer le déplaisir liés à la nécessité de la satisfaction, incertaine, sauf peut- être,lors de sa toute première occurrence, dans la mesure où elle exige d'être, autant que possible, identiquement répétée, ou à la non- satisfaction causées par l'aiguillon du besoin qui interpelle son organisme, par le manque donc qui, résultant et de la satisfaction, nécessairement toujours incomplète, et de la non- satisfaction du besoin, intoduit la demande, autrement dit et par le besoin, par la sensation, bientôt transformée en sentiment, du besoin localisable en son sein, au sein de son intériorité, et par l'objet extérieur, par  l'extériorité ( de l'objet, quel qu'il soit) nécessaire, dont il a donc besoin, pour la satisfaction du besoin qui demande à être comblé, mais de tout cela l'être concerné, l'étant concerné n'a pas (déjà), n'a pas (encore) conscience, et il est peut- être réservé au seul étant humain d'en prendre (graduellement) conscience et de le faire comprendre, de le laisser comprendre à toute extériorité capable, immédiatement ou non, d'en être émue, mais, durant toute cette période, l'étant humain n'est probablement pas moins passif qu'un étant inanimé, et ce n'est qu'avec le développement moteur et l'acquisition du langage articulé, et pas avant, qu'il se met à affirmer, là encore bien plus passivement qu'activement, sa relative autonomie et entre en interaction avec le monde extérieur, n'étant plus simplement un être de sensation et de sentiment, mais étant également et surtout un être qui se spécifie d'être capable d'appréhension par le biais de l'entendement, un être enfin mûr pour toute confrontation, et elle n'est pas toujours forcément de type agonal, pour toute relation avec l'autre, avec les autres, un être mûr pour les plaisirs, le plus souvent éphémères, et leès souffrances, le plus souvent impérissables, de l'existence, et c'est alors que tout commence, que commence, après la fin du commencement, le commencement de la fin, dont on sait qu'il n'en finit pas de commencer, qu'il n'en finit peut- être même jamais de commencer, histoire de toujours durer, de ne jamais arriver à quelque fin, et on ne saura sans doute jamais s'il s'en faut réjouir ou non, non seulement parce que la réponse  à cette question serait introuvable, ce qu'elle est sans doute, mais surtout parce  qu'il faut encore savoir la poser; pour plusiers raisons: car la découverte ou l'expérience de l'altérité, de l'hétérogéité non moins que de l'homogénéité, de l'homogène, que l'on ne confondra pas avec l'homogénéité, au coeur de l'hétérogénéité aussi bien que de l'hétérogène au sein de l'hétérogénéité, rien n'étant ici, comme ailleurs d'ailleurs, réductible à quelque forme de singularité, tout renvoyant à des pluralités toujours distinctes d'elles- mêmes, différentes entre elles et d'elles- mêmes, toujours au moins terriblement complexe, aussi complexe que le combat pour la vie dans la lutte pour la satisfaction des besoins et des appétits qui, le plus souvent, s'éternise en raison, non pas de la rareté elle- même, mais, de la raréfaction organisée des biens par le truchement de leur autoappropriation, de leur autoexapropriation par le jeu de la force, qui empêche l'être que l'on dit sans doute un peu trop rapidement humain de dépasser cette phase animale où il demeure emprisonné dans sa lutte pour la survie, quoique pas aussi complexe que le combat qu'est la vie dans la lutte de la reconnaissance de son être et par lui- même et par les autres dans le monde, c'est- à- dire, au sein de la structure familiale d'abord et de tout ce qu'elle suppose en termes de normes et de traditions, de la société et  des institutions qu'elle crée autant qu'elles la créent, la plus principale d'entre elles étant l'Etat, terme d'une évolution qui consacre l'anéantissement même de l'être humain en tant qu'être soucieux d'en finir non seulement avec l'animal en lui, mais également et surtout avec toute altérité en lui, car allant à l'encontre de sa liberté, quand bien même elle ne lui serait, l'altérité en question, hostile, et bien plus encore s'il s'y, comme cela trop souvent arrive, identifie, vu que même s'il, en admettant que ce soit possible, s'identifie librement  avec telle personne, avec tel personnage,bien reel quoique imaginaire, avec telle chose, avec telle idée même, il ne s'en laisse pas moins dévorer jusqu'à un certain point, voire entièrement, ne serait-ce que temporairement, et la conséquence en est son aliénation croissante jusqu'à ce qu'il se réveille de son joyeux somnabulisme et si, d'aventure, on rappelle que toute vie, surtout humaine, n'est, ce qui est loin d'être inexact, qu'aliénation, il faudrait alors parler de suraliénation au sein des mondes de la famille et de ses obligations, de la société et de ses normes, de l'Etat et de ses dogmes, suraliénation de son être à soi de toujours suraliéné dont le sujet humain n'a le plus souvent conscience que toujours trop tard, enlisé qu'il est en permanence dans la lutte quotidienne pour sa propre survie, quand il ne s'en accommode soit en en niant la réalité, soit en prétendant y prendre plaisir, et dont il lui arriverait d'en avoir le soupçon au soir de sa vie, quand, brisé par la vieillesse, rompu par la maladie, asphyxié par la maladie, toujours, malgré tout, hanté par des obligations dont il comprend enfin qu'elles ne sont qu'imaginaires, obsédé par des désirs et des quêtes dont il saisit enfin, dans la frustration, la honte et la colère,la supreme inanité, il sent bien, alors qu'il sait ou devine la mort toute proche, qu'il n'a fait que perdre son temps, qu'il n'a même pas vécu et qu'il s'est comporté comme un con tout au long, et pourrait, dans la rage dont il est secoué, trouver que la plus grande urgence consisterait à en finir avec toute forme de suraliénation, mais ni l'aliénation, condition existentielle du sujet humain, ni même la suraliénation, condition postexistentielle de, comme on dit, l'homme, ne sauraient être entièrement vaincues et éliminées, parce qu'il en a, sans le savoir, pris l'habitude et ne s'en rend compte que tardivement, parce que l'être humain préfère accepter l'indignité de sa condition, la subir, plutôt que de (se) l'avouer, et parce quà'il faut bien, comme on croit pouvoir le dire, vivre, et vivre bien de préférence, ou bien vivre, ce qui, apparemment, implique que l'on aime son prochain mieux que soi- même, que l'on respecte les parents, les aînés en général, même si ce ne sont que des gâteux, des débiles mentaux, des abrutis, que l'on se soumette  à l'autorité des lois même quand les législateurs et leurs conseillers ne sont que des ignorants, des corrompus et des pervers, que l'on dise ses prières au moins une fois par jour, dût-on n'y rien comprendre, que l'on aille à l'Eglise au moins une fois par semaine, parce qu'il le faut, que l'on vénère les institutions comme si c'était des créations divines, surtout quand elles ne fonctionnent pas, étant dirigées par des analphabètes, des incompetents qui, comme tous les analphabètes et les incompétents, sont convaincus d'en savoir plus que les autres, que l'on honore les riches, les puissants et les criminels,que l'on passe sa vie, qu'on la perde plutôt en travaillant pour subvenir à ses besoins personnels aussi bien qu'à ceux des siens et, également, pour s'offrir, de temps à autre, le loisir de quelques rares et souvent médiocres plaisirs, tout en espérant, comme le font et l'ont toujours fait certains, vivre un jour dans l'opulence, indifférent à la misère  dont on est responsable des autres, et sans laquelle on ne pourrait  se délecter des jouissances que procure une opulence insolente, dans un luxe qui insulte à la misère des humbles, des petites gens, et dans la liberté la plus totale, n'ayant pour les les lois et les interdictions qu'un insondable mépris, presque la plupart se contentant de presque rien et acceptant l'oppression et l'humiliation, cependant qu'une minorité, ne doutant que tout lui soit permis et que les autres n'existent que pour la servir, s'indigne de n'en avoir toujours jamais assez, tandis que presque tous les autres, la majorité elle- même se tue au travail contre quelques miettes, puis regarde la télévision ou des films qui ne valent absolument rien pour oublier le quotidien et satisfaire son besoin d'évasion, sa fringale de reverie, son irrésistible envie de fantasmer, lit les journaux et écrit  des commentaires dans les médias, histoire de rappeler qu'elle sait lire, écrire et même analyser, et surtout bavarde, bavarde tout en jouant aux cartes ou en consommant force verres d'alcool au point de ne plus savoir ce qu'il dit, ce qu'il fait, ni même s'il a dit ou fait quoi que ce soit, phénomène beaucoup plus fréquent qu'on ne le pourrait penser et dont on peut constater la quasi- omnipresence, pour peu que, marchant dans les rues de n'importe quelle ville, l'on prête attention à toutes ces personnes en train de se parler à elles- mêmes, pour se défouler, pour fuir au pays de leurs fantasmes, pour dire, silencieusement ou à haute vois, leur frustration, leur colère, leur ressentiment, et surtout si l'on est capable d'apprécier que la plupart du temps on ne fait, en parlant aux autres, en s'adressant à d'autres, que parler à soi- même, de soi- même, de ses frustrations malsaines, de ses fantasmes morbides et de ses colères ridicules, non qu'il faille établir des taxinomies avec dans une colonne, ou une cellule, les opprimés, les damnés de la terre et eux seuls, dans une autre, les oppresseurs, les exploiteurs, les criminels, et eux seuls, et dans une autre encore, ceux qui, ni despotes, ni martyrs, mènent une vie tout à fait terne, s'efforçant d'alléger les souffrances de leur vie de tous les jours et se satisfaisant des plaisirs pitoyables qui, malgré tout, illuminent au moins un peu une vie plongée sinon dans une obscurité perpétuelle, vu que ces catégories, si l'on peut dire, sont, à divers titres, plus ou moins poreuses, les opprimés se transformant en bandits, les profiteurs en philanthropes, les gens ordinaires se persuadant de vivre comme des milliardaires dans leurs châteaux imaginaires, cependant que, pauvrement vêtus, ils habitent des chaumières mal éclairées au fond de lointains villages, ne fût-ce que provisoirement, et surtout qu'il faut bien compter avec d'autres encore, les seuls qui peut- être mériteraient qu'on s'imterrogeât à leur sujet, surtout si on n'a rien d'autre à faire, si on passe son temps à s'ennuyer et que, pour tromper son ennui, ou sa solitude, on ait pour seul remède l'alcool, ou l'opium, ou le meurtre, pour quelques minutes de loisir que l'on regrette bien vite, dont on a honte,  avec cette infime minorité à laquelle on fait très peu, à peine attention et à propos de laquelle on ne s'interroge, si l'on s'interroge, que hâtivement et en riant aux éclats, incapable de comprendre qu'il puisse exister de tels êtres, pourtant les seuls  à peut- être être toujours fidèles à eux- mêmes, encore qu'ils soient, eux aussi, susceptibles de vaciller, de changer, de céder face au poids du nombre, de la majorité, mais quand il en serait ainsi, ils ne le feraient que pour un très court laps de temps, à moins qu'ils, certains d'entre eux, ne se fondent successivement ou même simultanément, selon des rythmes et des temporalités variables, dans ces divisions déjà mentionnées, et qui, à partir de moments précis, jamais forcément les mêmes pour chacun d'entre eux, font le choix, qui, au fond d'eux- mêmes, depuis assez longtemps, depuis quelques années au moins, lentement mûrissait, au fur et à mesure qu'ils prenaient conscience des futilités et des niaiseries auxquelles bien des existences se réduisent, quand il ne s'agirait de toute existence, cependant qu'ils se lentement affranchissaient des conditions et des modes de vie qu'ils avaient, eux- mêmes, parfois, à divers moments, tenus pour naturels, pour, comme on dit, normaux, qu'ils s'arrachaient, jamais aisément, aux dogmes, aux préjugés, aux superstitions régissant le milieu qui leur semblait jusque-là le leur, subjectivement et collectivement, réplique du sens commun, voire du bon sens, expression du non- sens congenital à toute structuration collective et, même, sociale, qu'ils résistaient aux idées préconçues, à la pression du groupe, à celle surtout de toute forme d'autorité et des institutions créées pour en assurer la toute- puissance et la pérennité, qu'ils luttaient contre le mimétisme, toujours plus ou moins inhérent aux relations intersubjectives aussi bien qu'à celles avec le Surmoi toujours collectif, même quand il a l'air individuel, de la vie et de la liberté, car sans la vie, aucune liberté n'est, pour autant qu'on le sache, possible, ou de la liberté et la vie, vu que sans la liberté, il n'est point possible de vivre, en s'éloignant de, en éloignant, jamais complètement toutefois, jamais définitivement, de manière assurée, ces tentations et séductions, de ces (relatives) facilités promises ou offertes par la servilité ou le caporalisme ou, encore, la résignation, et même par les trois presque en même temps, à intervalles se succédant si rapidement qu'on conclurait qu'il n'y en a point, dont bien des gens (la plupart?) font le choix, volontaire ou involontaire, inconscient même des fois, pour de multiples raisons dont ils ignorent la provenance, dont ils méconnaissent l'existence, tel l'esclave convaincu ou se persuadant d'être un homme libre et l'égal de son maître, avec lequel il a fini par s'identifier, quand il ne lui serait, croit-il dans son délire permanent, supérieur, maître de son maître, et qui, fussent-elles bonnes et explicables ou compréhensibles, ne laisseront jamais d'être toujours mauvaises, navrantes, sinon franchement obscènes, d'autant plus mauvaises, navrantes et obscènes que rien ni personne ne contraignent vraiment personne à ces choix, quelque impérieux qu'ils puissent sembler ou, même, bel et bien soient, rien ni personne sinon eux-mêmes,sinon la force plutôt,souvent irresistible, des habitudes imposées depuis (toujours) trop longtemps et contre laquelle il est  difficile de résister, de se cabrer, de s'indigner et de protester de tout son être pourtant meurtri, avili, déshonoré, mais à laquelle il est  infiniment plus facile, plus reposant aussi de céder, de se livrer, de se soumettre, comme si c'était du monde la chose la plus banale qui fût, le comportement le plus normal à adopter, avec une frénésie dont on ne s'aperçoit même sur l'instant et pendant longtemps le plus souvent, mais dont on ne se souviendra jamais plus tard, un beau jour alors que rien ne permet de penser que tel souvenir, que l'on n'a pas tout à fait tort de constater qu'il n'a encore jamais été présent, va surgir d'un passé à tort cru défunt et dont on avait fini par être convaincu qu'il n'avait jamais existé, reviendra soudain et cruellement confondre et ébranler une existence jusque-là relativement innocente et la hanter jusqu'à la mort, l'exhortant silencieusement et sévèrement à un minimum de dignité, sans un inextinguible sentiment de honte, sans la sensation d'être irrémédiablement sale pour le reste de ses jours, sinon les urgences dictées par le quotidien avec son lot infernal d'asservissements  et la dépendance dans laquelle elles enfermeraient toute existence, sinon le plaisir  malsain et ambigu que l'on peut en tirer et que l'on savoure faute de mieux, car l'existence est si terne, si somber, si infecte, sinon tant d'autres facteurs encore encore, sinon le plus dangereux d'entre tous, le plus inquiétant aussi  donc, et le plus contraire la volonté de vivre dont il n'est personne, s'agît-il de l'être humain le plus médiocre et, même, le plus vil que l'on puisse imaginer, qui n'en ait, ne serait- ce qu'une fois, éprouvé l'ardent besoin, lors même qu'il passait son temps à perdre sa vie, à la bousiller, à la laisser se consumer dans les flammes maléfiques de son imagination malade, rêvant sa vie, la réduisant à quelques rêveries plus macabres que tristes, au lieu de la vivre, d'essayer , contre tout et contre tous, de la vivre enfin ne serait-ce qu'un peu, cependant que lui reviennent en mémoire les désirs qui parsemèrent son adolescence, les projets qu'il entretint durant sa jeunesse, les ambitions qu'il sentait, emporté déjà par le courant de l'existence, par la fuite des jours et des nuits, sur le point de s'évanouir, mais dont il n'espérait pas moins la réalisation un jour ou l'autre, encore qu'il n'y ait peut- être rien qui y soit, à la volonté de vivre, plus fatal, du moins chez les êtres humains que la passion (au sens étymologique) mimétique, dont on ne saurait probablementt affirmer qu'elle soit inconnue des non- humains, surtout depuis que, dans le prolongement des recherches et des découvertes dans les divers champs du savoir scientifique non moins que dans d'autres sphères du savoir en apparence, jusqu'ici du moins, distinctes de la connaissance scientifique  à laquelle elles seraient étrangères, quand elles n'en détourneraient par le biais de cette attitude de mépris calculé et  délibéré que  les adeptes du préjugé et les zélotes du dogmatisme ont appris à afficher bien plus dans un but d'agression que pour des motifs légitimes tels que la quête de la vérité ou le souci de la justice,   elle semble de plus en plus possible,  voire vraisemblable, cette passion mimétique dont on sait qu'elle est la maladie suprême de toute existence humaine, dans la mesure où elle est à la fois indispensable, du moins pour un certain temps que l'on dira nécessaire à l'autonomisation relative et, peut- être, jamais totalement achevée, de l'individu, et   que l'on souhaitera le moins long possible, pour peu qu'on souhaite vouloir essayer de  vivre sa vie à soi, que cela soit effectivement possible ou non, et jusqu'à un certain point, jusqu'à ce point flottant , toujours plus ou moins incertain et en deçà duquel une régression, même si elle n'est pas forcément définitive, est, sera toujours possible où le sujet humain continuera d'être un animal mimétique, imitant, copiant, plagiant, singeant, voire de n'être que cela, s'inspirant en permanence pour tout ce qu'il souhaite, pour tout ce qu'il veut et désire de ce que les modèles qu'il aura il ne sait trop comment lui- même choisis, ou qui lui ont ete imposes,  et nuisible dans la mesure où elle constitue l'obstacle par excellence non seulement à toute volonté, mais même à toute possibilité d'une réelle et authentique liberté du sujet humain dont, par ailleurs, on se peut et il se faut bien demander si la plupart d'entre les humains, la grosse majorité d'entre eux ont le temps, prisonniers qu'ils sont, par faiblesse, par lâcheté, par résignation, quand ce ne serait de leur propre gré, des sollicitations difficilement contournables, quand bien même triviales et futiles, de tout ce qui s'est substitué, avec leur propre complicité ou/et en raison de leur inconscience ou de leur aveuglement, de leur innommable bassesse, de se préoccuper d'être libres, de songer à vivre à l'abri de tout et de tous,  conformément à ce qu'ils désirent eux- mêmes en tant qu'êtres nouvellement créés par leurs propres soins et dont ils continuent de perfectionner la création à tout instant, sans jamais succomber à l'illusion de s'être libéré des autres, de s'être affranchis du passé surtout, du passé dont il s'agit de se libérer sans s'en libérer, qu'il s'agit d'oublier tout en en gardant le souvenir, un souvenir actif, mais distant, comme éloigné, presque lointain, dont on reconnaît la présence, mais sans s'y soumettre, sans en être l'otage, le prisonnier, comme si l'on en était hanté sans en être hanté en même temps, la stratégie, bien plus structurelle que psychologique, consistant ici à concilier au moins deux impératifs en principe inconciliables, ceux de liberté et de reconnaissance, afin vivre sa vie à soi sans rien renier de ce que l’on doit à l’autre, aux autres, voire à l’Autre, réalités qui sont, en fait, des constructions bien plus symboliques et imaginaires que réelles avec lesquelles on n’en finit jamais, envers lesquelles on sera toujours endetté d’autant plus qu’on n’aura volontairement et consciemment contracté la moindre dette, d’autant plus qu’on n’a pas, en toute honnêteté et sans défaillance mémorielle aucune, conscience de leur avoir demandé quoi que ce soit, qu’on n’a pas, non sans raison,  le souvenir d’avoir auprès d’elles, auprès de ces réalités symboliques et imaginaires, sollicité quelque emprunt, mais toute réalité étant d’autant plus vraie de n’être pas vraie, d’être de l’ordre du symbolique et de l’imaginaire, cependant que le réel demeure inaccessible, sauf peut- être de manière partielle, métonymiquement, sinon catachrétiquement, et que toute réalité ne cesse de confirmer son caractère de voile, de transparence opaque, de masque qui tout dissimule, qui tout falsifie, qui tout pervertit, substituant à la réalité de la réalité, à l’effectivité de la réalité, l’empire des ombres, le royaume des songes et des mensonges où tant de gens préfèrent s'aller réfugier pour ne point contempler la splendeur insoutenable  et invisible de ce qui est


Sunday, February 3, 2019

Ses paroles non moins que ses silences, ses actions aussi bien que ses inactions révélaient le plus clairement possible à quel point il était sot, vulgaire, crapuleux et méprisable; mais comme il était ministre, seuls les gens honnêtes et courageux laissaient voir qu'ils ne le méprisaient même pas.

Tout le monde savait que ce monsieur était quelqu'un de malhonnête, qu'il était corrompu, abject, répugnant, mais il fut, un jour, nommé juge (parce qu'il était malhonnête, corrompu,...?), et presque tout le monde fut alors d'avis qu'il devait être ''épris de justice'', mais je me demande s'il ne faut point là relever une faute de prononciation.


Si terrible est l'idée que la Justice (comme on dit, mais en parlant d;autre chose sans le savoir) puisse se tromper, que l'on préfère penser qu'elle ne se trompe, même quand, de toute évidence, elle trompe et se trompe.


On croit que le peintre- le vrai peintre, et non le p'tit merdeux qui croit faire de la peinture- cherche à montrer quelque chose, mais de cela n'importe qui même un aveugle, en est, avec un peu de travail, capable: le vrai peintre lui s'efforce de démontrer.


Ils sont très nombreux ceux qui ne peuvent par ler d'un grand homme sans rappeler ses défauts: Miles Davis était sans doute un ignoble salaud, mais cela ne justifie que l'on en vienne à oublier le genial musician qu'il était et demeure.


Ils sont peu nombreux ceux qui, regardant un film de John Ford, ne croient pas s'être trompés de film.










Qui, mieux que La Fontaine, le premier comprenait que les êtres humains ne sont guère différents des animaux?

On est indifférent à l'injustice qui frappe autrui, mais on, bien pire encore, s'accommode, la sublimant, de celle dont on est, soi- même victime.

Il arrivera à un  esclave de n'ignorer en être un, mais bien de ceux qui sont convaincus d'être libres sont, en fait, des esclaves.

Il se croit libre: je ne puis que lui souhaiter de mourur bien vite; en tout cas, avant de comprendre, sans avoir compris qu'il se trompait.

Ils tiennent que la législation et la loi sont synonymes, mais il ne s'en faut scandaliser: ce sont des connards absolus.

Un professeur,à qui d'aucuns, ne sachant que répondre à ce qu'il disait, faisaient rétorsion que cedire ceci: n'était là que ses opinions à lui, se contenta de dire ceci: '' Pourquoi donc voudriez- vous que j'eusse des opinions? Il y a pour cela des proxénètes, des prostitué(e)s, des propagandistes, des publicistes, et même des politicards; je ne suis, quant à moi, qu'un modeste professeur.''







Wednesday, January 16, 2019

Dans un premier temps, non seulement l'être humain, mais peut- être même tout être ou, si l'on préfère tout étant, sinon, plus simplement tout existant en general, quel qu'il soit, réagit et agit, mais de manière passive en quelque sorte, en fonction de ce dont il a besoin, pas tant pour rester en vie, que pour soulager la souffrance ou pour éliminer le déplaisir liés à la nécessité de la satisfaction, incertaine, sauf peut- être,lors de se toute première occurrence, dans la mesure où elle exige d'être, autant que possible, identiquement répétée, ou à la non- satisfaction causées par l'aiguillon du besoin qui interpelle son organisme, par le manque donc qui, résultant et de la satisfaction, nécessairement toujours incomplete, et de la non- satisfaction du besoin, intoduit la demande, autrement dit et par le besoin, par la sensation, bientôt transformée en sentiment, du besoin localisable en son sein, au sein de son intériorité, et par l'objet extérieur, par  l'extériorité ( de l'objet, quel qu'il soit) nécessaire, dont il a donc besoin, pour la satisfaction du besoin qui demande à être comblé, mais de tout cela l'être concerné, l'étant concerné n'a pas (déjà), n'a pas (encore) conscience, et il est peut- être réservé au seul étant humain d'en prendre (graduellement) conscience et de le faire comprendre, de le laisser comprendre à toute extériorité capable, immédiatement ou non, d'en être émue, mais, durant toute cette période, l'étant humain n'est probablement pas moins passif qu'un étant inanimé, et ce n'est qu'avec le développement moteur et l'acquisition du langage articulé, et pas avant, qu'il se met à affirmer, là encore bien plus passivement qu'activement, sa relative autonomie et entre en interaction avec le monde extérieur, n'étant plus simplement un être de sensation et de sentiment, mais étant également et surtout un être qui se spécifie d'être capable d'appréhension par le biais de l'entendement, un être enfin mûr pour toute confrontation, et elle n'est pas toujours forcément de type agonal, pour toute relation avec l'autre, avec les autres, un être mûr pour les plaisirs, le plus souvent éphémères, et leès souffrances, le plus souvent impérissables, de l'existence, et c'est alors que tout commence, que commence, après la fin du commencement, le commencement de la fin, dont on sait qu'il n'en finit pas de commencer, qu'il n'en finit peut- être même jamais de commencer, histoire de toujours durer, de ne jamais arriver à quelque fin, et on ne saura sans doute jamais s'il s'en faut réjouir ou non, non seulement parce que la réponse  à cette question serait introuvable, ce qu'elle est sans doute, mais surtout parce  qu'il faut encore savoir la poser; pour plusiers raisons: car la découverte ou l'expérience de l'altérité, de l'hétérogéité non moins que de l'homogénéité, de l'homogène, que l'on ne confondra pas avec l'homogénéité, au coeur de l'hétérogénéité aussi bien que de l'hétérogène au sein de l'hétérogénéité, rien n'étant ici, comme ailleurs d'ailleurs, réductible à quelque forme de singularité, tout renvoyant à des pluralités toujours distinctes d'elles- mêmes, différentes entre elles et d'elles- mêmes, toujours au moins terriblement complexe, aussi complexe que le combat pour la vie dans la lutte pour la satisfaction des besoins et des appétits qui, le plus souvent, s'éternise en raison, non pas de la rareté elle- même, mais, de la raréfaction organisée des biens par le truchement de leur autoappropriation, de leur autoexapropriation par le jeu de la force, qui empêche l'être que l'on dit sans doute un peu trop rapidement humain de dépasser cette phase animale où il demeure emprisonné dans sa lutte pour la survie, quoique pas aussi complexe que le combat qu'est la vie dans la lutte de la reconnaissance de son être et par lui- même et par les autres dans le monde, c'est- à- dire, au sein de la structure familiale d'abord et de tout ce qu'elle suppose en termes de normes et de traditions, de la société et  des institutions qu'elle crée autant qu'elles la créent, la plus principale d'entre elles étant l'Etat, terme d'une évolution qui consacre l'anéantissement même de l'être humain en tant qu'être soucieux d'en finir non seulement avec l'animal en lui, mais également et surtout avec toute altérité en lui, car allant à l'encontre de sa liberté, quand bien même elle ne lui serait, l'altérité en question, hostile, et bien plus encore s'il s'y, comme cela trop souvent arrive, identifie, vu que même s'il, en admettant que ce soit possible, s'identifie librement  avec telle personne, avec tel personnage,bien reel quoique imaginaire, avec telle chose, avec telle idée même, il ne s'en laisse pas moins dévorer jusqu'à un certain point, voire entièrement, ne serait-ce que temporairement, et la conséquence en est son aliénation croissante jusqu'à ce qu'il se réveille de son joyeux somnabulisme et si, d'aventure, on rappelle que toute vie, surtout humaine, n'est, ce qui est loin d'être inexact, qu'aliénation, il faudrait alors parler de suraliénation au sein des mondes de la famille et de ses obligations, de la société et de ses normes, de l'Etat et de ses dogmes, suraliénation de son être à soi de toujours suraliéné dont le sujet humain n'a le plus souvent conscience que toujours trop tard, enlisé qu'il est en permanence dans la lutte quotidienne pour sa propre survie, quand il ne s'en accommode soit en en niant la réalité, soit en prétendant y prendre plaisir, et dont il lui arriverait d'en avoir le soupçon au soir de sa vie, quand, brisé par la vieillesse, rompu par la maladie, asphyxié par la maladie, toujours, malgré tout, hanté par des obligations dont il comprend enfin qu'elles ne sont qu'imaginaires, obsédé par des désirs et des quêtes dont il saisit enfin, dans la frustration, la honte et la colère,la supreme inanité, il sent bien, alors qu'il sait ou devine la mort toute proche, qu'il n'a fait que perdre son temps, qu'il n'a même pas vécu et qu'il s'est comporté comme un con tout au long, et pourrait, dans la rage dont il est secoué, trouver que la plus grande urgence consisterait à en finir avec toute forme de suraliénation, mais ni l'aliénation, condition existentielle du sujet humain, ni même la suraliénation, condition postexistentielle de, comme on dit, l'homme, ne sauraient être entièrement vaincues et éliminées, parce qu'il en a, sans le savoir, pris l'habitude et ne s'en rend compte que tardivement, parce que l'être humain préfère accepter l'indignité de sa condition, la subir, plutôt que de (se) l'avouer, et parce quà'il faut bien, comme on croit pouvoir le dire, vivre, et vivre bien de préférence, ou bien vivre, ce qui, apparemment, implique que l'on aime son prochain mieux que soi- même, que l'on respecte les parents, les aînés en général, même si ce ne sont que des gâteux, des débiles mentaux, des abrutis, que l'on se soumette  à l'autorité des lois même quand les législateurs et leurs conseillers ne sont que des ignorants, des corrompus et des pervers, que l'on dise ses prières au moins une fois par jour, dût-on n'y rien comprendre, que l'on aille à l'Eglise au moins une fois par semaine, parce qu'il le faut, que l'on vénère les institutions comme si c'était des créations divines, surtout quand elles ne fonctionnent pas, étant dirigées par des analphabètes, des incompetents qui, comme tous les analphabètes et les incompétents, sont convaincus d'en savoir plus que les autres, que l'on honore les riches, les puissants et les criminels,que l'on passe sa vie, qu'on la perde plutôt en travaillant pour subvenir à ses besoins personnels aussi bien qu'à ceux des siens et, également, pour s'offrir, de temps à autre, le loisir de quelques rares et souvent médiocres plaisirs, tout en espérant, comme le font et l'ont toujours fait certains, vivre un jour dans l'opulence, indifférent à la misère  dont on est responsable des autres, et sans laquelle on ne pourrait  se délecter des jouissances que procure une opulence insolente, dans un luxe qui insulte à la misère des humbles, des petites gens, et dans la liberté la plus totale, n'ayant pour les les lois et les interdictions qu'un insondable mépris, presque la plupart se contentant de presque rien et acceptant l'oppression et l'humiliation, cependant qu'une minorité, ne doutant que tout lui soit permis et que les autres n'existent que pour la servir, s'indigne de n'en avoir toujours jamais assez, tandis que presque tous les autres, la majorité elle- même se tue au travail contre quelques miettes, puis regarde la télévision ou des films qui ne valent absolument rien pour oublier le quotidien et satisfaire son besoin d'évasion, sa fringale de reverie, son irrésistible envie de fantasmer, lit les journaux et écrit  des commentaires dans les médias, histoire de rappeler qu'elle sait lire, écrire et même analyser, et surtout bavarde, bavarde tout en jouant aux cartes ou en consommant force verres d'alcool au point de ne plus savoir ce qu'il dit, ce qu'il fait, ni même s'il a dit ou fait quoi que ce soit, phénomène beaucoup plus fréquent qu'on ne le pourrait penser et dont on peut constater la quasi- omnipresence, pour peu que, marchant dans les rues de n'importe quelle ville, l'on prête attention à toutes ces personnes en train de se parler à elles- mêmes, pour se défouler, pour fuir au pays de leurs fantasmes, pour dire, silencieusement ou à haute vois, leur frustration, leur colère, leur ressentiment, et surtout si l'on est capable d'apprécier que la plupart du temps on ne fait, en parlant aux autres, en s'adressant à d'autres, que parler à soi- même, de soi- même, de ses frustrations malsaines, de ses fantasmes morbides et de ses colères ridicules, non qu'il faille établir des taxinomies avec dans une colonne, ou une cellule, les opprimés, les damnés de la terre et eux seuls, dans une autre, les oppresseurs, les exploiteurs, les criminels, et eux seuls, et dans une autre encore, ceux qui, ni despotes, ni martyrs, mènent une vie tout à fait terne, s'efforçant d'alléger les souffrances de leur vie de tous les jours et se satisfaisant des plaisirs pitoyables qui, malgré tout, illuminent au moins un peu une vie plongée sinon dans une obscurité perpétuelle, vu que ces catégories, si l'on peut dire, sont, à divers titres, plus ou moins poreuses, les opprimés se transformant en bandits, les profiteurs en philanthropes, les gens ordinaires se persuadant de vivre comme des milliardaires dans leurs châteaux imaginaires, cependant que, pauvrement vêtus, ils habitent des chaumières mal éclairées au fond de lointains villages, ne fût-ce que provisoirement, et surtout qu'il faut bien compter avec d'autres encore, les seuls qui peut- être mériteraient qu'on s'imterrogeât à leur sujet, surtout si on n'a rien d'autre à faire, si on passe son temps à s'ennuyer et que, pour tromper son ennui, ou sa solitude, on ait pour seul remède l'alcool, ou l'opium, ou le meurtre, pour quelques minutes de loisir que l'on regrette bien vite, dont on a honte,  avec cette infime minorité à laquelle on fait très peu, à peine attention et à propos de laquelle on ne s'interroge, si l'on s'interroge, que hâtivement et en riant aux éclats, incapable de comprendre qu'il puisse exister de tels êtres, pourtant les seuls  à peut- être être toujours fidèles à eux- mêmes, encore qu'ils soient, eux aussi, susceptibles de vaciller, de changer, de céder face au poids du nombre, de la majorité, mais quand il en serait ainsi, ils ne le feraient que pour un très court laps de temps, à moins qu'ils, certains d'entre eux, ne se fondent successivement ou même simultanément, selon des rythmes et des temporalités variables, dans ces divisions déjà mentionnées, et qui, à partir de moments précis, jamais forcément les mêmes pour chacun d'entre eux, font le choix, qui, au fond d'eux- mêmes, depuis assez longtemps, depuis quelques années au moins, lentement mûrissait, au fur et à mesure qu'ils prenaient conscience des futilités et des niaiseries auxquelles bien des existences se réduisent, quand il ne s'agirait de toute existence, cependant qu'ils se lentement affranchissaient des conditions et des modes de vie qu'ils avaient, eux- mêmes, parfois, à divers moments, tenus pour naturels, pour, comme on dit, normaux, qu'ils s'arrachaient, jamais aisément, aux dogmes, aux préjugés, aux superstitions régissant le milieu qui leur semblait jusque-là le leur, subjectivement et collectivement, réplique du sens commun, voire du bon sens, expression du non- sens congenital à toute structuration collective et, même, sociale, qu'ils résistaient aux idées préconçues, à la pression du groupe, à celle surtout de toute forme d'autorité et des institutions créées pour en assurer la toute- puissance et la pérennité, qu'ils luttaient contre le mimétisme, toujours plus ou moins inhérent aux relations intersubjectives aussi bien qu'à celles avec le Surmoi toujours collectif, même quand il a l'air individuel, de la vie et de la liberté, car sans la vie, aucune liberté n'est, pour autant qu'on le sache, possible, ou de la liberté et la vie, vu que sans la liberté, il n'est point possible de vivre, en s'éloignant de, en éloignant, jamais complètement toutefois, jamais définitivement, de manière assurée, ces tentations et séductions, de ces (relatives) facilités promises ou offertes par la servilité ou le caporalisme ou, encore, la résignation, et même par les trois presque en même temps, à intervalles se succédant si rapidement qu'on conclurait qu'il n'y en a point, dont bien des gens (la plupart?) font le choix, volontaire ou involontaire, inconscient même des fois, pour de multiples raisons dont ils ignorent la provenance, dont ils méconnaissent l'existence, tel l'esclave convaincu ou se persuadant d'être un homme libre et l'égal de son maître, avec lequel il a fini par s'identifier, quand il ne lui serait, croit-il dans son délire permanent, supérieur, maître de son maître, et qui, fussent-elles bonnes et explicables ou compréhensibles, ne laisseront jamais d'être toujours mauvaises, navrantes, sinon franchement obscènes, d'autant plus mauvaises, navrantes et obscènes que rien ni personne ne contraignent vraiment personne à ces choix, quelque impérieux qu'ils puissent sembler ou, même, bel et bien soient, rien ni personne sinon eux-mêmes,sinon la force plutôt,souvent irresistible, des habitudes imposées depuis (toujours) trop longtemps et contre laquelle il est  difficile de résister, de se cabrer, de s'indigner et de protester de tout son être pourtant meurtri, avili, déshonoré, mais à laquelle il est  infiniment plus facile, plus reposant aussi de céder, de se livrer, de se soumettre, comme si c'était du monde la chose la plus banale qui fût, le comportement le plus normal à adopter, avec une frénésie dont on ne s'aperçoit même sur l'instant et pendant longtemps le plus souvent, mais dont on ne se souviendra jamais plus tard, un beau jour alors que rien ne permet de penser que tel souvenir, que l'on n'a pas tout à fait tort de constater qu'il n'a encore jamais été présent, va surgir d'un passé à tort cru défunt et dont on avait fini par être convaincu qu'il n'avait jamais existé, reviendra soudain et cruellement confondre et ébranler une existence jusque-là relativement innocente et la hanter jusqu'à la mort, l'exhortant silencieusement et sévèrement à un minimum de dignité, sans un inextinguible sentiment de honte, sans la sensation d'être irrémédiablement sale pour le reste de ses jours, sinon les urgences dictées par le quotidien avec son lot infernal d'asservissements  et la dépendance dans laquelle elles enfermeraient toute existence, sinon le plaisir  malsain et ambigu que l'on peut en tirer et que l'on savoure faute de mieux, car l'existence est si terne, si somber, si infecte, sinon tant d'autres facteurs encore encore, sinon le plus dangereux d'entre tous, le plus inquiétant aussi  donc, et le plus contraire la volonté de vivre dont il n'est personne, s'agît-il de l'être humain le plus médiocre et, même, le plus vil que l'on puisse imaginer, qui n'en ait, ne serait- ce qu'une fois, éprouvé l'ardent besoin, lors même qu'il passait son temps à perdre sa vie, à la bousiller, à la laisser se consumer dans les flammes maléfiques de son imagination malade, rêvant sa vie, la réduisant à quelques rêveries plus macabres que tristes, au lieu de la vivre, d'essayer , contre tout et contre tous, de la vivre enfin ne serait-ce qu'un peu, cependant que lui reviennent en mémoire les désirs qui parsemèrent son adolescence, les projets qu'il entretint durant sa jeunesse, les ambitions qu'il sentait, emporté déjà par le courant de l'existence, par la fuite des jours et des nuits, sur le point de s'évanouir, mais dont il n'espérait pas moins la réalisation un jour ou l'autre, encore qu'il n'y ait peut- être rien qui y soit, à la volonté de vivre, plus fatal, du moins chez les êtres humains que la passion (au sens étymologique) mimétique, dont on ne saurait probablementt affirmer qu'elle soit inconnue des non- humains, surtout depuis que, dans le prolongement des recherches et des découvertes dans les divers champs du savoir scientifique non moins que dans d'autres sphères du savoir en apparence, jusqu'ici du moins, distinctes de la connaissance scientifique  à laquelle elles seraient étrangères, quand elles n'en détourneraient par le biais de cette attitude de mépris calculé et  délibéré que  les adeptes du préjugé et les zélotes du dogmatisme ont appris à afficher bien plus dans un but d'agression que pour des motifs légitimes tels que la quête de la vérité ou le souci de la justice,   elle semble de plus en plus possible,  voire vraisemblable, cette passion mimétique dont on sait qu'elle est la maladie suprême de toute existence humaine, dans la mesure où elle est à la fois indispensable, du moins pour un certain temps que l'on dira nécessaire à l'autonomisation relative et, peut- être, jamais totalement achevée, de l'individu, et   que l'on souhaitera le moins long possible, pour peu qu'on souhaite vouloir essayer de  vivre sa vie à soi, que cela soit effectivement possible ou non, et jusqu'à un certain point, jusqu'à ce point flottant , toujours plus ou moins incertain et en deçà duquel une régression, même si elle n'est pas forcément définitive, est, sera toujours possible où le sujet humain continuera d'être un animal mimétique, imitant, copiant, plagiant, singeant, voire de n'être que cela, s'inspirant en permanence pour tout ce qu'il souhaite, pour tout ce qu'il veut et désire de ce que les modèles qu'il aura il ne sait trop comment lui- même choisis, ou qui lui ont ete imposes,  et nuisible dans la mesure où elle constitue l'obstacle par excellence non seulement à toute volonté, mais même à toute possibilité d'une réelle et authentique liberté du sujet humain dont, par ailleurs, on se peut et il se faut bien demander si la plupart d'entre les humains, la grosse majorité d'entre eux ont le temps, prisonniers qu'ils sont, par faiblesse, par lâcheté, par résignation, quand ce ne serait de leur propre gré, des sollicitations difficilement contournables, quand bien même triviales et futiles, de tout ce qui s'est substitué, avec leur propre complicité ou/et en raison de leur inconscience ou de leur aveuglement, de leur innommable bassesse, de se préoccuper d'être libres, de songer à vivre à l'abri de tout et de tous,  conformément à ce qu'ils désirent eux- mêmes en tant qu'êtres nouvellement créés par leurs propres soins et dont ils continuent de perfectionner la création à tout instant, sans jamais succomber à l'illusion de s'être libéré des autres, de s'être affranchis du passé surtout, du passé dont il s'agit de se libérer sans s'en libérer, qu'il s'agit d'oublier tout en en gardant le souvenir, un souvenir actif, mais distant, comme éloigné, presque lointain, dont on reconnaît la présence, mais sans s'y soumettre, sans en être l'otage, le prisonnier, comme si l'on en était hanté sans en être hanté en même temps