Sunday, March 31, 2013

Un écrivain, un artiste ne réagit pas, car réagir, c'est toujours postagir, agir plus ou moins en pure perte; il agit, autrement dit, préagit.

L'oeuvre d'art se reconnaît à ceci qu'elle ne dit rien, mais toujours prédit.

Qui cède à la tentation de la facilité se condamne à  une honteuse médiocrité.

On met souvent, par indulgence (complaisance?), l'incapacité à comprendre sur le compte de la jeunesse, de l'inexpérience, alors qu'il en faudrait la cause à la sottise plutôt attribuer.

On est très peu créateur, bien moins par manque de talent, que par manque de discipline et de volonté.








Saturday, March 30, 2013

On ne croit pas qu'à ce qui est vrai, mais bien plus encore à ce qu'on voudrait être vrai.

La volonté de plaisir est telle  chez l'être humain, qu'il s'en peut rencontrer qui trouvent du plaisir même là où il n'y en a point.

La plupart des gens ne sont même pas capables de réfléchir, il n'y a donc aucun lieu de se préoccuper de ce qu'ils disent ou de ce qu'ils peuvent, comme on dit, penser.


L'enthousiasme avec lequel bien des gens se montrent élogieux et admiratifs à l'occasion d'une prestation lamentablement médiocre inspire de sérieux doutes, même quand on a été sublime, car on ne sait plus très bien si ces compliments sont dus à quelque volonté de consolation, ou à de la sottise pure et simple.

Tout le monde sait, même sans avoir entendu parler de Flaubert, que le génie, c'est une longue patience, mais on aime bien se dire que ce n'est pas toujours vrai; surtout dans son cas à soi.

Les autres doivent leur sucès à la chance, on doit le sien au travail, au talent, surtout si on n'est ni travailleur, ni talentueux.




Seul un faible préférera subir un grave dommage plutôt que de froisser quelqu'un.

Ne jamais écouter les conseils des autres: s'ils s'avèrent positifs, il leur faut être éternellement reconnaissant, et s'ils ne valent rien, on ne peut même pas le leur reprocher.




En tenant à (dé)montrer qu'il a raison, plus d'un homme intelligent ne fait que montrer qu'il n'est, lui aussi, qu'un autre connard.

Friday, March 29, 2013

Un imbécile, ce n'est pas tant quelqu'un qui ne comprend ni ne sait rien, que quelqu'un qui est convaincu de tout comprendre et de tout savoir.


Un être supérieur ne se laisse abattre par rien ni personne.

Un être libre, ce n'est pas quelqu'un qui n'est soumis à aucune obligation, mais quelqu'un qui n'est assujetti à aucun lien.

On ne discute ou remet en question que ce qu'on n'a pas compris , ou, peut-être également, ce qu'on n'a que trop compris.
Une éducation qui apprend à se respecter soi-même et à respecter les autres, cela peut exister, existe même, mais peut-être l'être humain est-il cet animal qui ne respecte pas plus les autres qu'il ne se respecte lui-même.

 Vouloir être humain, c'est vouloir être  une espèce de dégénéré.





Avoir pour maître, pour mentor, pour guru, un grand homme, un génie, c'est autant une bénédiction qu'une malédiction: tout dépend de l'élève.

Les êtres inférieurs parlent des autres, les êtres vulgaires parlent d'eux-mêmes,les êtres supérieurs parlagissent, mais sans trop y croire.

Que ceux qui prennent plaisir à faire souffrir les autres les fassent souffrir est compréhensible, même s'il est peut-être plus rationnel de leur faire cadeau d'une chaise électrique, mais que faut-il penser de ceux qui, sans même y prendre plaisir, font régulièrement souffrir les autres?




Thursday, March 28, 2013

Il faut, pour mettre un terme à son admiration, beaucoup de lucidité et beaucoup de courage, vu que c'est reconnaître qu'on s'est comporté comme un demeuré.

Rien ne peut se substituer aux liens familiaux, s'il en existe.

Celui-là seul est courageux qui, ayant tout à craindre, tout à perdre, étant incapable de se défendre, ne craint cependant rien.

Un poète, un artiste, c'est quelqu'un qui n'a rien à dire, ayant autre chose à faire, ayant à changer la vie, le monde, ayant à oeuvrer pour que règne le respect de toute altérité; quant à ceux qui ont quelque chose à dire, on peut être sûr que, même dans le meilleur des cas, ce ne sont que des nigauds.

Ceux qui à propos d'une oeuvre où le scripteur s'efforce de ruiner tout sens possible déclarent s'intéresser à construction du sens, ne songeront jamais à en dire autant de telle oeuvre dont le sens, quoique aucunement patent, est, en définitive, plutôt aisé à saisir.

Il clame qu'il n'accepte d'ordre de personne; il ressemble parfaitement en cela à tous ces larbins qui veulent (faire) oublier la bassesse de leur condition.


Il affirme n'être l'homme de personne, mais c'est parce qu'il est le paillasson de (presque) tout le monde.

Seuls les plus corrompus se croient obligés de défendre leur intégrité: se méfier de tous ceux qui  jurent d'être honnêtes, non qu'ils soient tous des individus haïssables, mais la plupart d'entre eux le sont très certainement.


Chaque instant perdu est une véritable honte que rien ne saurait effacer.

Se contenter de ce qui est factice, de substituts, d'ersatz, cela ne convient même à des dégénérés.

Il ne faut jamais entreprendre ce qu'on n'est pas sûr de réussir, surtout quand les conséquences en pourraient pour les siens pénibles être.

Tuesday, March 26, 2013

Il ne faut jamais attendre, remettre à plus tard ce qu'on aurait pu faire avant-hier sous prétexte qu'on a le temps, qu'on est encore jeune, ne serait-ce que parce que le temps n'attend pas, n'attend jamais, mais cela ne veut nullement dire qu'il ne faille se d'abord préparer.


On est toujours
 trop vieux
                      et trop jeune à la fois:
                                                   trop vieux, parce qu'on peut toujours mourir à n'importe quel instant, trop jeune parce qu'on n'aura toujours jamais eu suffisamment de temps pour être  aussi prêt qu'on eût pu souhaiter l'être dans toute situation,
 mais on a de la chance que ce ne soit pas le plus important dans une vie humaine, laquelle,
,
                       n'importe comment,
                                                       ne saurait,
quand bien même on n'en pourrait évaluer la richesse,
                                                                                          valoir grand-chose.


Monday, March 25, 2013

La justice, c'est ce à quoi bien des gens s'obligent à croire parce qu'ils  savent qu'elle ne saurait exister.


Celui qui n'aime pas qu'on le critique devrait également se hérisser pour peu qu'on le couvre de louanges, mais tout le monde n'a pas lu Aristote.

Il peut arriver qu'un écrivain plaise, quoique pas à tous et, bien entendu, pas pour les mêmes motifs, mais à partir du moment où il commence à plaire, il se faut demander si vraiment il écrit, a écrit.

Les hommes intelligents ont tendance à avoir beaucoup d'humour, et c'est pour cette raison que les imbéciles essaient d'en faire, croient en faire.

Ce n'est pas parce que les gens intelligents ont le sens de l'humour que tous ceux qui ont le sens de l'humour sont intelligents.
Ce que certains croient être de l'humour n'est en fait que de la raillerie, de la moquerie, excrément de l'esprit.


Le monde va mal bien moins parce que les hommes sont méchants, que parce qu'ils ne peuvent, ou ne veulent, avoir conscience de l'être.


Bien pire que l'incompréhension, entre les humains surtout, il y a ce qu'on pourrait appeler la mécompréhension: celle-là, étant absence de compréhension, érige un mur entre les hommes, celle-ci, étant illusion de compréhension, est source de conflits, de guerres.

Les primitifs, les sauvages, comme on dit, essaient de distinguer le droit de la force; les civilisés distinguent effectivement le droit de la force, mais les barbares, eux, croient que le droit, c'est la force.




Saturday, March 23, 2013

Ce qui fait agir, ce qui motive la plupart des êtres humains, c'est la nécessité, mais aussi l'intérêt, ce qui les révèle inférieurs aux animaux.

Il est des hommes capables d'ignorer les appels de l'intérêt: ce sont de véritables lueurs d'espoir, même si en général les autres ont tendance à les ignorer.

Friday, March 22, 2013

Y a-t-il rien de plus beau qu'une page blanche, quand on la sait lire?

Tuesday, March 12, 2013

Que l'on puisse accomplir les actions les plus nobles dans les pires intentions imaginables est une évidence que les seuls naïfs refuseront d'admettre.

Saturday, March 2, 2013

Il y a, dans pratiquement tous les domaines, des oeuvres d'une grande maîtrise, qui ne valent, au fond, absolument rien, car elles auraient très bien pu ne pas exister du tout, et cela n'eût rien changé à quoi que ce soit.

D'une oeuvre agréable et qui ne serait qu'agréable----------------en admettant que cela puisse exister-----------, on peut être assuré que tôt ou tard on finira par n'y plus faire attention, quand elle ne frapperait comme étant ennuyeuse.

Découvrir que ce pour quoi l'on s'enthousiasmait est au fond terne, nul et ennuyeux ne peut, si l'on est capable d'accepter la véracité de cette révélation, que provoquer un sentiment de dégoût de soi-même dont, cependant, très peu de gens ont les moyens.
Il faut, bien évidemment, chercher à comprendre ce qui est compliqué, ce qui a l'air incompréhensible même, mais avant cela, il faudrait peut-être essayer de comprendre et d'expliquer ce qui semble parfaitement simple, à moins que ce ne soit la compréhension de toute complexité, voire de l'incompréhensible, qui ouvre la voie à la compréhension de ce quui est simple.

On ne sait pas très bien si c'est pour eux une chance ou une malchance, mais les imbéciles ne risquent jamais de savoir qu'ils sont des imbéciles.

A entendre-----------qui les voudra écouter? ----------------certaines personnes évoquer ceux qu'elles admirent, on est amené à croire que, pour elles, ce sont surtout elles-mêmes qui méritent d'être admirées.











Friday, March 1, 2013

Il y a des gens qui, afin de paraître intelligents, sont prêts à se comporter comme de véritables connards.

La malhonnêteté ne rapporte pas, mais seulement à ceux qui sont honnêtes, et comme la plupart, la quasi-toalité des gens sont malhonnêtes, il faudrait plutôt conclure que la malhonnêteté rapporte et même qu'elle rapporte gros.

Ceux qui sont malhonnêtes, y compris peut-être ceux qui le sont sans même s'en rendre compte, croient que tout le monde est, comme eux, malhonnête,  et ils ressemblent en cela à ceux qui, honnêtes, croient, eux aussi, le monde rempli de gens qui leur ressemblent.

Qu'est-ce que la vérité, si ce n'est cela qui est sous les yeux de tous, mais que seuls quelques-uns savent identifier?

La vérité, on peut tout au plus la dé-couvrir, ce n'est pas comme si on la découvrait effectivement.


Et l'humour chez les animaux? Mais ils n'en ont pas besoin pour être intelligents; eux savent, à la différence des humains, même si l'on ne saurait affirmer qu'ils savent qu'ils savent, ce qu'il leur faut savoir; d'où cette espèce de désinvolture, sinon d'indifférence, face aux êtres et aux choses, sauf quand ils se savent confrontés à un grave danger.

Le contraire de l'humour, c'est la hâte, et les animaux ne sont jamais pressés, même ceux d'entre eux qui sont naturellement rapides, sauf quand ils se sentent menacés.

Les animaux, du moins ceux d'entre eux que nous disons domestiques, ont toujours l'air sereins, tandis que les humains ont (presque) toujours l'air angoissés, et c'est peut-être en raison de cela que l'humour, qu'un certain humour fut inventé.

L'humour, le vrai, l'authentique, n'est pas une réaction, mais une attitude, voire une éthique; seul le sage est capable d'humour, mais il a mieux que ça à faire.

 L'être humain non seulement ne sait pas ce qu'il lui faut savoir, mais aussi sait ce qu'il n'y a peut-être aucun intérêt à savoir.




Ceux qui ont le sens de l'humour sont au fond fort sérieux, et gais également, mais ceux qui sont sérieux n'ont pas, eux, le sens de l'humour et ne sont jamais gais.

L'humour, c'est une forme d'intelligence, peut-être même la forme la plus élevée de l'intelligence, mais de le confondre avec la dérision ou la moquerie y rend insensible.

Avoir de l'humour, ce n'est pas ne rien prendre au sérieux, c'est savoir que rien n'a jamais le sérieux qu'on croit devoir lui prêter.

Il avait tant d'humour qu'il ne pouvait pas ne pas être quelqu'un de sérieux, tandis que ses collègues étaient trop sérieux pour pouvoir l'être réellement.

L'humour naît de la confrontation, ou tout simplement de la juxtaposition de l'inanité foncière de toute chose et du sérieux de l'humaine attitude.