Les pauvres n'ont pas grand intérêt à faire des économies, vu que cela ne changera rien.

Quand on est pauvre, mais vraiment pauvre, il vaut mieux ( essayer de ) vivre comme les riches; il n'y a que les riches qui ont les moyens de vivre comme s'ils étaient pauvres, de vivre comme les pauvres .

On s'interroge beaucoup sur la vie avant la vie et sur la vie après la vie,mais ces semblants de questionnement ne visent peut-être et ne servent qu'à éluder la vraie question elle-même ,celle qui se rapporte à la vie.

L'intérêt personnel et le plaisir sont certainement très importants ,mais quand ils prennent le pas sur toute autre considération au point de dicter sa conduite à soi, on doit, bien plus que si tel n'était le cas , s'attendre à bien des revirements, à bien des malheurs

Seuls les êtres supérieurs sont en mesure de reconnaître leur infériorité, la peuvent identifier et , éventuellement la surmontent, cependant que les autres font seulement sembler de la reconnaître,ou la subissent,ou encore la nient.

Une pensée authentique , il n'y a peut-être rien de plus rare que cela, et pourtant une vie humaine n'a vraiment de prix qu'à ce prix-là.

On s'accommode aisément d'une existence d'où la pensée serait absente, on s'accommode de tout; c'est peut-être le grand drame de toute existence , mais c'est à peine si on en a conscience.

L'imminence, effective ou non, et la crainte, fondée ou non, de la mort--------mais aucunement, semble-t-il, leur absence,---------- donnent envie de jouir de la vie aussi pleinement que possible,l'être humain étant cet animal étrange qui doit se sentir sur le point de mourir pour vouloir vivre ,et qui, quand il dispose de la pleine faculté de ses moyens, ne fait que dilapider son temps.

La mort est toujours possible, toujours imminente,elle est là qui attend sans attendre, et c'est peut-être parce qu'on ne le sait que trop qu'on ne le sait.

Au lieu de réprimer la volonté de plaisir chez les enfants, il serait plus rationnel et juste de leur fournir les moyens d'accéder aux plaisirs en général , mais en leur faisant ,par exemple, comprendre que tous les plaisirs ne s'équivalent point, en leur expliquant qu'il y en a qui sont médiocres et salissants,sinon ridicules et honteux, et surtout en leur démontrant que seuls valent ceux d'entre les plaisirs dus à la discipline et au travail, encore que même ceux-là ne conduisent pas moins à de la frustration.

Réprimer, réprimer, je veux bien que ce soit une espèce de devoir pour un malade mental ou un bandit, mais ce n'est certainement le rôle d'un parent, d'un enseignant, d'un législateur ou d'un juge, sauf , bien entendu, si le parent, l'enseignant, le législateur, et le juge sont eux-mêmes des malades mentaux ou / et des bandits, ce qui, ma foi! n'est point infréquent , mais alors, on n'a plus affaire à des parents, à des enseignants , à des législateurs ,à des juges et il les faudrait de leurs rôles ou fonctions relever.

De chaque acte,de chaque geste même d'un quotidien médiocre et terne, faire une oeuvre d'art, nullement pour imprerssionner ou séduire , mais afin de pouvoir se regarder, s'examiner sans rougir: il faut pour cela beaucoup de noblesse.

S'accrocher à quelque chose même quand on a acquis la conviction que cela ne rime à rien , c'est un comportement aussi fréquent que bête et ridicule,mais il n'est jamais facile à un être humain, sauf exception rarissime, de s'empêcher d'être bête et ridicule.

Si ceux qui ne sont pas ( matériellement et financièrement ) riches n'essayaient pas de vivre comme ceux qui sont vraiment riches, ils seraient probablement riches eux aussi, mais ils se croient obligés de faire, d'essayer de faire comme les riches.

Certaines actions, certaines activités,jamais réellement indispensables,mais qui, dans leur sillage, apportent richesses et honneurs et hissent au faîte du pouvoir,qui sont donc indispensables, du moins pour certains, peut-être même pour la majorité ,réclament, exigent même que l'on ait du mépris,non seulement pour les autres ,mais également pour soi-même,et que l'on ne s'en , en général, détourne ne doit point étonner ,étant donné que la plupart des gens méritent bien pire que d'être tout simplement méprisés,et ,quant à ceux qui se méprisent eux-mêmes,ils ont toujours vite fait, croient-ils, de se, d'une manière ou d'une autre, rattraper.

Si au moins , en commettant des sottises ,on avait conscience de ce que l'on est en train de faire----- mais peut-être bien que cela n'est guère possible, vu que , si l'on pouvait avoir ne serait-ce que le sentiment de commetre une faute au moment de s'en rendre coupable, on n'en ferait pas-----, tout serait tellement différent chez ces drôles d'êtres que l'on dit humains.

On-----mais qui ?---- croit qu'entre quelqu'un qui est profondément humain--------quoi qu'il soit possible d'entendre par là---------, et un humaniste, il n'y a point de différence, et cela est fort regrettable.

Quand on aime quelqu'un ou même quelque chose, on croit souvent, sinon toujours, contre le témoignage de ses propres expériences,que c'est pour toujours :on oublie qu'il n'y a rien qui soit pour toujours, sauf ,peut-être, la mort,mais peut-être qu'on ne l'oublie pas justement,encore que , s'agissant de la mort surtout, tout savoir se , dans le meilleur des cas, particulièrement incertain révèle.

Les lois devraient être faites par ceux-là seuls qui, quoique y étant assujettis, quoique s'y conformant activement et volontairement, n'en attendent rien et n'en craignent rien non plus, ni pour eux-mêmes, ni pour les leurs, ni même pour leurs sympathies ( au sens courant du terme ) et pour leurs antipathies, sous réserve, bien entendu, qu'ils sachent et , en conséquence, veuillent bien légiférer.

Le sage doute toujours de la valeur et de l'importance de ce qu'il dit et fait,croit toujours qu'il a tort ,même quand il a raison; il n'y a que les imbéciles et les brutes qui sont toujours convaincus d'avoir raison et qui veulent toujours avoir raison.

Et l'homme laborieux et le paresseux hésitent, mais ce n'est jamais pour les mêmes raisons.

L'hésitation est, chez certains , absence de volonté, inclination à la paresse, chez d'autres, une minorité, elle est absence de précipitation ,désir de rigueur: ne point les deux confondre.

La vie est mal faite ,même quand elle est bien faite, et c'est peut-être pour cela qu'elle mérite, quand même , d'être vécue,à condition ,toutefois, qu'on n'y attache pas trop d'importance.

Il est possible d'être encore plus bas qu'on ne le sera jamais: il suffit pour cela de n'avoir conscience de sa bassesse actuelle, si peu profonde soit=elle.

Au fond, il n'y a rien que l'on invente ou découvre réellement,tous les efforts auxquels on se livrerait , toute l'ardeur avec laquelle on se lancerait dans d'interminables explorations nonobstant;on ne fait que réinventer et redécouvrir, ce qui n'est sans doute pas mal,mais cela ne devrait susciter aucune admiration.Et pourtant !

Ne rien penser, ne rien dire, ne rien faire dont on pourrait avoir honte et toujours s'efforcer d'adopter une conduite guidée par une volonté de noblesse, cela est grand et n'a que faire de la renommée.

On déclare mépriser les richesses et les honneurs,tantôt parce qu'on sait n'y pouvoir accéder, tantôt parce qu'on en jouit déjà; restent ceux qui les méprisent vraiment,mais il s'agit là d'une race spéciale.

L'ingratitude naît de l'oubli,à moins que la faculté de l'oubli n'ait pour mère la volonté d'ingratitude.

Certaines gens ne savent pas ce qu'ils veulent; d'autres croient seulement savoir ce qu'ils veulent; peut-être y en a-t-il qui savent vraiment ce qu'ils veulent.Il le faut espérer, même si on n'en finit soi-même de se poser des questions quant à ce qu'on veut vraiment au fond.

Faute de ( pouvoir ? ) savoir ce qu'on veut, il faut peut-être se contenter de ce qu'on croit vouloir jusqu'à ce que l'on comprenne que ce n'est pas ce qu'on voulait,pour se tourner vers autre chose dont on finira , tôt ou tard,par découvrir qu'on ne désirait pas cela non plus; à moins qu'on ne s'acharne à se persuader qu'on désire encore et toujours ce qui depuis longtemps n'éveille plus le moindre intérêt,tant il est dur de reconnaître , de s'avouer qu'on a passé son temps, sinon sa vie entière, à se passionner pour des balivernes.

Plutôt que d'admettre qu'ils n'ont fait que s'intéresser à des sornettes qui ne leur procurent même plus quelque plaisir et s'en éloigner, d'aucuns préféreront encore y vouer le toujours peu de temps qui leur reste,bien qu'ils n'ignorent plus que ce ne sont que des puérilités.

Le désir de vengeance est bien plus souvent qu'on ne le croit volonté de justice,mais la volonté de justice ne se peut à un désir réduire de vengeance.

La vengeance en tant que justice et la justice en tant que vengeance, cela n'est point tout à fait indigne, cela n'est même point entièrement dénué de noblesse;cela ne saurait cependant convenir à quelqu'un qui songe à s'élever.

On flétrit aisément le désir de vengeance ,quand il ne s'agit pas du sien.

Le désir de vengeance , que l'on voudrait avant tout confondre avec une expression de haine,n'est bien souvent qu'un désir de justice;bien souvent seulement;pas tout le temps.

La volonté de vengeance n'est pas ce qu'il y a de plus noble chez un être humain; elle demeure néanmoins noble.

On se crée des illusions pour s'aveugler à l'ignominie de sa condition, mais cela ne fait guère illusion, sauf peut-être pour quelques instants;et encore !

Seul l'impossible est digne de mobiliser l'attention;cependant, on ne tentera l'impossible sans s'y préparer, tout en sachant à quoi s'attendre,ou plutôt à quoi ne pas devoir s'attendre.

On ne tentera l'impossible que là où cela n'engage que soi seul, sans que , autant que possible, personne n'en subisse ,même indirectement, quelque dommage,fût-il imaginaire ; sinon, on se contentera , comme tout le monde, de faire semblant de vivre.

L'impossible, mais c'est le quotidien lui-même, chaque instant du quotidien,et il suffit de bien peu pour s'en apercevoir , mais encore faut-il qu'on veuille s'en apercevoir.

Tout chez les humains se peut expliquer,mais il n'y a peut-être rien que l'on puisse,chez eux, justifier.