Saturday, December 31, 2011

Le problème avec les imbéciles, ce n'est pas qu'ils ne comprennent rien à rien, mais que,ne comprenant rien à rien, ils sont persuadés de tout comprendre et tiennent absolument à imposer les immondices dont ils se repaissent.

Les hommes ne vivent pas tous sous la même latitude et il ne s'agit pas que de climat;il faudrait des lois qui tinssent compte, ne fût-ce que partiellement,de la disparité des latitudes humaines
On se plaint souvent de n'avoir pas (eu) de chance ,mais la channce ,c'est ce qui ne manque jamais à qui que ce soit;il est certes bien vrai que certains voient se présenter à eux bien plus de chances que les autres .Toute la question, c'est de savoir ce que l'on fait de ces chances qui se présentent et que l'on ne sait parfois identifier pour ce qu'elles sont.
Le trait fondamental de la mode, c'est en quelque sorte d'inexister;elle n'existe qu'en donnant lieu à un effacement qui la guette à tout moment , mais ce n'est pas pour autant dire qu'elle n'existe pas.Elle n'est même pas si transitoire ,si éphémère--------raison apparemment suffisante pour qu'on la frappe de discrédit et s'en détourne pour n'en laisser le soin qu'à ceux qui n'ont de passion que pour le frivolités,----------- qu'on le croit, vu que ,outre le fait qu'elle, pour diverses raisons, revient de temps à autre,elle dure quand même assez longtemps avant de s'éclipser tout à fait hors du réel.

Le besoin d'être à la mode, besoin artificiel s'il en est,mais auquel presque tout le monde succombe ,a succombé à un moment ou à un autre,renvoie à d'autres besoins plus fondamentaux pour l'être humain,notammment à son besoin de nouveauté et à son besoin de grégarité,mais s'il s'agit là de besoins indéniables,il est difficile de savoir comment il sied de les interpréter,,étant donné que les hommes aiment l'ancien au moins autant ,sinon plus, que le nouveau,et sont aussi grégaires qu'ils peuvent se montrer réfractaires à toute notion de grégarité.

A un élève critiquant son enseignement, un professeur explique qu'un élève ne dispose pas des moyens nécessaires qui lui permettraient de juger son professeur; eût-il , ce professeur , dit la même chose, si l'élève avait célébré les vertus de son enseignement ?
Les imbéciles mobilisent sans peine l'attention générale,mais c'est que les gens sont ,en général, des imbéciles, et entre imbéciles,on se comprend.

Il n'est point juste d'affirmer de la majorité des gens qu'ils ne sont que des imbéciles,car en fait,ils deviennent des imbéciles et ,la plupart du temps, le demeurent : la famille, le milieu, l'environnement,l'école,les institutions sociales et politiques,la religion, la Société y sont pour beaucoup,mais on préfère n'en rien savoir.
N'importe qui peut, moyennant du travail et de la patience, finir par devenir un bon écrivain,et même un très bon écrivain,mais il ne s'agit pour celui qui est passionné d'écriture de devenir bon, très bon écrivain;il lui faut encore être un grand écrivain, et qu'on puisse être grand écrivain sans être bon écrivain ne surprendra que les analphabètes.

Friday, December 30, 2011

La plupart des parents,souhaitent, tout en traitant leurs enfants comme s'ils étaient des êtres uniques, exceptionnels et supérieurs,qu'ils se comportent comme les autres enfants. Si seulement ils pouvaient savoir le nombre de vies qu'ils ainsi contribuent à gâcher, mais il faut croire qu'ils sont trop cons pour cela.
Il est des oeuvres qui n'attireraient la moindre attention si on ne les savait produites par tel ou tel artiste réputé grand;c'est peut-être pour cela que Valéry souhaitait que vînt le jour où l'histoire de la littérature s'écrirait sans mention de noms propres. Cela éviterait ,on ne peut que l'espérer,que l'on s'extasie devant les enfantillages des gens célèbres et permettrait d'apprécier à leur juste valeur les oeuvres géniales de parfaits inconnus.
Bien des hommes finissent par être conformes à l'image de ce qu'ils voudraient être et , de ce fait, concluent qu'ils sont bel et bien devenus ce qu'ils souhaitaient être,mais le plus étonnant , c'est qu'il se puisse trouver des gens pour qui tout homme est forcément ce à quoi il ressemble :ainsi pour eux, un médecin qui ne serait pas la réplique de l'image qu'ils se font du médecin n'en sera pas un, et un poète sera nécessairement un voyou pour peu qu'il soit à l'image de ce à quoi un voyou doit ressembler dans ce qui tient lieu de cerveau à la plupart des gens.De là bien des malheurs, mais les malheurs des autres n'ont jamais empêché les hommes de se gaver de stéréotypes et de repaître de préjugés.
Ils sont les plus nombreux, et ne connaissent de loi que celle de la force brute ;ce sont les imbéciles de toutes les nations et ils se liguent pour le triomphe de leurs intérêts au détriment des notions les plus élémentaires de justice et de vertu.Plus dangereux que la peste elle-même, ils corrompent, empoisonnent et avilissent tout: ils ne savent raisonner et n'ont de goût , de penchant que pour ce qui est facile et médiocre.Leur nombre les rend à peu près invincibles ,encore qu'ils soient aisément manipulables,mais par ceux-là seuls qui ne rechignent de recourir à la ruse et à la malhonnêteté.Faute de les pouvoir physiquement tous éliminer, il les faut tenir au loin,il convient de les traiter avec mépris et se résoudre à n'absolument jamais traiter avec eux, allant même jusqu'à refuser de leur adresser la parole,fût- ce pour leur répondre.
Il arrive qu'un être , homme ou femme, se dévoue pour un autre être, homme ou femme,mais aussi longtemps que l'autre n'aura su mesurer la portée de ses actes ,n'aura pu apprécier la profondeur de son sacrifice , tout se sera passé comme si rien ne s'était passé, et nul doute que l'admirateur aille au-devant de bien cruelles déceptions ;corrélativement,quelqu'un peut n'avoir rien fait pour quelqu'un d'autre;il n'a jamais songé à lui,et ,tout compte fait, l'autre lui était complètement indifférent, mais aussi longtemps que l'autre persistera à croire qu'il a envers lui telle ou telle dette,il voudra passer sa vie dans un état d'enchaînement auquel lui-même finira un jour par en questionner le sens.

Thursday, December 29, 2011

Il y a beaucoup de raisons qui font que les êtres humains acceptent,ou même choisissent de mener une vie ordianaire,sordide et laide,et il ne leur manque jamais de raisons , de justifications pour motiver leurs comportements;mais quels que soient les arguments mis en avant, ils n'en pourront trouver qui soient accpetables , sauf pour ceux qui tiennent à ce qu'ils mènent une telle existence dont eux ont tout à gagner.
Un rien l'exalte, un rien l'accable et le déprime ;son père, mécontent d'un tel fils, n'en finit pas de l'inonder d'admonestations et de reproches . C'est qu'il sait à quel point il est responsable de l'état dans lequel se trouve son fils,mais le problème, c'est qu'il ne sait pas qu'il le sait.
La vie semble si désespérément et irrémédiablement dénuée de sens qu'on ne peut que s'obliger à croire qu'elle doit bien en avoir ( au moins ) un ,mais qui soit conforme à celui par soi voulu.


La Santé est probablement un fantasme,mais l'état de bien-être du sujet humain n'en est pas un.Certes, le bien-être , imaginaire ,ou même réel,ne saurait être tenu pour synonyme de santé;toutefois, on ne peut nier qu'à partir du moment où les fonctions organiques se trouvent atteintes,on n'est , quelles que soient ses facultés d'adaptation à soi et quelque réelles les chances de guérison,plus vraiment la même personne : on n'est plus la même personne que les autres ne cessent d'identifier en tant que celle qu'ils ont connue et on n'est plus le même en un sens bien supérieur encore peut-être , sût-on que le même n'est jamais tout à fait le même,tout en étant le même.
La vie semble si désespérément et irrémé
Qu'une même personne puisse au cours d'une seule et même existence s'en tenir à cela seul qui fit ses délices alors qu'elle n'était qu'une enfant,continuant d'y prendre son plaisir cependant qu'autour d'elle tout ne cesse de changer ,est aussi étrange et difficile à comprendre que le cas de tel autre qui ,cassant régulièrement ses jouets,ne semble ,en définitive, ne prendre plaisir à aucun d'entre eux et renouvelle constamment l'objet de son attention comme pour exprimer l'état d'insatisfaction tolale qui est le sien de ne pouvoir se contenter de l'amcien ni de se pouvoir réellement passionner pour le nouveau.

Wednesday, December 28, 2011

Vouloir faire plaisir à quelqu'un,il faut pour cela beaucoup de témérité,ou infiniment de prétention,ou encore une sottise illimitée.

Pour peu que je sache,ou tout simplement soupçonne quelque chose que je désire également convoité par quelqu'un d'autre, l'objet en question me devient aussitôt peu désirable et comme revêtu d'une répugnante viscosité.
L'amour embellit l'être aimé,ressemblât-il en fait à un orang-outan,non moins que celui, celle qui aime ; cependant celui qui aime,même si ,nullement laid à faire peur,il est , au contraire, plutôt beau ,et même élégant et distingué,ne sera beau que s'il est l'objet de la passion amoureuse de la guenon dont il s'est entiché,laquelle ne doutant aucunement, comme la plupart des guenons,et pour cause!de sa parfaite beauté ,ne cessera de voir en lui un être trivial et inintéressant.

Il se donne pour heureux , et il en est même reconnaissant vis-à-vis du sort , de n'avoir connu pire que ce qu'il a pu endurer,mais il ne lui reviendra jamais à l'esprit de n'avoir pas connu mieux.C'est de ce genre d'hommes que les politiques en général et les exploiteurs se nourrissent.

Saturday, December 24, 2011

Le lieu où l'on revient, que l'on revoit n'est pas,n'est jamais tout à fait celui qu'on a quitté et qu'on croit avec ravissement retrouver , et la personne qui revient n'est pas tout à celle qui était partie non plus.
On croit justifier l'oppression et l'exploitation en supposant qu'il y en a qui aiment à être opprimés,exploités , mais seul un salopard doublé d'un imbécile tiendra ce genre de propos.
Seuls les femmes et les enfants,et peut-être également les animaux, savent ce qu'est la générosité.Tout le démontre amplement , et c'est parce qu'il lui arrive de se rappeler l'enfant et la femme en lui que l'homme parfois se montre généreux.Quant à ceux qui objecteront que les enfants sont essentiellement égoïstes, ils oublient que les enfants ne sont pas qu'égoïstes.

Hector Malot, dont personne ne s'avisera d'exagérer les qualités d'écrivain, a peut-être compris aussi bien que le grand Victor Hugo à quel point les enfants savent être généreux.

Quand ce qui procure du plaisir ,ou tout simplement du confort,est une source d'humiliation,il faut savoir s'y opposer.

Friday, December 23, 2011

L'imitation est-elle,comme on a pu l'affirmer ,la forme la plus sincère de la flatterie ? Cela suppose d'abord que la flatterie ne soit pas étrangère à la flatterie;mais, même en admettant que la flatterie, qu'il importe de distinguer de la louange et qu'il ne faut pas confondre avec l'admiration, puisse être sincère, il convient de ne perdre de vue que celui qui imite , fût-il , sans le savoir ou non , en train de proclamer son admiration,ne songe pas tant à celui qu'il imite,qu'il a , en général, vite fait d'oublier, qu'à lui-même.

Parvient-on jamais à se défaire de l'imitation ? Probalement pas, mais c'est ne pas vouloir s'affranchir que de passer son temps à vouloir imiter qui que ce soit.

Chez les enfants, l'imitation est sans doute inévitable et ne sera , même dans l'hypothèse de la plus grande sévérité,accueillie qu'avec de l'indulgence; chez ceux qui ne sont plus, ne serait-ce qu'en apparence, des enfants,elle est tout simplement ridicule.

Les anciens avaient parfaitement compris qu'imiter, ce n'est pas tout bêtement copier,mais il semble qu'on l'ait oublié.

On imite bien plus souvent qu'on ne le croit, et il mène une existence bien plus factice encore celui qui ne fait qu'imiter sans même savoir qu'il ne fait qu'imiter.

Ce n'est point exprimer de l'admiration que de se contenter d'imiter quelqu'un , s'agît-il de quelqu'un qui est vraiment digne d'admiration,c'est se comporter comme un imbécile.

De savoir qu'on l'imite ou essaie de l'imiter ne peut qu'agacer un artiste, un écrivain, ne serait-ce que parce que cela signifierait qu'on peut l'imiter.

S'il en venait à apprendre que son oeuvre ressemble à celle de tel grand artiste et qu'on le lui ,croyant ou voulant l'en complimenter de surcroît,tout artiste ne pourrait que s'en sentir offusqué.
Ce n'est point faire preuve de justice que de traiter tout le monde sur un pied d'égalité ,c'est se comporter comme un imbécile , et ils sont très nombreux à ainsi se conduie en croyant bien faire.

Seul ce qu'on ne peut faire, ce dont on n'a pas les moyens tout en désirant le faire mérite quelque attention, mais on n'aura pas la sottise de tenter quoi que ce soit sans s'y préparer , sans s'en offrir les moyens, quitte à alors n'avoir plus de goût pour cela.

Pour les sauvages ,les lois n'existent pas, pour les barbares,les lois ne servent qu'à réprimer, qu'à punir ; cependant, si les barbares ne sont que des barbares,les sauvages,eux,ne sont jamais que des sauvages ,il leur arrive parfois, souvent même de soupçonner qu'il faut bien qu'il y ait des lois et qu'elles n'ont pas forcément à être brutales et hostiles.

On voudrait que des policiers eussent pour responsabilité de veiller au respect des lois, mais il est des pays où les policiers sont d'anciens repris de justice ,ou des repris de justice en puissance.
Empêcher quelqu'un de vivre , de mener sa vie comme il entend la mener,alors qu'il ne nuit à strictement personne,il n'y a sans doute rien de plus abject que cela.

Ils sont nombreux ceux pour qui l'abjection est un mode de vie tout à fait naturel.

Il y a ceux qui font, sans le savoir, le choix de l'abjection, et il y a ceux pour qui l'abjection relève d'un choix délibéré, mûrement réfléchi,cependant que d'autres ,dont il est heureux que certains se hérissent et se révoltent, se voient imposer différentes modalités de l'abjection.

Bien des hommes s'estimeraient heureux,ou du moins satisfaits,s'ils pouvaient tout simplement satisfaire leurs besoins les plus élémentaires,mais il semble bien que même cela,qui pourtant devrait être ridiculement facile, soit au plus grand nombre refusé.

Il se sentait amer et frustré, n'était pas heureux,et, pour cette raison,souhaitait que personne ne pût être heureux, cependant que son frère, qui n'était pas moins malheureux que lui,exprimait , pour la même raison, le voeu que les autres pussent être heureux.

On ne sache pas que les animaux aient la faculté de s'ennuyer, même si , au fond, on n'en sait grand-chose,mais que ce puisse être une indication de quelque supériorité de l'animal par rapport à l'être humain qui,lui, ne sait que trop ce qu'il en est de l'ennui,est une possibilité qu'on se refuse absolument à considérer.

Il est bien vrai que si l'être humain ne s'ennuyait,il ne ferait probablement rien,il n'est pas moins vrai que, parce qu'il s'ennuie,il commet d'incroyables atrocités.

On croit que les utopistes sont des rêveurs;en fait, ce sont des révoltés.

Les intellectuels ne sont pas si éloignés qu'on l'affirme des réalités du quotidien;ils cherchent seulement à les transformer.
Au fond, Aristote a raison : il faut trouver le juste milieu,mais le problème,c'est qu'il n'est pas sûr qu'il existe quelque chose de tel que le juste milieu.N'est-ce pas cependant pour cela même que l'auteur de la Poétique réclamait qu'on le trouvât ?

La vie est tellement dure et cruelle pour la très grande majorité des gens qu'il en finissent par n'avoir ni ambition ni désir et, devenus êtres de besoin à peine différents des animaux,ne demandent autre chose qu'un peu de repos, un peu de confort,un peu de plaisir ,pendant rien que quelques minutes tous les jours ,mais même cela, qui en vérité n'est pas grand-chose, est par la minorité de riches et de puissants qui se nourrissent du malheur d'autrui jugé excessif,et donc inacceptable.

Pouvoir commettre une injustice comme si c'était du monde la chose la plus naturelle, puis s'en vanter,il faut être flic -------je n'ai pas dit : policier,-------pour cela, et le pire flic qui soit, c'est celui qui sommeille au sein de chacun d'entre nous, au sein de presque chacun d'entre nous.

Thursday, December 22, 2011

Il est profondément sale de profiter, fût-ce sans le vouloir,fût-ce sans même le savoir, de n'importe quel être,mais infiniment plus immonde encore est le fait de profiter de quelque être sans même en avoir conscience, et quant à ceux qui se vantent de ...........

Il est aussi révoltant de profiter de quelqu'un que de laisser profiter de quelqu'un.
Toute contrainte est toujours odieuse et répugnante ,sauf celles que l'on se librement impose soi-même.
Subir une contrainte est pénible et humiliant,en exercer une est sale et bien plus humiliant encore.
Qui d'un rien s'émeut au point d'en être tout perturbé n'est ni grand ,ni même intelligent,cela est indéniable;mais que faut-il penser de celui qui de rien, d'absolument rien ne se trouble ?

Wednesday, December 21, 2011

Personne ne sait vraiment comment élever les enfants,absolument personne,mais ceux qui en savent le moins possible, ce sont précisément ceux qui crient et prétendent en savoir quelque chose,notamment les politiciens, les pédagogues et les parents
Toute culture qui enseigne l'obéissance inconditionnelle face à l'autorité, sous quelque forme qu'elle se présente,et qui, donc, exige l'entière soumission de l'individu humain aux revendications de la force, de la tradition, du droit lui-même,est incompatible avec la liberté et la dignité de l'être humain.

La confiance illimitée et ,en définitive, aveugle requise, sous peine de très sévères et cruelles sanctions,en faveur des Autorités,des institutions, du Gouvernement, ce n'est ni l'envers , ni la face cachée, ni même la soeur jumelle de la soumission, mais bel et bien la soumission elle-même en ce qui en est probablement la forme la plus basse et la plus laide.

Il souscrit et participe à son asservissement et croit ainsi en pouvoir nier le fait, s'imposant,ou feignant de s'imposer lui-même ce qu'on lui impose afin de s'inventer des mensonges qui le déshonorent bien plus encore que l'indignité de sa condition .
Il n'est peut-être pas un seul écrivain au monde,un écrivain étant avant tout quelqu'un qui éprouve le besoin d'écrire, qui ne saurait vivre sans écrire,écrivît-il lamentablement, qui n'écrive sans être habité par la crainte de donner une oeuvre médiocre tout en rêvant de produire une oeuvre de génie.

Face à une oeuvre produite avec patience et amour------et point n'est besoin d'être diablement intelligent pour s'en apercevoir,adopter , fût-elle médiocre ,une attitude de respect,sans toutefois se laisser aller à de l'indulgence.
On s'étonne que les gens qui sont bêtes et laids se croient beaux et intelligents,alors qu'il n'y a absolument rien d'étonnant à cela.

Le cinéma, même le cinéma dit de réalité, en fait ne reflète jamais la réalité;il la transforme et ,la transformant, la produit véritablement.

A la différence du cinéma commercial qui est un art, si l'on peut dire, de la sublimation, le vrai ,ou le grand cinéma set un art de la révélation.

C'est prendre le poète pour un journaliste et l'artiste pour un commerçant que de leur demander de vivre en harmonie avec ce qu'on croit pouvoir appeler leur temps, c'est surtout méconnaître que leur temps à eux n'est pas celui de tout le monde.
Travailler pour vivre,vivre pour travailler,ce n'est pas une vie; c'est pourtant à cela que se résume la vie pour la plupart des gens sur terre.

Il est si difficile d'accepter qu'on n'est pas libre que certains ( la majorité ? )n'hésiteront à s'affirmer libres alors que tout indique clairement qu'ils vivent bel et bien comme des esclaves.

Pour beaucoup de gens, peut-être même pour le plus grand nombre, le grand écrivaib, c'est avant tout quelqu'un qui maîtrise superbement les figures de rhétorique dont il fait un usage aussi abondant que savant ,et toujours inédit; bref, l'écrivain, par excellence,c'est , ce serait le parfait rhétoricien.Or,il est relativement facile de parvenir à un niveau d'excellence peu commune dans le maniement de la rhétorique ,et on peut même se demander, encore qu'il soit probablement impossible d'en jamais finir avec la rhétorique, si le véritable écrivain n'est pas justement celui qui , dans ses écrits, réussit à bannir toute trace,presque toute trace de rhétorique.
Une société juste,non pas-------ce serait trop demander,--------une société au sein de laquelle tout le monde serait juste,mais un espace social où prévaudrait la justice est très certainement une impossibilité ,mais c'est justement pour cette raison qu'il faudrait ne rien négliger pour qu'un jour une société juste puisse exister, et faute d'une société vraiment juste,on en aurait alors une qui serait aussi peu injuste qu'on le pourrait souhaiter.
Tombant sur une citation célèbre de Sun Tzu,tirée bien évidemment de l'Art de la guerre, citation donnée dans sa version anglaise, je lis tout naturellement ' All welfare is based on deception ' alors quen'importe qui peut lire ' All warfare is based on deception '; j'ai cependant vite fait de revenir de mon erreur,mais c'est pour m'incontinent demander si en fait je n'avais point commis d'erreur du tout.

Monday, December 19, 2011

On croit pouvoir établir une distinction entre les sociétés libres, libérales, permissives ,voire tolérantes, et celles qui sont rigides, austères, dominatrices, répressives et oppressives,mais cette distinction elle-même,même si elle n'est pas entièrement caduque,ne vaut probablement grand-chose,non seulement parce que les sociétés les plus libres et les plus permissives peuvent souvent,sinon toujours se révéler les plus injustes,mais surtout parce que la liberté n'y est pas moins problématique que dans les sociétés autoritaires,étant donné qu'il ne s'agit justement d'un déjà-là,de quelque chose qui serait d'avance donné,par la Nature ou par l'organisation de la vie sociale,la liberté étant à partout conquérir ,et peut-être même faudrait-il songer à la conquérir bien plus encore là où il semble qu'elle soit d'avance acquise,là où où l'on piétine toute volonté de liberté,où l'on domine et exploite d'autant plus que personne n'a conscience de n'être point libre .

Sunday, December 18, 2011

S'élever au-dessus des circonstances ordinaires de la vie, ne point se laisser envahir et dominer par tout ce qui empêche(rait) de mener sa vie à sa guise,cela s'apprend peut-être,mais on peut douter que cela puisse s'enseigner;cela s'apprend au contact de certaines oeuvres, de certaines pratiques, de manière telle cependant qu'il est difficile de dire ce qu'on a appris et comment on a appris quoi que ce soit, bien qu'il soit indéniable qu'on a bel et bien apppris quelque chose.

Ne jamais s'apprêter à prendre la plume ou le pinceau,à écrire en général, sans être habité par la crainte de commettre une maladresse,une sottise .

Le jeu des influences est infiniment complexe : il y entre souvent bien plus du sien que ce qu'on croit avoir appris d'autrui,et c'est tant mieux ou tant pis.
On ne saurait être juste si on n'est pas au moins un peu indulgent,mais on n'est pas juste non plus,si on n'est qu'indulgent.
Tout concevoir en termes de confrontation et de domination alors qu'il est tellement plus simple de privilégier la coopération et l'entente,il semble qu'il n'y ait pour cela que des êtres humains.Encore heureux qu'ils ne soient pas tous à n'avoir d'yeux que pour cette conception agonistique des relations avec autrui !

La paix et l'harmonie sont-elles possibles sur la terre ?Oui , mais pas avant que tous les hommes n'aient appris à lire,et cela risque de prendre longtemps, très longtemps.

Avant toute chose, l'éducation devrait apprendre à se protéger contre toute forme d'agression ,à éloigner toute possibilité d'atteinte à sa personne ; cela n'est certes guère facile ,mais sans cela, aucune éducation , dans la mesure où elle ignorerait la nécessité de ce qu'il faut bien appeler la conservation de soi ou, si l'on préfère, la sauvegarde de sa libertà à soi,n'est digne de ce nom.

Etre libre, c'est bien faire ce qu'on veut,où et quand on le veut, comme on le veut ,mais pourvu qu'on ne nuise à rien ni à personne.Cela ,qui , à la lmite, pourrait paraître relativement simple, ne l'est certainement pas, dans la mesure où trop souvent on nuit aux autres sans même le vouloir, sans y songer.

Le besoin de s'affirmer , de s'imposer ne se justifie que face à l'agression,sinon il n'est qu'expression d'un profond désordre psychique.
Les parents se plaignent souvent de ce que leurs enfants ne les écoutent pas;qu'ont-ils fait cependant pour se faire entendre d'eux ?

Même dans le meilleur des cas, il est impossible d'élever ses enfants comme il serait souhaitable qu'ils fussent élevés,vu que la méthode pour cela n'existe pas .Et l'on persiste néanmoins à vouloir élever des enfants !
Il fut un temps où l'on tenait que le langage littéraire devait être celui des salons; puis on a trouvé qu'il lui fallait être celui du quotidien avant d'affirmer qu'il lui faut être celui de la rue : il faut croire que pour certains le langage littéraire ne saurait avoir de spécificité propre à lui.

La spécificité du langage littéraire tient à ceci qu'il est toujours unique et toujours en train d'évoluer ,et , à considérer qu'il en va ainsi du langage littéraire,on peut très bien conclure qu'il n'a pas de spécificité préétablie,mais cela ne veut nullement dire que le langage littéraire, c'est n'importe quoi.
Il est probablement vrai que rien ne sert à rien et que rien ne vaut rien,mais ce sont les seuls oisifs qui en tireront prétexte pour ne rien faire.

Si rien ne vaut rien, si la vie elle-même ne vaut rien ,étant une ' connerie' ( Valéry ), sans doute ne faut-il rien prendre au sérieux , mais outre qu'il n'est pas sûr qu'on en soit capable,il ne faudrait tout de même pas,parce que rien ne mériterait ( peut-être ? ) d'être pris au sérieux, qu'on passât sa vie à bavarder, à jouer aux cartes.

Saturday, December 17, 2011

Tout écrivain est l'auteur d'un seul livre ,non seulement en ce sens,au demeurant superficiel, qu'il ne cesse au fond, dût-il produire une abondance d'oeuvres , de travailler à un seul et même ouvrage ,mais pour ceci qu'il n'en finit d'essayer d'écrire ,de produire l'oeuvre qu'il ne parviendra jamais à donner.

De savoir que certaines oeuvres devant lesquelles nous nous extasions---------on peut penser à Shakespeare,à Molière,-------n'étaient ,du vivant de leurs auteurs et même pendant pas mal de temps après, considérées comme étant de simples divertissements ,oblige à se demander si ce ne sont pas les amuseurs d'aujourd'hui qui seront salués par la postérité comme des génies.

L'oeuvre est cet objet (in)-existant qui,dans le silence et la solitude, attend le lecteur qui la portera à la clarté du jour.

Friday, December 16, 2011

Heidegger était-il nazi ? Je n'en crois rien ,tout en reconnaissant que la réponse à cette question n'est guère aisée.Cependant ,je maintiendrai que même si Heidegger était bel et bien nazi, au sens le plus détestable fu terme, cela ne devrait rien ,absolument rien changer à la profondeur de sa pensée.Il s'en trouvé certes qui ont trouvé que Heidegger n'avait rien apporté de nouveau;savaient -ils lire cependant ?

Parce qu'il a dit que ceux qui pensent grandement, se trompent souvent grandement,on en a conclu que ceux qui pensent grandement se trompent toujours grandement. Question : comment faire pour se débarrasser des cons ?

Heidegger est certainement le premier penseur de toute l'histoire de la philosophie,non parce qu'il eût effectivement pensé alors que jusque-là on ne faisait que réfléchir,mais parce qu'il a essayé de penser.

Heidegger doit beaucoup à Hegel---et personne mieux que Koyré ne l'a compris,encore qu'il n'y ait pas que Koyré,-----------et plus encore à Husserl,mais qui, sauf un un analphabète s'amuserait à penser qu'il n'ait rien apporté de nouveau ?

Toute la pensée de l'altérité, tout l'effort de penser l'altérité du moins en Occident---------on songera à Levinas, à Derida----------, n'eût sans doute point été possible sans Heidegger ; un jour viendra où cela semblera si évident que l'on s'étonnera que d'aucuns ne s'en soient pas aperçus.

Il nous a comme personne appris la nécessité , l'exigence de la pensée, sans à aucun moment prétendre que lui-même fût déjà en train de penser , mais ,Dieu merci! il ya eu Derrida,et sans lui,Dieu sait si l'on parlerait encore de Heidegger aujourd'hui.

Derrida est sinon le seul ,du moins le premier,à notre connaissance en tout cas, à avoir compris que l'on peut très bien critiquer Heidegger sans pour autant, pour si peu nier qu'on lui doit à peu près tout.
Joseph Kennedy,le père de John,Robert et Edward, était,aux dires de pratiquement tout le monde,un parfait salaud;l'était-il cependant plus que ses enfants, lui qui a tout fait pour qu'ils eussent la meilleure existence possible?Bien qu'il ne soit point faux d'affirmer que tout au long il n'a fait qu'essayer de réaliser son rêaliser son rêve à lui d'être Président des Etats-Unis,on ne saurait nier qu'il n'ait , tout en se livrant à des actions condamnables ,il est vrai,rien épargné pour que ses enfants,pour que ses fils du moins aient la meilleure vie possible, et ils ne sont pas bien nombreux, pas aussi nombreux que l'on pourrait ou voudrait le penser,les pères dont on pourrait dire autant.

De Howard Hughes on retient surtout qu'il fut une espèce de Crésus des temps modernes;c'est oublier qu'il fut également un inventeur.Cet homme qui avait à peu près tout connu choisit de finir ses jours en reclus,menant une vie d'anachorète,peut-être même de saint ,à croire qu'ayant compris le mystère de l'existence mieux que tant de philosophes qui avaient passé tout leur temps à réfléchir,à méditer,à penser, penchés sur des milliers de livres,il était parvenu à la conclusion que l'être humain n'a d'autre vocation que la solitude ,une solitude choisie, délibérée,probablement sereine,voire heureuse.

Le seul tort d'Orson Welles, ce fut de donner trop tôt, trop jeune, une oeuvre absolument exceptionnelle ,une oeuvre de génie que rien ne pourrait égaler.On peut regretter que ,Citizen Kane achevé,il n'ait pas choisi de se retirer,mais il s'agit là d'une décision qu'il revenait à Welles seul de prendre .

John Ford a souvent une attitude, des réactions que l'on est tenté de dire de mépris, d'un mépris presque agressif qui ne laisse pas d'irriter ; en fait, les réactions de Ford témoignent d'une certaine lassitude.Toutes ces questions qu'on lui posait avaient toujours l'air de l'agacer.Mais c'est que c'était un homme profondément modeste : il ne savait que faire des films et peut-être même regrettait - il de n'être vraiment capable que de cela.Tout ce qu'il pouvait à dire du cinéma,il le disait dans ses films, avec ses films ,avec une caméra,et le reste ne l'intéressait guère.Mais il semble que d'aucuns s'intéressassent bien plus à ce qu'il pouvait avoir à dire qu'à ses films,comme si de l'entendre parler,ils allaient mieux apprécier ses films.Aux questions qu'on lui adressait, Ford répondait clairement en invitant à apprendre à regarder.Il ne semble pas qu'ils soient nombreux à l'avoir compris.

Thursday, December 15, 2011

Ils sont nombreux, très nombreux,ils sont omniprésents et on les partout rencontre ,y compris dans les milieux où ils n'ont que faire et où ils parviennent même parfois, souvent à faire prévaloir leurs préjugés et leurs sottises , à faire prendre des décisions et à imposer des actions qui s'en inspirent;tout le monde ne les connaît pas cependant, car c'est justement eux,tout le monde et tous les maux de la terre proviennent sans doute de là.
A quoi auras-tu passé ta vie ?Ce n'est pas à la fin de sa vie,quand on sent,croit,ou sait que c'est enfin la fin , qu'il se faut cette question poser,à la fin de la vie, d'une carrière,d'une formation,à la fin de quoi que ce soit alors qu'il n'y a plus rien à faire, mais à tout instant de sa vie .

C'est toujours dans l'après coup, quand il est au moins un peu trop tard,au futur antérieur ,qu'on se pénètre d'évidences au fond bien élémentaires;cela n'est pas très intelligent.

Les imbéciles croient toujours comprendre et sont toujours avides de fournir des explications;il n'y a que ceux qui sont intelligents qui ne comprennent pas .

Wednesday, December 14, 2011

Tout le monde ,presque tout le monde si l'on préfère rêve d'une vie splendide, d'une vie de rêve quoi!Mais tout le monde, presque tout le monde mêne une existence parfaitement lamentable;peut-être que si l'on ne passait son temps à rêver d'une existence de rêve,on pourrait effectivement s'offrir une vie de rêve;peut-être.
Croire que, parce que quelqu'un dit oui ou ne dit rien, il est pleinement consentant, il est, comme on dit, d'accord,il faut pour cela toute la sottise d'un.......

Les êtres humains seraient-ils heureux s'ils étaient libres de faire tout ce qu'ils veulent et qu'ils le pussent effectivement ? Peut-être;mais à condition qu'ils sachent ce qu'ils veulent.

Tuesday, December 13, 2011

Les prétextes,les excuses servent de raisonnement à ceux qui,n'ayant ni discipline ni volonté,cherchent à transformer leurs insuffisances en qualités, et pour eux, tout peut toujours fonctionner comme prétexte ou excuse.

La lecture a beau, quand elle a vraiment lieu,être un acte créateur,elle ne transformera jamais une ineptie en quelque chose de sublime; c'est pourtant ce dont voudraient nous convaincrele journaliste,le publiciste et le politicien,mais il est vrai qu'eux ne lisent pas.

L'auteur d'une oeuvre médiocre est toujours condamnable ,ne serait-ce que parce qu'il aurait au moins dû voir et savoir ce qu'il était en train, devrait voir et savoir ce qu'il est en train de faire, mais que dire de ceux qui vantent les mérites d'une oeuvre qui de toute évidence est exécrable.
Une société qui fait du travail la seule activité possible de la plupart de ses membres ne peut qu'être qualifiée de barbare,et c'est bien pire encore quand le travail,devenu servitude quotidienne dont souffrent la majorité ,ne permet même pas la simple satisfaction des besoins les plus élémentaires.

Quand le travail sera devenu une forme de libération et de réalisation de soi,on pourra parler de civilisation,mais pas avant.

Il y a toujours eu sur la terre suffisamment de richesses pour que chaque être humain satisfasse à tous ses besoins et,peut-être même , réalise tous ses désirs, mais la plupart des êtres humains se morfondent dans la misère,et qu'on en soit venu à accepter ce scandale contre lequel on fait seulement semblant de s'insurger indique suffisamment qu'on est loin d'être sorti de la barbarie.
Le législateur sait que la loi n'est pas la justice, mais son rêve à lui, c'est que tout le monde les croie identiques; le philosophe aussi sait que la loi n'est pas la justice,mais lui oeuvre pour que la justice soit la loi.

Pour motiver son indifférence quant à la justice, le législateur invoque l'impossibilité de dire la justice ;c'est la même impossibilité que souligne le philosophe pour exhorter que l'on fasse de la quête de la justice le seul motif honorable d'une existence humaine.

Sunday, December 11, 2011

De croire qu'on a raison pousse à débiter des évidences sur le mode de la révélation,en adoptant un ton solennel,comme si l'on avait effectué une découverte capitale , et bien souvent,on ne se rend même pas compte ,fût-ce après coup, à quel point on s'est montré ridicule,ou plutôt on n'a pas envie de le savoir ,on se refuse à en accepter la réalité , alors qu'il eût mieux valu, au lieu de persister dans la voie de l'obtusion, de reconnaître qu'on a été puéril et de s'efforcer de faire preuve de circonspection,mais de cela ne sont capables que ceux qui sont vraiment intelligents qui, d'ailleurs, n'ont pas vraiment à rougir de quelque ridicule dont ils se seraient couverts ,sauf à se remémorer quelques rares épisodes d'une adolescence par moments trop enthousiaste, tandis que les autres , ceux qui n'ont pas envie d'en savoir quoi que ce soit,ne peuvent que continuer comme par devant , surtout qu'il y a toujours au moins un imbécile qui sera disposé à le vénérer pour avoir proféré une tautologie.

Quand un jeune commet une naïveté,on en sourit,quand on ne l'en raille et condamne,mais quand un adulte , surtout s'il s'agit d'un adulte fort et puissant, entreprend une action qui diffère à peine de la maladresse dont s'est rendu coupable , dans un accès d'ardeur,un jeune homme pourtant motivé par des sentiments que personne ne songera à juger indignes,on applaudit et se prosterne, mais c'est que ,ici et là, ce n'est pas la naïveté elle-méme que l'on réprouve ou célèbre, c'est ,par lâcheté , la faiblesse que l'on écrase et la force que l'on admire, car ,pour peu que le jeune homme eût été fort et puissant, on ne se fût pas moins empressé de l'idolâtrer.

Pour avoir réduit les autres au silence, il croit avoir raison; c'est ce qu'on appelle un con : il ne soupçonnera jamais à quel point le silence peut être synonyme de mépris.

Saturday, December 10, 2011

Les gens malhonnêtes ont aisément la conscience tranquille,soit parce qu'ils n'ont pas conscience de leur malhonnêteté ,étant par trop obtus pour arriver à comprendre à quel point ils sont veules,soit parce qu'ils nient ou/et subliment leur ignominie,allant même jusqu'à en accuser les autres ,cependant qu'ils s'en vantent.

Pour les gens malhonnêtes, la malhonnêteté, c'est surtout ce dont les autres seuls peuvent être coupables.

L'envie et la jalousie ,qui sont, chez les enfants , encore que tous n'en souffrent pas, parfaitement compréhensibles,chez les adultes deviennent sales et repoussantes.

On ne peut jamais surestimer la noirceur de certaines personnes,la scélératesse,chez elles, en elles, ne connaissant pas de limite.
Ceux qui jugent déraisonnable d'entreprendre ce dont on n'est pas capable oublient qu'on ne saurait se vraiment passionner que pour cela seul dont on n'est point capable.Le vrai problème, c'est qu'on est la plupart du temps trop paresseux pour songer à se préparer afin d'être capable de ce dont,pour l'heure, on n'est point capable.Mais aussitôt surgit un autre problème , du moins pour ceux qui s'obligent à se préparer, à travailler : dès qu'ils se sentent capables de ce dont ils n'étaient point capables, ils ne s'y intéressent plus,préférant,pour satisfaire leur volonté d'action ou pour tromper leur ennui,ou encore pour se convaincre de vivre pleinement, chercher autre chose dont ils ne sont pas capables.
Avoir une réaction honteuse, c'est ,on ne s'en rend pas assez compte,bien pire que d'entretenir en toute lucidité une mauvaise intention, vu que s'il est vrai dans un cas on agit de manière froide et délibérée, dans l'autre ,c'est comme si tout son être à soi réagissait tout naturellement.

Sunday, November 27, 2011

La naissance et la mort d'un être humain, quoique toujours uniques,sont en même temps des occurences si courantes, si régulières, si banales même,qu'on ne sait trop si c'est un trait de grandeur ou une marque de dégénérescence d'y accorder de l'importance.

Bien plus importante que la naissance et la mort , toujours dramatiques et spectaculaires pourtant, il y a l'existence même ,mais nous n'avons guère de temps pour l'existence, car seuls nous intéressent ce qui la rend possible, ce qui la menace et ce qui l'interrompt,et cela suffirait amplement à démontrer que nous ne sommes que de pâles dégénérés.

On est toujours,à tout âge, plus jeune,au sens d'immature, et plus vieux,au sens de gâteux,qu'on ne le pourrait penser,mais de le savoir et de le concrètement à chaque instant comprendre peut s'avérer précieux.

Il y en a abusent de leur âge comme d'autres de leur force et, on a beau y être peu attentif, les premiers mentionnés sont peut-être encore plus méprisables.

Friday, November 25, 2011

Il y a sans doute quelque sagesse ( au sens courant de ce terme ) à modérer ses désirs ,ses ambitions,ce n'est point pourtant là vertu.

On tempère et limite ses ambitions bien plus par paresse ,ou encore par peur de l'insuccès , que par modestie.

Beaucoup feignent d'avoir compris que tout désir est vain, toute ambition stérile,mais seule une infime minorité le comprend réellement ,cela.

Thursday, November 24, 2011

Bien des gens croient pouvoir nier la médiocrité de leur condition en la sublimant ,en s'inventant une existence dorée qui n'a de réalité que dans leurs fantasmes,mais tôt ou tard il leur faut bien,à moins qu'ils n'aient la chance---------ou la malchance------de mourir avant, reconnaître qu'ils se trompaient et qu'ils n'ont fait que passer à côté de la vie.

Il est fort possible que nous ne fassions tous que passer à côté de la vie;toute la question est de savoir comment nous passons à côté de la vie.
Qu'est-ce que le monde ? Qu'est-ce que la vie ? Qu'est-ce qu'on fout là ?Ces questions n'en sont peut-être pas ,mais il ne faut pas moins essayer de les poser.
Faire de chaque seconde de sa vie un moment profondément intense tout en respectant,en se faisant un devoir de respecter ,mais sans accommodement aucun de sa part, l'altérité du non-soi,c'est peut-être la forme ultime de la philosophie.

La philosophie en tant que savoir, en tant que science même,quelque rigoureuse qu'elle parvienne à être,ne saurait constituer une fin en soi ,mais le savoir et la science ne peuvent pas ne pas être des moments absolument indispensables de l'aventure philosophique,et cela qui est d'une évidence indéniable a l'air de trop souvent échapper même à ceux qui se piquent de philosopher, certains n'hésitant à déclarer que la philosophie peut très bien se passer du savoir, tandis que d'autres sont d'avis que le savoir et la science constituent bel et bien la philosophie dans son expression la mieux réussie.

Wednesday, November 23, 2011

Faire de chaque seconde de sa vie un moment profondément intense tout en respectant,en se faisant un devoir de respecter ,mais sans accommodement aucun de sa part, l'altérité du non-soi,c'est peut-être la forme ultime de la philosophie.

La philosophie en tant que savoir, en tant que science même,quelque rigoureuse qu'elle parvienne à être,ne saurait constituer une fin en soi ,mais le savoir et la science ne peuvent pas ne pas être des moments absolument indispensables de l'aventure philosophique,et cela qui est d'une évidence indéniable a l'air de trop souvent échapper même à ceux qui se piquent de philosopher, certains n'hésitant à déclarer que la
Vouloir partager ,comme on dit, les soucis,les malheurs d'autrui part peut-être,rien n'étant moins sûr, d'un bon naturel , mais témoigne d'une indiscrétion telle, d'une intrusion qui véritablement relève de l'agression,que c'en est obscène.

On blâme avec, semble-t-il, raison l'indifférence quant à autrui, c'est ne pas voir qu'une sympathie immodérée est peut-être bien plus intolérable encore qu'une indifférence que rien ne semble pourtant pouvoir excuser.

Le souci exprimé pour les maux et les malheurs d'autrui n'est , trop souvent ,qu'une tentative dérisoire et inconsciente d'oublier ses malheurs à soi, comme si de se passionner pour ceux des autres entraînait la disparition des siens.

Tuesday, November 22, 2011

L'innocent croit que le droit et la justice ne peuvent que triompher, ce dont se réjouit le salaud qui n'ignore quel profit il en peut tirer,tandis que le vertueux espère ,y travaillant, que la justice finira un jour par prévaloir.

Qu'est-ce que la justice sinon l'état de déséquilibre le moins imparfait possible entre les humains eux-mêmes, et entre les humains et le reste du champ de l'existence ,dans l'acceptation entièrement libre de toute différence ?

Il est fort louable de désirer la justice pour les siens avant tout , mais à privilégier les siens, si tant est sache ce qu'il faut entendre par là, on risque de prôner l'injustice pour les autres.
La façon la plus agréable de vaincre une tentation, c'est,comme tout le monde le sait, d'y succomber,mais est-ce pour autant la meilleure ?

Sied-il de résister à toute tentation ? Même à la tentation du bien ? A celle du martyre ?

Il se faut de toute tentation avec la plus sévère lucidité méfier, mais seulement ,ou du moins surtout là où, détournant de soi, elle équivaut à un avilissement.

Il est curieux que l'on tienne à condamner toute forme de tentation comme s'il n'en pouvait exister qui ne fût recevable et souhaitable;ferait-on quoi que ce soit sans l'aiguillon de la tentation ?

Au fond,on peut douter que la tentation existe vraiment;c'est parce je suis tenté ou que je me laisse tenter que l'autre,quel qu'il soit, devient tentant et exerce sur moi une fascination dont il est en réalité innocent.
A la limite, je veux bien que personne n'ait pour obligation d'agir par pure générosité,mais toujours je me refuserai à accepter que quiconque ait pour obligation de ne point ainsi agir.

Une action ,une pensée de pure générosité, c'est à la fois ce qu'il y a de plus simple et de plus rare au monde.

L'égoïsme revêt bien souvent le masque de la générosité;il est alors vil au-delà de toute mesure.

On le croyait généreux,mais il ne cherchait qu'à obliger les autres.

La générosité,mue par la pitié,ou même par la sympathie,est, on peut le craindre et le regretter,insuffisante;et pourtant, ce n'est déjà pas mal.

La générosité est avant tout attention à l'être de l'autre,effort et souci d'attention : pas de générosité sans lecture.

La lecture ,pour autant qu'elle s'évertue à respecter l'être de l'autre, mais sans se soumettre à l'autre, est peut-être l'acte généreux par excellence.

Monday, November 21, 2011

On se contente d'être spectateur faute , croit-on , de pouvoir être acteur,et l'on va même jusqu'à inventer une nouvelle catégorie de spectateurs dont on pourrait penser qu'ils sont plus actifs que les acteurs eux-mêmes, sans doute parce qu'au fond on reconnaît fort bien ce que la condition de spectateur peut avoir d'avilissant et d'humiliant,mais on ne ,hélas! semble guère soupçonner que ,si l'on n'est pas l'acteur et le réalisateur de son existence,si on ne parvient à être l'architecte de sa vie , c'est justement pour s'être trop longtemps cantonné dans le rôle de spectateur,croyant naïvement qu'à force d'être spectateur ,on finira par être acteur.

Un certain mimétisme est en toute chose certainement indispensable,mais même les enfants savent qu'on ne saurait s'en tenir au seul mimétisme, ce que bon nombre de ceux qu'on nomme adultes manifestement ignorent.
Celui qui ne sait pas choisir ceux qu'il peut ou doit fréquenter ne sait probablement pas qui il doit éviter non plus .

Il est plus facile aux imbéciles d'accumuler des succès,car ils ne sont pas travaillés par le doute,et de plus croient que le succès et la réussite sont des synonymes .





Sunday, November 20, 2011

On morigène et punit les enfants pour tel ou tel comportement, telle ou telle action,lesquels sont , il le faut reconnaître,bien peu excusables, mais s'avise-t-on seulement que c'est pour avoir ,par la faute des parents ,été insuffisamment encadrés et exposés à toutes sortes d'influences délétères, que les enfants,en viennent, encore que ce ne soit guère une excuse,étant donné que les enfants ne sont pas tous ,quand bien même, mal encadrés, ils eussent été soumis à des conditionnements absolument maléfiques,coupables de comportements indignes et d'actions répréhensibles,à être et à commettre ce qu'on leur reproche ,et que , par conséquent,il eût été plus rationnel de condamner les parents ? Mais là encore, c'est loin d'être simple, car on ne cesse peut-être jamais de demeurer enfant .

C'est quand on est persuadé d'être dans le vrai,dans le droit, de savoir ce qui est juste et ce qui ne l'est pas,que l'on commet les pires cruautés.
La santé , on le peut craindre, est loin d'être un souci pour les êtres humains en général, et peut-être même pour tous les êtres humains,même quand ils n'en jouissent,et il ne s'agit pas que de la santé physique ou physiologique : on est ,comme naturellement, plus attentif au confort , au plaisir ,à la sensation de bien-être, et on n'a pas l'air de comprendre que , si on n'a pas la santé, on ne connaît qu'un plaisir médiocre, goûte à un confort fade et fait l'expérience d'un bien-être insignifiant,mais c'est curieusement ce que l'on préfère ,tel celui qui, comme le disait Donne, préfère la masturbation à l'acte sexuel , et cela est franchement lamentable.

C'est Malraux,le grand Malraux qui disait qu'il ne faut pas , chez l'être humain,encourager ce qu'il y a de pire , mais n'est-ce pas ce que ,malgré lui, il aura fait en soutenant De Gaulle ? Malraux n'a,Dieu merci ! pas fait que cela.

Qui pourrait, ayant lu L'espoir et Les chênes qu'on abat, ne pas , bien que Malraux demeure un écrivain très classique, l'admirer ? C'est une question à laquelle on préfère ne pas répondre .

Malraux rêvait d'être le plus grand écrivain de son siècle, était même convaincu de pouvoir démontrer qu'il l'était en effet,mais pourquoi n'a-t-il, lui qui était indéniablement lucide, au moins essayé de montrer qu'il était le grand écrivain qu'il pouvait être ,au lieu de se contenter d'être le vassal d'un homme politique qui, de toute évidence, le tenait,malgré tout, pour quelqu'un de plutôt inférieur, d'inférieur à lui en tout cas?

Saturday, November 19, 2011

Il est heureux ,celui qui n'a point besoin de spectacle,ignorât-il qu'il l'est.
Ce qu'on en vient à dire et à faire par simple désoeuvrement,et sans le réellement vouloir au fond, est absolument stupéfiant.Il faut pouvoir apprendre à éviter des situations où l'on risque de se sentir désoeuvré ou même, tout simplement, débordé.

Nuire à la liberté de l'autre,y porter atteinte, c'est , s'il faut parler de péché,le péché absolu .C'est une salissure non seulement pour l'autre,mais même pour soi.

Tout ce qui détourne de soi empêche de vivre pleinement ,mais peut-être pas autant que ce qui détourne du non-soi.

Il y a , à vouloir le bien d'autrui, beaucoup de prétention,sinon de la naïveté, voire de la sottise pure et simple ;si l'on s'efforçait de s'abstenir de tout ce qui risque d'être attentatoire à l'être de l'autre,quel qu'il soit: être humain, animal, plante ,ou chose en général, ce ne serait déjà pas si mal.

Il n'est point si difficile, encore que ce ne soit pas facile, de faire plaisir à autrui, mais on trouve le moyen de , même en cherchant à lui apporter quelque agrément, lui causer de la peine.Cela devrait inciter à réfléchir, mais la réflexion est chose si rare.

On croit devoir objecter à certains plaisirs et même les condamner,les interdire, pour ceci qu'ils seraient médiocres ou encore malsains ,mais qu'est-ce qui peut justifier qu'on les désapprouve quand ils ne portent préjudice à personne ? Ou faut-il penser qu'ils ne peuvent que contrarier les autres ?Mais ne sont-ce pas plutôt les autres qui , dans leur délire, se sentent froissés ou blessés,alors que rien ni personne ne les véritablement blessent, et qui ,pour ce qu'ils osent appeler leur bien, refusent aux autres certains plaisirs ?Il est bien vrai qu'il est des plaisirs dont on ne peut que regretter qu'ils soient insignifiants ,sinon inférieurs, et qu'il vaut mieux que l'on opte pour des jouissances élevées,mais pourquoi frapper de réprobation tel plaisir, fût-il simple ,ou même risible,si rien n'autorise vraiment de le juger pernicieux ?

Sunday, November 13, 2011

Les imbéciles ont toujours des idées à émettre, des propositions à formuler,il n'y a qu'aux gens intelligents à qui il en manque.

On peut réussir aux examens les plus difficiles et remporter les concours les plus redoutables, cela ne signifie ni qu'on soit intelligent,ni qu'on ne le soit pas : cela signifie tout simplement qu'on est capable de réussir à des examens et de triompher dans des concours, mais pour peu qu'on en tire conclusion que l'on est intelligent,on ne peut être qu'un sacré imbécile.

Le grand écrivain, le grand artiste peut difficilement se réjouir du succès, de la popularité de son travail , vu que cela ne peut que signifier que son oeuvre est médiocre, banale, accessible au plus grand nombre, à moins , bien sûr, qu'il ne s'agisse d'un malentendu , mais même ce malentendu ne saurait être une consolation.

Saturday, November 12, 2011

Il croit que ce qui l'intéresse ne peut qu'intéresser tout le monde et que ce qui ne l'intéresse point ne saurait intéresser personne; c'est ce qu'on appelle un con .

L'éclat sans la profondeur , c'est un peu comme un mets dont seuls le fumet et l'aspect sont un enchantement, mais ce n'est pas une raison pour croire que l'éclat exclut nécessairement et toujours la profondeur.
Il arrive même à des gens extrêmement intelligents de ne point comprendre ce qui pourtant est fort simple , et l'on voudrait que les enfants comprissent ce qui est difficile et que bien souvent ils ne comprennent uniquement parce qu'on le leur expose et explique si mal.

L'égoïsme est certainement responsable de bien des malheurs,peut-être pas autant cependant qu'un altruisme qui s'ingénie à imposer sa conception du bien,laquelle se révèle n'être bien souvent que pure sottise.

Il faut ,pour vouloir assurer le bien d'autrui , n'entretînt-on aucun espoir de récompense ou même de gratitude,beaucoup de naïveté ,mais pour oser croire que l'on en est capable, il faut bien plus,il faut de la prétention et de la bêtise.

On peut douter que la plupart des hommes chérissent la liberté ; si tel était le cas, ils ne la refuseraient pas aux autres.Et si l'on s'amusait à penser que la liberté, ils ne la souhaitent pour eux seuls,il faudrait alors s'en inquiéter bien plus, vu qu'il ne saurait y avoir de véritable liberté ne fût-ce que pour un seul ,quand il n'y en a pas pour tous.

L'argument du plaisir est absolument inattaquable aussi longtemps que le plaisir , son plaisir à soi ne nuit à rien ni à personne, faute de quoi il est sale,ce plaisir-là .

Thomas Mann a ,peut-être comme personne,compris ,même s'il n'est certainement pas le seul à l'avoir compris, qu'il ne suffit pas à l'écrivain de produire une oeuvre d'une certaine qualité, mais qu'il lui faut encore donner une oeuvre d'un certain volume . A cela seul se reconnaît, se reconnaîtrait le vraiment grand écrivain.Thomas Mann était-il convaincu d'être grand écrivain ?Probablement pas; ce qui est sûr, c'est qu'il s'efforçait d'en être un.Cependant, Thomas Mann ne pouvait ignorer qu'une oeuvre peut être sublime sans être océanique.Sans doute est-il préférable qu'elle le soit ,mais en mettant l'accent sur le volume,la quantité,l'auteur de La Montagne magique n'a aucunement suggéré que l'abondance seule pût être synonyme d'excellence.Peut-être exprimait-il simplement le soupçon qu'il n'est,au fond, point si difficile, de produire un grand livre,un seul , même si c'est assurément déjà très bien; cependant ,le grand écrivain ne saurait être l'auteur d'un seul livre,si génial soit-il,encore qu'il soit probablement vrai que l'écrivain ne cesse jamais de toujours écrire et réécrire le même livre .En fait,on se peut demander si Thomas Mann ne voulait pas tout simplement dire que le véritable écrivain est celui qui ne cesse jamais d'écrire.Et écrire, ce n’est pas n’importe quoi; la plupart des gens , et même la plupart de ceux qui passent pour ou se croient écrivains croient seulement écrire .Mann lui-même n’était peut-être pas tant écrivain qu’amateur des belles lettres,mais son souci du langage ,tel qu’il nous est révélé par le texte au Quichotte consacré,ne saurait tromper : il est bel et bien écrivain.

Wednesday, November 9, 2011

Vu leurs comportements, il est clair que bien des personnes ne peuvent avoir beaucoup de respect pour elles-mêmes;elles s'indigneront pourtant du manque de respect d'autrui .

Il était humble,modeste, soumis, mais seulement face à ceux dont il craignait l'autorité, le pouvoir, la force
La misère enlaidit,mais pas autant que la richesse mal acquise, même si cela ne se voit guère.

Il n'est jamais facile de savoir ce que l'on veut; des fois, bien souvent même, on découvre, dans la stupeur et l'effondrement, que ce que l'on voulait ne vaut pas grand-chose, n'était même pas , tout compte fait, ce que l'on voulait vraiment, ne correspond absolument pas à l'idée qu'on se faisait de ce que l'on voulait ou croyait vouloir, et cela, on le découvre toujours très tard, toujours trop tard, fût-on encore,comme on dit, jeune, et si bouleversant le sentiment de honte qui de soi s'empare alors qu'on préfère encore n'en rien savoir , mais si, faute de savoir, voire de pouvoir vraiment savoir ce qu'on veut, on tâchait au moins d'éloigner , de s'éloigner de ce qu'on ne veut pas, ce ne serait déjà pas mal.

Ils salissent tout, non seulement ce qui est propre,mais même ce qui est déjà sale,et le pire, c'est qu'il agissent, ou prétendent agir au nom de la morale : ce sont les dégégénérés, mais bien plus dégénérés qu'eux encore et, probablement, plus dangereux aussi ,sont ceux qui les approuvent ou simplement les laissent faire.

Monday, November 7, 2011

Une vie ne vaut pas grand-chose,il est vrai;on n'aurait même pas tort de penser qu'elle ne vaut rien, mais c'est peut-être pour cela qu'il faudrait qu'on s'efforcât d'en faire quelque chose de pas tout à fait indigne.

A quoi as-tu passé ton temps ? Se poser cette question tous les jours, à chaque instant même, et n'y apporter que les réponses les plus sévères, fussent-elles peu délectables, cela n'est pas grand-chose,cela n'est guère suffisant,et pourtant point si facile.Il est heureux qu'il y ait un grand nombre de personnes,lesquelles sont généralement modestes et même obscures,qui répondent à cette question régulièrement, sans même se l'être posée .

Il est des gens qui croient pouvoir privilégier le seul instant présent;ils ne savent pas que cela n'existe pas.

Le plus grave,ce n'est pas le tort que l'on sait avoir fait aux autres ,c'est le tort que l'on ignore avoir commis et que l'on n'a pas moins commis.

Il ne faut jamais sortir de chez soi sans être armé, et même chez soi,il convient d'avoir quelque arme toujours à portée de l'esprit.

On confond souvent la sagesse et le sens pratique, surtout là où il faudrait plus de sagesse que de sens pratique et,pire encore,là où le sens pratique est véritablement indifférence à la sagesse, mais si la sagesse commande effectivement de songer à rester en vie d'abord, il faut bien reconnaître que le sens pratique constitue la forme ultime de la sagesse.Seulement à cette condition-là.Peut-être

Tuesday, November 1, 2011

Une vie ne vaut pas grand-chose,il est vrai;on n'aurait même pas tort de penser qu'elle ne vaut rien, mais c'est peut-être pour cela qu'il faudrait qu'on s'efforcât d'en faire quelque chose de pas tout à fait indigne.





On se trompe sévèrement si l'on croit pouvoir compter sur le sens de l'honneur que peuvent avoir les autres et que l'on essaie d'y faire appel, car la plupart des êtres humains n'ont manifestement aucun sens de l'honneur,ou alors se font de l'honneur une conception telle que cela n'a plus rien à voir avec l'honneur , les acrobaties les plus époustouflantes nonobstant.

Là où le travail est un avilissement et une humiliation,le respect de soi et des autres exige que l'on se révolte.

Les adeptes du capitalisme y voient une nécessité dont la disparition signifierait l'avènement du totalitarisme;ils ne voient ou feignent de ne voir que c'est le totalitarisme lui-même qui est totalitaire ,lui qui, par vocation ,cherche toujours à tout contrôler,à tout posséder.

Il n'y a probablement de pire injustice que la misère, celle infligée aux autres ,aux masses travailleuses et exploitées pour le confort et le plaisir d'une minorité de salopards.

Rien ni personne n'a pu, jusqu'ici , ni justifier,ni empêcher, ni même réellement expliquer le phénomène de la souffrance ,peut-être parce que la souffrance n'est ni justifiable ,ni suppressible,ni explicable,ou encore parce que ,jusqu'ici du moins, l'être humain n'a pas encore su se montrer suffisamment intelligent pour aborder ce problème.

Monday, October 31, 2011


On se trompe sévèrement si l'on croit pouvoir compter sur le sens de l'honneur que peuvent avoir les autres et que l'on essaie d'y faire appel, car la plupart des êtres humains n'ont manifestement aucun sens de l'honneur,ou alors se font de l'honneur une conception telle que cela n'a plus rien à voir avec l'honneur , ls acrobaties les plus époustouflantes nonobstant.

X , qui aimait la peinture,en pratiquait lui-même et y consacrait presque sa vie entière , doutait toujours , jamais assuré de la qualité de ses productions , que d'ailleurs il ne se hasardait à montrer qu'à quelques rares amis et non sans de longues hésitations,non sans de mortelles appréhensions même , d'être vraiment peintre et si rien ne le ravissait tant, le plongeant dans l'émerveillement le plus complet,que la vue,ou le simple souvenir,de certains tableaux de Velasquez, du Titien, ou encore de Delacroix, rien ,non,plus, ne le jetait dans le plus inquiétant désarroi, au point qu'il lui arrivait de se demander s'il ne ferait pas mieux de se contenter d'être fonctionnaire ou homme d'affaires,ou encore politicien,sinon voleur,mais toujours il se ressaisissait, soit que le souvenir de Velasquez l'incitât à s'améliorer,soit qu'il fût pris d'un sentiment de révolte à la pensée de ces médiocrités qui croyaient faire de la peinture et en lesquelles d'aucuns voyaient d'authentiques génies, et si de penser à Velasquez lui rappelait la nécessité de la discipline et du travail, de songer au sacre obscène ,qu'absolument rien ne saurait justifier, de peintres franchement nuls qu'il considérait ,dans l'effroi et l'indignation, comme de véritables dangers,lui remettait en mémoire la promesse qu'il s'était faite en prenant,adolescent commençant tout juste à s'enthousiasmer pour la peinture et à se passionner pour la vie des peintres ,connaissance de certains éléments de la vie de Van Gogh et de Modigliani,de ne rien épargner qui fût en mesure d'empêcher que des déchets fussent glorifiés, cependant que des oeuvres de génie,se heurtant à la sottise et à l'inculture, souffrent d'un manque de considération dont tout artiste débutant se fût lui-même probablement scandalisé ,promesse dont il s'était très vite rendu compte, dans une espèce de terreur qui semblait devoir le conduire à la folie pure et simple,qu'il ne la pourrait jamais, quoi qu'il fît, honorer,mais dont il se laissait également ,par moments, aller à penser qu'il en était ,en un sens,libéré, ne fût-ce que parce qu'il s'y était engagé dans un moment où , emporté par un élan tout juvénile ,il ne savait pas très bien ce qu 'il faisait vraiment , non qu'il ne continuât d'y acccorder une extrême importance, mais parce que ce qui mobilisait avant tout son attention et son énergie, c'était ce désir qui embrasait tout son être de porter à la lumière du jour des créations qui fussent presque comparables aux plus grands chefs-d'oeuvre connus,et ce désir ne cessait de le hanter,bien qu'il demeurât peu convaincu de sa capacité à donner une oeuvre qui fût véritablement digne d'intérêt.

Y ne s'enflammait peut-être pas moins que X pour la peinture ,mais,à la différence de ce dernier qui était d'une discrétion à peu près totale, il ne ratait jamais une occasion d'afficher sa passion débordante pour la peinture.De plus, il était persuadé au point que cela en devenait obscène de son immense talent qu'il tenait pour égal à celui des plus grands peintres.Il était certainement fort doué et maîtrisait comme personne les règles de la perspective et l'art du dessin . Etait-il pour autant peintre ? X en doutait qui trouvait que , malgré les dons évidents de Y,il n'avait su créer un tyle à lui, encore moins des couleurs dont on eût pu dire,à l'instar des jaunes de Van Gogh ou des verts de Baldung,pour ne mentionner qu'eux, qu'ils n'existaient pas jusque-là.


Sunday, October 30, 2011

On se trompe sévèrement si l'on croit pouvoir compter sur le sens de l'honneur que peuvent avoir les autres et que l'on essaie d'y faire appel, car la plupart des êtres humains n'ont manifestement aucun sens de l'honneur,ou alors se font de l'honneur une conception telle que cela n'a plus rien à voir avec l'honneur , ls acrobaties les plus époustouflantes nonobstant.

X , qui aimait la peinture,en pratiquait lui-même et y consacrait presque sa vie entière , doutait toujours , jamais assuré de la qualité de ses productions , que d'ailleurs il ne se hasardait à montrer qu'à quelques rares amis et non sans de longues hésitations,non sans de mortelles appréhensions même , d'être vraiment peintre et si rien ne le ravissait tant, le plongeant dans l'émerveillement le plus complet,que la vue,ou le simple souvenir,de certains tableaux de Velasquez, du Titien, ou encore de Delacroix, rien ,non,plus, ne le jetait dans le plus inquiétant désarroi, au point qu'il lui arrivait de se demander s'il ne ferait pas mieux de se contenter d'être fonctionnaire ou homme d'affaires,ou encore politicien,sinon voleur,mais toujours il se ressaisissait, soit que le souvenir de Velasquez l'incitât à s'améliorer,soit qu'il fût pris d'un sentiment de révolte à la pensée de ces médiocrités qui croyaient faire de la peinture et en lesquelles d'aucuns voyaient d'authentiques génies, et si de penser à Velasquez lui rappelait la nécessité de la discipline et du travail, de songer au sacre obscène ,qu'absolument rien ne saurait justifier, de peintres franchement nuls qu'il considérait ,dans l'effroi et l'indignation, comme de véritables dangers,lui remettait en mémoire la promesse qu'il s'était faite en prenant,adolescent commençant tout juste à s'enthousiasmer pour la peinture et à se passionner pour la vie des peintres ,connaissance de certains éléments de la vie de Van Gogh et de Modigliani,de ne rien épargner qui fût en mesure d'empêcher que des déchets fussent glorifiés, cependant que des oeuvres de génie,se heurtant à la sottise et à l'inculture, souffraient d'un manque de considération dont tout artiste débutant se fût lui-même probablement scandalisé

Friday, October 28, 2011

C'est quand aucun espoir n'est plus permis qu'il faut savoir faire preuve d'optimisme.

On nous dit rituellement qu'il faut respecter la loi, se plier aux conventions, honorer la tradition; pourquoi pas ? Il n'y aucun mal à vouloir respecter la loi, etc. aussi longtemps que la loi, les conventions, la tradition ne se réduisent pas à des sottises.

Vienne le jour où le droit ,loin d'être déterminée par la force, sera l'origine de la force.

Là où le droit n'est qu'expression de la force règne la barbarie.

Il faut au droit la force,mais à condition que la force ne découle que de la vertu du droit.

Valéry mourant disait à Paulhan :'Quelle connerie,la vie ! ', mais Valéry le disait sans doute parce qu'il avait eu une vie merveilleuse;seuls ceux qui n'ont pas eu une vie merveilleuse trouvent que la vie n'est pas une connerie.

De très grands écrivains comme Valéry, Borges et Nabokov, pour ne mentionner qu'eux, ont pu se désoler de n'avoir pas le Nobel;cela est inquiétant et ferait presque douter qu'ils fussent vraiment de grands écrivains, inciterait en tout cas à trouver que, pour être grand écrivain, on n'en est pas moins , horribile dictu, con.

Le grand écrivain n'est pas tant celui qui passe sa vie à faire des livres que celui qui s'efforce à faire de sa vie un livre.

Découvrir ,apprendre que l'écrivain,le peintre,le musicien que l'on admire fut ,est, dans la vie , un être pitoyable ne devrait, à moins que l'on ne soit soi-même infiniment plus pitoyable encore, empêcher que demeure intacte l'admiration que l'on pouvait avoir pour l'oeuvre.

Ne point refuser de reconnaître les faiblesses du grand homme et continuer à l'admirer tout en reconnaissant ses faiblesses que l'on pourtant condamne,cela est presque noble.

Ce qui plaît n'est pas toujours noble et ce qui est noble ne plaît pas toujours.

Le confort et le plaisir sont certainement souhaitables , mais pour peu qu'ils détournent de la voie de la noblesse,on s'interdira d'en tenir aucun compte.

Sans le courage,le travail, la franchise et le devoir que l'on s'impose de ne rien ni personne traiter comme un instrument, il n'y a point de noblesse possible.

Il ne suffit pas de ne pas vouloir traiter, ni même de ne pas traiter l'autre , quel qu'il soit, comme un instrument,il faut encore que l'autre n'ait pas, fût-ce à tort,le sentiment d'être traité comme un instrument.

Alors qu'il peut arriver à des animaux d'avoir des réactions et des comportements que l'on se sent obligé de trouver nobles,il faut bien ,hélas! reconnaître que la noblesse semble à bien des êtres humains absolument impossible.

Tout ce qui est facile déshonore l'être humain ;il lui faut apprendre à refuser ce qui est facile surtout quand cela lui semble prometteur de plaisirs irrésistibles.

Des pensées nobles, si elles ne sont pas accompagnées par des comportements et des actions nobles ,demeurent, malgré tout, insuffisantes.

On condamne et méprise plus volontiers la prostituée que celui qui fréquente les prostituées;cela n'est pas très raisonnable.

Le proxénète est un personnage généralement craint et méprisé, et il ressemble en cela tellement au flic ,à l'homme de pouvoir en général,qu'apercevant un flic ,un magistrat ou un ministre, on croirait être tombé sur un dangereux proxénète .

Le devoir suprême d'un parent consiste à tenir ses enfants le plus éloignés possible de toute influence pernicieuse , tâche redoutable qui suppose que tout parent futur établisse le relevé le plus exhaustif imaginable de toutes les perniciosités passées, présentes et même futures,mais sans l'accomplissement de laquelle personne ne devrait avoir le droit de songer même à devenir parent.

S'il est difficile de parler de ceux que l'on ne connaît pas, les connaissant à peine et rien qu'indirectement, de seconde main,il est encore plus difficile,sinon impossible de parler de ceux que l'on connaît , que l'on connaît vraiment, dans l'intimité des quels on a séjourné,sur le mode d'une réciprocité indubitable de surcroît,et dont on finit par comprendre des années plus tard qu'on croyait seulement les connaître.

Il n'y a de réelle vertu que dans le silence et le recueillement : si,comme on n'hésite plus à le croire, tout est langage,il faudra tout mettre en oeuvre pour que le langage conduise au silence et au recueillement.

Nulle affirmation de soi chez les animaux sauf pour se défendre et durant la période des amours; si les êtres humains pouvaient songer à s'affirmer que pour se défendre et pour attirer l'autre sur le plan sexuel, c'est toute la face du monde qui s'en trouverait changé.

Les êtres humains sont, dans leur majorité, si égoïstes , malhonnêtes,méchants et envieux que ,même quand on a la chance de rencontrer quelqu'un qui est bon et vertueux,on aurait tendance à réagir avec scepticisme.

La richesse matérielle est infiniment plus importante qu'on veut bien le reconnaître ,et cela le savent même ceux qui condamnent l'opulence au nom de l'honnêteté et qui semblent convaincus qu'on ne saurait devenir riche sans être malhonnête , mais que la fortune ne s'acquière la plupart du temps qu'au prix de la gredinerie ne signifie nullement qu'elle soit toujours et forcément le fruit , agréable ou amer, de l'indignité et, quel que soit le prix que ,par ailleurs, on attache ( réellement ? )à l'intelligence, au savoir, au courage, à la noblesse,à la santé, voire à la beauté physique , les opposant au confort, au bien-être, au luxe même qu'apporte l'argent ,il convient tout de même de reconnaître que si on n'a pu, bien qu'on soit indéniablement intelligent, suprêmement savant, redoutablement courageux ,et profondément noble , sans compter que beau,l'on jouit d'une excellente santé, devenir riche, il faut bien qu'on se soit qulque part comporté comme un véritable con .

Thursday, October 27, 2011

Il est tellement difficile d'élever des enfants que c'est vraiment de l'inconscience d'en avoir,mais nul doute qu'il s'en trouve pour juger que c'est précisément parce qu'il est difficile,sinon impossible ,d'élever des enfants qu'il faut en avoir.

La suspicion est indispensable en tant qu'arme intellectuelle,mais seuls les êtres inférieurs privilégieront la seule suspicion dans leurs relations avec autrui.

Tout sacrifier au plaisir , encore que ce ne soit jamais une option sérieuse , n'est à la limite nullement condamnable,aussi longtemps que rien ni personne n'en pâtissent.

Faut-il gâcher le plaisir de qui que ce soit sous prétexte que ce serait un plaisir médiocre ? Mais qu'importe qu'il soit, ce plaisir, médiocre ,s'il ne nuit à personne ?Bien entendu, toute la question est là et cela donne bien souvent lieu à des exagérations.





Désirer, convoiter ce qui n'est point à soi,c'est très certainement une bien dangereuse pathologie,et il n'y a que ces drôles d'êtres dits humains qui en souffrent ;pas tous sans doute, mais ils sont si peu et si rares ceux qui n'en souffrent que l'on est comme contraint de penser que personne n'en est innocent.Il se faudrait ici demander si, en prônant l'abolition de la propriété privée,le marxisme n'anticipe ,à sa manière, Freud.
Seuls comptent les devoirs que l'on s'impose soi-même à soi , même s'il est indéniable que l'on ne se les est pas toujours soi-même inventés,mais , pourvu que l'on se les soit appropriés ,librement et non dans un seul but de confort ou de plaisir,selon une exigence essentiellement interne,encore qu'elle ne soit jamais qu'interne,qui incline au respect de tout et de tous ,on les pourra dire siens et l'on aura alors le droit de se dire libre.

Les devoirs que nous transmettent ou imposent la tradition, la culture, la Société ne sont très souvent des préjugés et des sottises, quand il ne s'agirait de moyens de domination et d'asservissement , et il faut plus d'intelligence et de courage qu'on ne le croit pour s'en libérer.

Etre libre, ce n'est pas vraiment rejeter ce que la tradition, la culture,la Société , les autres ressassent , c'est rejeter cela seul qui n'en saurait être absolument justifé.

Un être qui n'est pas libre, c'est sale et laid,pas tant cependant qu'un être qui se complaît de n'être point libre tout en niant être une espèce d'instrument,mais il y a pire :bien plus sale et laid est celui qui empêche les autres d'être libres.

Etre libre, c'est se comporter comme on entend se comporter et faire ce qu'on a envie de faire , mais à la condition de ne porter atteinte à autre que soi.

La volonté de ne porter atteinte à autre que soi, qui peut très bien , dans bien des cas, ne renvoyer qu'à des considérations d'ordre pratique et qui seraient ,en définitive , égoïstes, est avant tout désir de ne se point salir.

Wednesday, October 26, 2011

Il écrivait pour s'exprimer et se croyait écrivain.Si seulement il pouvait savoir à quel point il se montrait vulgaire !

Monday, October 24, 2011

L'homme désire des enfants , parce qu'il a besoin d'être réconforté,la femme ,parce qu'elle a besoin d'être protégée, et les deux en veulent par égoïsme,mais cela, la plupart des gens ne le savent pas qui croient agir par amour;à moins que,pour la plupart des gens,l'amour et l'égoïsme ne soient des synonymes.

La femme qui met un enfant au monde, ayant choisi de , ayant voulu , devenir mère, devrait savoir, avant même la naissance du futur enfant,qu'elle a fait promesse d'être une sainte et d'être éternellement belle , et immortelle en même temps, et ce n'est pas parce que toute promesse est rigoureusement impossible à honorer que telle ou telle femme pourrait songer à s'en prévaloir afin de se justifier, de s'excuser------seuls ceux qui se méprisent pourraient éprouver le besoin de se justifier

Saturday, October 8, 2011

POUR UN ANNIVERSAIRE
Il n’est guère aisé de parler de l’Amérique;il n’est guère aisé de parler de n’importe quoi, n’importe comment.Mais si parler de l’Amérique, des États-Unis d’Amérique est difficile, ce n’est pas tant en raison de ce que l’on appellerait,dans la hâte et en cédant aux stéréotypes les plus variés, son immensité, c’est plutôt parce que, d’une certaine manière,une certaine Amérique,une certaine idée de l’Amérique, l’Amérique ,telle que la rêvèrent Jefferson et Franklin par exemple, et peut-être même Hamilton aussi,malgré tout ce qui peut séparer ce dernier de Jefferson et de Franklin, n’existe pas encore.Elle est encore à venir.
Si c’est là , en un sens , sa chance, sa très grande chance, c’est ,en même temps, son calvaire infini, car il semble que malgrétout ce qui peut l’en distinguer,l’Amérique demeure toujours hantée par la vieille Europe dont on ne sait pas très bien si , comme nous l’avons déclaré lors d’une communication donnée aux États-Unis même, elle en est la négation ou la perversion, quand elle n’en serait la pointe la plus avancée, la réalisation et comme l’accomplissement,voire l’achèvement,en quelque sens que l’on voudra.C’est d’autant plus inquiétant que ce fantôme de la vieille Europe qui constamment rôde et plane sur l’Amérique entière, sur le monde même,n’est surtout pas un nouvel Hamlet qui viendrait secouer de leur torpeur des dormeurs ivres que la proximité de violents et meurtriers incendies a l’air de jeter encore plus amoureusement dans les bras de Morphée. Et de la porter,la vieille Europe, collée à la peau,telle une tunique de Nessus,l’Amérique s’interdit de venir au monde .
Une certaine Amérique, disions-nous, est encore à venir, celle qui, parce qu’elle est capable du pire, sera capable dumeilleur.Mais pour qu’elle advienne ,cette Amérique-là, un travail d’anamnèse est absolument indispensable.De ne pouvoir ou/et de ne vouloir faire le deuil de son passé, d’un certain passé surtout,l’Amérique se condamne à le répéter et on ne peut que le regretter.Pour les Américains eux-mêmes ,mais non moins pour le reste du monde, si tant est qu’on puisse encore parler de reste du monde,vu que l’Amérique est littéralement omniprésente. Car , pour paradoxal que cela puisse paraître, nous dirons quel’Amérique,une certaine Amérique qui n’existe pas encore tout à fait,mais qui n’a peut-être ,elle aussi, alors que guettait le spectre européen, jamais oublié ce rêve qui fut le sien , d’être le relais de Lumières ( lesquelles se spécifient d’être , non la vieille mais , la nouvelle Europe ), qui peut, quoiqu’il n’y ait pas qu’elle, qui pourrait protéger le monde contre les divers hégémonismes et impérialismes qui le menacent.Il s’agit tout d’abord de l’hégémonisme et de l’impérialisme américains eux-mêmes,qui sont si contraires à l’esprit de la Constitution des États-Unis et que pourtant prônent certains au nom des intérêts de l’Amérique.Mais qui sont-ils, ces Américains-là ? Et de quelle Amérique parlent-ils ? On peut craindre que les nostalgiques du Manifest Destiny, du Home on the Hill ,et même de l’American dream , qui n’ont jamais lu et probablement jamais ne liront Edward Albee, ni Dreiser,ni Dos Passos, encore moins Faulkner, sinon ils ne seraient pas ce qu’ils sont,ne comprennent que ce qui est en train de se passer, avec l’éloignement de l’idéal de Franklin et avec l’incapacité réelle ou voulue où se trouve l’Amérique à entreprendre le travail du deuil de son passé , dont le corrélat est le primat de la phantasmagorie-------------il suffit de passer quelques heures aux États-Unis pour constater, même si on arrive de Séoul ou de Sao Paulo,que tout y baigne dans une atmosphère d’irréalité,que même le réel y semble irréel-------------, c’est non seulement la destruction de cette idée de l’Amérique en tant que porteuse des idéaux de démocratie , de liberté et de progrès ,en digne héritière des Lumières,mais l’effacement progressif de l’Amérique elle-même, quelle qu’elle soit,cependant que se généralise et se consacre le règne de l’uniformité et de l’anonymat afin que se manifeste la toute-puissance de l’Argent-Roi.
Contre cela ,il importe de réagir,car c’est le sort du monde qui est en jeu ,en péril ,et cette Amérique, pas n’importe laquelle, que Jacques Derrida en vint presque à identifier avec la déconstruction, avec , disons pour faire vite,ce mouvement qui interrompt toute possibilité de prolifération idéologique,est stratégiquement particulièrement bien placée , ne serait-ce que par ce qu’elle en a les moyens, pour engager la lutte contre ce qui peut faire obstacle à la naissance d’une autre Amérique, de celle dont Jefferson et Franklin eurent la vision et qui ,à l’heure qu’il est n’est même pas un phantasme.Mais pour cela, il faudra d’abord ce travail du deuil, difficile et interminable;il faudra bien que l’Amérique se réconcilie , toute dénégation et toute sublimation exclues, avec son passé, et compte tenu de ce passé qui embrasse tout l’univers, ce sont non seulement les États-Unis d’Amérique qui en seront grandis et enrichis, mais c’est tout l’univers qui s’en trouvera soulagé et apaisé.D’où au moment où les USA célèbrent leur anniversaire, la nécessité de rappeler la tâche qui, pour diverses raisons, leur revient à eux d’abord sans doute, mais qui ne revient pas moins aux autres ,à tous, pour qu’à défaut de jouir de la paix,on puisse au moins repousser tout autoritarisme, bannir tout volonté de totalitarisme.
Ramanujam Sooriamoorthy
P.S. Nous n’ignorons pas que ce texte ,dont la dimension partielle est trop évidente pour mériter d’être mentionnée, pourrait sembler partiale également, quand certains n’y verraient de l’américanophilie.Quant à nous, nous avons simplement voulu souligner ce que peut l’Amérique; non qu’elle le fasse effectivement , mais c’est à tout le monde à aider l’Amérique ,avec elle et contre elle, dans ce cheminement vers une démocratisation qui, au bout du compte , pourrait s’avérer être celle du monde entier.
R.S.
SAUF LE PAYS
A considérer, entre l’inquiétude et le ravissement, l’insistance quasi obsessionnelle que d’aucuns mettent à vouloir, à déclarer vouloir le pays, quel qu’il soit,mais pas forcément n’importe lequel-------------car on peut très bien souhaiter ,et il y en a qui ne s’en privent pas, que tel ou tel pays ne soit pas sauf--------------, le leur surtout, comme ils n’hésitent à l’affirmer,à croire qu’ils en sont les propriétaires, voire les seuls, les seuls légitimes en tout cas, sauf, on ne peut que se dire que le pays, il ne doit pas,il ne peut pas être sauf, qu’il est tout sauf sauf, et que donc ça chauffe pour le pays,vu que sinon, on n’aurait point à le vouloir sauf, à le vouloir sauver.Laissons de côté la question de savoir pourquoi tel ou tel pays ne serait pas sauf-----------elle ne manquera de resurgir n’importe comment,------------et faisons comme s’il était possible , non pas d’ignorer les dangers, réels ou imaginaires ,dont il serait menacé , mais de ne point se préoccuper de l’identité des agresseurs, des ennemis tant externes qu’internes qui, dans l’ombre non moins qu’en plein jour, avec la complicité tantôt inconsciente et discrètement forcée, tantôt éhontée et enthousiaste,mais toujours coupable, des uns et des autres, travaillent à le piller, à le détruire.Quoi qu’il en soit, un pays ne peut être sauf que si, d’une certaine manière, il n’est pas sauf,ou, si l’on préfère,on ne peut le vouloir sauf, sain et sauf, sauvé et sanctifié, saint quoi! que si sauf il n’est pas, ou menace de ne plus l’être, réellement ou non.Mais en même temps, à le vouloir ou à le laisser sauf ,le pays , à le , si c’était possible, laisser intact,on l’expose bien plus sûrement à tous les dangers.A moins que , même quand un pays est sauf, réellement sauf, on ne feigne des risques, on n’invente des périls,on ne simule des agressions , afin que la vigilance ne se relâche jamais par exemple, tout se passant comme s’il fallait qu’on se comportât comme si un pays, tout pays ne fût jamais sauf ,pour qu’il pût être sauf, sauvé.
On peut certes très bien,dans un souci de prudence et à titre préventif, penser qu’aucun pays n’est jamais entièrement sauf,est toujours insuffisamment sauf ,ou que tout pays est sauf sauf le sien, et que, par conséquent, il faut toujours mobiliser toutes les énergies pour qu’il soit toujours sauf.Et on n’aurait là rien à redire, si chacun y mettait du sien, si tout le monde consentait à, comme on dit,se sacrifier pour que le pays soit sauf, si tout le monde se comportait et agissait sauf le pays,sans porter atteinte au pays, sans en abîmer l’intégrité ou le potentiel.Tel n’est cependant jamais le cas; même dans les situations les plus extrêmes et dramatiques, ils ne sont pas tous à vouloir payer de leur personne et il en est même qui ne rêvent que d’en profiter, d’en tirer tous les bénéfices imaginables,alors que d’autres, encouragés , sinon contraints par ceux-là mêmes qui, ne faisant rien, ne travaillant même pas, ne songent qu’à récolter le fruit du labeur et du dévouement d’autrui ,se trouvent condamnés, quand ils ne se condamnent eux-mêmes, à passer leur vie à ruiner leur existence et celle des leurs.
Mais que veut-on dire au juste quand on affirme vouloir un pays, le sien par exemple, qui n’est pas toujours forcément le sien tout en étant le sien,mais pas que le sien qui n’en finit pas moins ,bien souvent, par être,comme on dit, le sien, sauf ?Et que, allant plus loin ,ou peut-être pas justement,on ajoute , dans un effort qui se voudrait généreux,mais qui n’est probablement que condescendant, sinon, pire, trompeur, d’explicitation, d’autoexplicitation, que l’on a pour souci majeur, pour seul souci,le bien du pays? Cette expression---------le bien du pays,-------mériterait à elle seule qu’on s’y très longuement arrêtât, mais faisons comme si nous savions, comme si l’on pouvait savoir ce qu’est , en quoi consiste le bien du pays, même si ladite expression est rituellement utilisée pour légitimer et valider un état de non-bien, de non-bien-être présent, voire permanent, au nom d’un bien futur,authentique celui-là ----------mais qui toujours à venir, ne se concrétise jamais-------, ce qu’on nomme régulièrement l’intérêt supérieur, sans doute parce qu’il y a ou y aurait des intérêts inférieurs également, du pays ,ce que l’on baptise du terme ,qui ,pour être énigmatique n’est pas moins propre à susciter l’approbation de tous, de presque tous, y compris celle de ceux qui ne sont pas nécessairement des nigauds, vu qu’il semble faire appel au bon sens même, de l’avenir du pays.
Cependant, le pays, ce n’est pas le pays lui-même, dans sa matérialité, encore que l’on puisse avoir en tête les ressources naturelles,lesquelles sont loin d’être aussi naturelles que l’on croit d’habitude,du pays,ses atouts comme on dit, mais qu’on n’hésite pas à dilapider et à détruire pour, dit-on, assurer le bien du pays,pour qu’il soit sauf; c’est plutôt, par métonymie, les habitants,peut-être même les natifs, qu’ils habitent le pays en question ou non,ou encore la population tout entière qui n’est pas composée que des autochtones, du pays.Le bien du pays, c’est le bien de ses habitants, de tous ses habitants, et un pays n’est sauf que si et quand tous ses habitants sont saufs et sauvés de tout danger, sont à labri de tout hasard.Mais très vite, la métonymie se transforme en synecdoque pour ne renvoyer qu’à une partie, et à une partie infime de la population,et la synecdoque elle-même a vite fait de prendre une valeur de catachrèse ou d’antiphrase,pour peu que l’on comprenne que le bien du pays -------------le pays sauf, quoi!--------------, ce n’est que le bien d’une partie de la population, lequel , se déclinant et se conjuguant avec celui d’agents et de facteurs étrangers ,voire hostiles,s’inscrit en fait aux antipodes de celui du pays, de ses habitants réduits à n’être que des esclaves, fussent-ils trop souvent consentants.
Sauf le pays ? Il ne s’agit point là d’une utopie;tout pays peut être sauf et tout habitant de tout pays peut être sain et sauf, à l’abri de toute forme de domination et d’exploitation.Il faut pour cela de l’honnêteté et du courage,celui de la réflexion et de la pensée surtout,sans lequel on ne comprend rien à la justice et à la dignité en général, et il ne s’agit pas que de celle des êtres humains.Les écrivains, les poètes ,les artistes, les philosophes, les intellectuels en général , surtout eux, mais pas seulement eux,car c’est véritablement l’affaire de tous,ont à cet égard une responsabilité immense.Grâce à un travail long, acharné et qui n’en finit jamais , de leur part, on pourra peut-être, un jour, ne point se trouver dans l’obligation d’accepter que tout puisse être sauf, sauf le pays.
Ramanujam Sooriamoorthy
CHANGER LE MONDE ?
Quelqu’un m’écrit, à l’instant même, pour me demander ce que je fais, ce que je suis en train de faire pour changer le monde, pour qu’il soit différent.Non sans ajouter que le monde va mal.Bref, c’est parce que le monde va mal qu’il faudrait songer à le changer,à faire en sorte qu’il soit différent.Faut-il donc penser que si le monde allait bien, il n’y aurait rien à faire? Àmoins qu’on ne pense que le monde va toujours mal ? Ce qui, après tout, n’est pas impossible. Mais ce sont surtout ceux pour qui tout va mal, horriblement mal ( la majorité) ,qui se persuadent ( qui doivent se persuader ? ) que tout va bien, merveilleusement bien pour eux, voire surtout pour eux.Toute la difficulté de la révolution tient avant tout à cela.
Elle tient également , ladite difficulté, au fait que le désir ou projet de révolution-----------quoi qu’on en tende par là et bien souvent, trop souvent, cela n’a absolument rien de révolutionnaire,-----------s’accompagne si peu de la réflexion sans laquelle il ne saurait y avoir d’action révolutionnaire authentique.Il faut envisager de changer le monde non seulement parce qu’il et quand il va mal,mais même s’il et quand , comme le croient volontiers d’aucuns, le temps et l’espace des hommes n’ayant pas l’homogénéité abstraite qu’on pense pouvoir leur attribuer ,il va bien.Faute de le pouvoir,il faudrait au moins vouloir changer le monde, pour la raison toute simple et toute bête que, sinon, on ouvre la porte toute grande à l’idéologie, c’est-à-dire au dogmatisme, à la domination et à l’oppression.Mais encore qu’on ne puisse jamais surestimer le rôle de l’enthousiasme ou la fonction de l’indignation,la révolution, si et quand elle se réalise, et elle ne se réalise qu’en tant qu’impossible selon un processus ,un procès qui jamais ne s’achève, ne se réalise ni grâce à la magie inexistante du volontarisme,ni à coups d’injonctions au fond toujours naïves même quand elles ne pèchent par mièvrerie moralisatrice.
Seules la pensée, la lecture et l’écriture en tant que pensée agissante, et l’éthique sans cesse renouvelée qui en résulte, sont véritablement révolutionnaires.Tout le reste n’est même pas de la poudre aux yeux.
Ramanujam Sooriamoorthy
SUR LES ROUTES ET DANS LES STADES,IL COURAIT
Il n’y a pas si longtemps la pratique du sport, tant individuel que collectif,était à Maurice réputée une perte de temps.Le temps consacré au sport, c’était autant de temps soustrait au travail,aux études, sans compter que faire du sport,c’était toujours courir le risque de se blesser.Et pour les classes pauvres, non moins que pour les familles de condition modeste, la notion de sport n’existait même pas;on n’y connaissait que celle de jeu et le jeu, c’est le secret de Polichinelle, est toujours plus ou moins synonyme de frivolité.Par contre, chez les riches oisifs, chez ceux qui se livraient à des bacchanales permanentes à la sueur d’autrui, faire du sport, c’était presque une activité noble, réservée à ceux considérés ,la plupart du temps à tort, comme étant nobles,d’une noblesse artificielle et douteuse ,il le faut préciser.Le sport de compétition surtout semblait l’apanage des riches, des classes socialement et économiquement élevées, car c’était là, voire là seul , que l’on disposait des moyens, car ayant le temps, la santé et l’énergie nécessaires, pour triompher dans le domaine sportif, à plus forte raison dans les sports individuels,où l’on excellait parce qu’on était le plus fort,le plus beau, mais aussi parce qu’on était riche et pouvait se permettre le luxe de la compétition sportive.( Qu’on ne nous fasse pas dire ce que nous n’insinuons même pas,à savoir qu’il suffit d’être riche, d’avoir du temps et de jouir d’une bonne santé pour briller dans les stades, sur les terrains de jeux, dans les gymnases et sur les routes. D’autres qualités sont requises que la pratique du sport contribue d’ailleurs à évelopper,mais tout ce qui précède et qui peut sembler,peu ou prou, caricatural,ne l’est,hélas!point et renvoie à une réalité qui ,maintenant encore,n’a point tout à fait disparu. )
C’est pourtant dans ce contexte dominé par des inégalités sociales et économiques particulièrement injustes et pénibles qu’un Maxime Anthony, qui, à notre connaissance, n’a jamais été vaincu au saut en longueur et au triple saut,a su s’imposer ;mais s’il y a quelqu’un qui mérite la palme, c’est bien Gérard Marie.Il était coureur de fond ,et à l’époque, les courses de fond commençaient, du moins à Maurice et pour les Mauriciens en général, qu’ils pratiquassent l’athlétisme ou non, à partir de l’épreuve des huit cents mètres , épreuve dans laquelle, soit dit au passage, Cyril Curé n’a, sauf erreur de notre part, jamais été battu.Dans les autres épreuves,à partir des quinze cents mètres et dans les cross,Gérard Marie était tout simplement impérial.Certes,il ne remportait pas toutes ses courses, se faisant parfois battre par Edmond Gabriel ou par Curé, se laissant même une fois, une seule fois croyons-nous savoir, devancer par Michel Giraud, mais il était le plus régulier.Nous n’avons pas connaissance qu’il n’ait une seule fois pas eu sa place sur le podium.
Gérard Marie prenait à l’évidence un plaisir extrême à courir, illustrant ce que Roger Caillois, pour décrire ce sentiment, cette sensation de jouissance extatique que procure le contact avec le sol , l’air, le vent, la nature en général, appelle l’ilinx .Quand il courait ,il avait toujours comme un sourire aux lèvres : il s’amusait visiblement,avait l’air de se moquer gentiment des autres participants , dont on eût dit qu’il savait parfaitement que tous leurs efforts étaient vains ,et qu’il allait,passant à l’attaque au moment propice, les laisser sur place pour traverser la ligne d’arrivée ,un immense sourire illuminant son visage épanoui.Il faisait preuve, notamment dans les quinze cents mètre, d’un sens tactique tel , suivant la course, plaçant des démarrages soudains et attaquant au moment le plus stratégique , que l’on n’en pouvait que conclure que, pour remporter une course,il faut de l’intelligence.
Et cette intelligence-là , celle qui permet de remporter des courses comme en jouant, Gérard Marie l’avait,l’ayant acquise à l’entraînement, au prix d’une discipline inflexible---------il ne fumait ni ne buvait,lui qui venait d’un milieu où il était tout naturel que l’on s’offrît un verre ou deux, comme a pu nous l’affirmer plus d’un, et mettait en garde les jeunes athlètes, à qui il prodiguait généreusement et en toute humilité des conseils, contre les dangers de l’alcool et du tabac,------------et en soignant son alimentation, lui qui pourtant ne devait pas toujours manger à sa faim.Il était issu d’un milieu pauvre, mais telle était sa passion pour la course à pied , qu’il n’y a aucun sacrifice auquel il n’eût consenti pour la satisfaire.Nous inclinons à penser qu’à la limite peu lui importait de triompher et que seul comptait le plaisir de courir.Si aux quinze cents mètres,il lui fallait bien déployer tout son sens tactique, à partir des trois mille mètres et dans les cross, il lui suffisait de courir , menant un train d’enfer,et il avait presque toujours vite fait de semer les autres concurrents.Nous n’avons pas souvenance de quelque défaite de Marie aux trois mille et aux cinq mille mètres------------nous ne parlerons pas des dix mille mètres, vu que nous ne rappelons plus très bien si cette épreuve était ( déjà ) au programme à l’époque------------,et s’il ne remportait pas tous ses cross, il était toujours au moins deuxième ou troisième.
Ce que nous retenons surtout de Marie, c’est son immense simplicité : il ne se permettait pas, exception faite de ceux qu’il connaissait vraiment, de tutoyer les autres, fussent-ils extrêmement jeunes ou même tout petits,comme nous l’étions à l’époque.Et il lui était impensable de tutoyer quelqu’un de plus âgé que lui,même quand on usait du tutoiement, parfois non sans quelque désinvolture confinant à de l’impolitesse, envers lui.Il n’était jamais avare d’éloges pour les autres, à condition ,bien entendu, qu’ils en fussent dignes.Ainsi regardant courir le jeune Alain Teycheney,il n’hésitait à dire ouvertement toute son admiration pour ce coureur dont il trouvait la foulée absolument superbe et qu’il déclarait promis à un avenir des plus éclatants.Jamais amer dans la défaite------------il était quand même au moins troisième----------------, il avait toujours le triomphe modeste, un peu comme s’il s’excusait d’avoir été victorieux.Tel était Gérard Marie qui devait finir ses jours oublié et se morfondant,pour notre plus grande honte, dans la misère.Il n’aura pas eu droit à la reconnaissance qui lui était ,qui lui est toujours, fût-ce à titre posthume, due.
Mais plutôt que d’évoquer la fin hélas! bien triste de Gérard Marie,nous voudrions, au moment de conclure,rappeler une course,la plus belle peut-être jamais courue à Maurice , les quinze cents mètres du 7 juillet 1963 au stade de Rose-Hill.Au terme d’une course palpitante dont l’arrivée dramatique a été merveilleusement saisie par le photographe du Mauricien d’alors,trois coureurs terminèrent pratiquement sur la même ligne : Cyril Curé, Michel Giraud et Gérard Marie.Curé remporta la course et Marie ne fut que troisième.Cependant , même là, cet homme qui aimait tant à courir, qui courait partout ,sur les routes et dans les stades, demeurait, soit dit sans songer une seconde à faire peu de cas de la remarquable victoire de Cyril curé,demeurait sublime.Après tout, c’était Gérard Marie, l’homme qui n’eût su comprendre que l’on peut vivre sans courir et qui remportait ses courses avec l’aisance d’un milliardaire perdant au jeu une fortune sur un seul coup de dés.
Ramanujam Sooriamoorthy
LE N’IMPORTE QUOI ET LES VOYEURS
Il semble qu’il se soit ces derniers jours passé quelque chose à Maurice.Mais qu’il se soit effectivement passé quelque chose est loin, à moins qu’on ne se laisse aller à penser qu’il se passe toujours quelque chose, d’être assuré.Et en admettant qu’il se soit bel et bien produit quelque chose,il n’y a là rien qui mériterait autre chose qu’une attention passagère et superficielle, sinon méprisante.D’aucuns ont cru pouvoir parler de crise;c’est faire preuve de grande légèreté et ne témoigner d’aucun souci pour le sens des mots. L’étymologie du mot crise ----------krisis , krinein,------------renvoie à une instance de décision.Il s’agit de trancher. Sans doute sommes-nous tous ,et tout le temps, appelés à prendre des décisions ,à trancher,à juger, mais il n’y a de crise que là où le jugement est comme paralysé .Menacé par une suspension,une epokhè , le jugement s’affole,bégaie, bredouille , ne sachant quoi dire , quoi faire qui permette de juguler ,idéalement d’éliminer ce qui l’empêche de s’exercer . C’est bien cela qu’indique une crise,toute crise : la nécessité en même temps que l’impossibilité de décider, de trancher, de juger.De ce fait, toute sortie, s’il y en a , de crise, ce dont les décideurs ne manquent jamais de s’enorgueillir,ne peut qu’être artificielle et fallacieuse.Bien entendu, nous ne parlons que des crises réelles ,et non de ces enfantillages volontairement orchestrés et délibérément provoqués pour tenter de jeter le trouble chez l’allié d’hier devenu l’adversaire d’aujourd’hui , et dont raffolent des voyeurs désoeuvrés qu’un rien, que n’importe quoi conduit au bord d’un orgasme verbal dont se régale un appétit férocement ressentimental.
Toutefois il importe de ne point se laisser emporter : rares sont les crises,si tant est qu’on en fasse jamais l’expérience. Par contre, il existe bien des semblants de crise, des crises imaginaires que l’on finit toujours, quelque aiguës et bouleversantes qu’elles soient, par surmonter,soit réellement, soit sur le mode de la dénégation, soit encore par la voie du suicide.( Bien entendu , nous ne suggérons pas une seconde que la dénégation et le suicide constituent des solutions , mais la facilité relative avec laquelle plus d’une crise----------nous faisons référence à ces crises que l’on ne peut que dire imaginaires,même si elles ne laissent pas trop souvent d’être dramatiques au-delà de toute mesure,------------se voit reléguée aux oubliettes,la vie, comme on dit, reprenant ses droits.pousse à conclure que ces crises n’en sont pas vraiment.)
Mais parlons-en justement de ces crises imaginaires dont les effets ne sont pas moins réels.Qu’elles soient individuelles-------elles ne le sont jamais entièrement,même là où elles peuvent , après coup, bien évidemment, vu que c’est presque toujours après coup qu’on en prend connaissance , donner l’impression de n’être ,de n’avoir été qu’individuelles-------------,intersubjectives, ou collectives,elles sont caractérisées par une structure qui présente la forme d’une impasse.L’impasse ,cependant, n’est que provisoire ,vu que la crise se laisse tôt ou tard maîtriser.Occasionnée par un fait réel ou fictif, la crise est, aussi longtemps qu’elle dure, synonyme de blocage.En politique, on parlera de non-fonctionnement ,partiel ou total, des structures de l’État.il ne s’agit pas tout simplement de mauvais fonctionnement ou de dysfonctionnement ,mais de non-fonctionnement .Toute action véritable semble impossible, dans le meilleur des cas difficile, horriblement difficile, et il faudra bien alors trancher,fût-ce maladroitement, pour que la machine étatique puisse se remettre à fonctionner,quitte à fonctionner médiocrement.
Est-ce bien de cela dont nous avons, ces quelques jours, été, dont nous sommes ou serions encore les témoins ou/et les acteurs enthousiastes ou inquiets ?Certains ont évoqué l’immense difficulté que rencontreraient certains ministres à gérer plus d’un ministère à la fois, comme si les ministres s’occupaient eux-mêmes de tout dans les ministères. Une telle naïveté ne peut que faire sourire.Toutefois ,pour en revenir au fonctionnement des structures de l’État, elles continuent à fonctionner, ni mieux qu’avant certes, mais ni moins bien non plus. En tout cas, pas suffisamment mal pour qu’on se mette à trembler en raison de l’imminence du chaos ou du vide.Ce à quoi nous assistons, ce qui nous est infligé n’est autre chose que du mauvais, du très mauvais cinéma , du n’importe quoi qui ne mérite aucun qualificatif, tout attribut et toute épithète ne pouvant, en la conjoncture, que se révéler mélioratifs; seuls s’en peuvent délecter les voyeurs et les onanistes qui n’ont de passion que l’agonalité, à condition qu’ils n’y participent que par procuration,ou encore ceux qui pensent et espèrent avoir quelque chose à y gagner, les profiteurs.
Mais l’île Maurice n’est pas composée que de voyeurs, d’onanistes et de profiteurs.Ceux-là au moins qui ne sont ni voyeurs,ni onanistes, ni profiteurs, et peut-être même pas que ceux-là, méritent bien mieux que ce spectacle affligeant propre à satisfaire les seuls dépravés.
Ramanujam Sooriamoorthy