Tuesday, July 31, 2012

On a des devoirs, des obligations vis-à-vis de soi-même avant tout, mais on n'en a pas que vis-à-vis de soi-même.

On a beau enfouir son indignité, et on peut même finir par l'oublier, tôt ou tard, elle refait surface.

Pour ne pas s'avouer l'attitude honteuse qui aura été la sienne, on s'en vante et on la répète, inconsciemment et même consciemment.

On excuse bien plus volontiers les crimes les plus graves et odieux qu'on ne pardonne les fautes les plus naïves et de peu de conséquence, sans doute parce qu'on est plus souvent victime d'une faute due à la naïveté d'un proche qu'on ne subit directement une agression de la part d'un monstrueux criminel.

L'impossibilité d'appréhender ce qui est condamne le sujet humain à la métaphore, et peut-être déjà à la catachrèse, d'autant plus sûrement à la catachrèse que la métaphore elle-même ne s'offre à la saisie que par le biais de la synecdoque, que l'on incontinent en hyperbole transforme: tout langage n'est que catachrèse, bien moins au regard de la réalité ou de la vérité, qu'en tant qu'effet d'optique.

Incapable d'agir, il rêve, il regarde, il se console, ce qu'il ignore , c'est que bon nombre de ceux qui agissent ou ont l'air d'agir ne sont guère différents de lui.

La mémoire rappelle autant qu'elle voue à l'oubli, ce n'est pas comme si elle ressuscitait le passé en son intégrité inviolée, elle le tire du néant relatif où les sollicitations du présent l'ont enfoui pour le recréer, le faisant apparaître sous un éclairage nouveau qui fait douter de son ancienne réalité, cependant qu'il vient, surgit de son fond obscur pour, dirait-on, la première fois.

La sagesse populaire, qui n'a rien à voir, qui, en tout cas, a très peu à voir avec la sagesse propremnt dite, quoi qu'on puisse entendre par là, veut que l'on apprenne, puisse apprendre, peut-être même doive apprendre à tout âge, elle n'a que le tort de ne préciser que ce que cela signifie, c'est qu'on n'apprend jamais réellement et que c'est pour cela qu'on n'en finit jamais d'apprendre, nullement parce qu'il s'agirait d'ajouter, d'accumuler de nouvelles connaissances, mais parce qu'on ne sait pas encore suffisamment, parce qu'on ne sait jamais suffisamment ce que l'on a pourtant appris.

Freud et Lacan sont des commencements, mais l'on se comporte comme s'ils constituaient des points d'achèvement, et nul étonnement à partir de là que la psychanalyse ne soit en mesure de tout expliquer, de tout guérir, car ce qu'il faudrait essayer de voir, c'est ce qu'on peut et doit faire à partir de Freud et, peut-être même un jour, contre Freud, quoique toujours avec Freud.

Quand le travail, loin de permettre de vivre, mutile et détruit, ce n'est plus simplement se laisser prendre au piège de la rhétorique que de continuer à parler du travail comme si c'était quelque chose de nécessaire et d'ennoblissant.

La cruauté avec laquelle l'être humain traite les animaux, pour sa survie et son confort, affirme-t-il, devrait être un sujet d;inquiétude, et qu'elle ne le soit pas n'est surtout pas un indice d'élévatiion morale.

L'intelligence et la noblesse sont certainement admirables; cependant, elles, dans la socièté des hommes, ne valent grand-chose auprès de l'opulence et de la puissance.

Il n'est pas sûr que votre intelligence fasse de vous un être riche; toutefois, pour peu que vous soyez riche et puissant, vous pourrez, faute d'acquérir de l'intelligence, vous faire, comme le premier filou venu, confectionner une réputation d'intelligence.

Les sottises les plus ridicules sont, pourvu qu'elles promettent la fortune et la gloire, bien plus crédibles que les vérités les plus aveuglantes qui n'ont, cependant, les vertus de la séduction, et les imbéciles sont loin d'être les seuls à s'y laisser prendre.

Que l'être humain soit un animal mimétique, on le sait peut-être depuis toujours, certainement depuis Aristote au moins; avec Freud, on comprend pour la première fois que passé l'enfance, dont certains ne parviennent jamais à se libérer ou ne veulent s'affranchir, le mimétisme, tout mimétisme est synonyme de régression, et qu'il importe de surmonter ladite régression.

Il faut apprendre à lire sous le constat lacanien, qui, en fait, ne fait que citer Freud-----------et ce n'est déjà pas mal------------, et qui affirme que le désir de l'homme, c'est le désir de l'autre, bien plus qu'un constat, une exhortation à la liberté.

Il n'y a pas de condition humaine, mais des conditions sociales de l'humaine existence, et les utopistes sont les premiers à l'avoir compris, les premiers mais non les seuls, car après eux ( avec eux?), il y a (eu) les marxistes.

Toute habitude, les bonnes, comme on dit et s'il y en a, comprises, est dangereuse, étant donné qu'elle finit ( presque?) toujours par réduire le sujet humain à n'être qu'une mécanique absolument vide.

Il y a (aurait?) des gens qui savent ( croient savoir?) ce qu'ils veulent et il y en a qui ne le savent point, mais quant à savoir lesquels des deux sont le plus à plaindre, il se peut que même les dieux ne le sachent.

L'écrivain est cette personne qui rêve d'une parole silencieuse dont elle se juge incapable, jamais suffisamment capable si l'on préfère, mais dont elle sait qu'elle peut, leur pluralité activement reconnue, révolutionner l'espace, le temps et le rythme  des êtres et des choses.

L'espace, c'est autant, sinon bien plus, ce à partir de quoi le lieu est possible, que ce qui s'impose à partir du et surtout contre le lieu.

L'être humain ne vit pas seul, n'est jamais seul, même quand il est seul; il a toujours besoin d'au moins un autre que lui-même, quand ce n'est pas un autre que lui qui a besoin de lui, ne saurait vivre sans lui, et c'est là quelque chose qui enlaidit, ou embellit (sait-on jamais?), l'humaine existence .

En avançant que le langage a été donné à l'homme pour dissimuler sa pensée, Herder, qui n'a pas forcément tort, n'oublie qu'une chose: qu'il n'est pas de pensée sans langage, ce que, par ailleurs, il n'ignore absolument pas, ainsi qu'en témoigne ce qu'il dit au sujet de la langue allemande.

De manière générale, les enfants voient en leurs parents des héros, des divinités, mais ce sont les parents qui ne font grand-chose pour au moins essayer de ressembler à des héros, à des divinités.

Le grandiose ne vaut que quand il se peut avec le sublime confondre, faute de quoi il n'est que vulgairement impressionnant, n'impressionnant que le vulgaire dont il flatte les goûts médiocres et malsains.

Ceux qui ne peuvent imaginer la souffrance des autres, ou qui ont simplement tendance à la minimiser, ne méritent pas de vivre.

Je n'essaie nullement  de proposer des pensées, je ne songe qu'à rappeler certaines réalités.

Personne ne devrait s'attendre à ce que les autres lui soient bienveillants et généreux, mais tout le monde devrait pouvoir exiger que personne ne le fasse chier.

On associe la maladie à la mort, peut-être parce qu'au fond, on n'ignore que la vraie maladie, c'est la vie elle-même.

Qu'on ne soit point capable de penser est à la limite compréhensible, mais il semble bien qu'on ne sache même raisonner, et que l'on se contente de résonner.

Etre généreux quand il n'en coûte rien, ce n'est pas être généreux; la vraie générosité consiste à très librement donner sans rien espérer en retour alors qu'on n'a rien: il n'y a que Job qui puisse se montrer généreux.

Quand un médecin est indifférent à la souffrance d'un malade, c'est qu'il n'est plus, si tant qu'il l'ait jamais été, médecin: il est soit un fonctionnaire de la Médecine, une espèce d'idiot, soit un mercenaire, une espèce de maquereau.

Jeune, on trouve que la vie est belle, et avec l'âge, on la soupçonne de n'être même pas laide; quand on rencontre un homme d'âge mûr qui trouve que la vie est belle, soyons sûrs qu'il est toujours jeune.

C'est quand l'existence est horrible au point d'être invivable  qu'il faut pouvoir la, malgré tout, trouver belle; à moins qu'on ne choisisse de se suicider.

Ce que l'on croit être le système ou la vision d'un philosophe, c;est, en fait, quelque partielle qu'elle soit, la juste interprétation, l'image vraie qu'il estime devoir offrir des êtres et des choses, non pas tels qu'il les perçoit ou juge, mais tels qu'ils sont en eux-mêmes.

Aussi longtemps qu'il ne cesse de prolonger et d'approfondir sa quête, il est possible de faire confiance à celui qui déclare vouloir philosopher, mais de moins en moins après.

On s'étonnerait bien plus d'apprendre-------------véritable découverte!-----------que ce que l'on aime, que ce dont on se délecte, ne rencontre chez les autres que de l'indifférence, que l'on s'étonnera, et souvent à juste titre, que les autres se passionnent pour ce à quoi on ne s'intéresse nullement.

On ne peut même pas dire de celui qui n'a point essayé, qui n'a point travaillé, qu'il ait échoué: c'est bien pire encore.

La plupart des gens ne travaillent pas-------------le travail forcé, ce n'est pas du travail, c'est de l'esclavage------------, ne tentent de faire quelque chose, parce qu'ils sont trop paresseux, trop allergiques à tout ce qui est difficile et/ou réclame des efforts considérables; il ne faut cependant oublier non seulement ceux qui en sont empêchés par les circonstances qui leur sont imposées, mais aussi ceux qui ont acquis la conviction de l'inutilité de tout travail, de tout effort.

C'est, même si c'est au nom de la considération, si c'est pour leur bien, montrer très peu de respect envers les autres que de vouloir décider à leur place.

Ils sont incapables d'apprécier la beauté et la valeur de ce qui se trouve sous leurs yeux, mais ils ne rêvent que d'aller admirer les merveilles qui se trouve ( rai)ent ailleurs.

Il ne revient pas au philosophe de dire comment il faudrait qu'on menât sa vie---------pour cela, des gardiens de prison suffisent------------,il a plutôt pour tâche de tenter de dé--couvrir la réalité des êtres et des choses, dans toute son hétérogénéité et son insaisissabilité.

Le pouvoir, l'autorité, le prestige et le succès attirent et fascinent nettement mieux que l'intelligence et la beauté, du moins jusqu'à un certain point.

Ceux qui pensent que personne ne voudra jouir ou profiter de, ou simplement être en possession de quelque chose qu'il ne mérite point sont sans doute animés de nobles sentiments, mais ils ne sont pas moins fort naïfs.

Le temps----------- son temps à soi, en admettant qu'il y ait quelque sens à parler de cela,-------------est la seule vraie richesse dont dispose l'être humain, le temps grâce auquelpresque tout------------et c'est déjà énorme,-------devient possible, pourvu qu'on ne le dilapide, mais c'est justement ( si l'on peut dire) ce qu'on s'emploie à faire, consciemment et/ou inconsciemment.

Celui qui voit en toute difficulté un défi ou, mieux, une provocation, ne voit que le défi, aperçoit la seule provocation, et du coup finit par éliminer la difficulté dont il se demande alors si jamais elle exista vraiment.

La femme qui se sent aimée de l'homme qu'elle aimes'expose à bien des malheurs, car rares sont les hommes capables de n'aimer qu'une seule femme jusqu'au bout; sans doute en va-t-il ainsi de bien des femmes aussi, mais il semble bien qu'en général elles s'attachent plus spontanément à un homme, à un seul homme, et ce n'est pas simplement parce que la plupart de nos sociétés sont patriarcales et phallocentriques, vu que tel n'a pas toujours été le cas.

Comment sied-il de qualifier une société au sein de laquelle la sécurité des puissants est privilégiée au détriment de la protection dont ceux qui sont vulnérables ont manifestement besoin?

Il faut une intelligence exceptionnelle et un courage illimité, ou beaucoup de sottise, pour d'une oeuvre célèbre et depuis longtemps unanimement saluée et célébrée affirmer qu'elle ne vaut absolument rien.

Recourir à la force et à la ruse pour l'assouvissement de ses appétits,il arrive que même des gens parfaitement immoraux méprisent et refusent cela.


























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