Thursday, March 5, 2015

On plaint les autres, on leur témoigne de la sympathie, mais c'est pour oublier ses malheurs à soi, lesquels toujours au malheur de vivre renvoient, à ce qui, au fond, constitue la seule maladie dont souffre l'être humain, les autres n'én étant que des métaphores ou des métonymies, ou encore des approximations.

On souffre de ne point vivre, de devoir s'agiter pour pouvoir vivre, et, à force de s'agiter, on finit par ne faire que cela, y prenant même goùt, et oubliant que l'on ne cherchait qu'à vivre.

On déclare ne point aimer la vie que l'on mène, et pourtant on continue de vivre comme  devant.

On n'est point libre, libre de vivre, de mener la vie que l'on entend mener, aussi longtemps que l'on a recours à rhétorique, mais peut-on se dispenser de la rhétorique?

S'il est vrai que la rhétorique n'a pas toujours existé, il faut se demander pourquoi on ne s'efforce point, comme ont tenté de le faire Nietzsche et Freud, et peut-être Heidegger aussi, de remonter à ce moment d'avant la rhétorique; mais peut-être la rhétorique a-t-elle, vieille comme le monde, vieille en tout cas comme le langage, toujours existé, et toute la question, c'est alors de savoir comment en finir avec elle.

Ce ne sont pas les êtres humains qui ont besoin de rhétorique, mais seuls ceux d'entre eux qui sont affreusement inférieurs.






No comments:

Post a Comment