Tuesday, July 8, 2014

Ce n'est pas la page sur laquelle écrit l'écrivain qui est seule blanche; blanche l'est aussi d'une certaine manière la page que lit le lecteur dont l'opération consiste à effacer la page qui lui est offerte pour écrire à nouveau le même texte que celui qu'il vient d'effacer , mais différemment, faute de quoi il n'y a pas, à proprement de lecture.

La lecture qui, d'un texte en apparence achevé, mais  en fait seulement interrompu, comme c'est le cas pour tout texte, comme c'est en tout cas la vocation de tout texte, produit, répétant  le texte lu qu'elle a l'air de tout juste, de simplement  effleurer, une oeuvre radicalement neuve, nonobstant l'indéniable parenté qui la lie à celle dont elle est issue, vu qu'en réécrivant, elle écrit le texte dont on peut alors sans exagération avancer qu'il naît une seconde fois, quand il ne faudrait affirmer qu'il est le fruit de la seule lecture.

Les êtres humains seraient bien différents, si, conscients de leur incapacité à lire ou de leur aversion quant à ce qu'impose un tel exercice, ils consentaient à apprendre à lire, mais il faut pour cela une extrême modestie dont seuls très peu semblent capables.






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