La lassitude, la maladie sont souvent l'expression d'une volonté (inconsciente) de paresse, d'inaction, de mort.

Le désir de mourir, ce n'est pas tant le refus de la vie, que le refus de celle qui est la sienne.

Il faut, pour souhaiter la mort, autant de lucidité que de sottise, autant de courage que de lâcheté.

Quelque chose qui ne serait que beau, s'agît-il de quelque chose qui serait merveilleusement et superlativement beau, ne serait, en admettant que cela existe. même beau.

L'entendement humain ne saurait accepter qu'il n'y ait pas de vie après la mort, mais quand on sait que ce peut valoir l'entendement humain,.............


C'est de l'insatisfaction du présent que naît le désir d'une vie future, d'une vie plus belle, mais hors de la vie présente, après la mort, grâce à la mort peut-être.

Il croyait avoir tout appris, mais c'est parce qu'il n'avait absolument rien appris.

Le succès souvent, sinon toujours, au prix de la réussite s'obtient, et si on n'en veut rien savoir, c'est qu'on ne le sait que trop.


Ce sont surtout les gens méprisables qui ont besoin de la considération des autres.

Ceux dont la science repose sur les vertus de l'empirisme ne peuvent pas être bien intelligents.

Un sot, c'est avant tout quelqu'un qui est incapable de comprendre la misère du monde et les souffrances d'autrui.

S'enrichir et jouir de l'existence en causant le malheur des autres, c'est très certainement le crime suprême imaginable, mais c'est ce que font bien des gens sans même sourciller, comme si c'était du monde la chose la plus naturelle qui soit, ce qui, par aillleurs, n'est pas impossible.

A la rencontre de quelqu'un qui est visiblement âgé, très âgé surtout, on est tout naturellement, en fait tout bêtement, tenté de se dire, quand on n'aurait la la sottise et la cruauté de le lui dire, à l'autre, qu'il ne lui reste plus beaucoup de temps à vivre, mais il faudrait qu'on fût d'une obtusion particulièrement démesurée pour ne point savoir qu'il ne reste toujours que très peu de temps à vivre à qui que ce soit, quel que soit son âge, son état de santé, la situation dans laquelle se trouverait la société dans laquelle il/elle vit, et qu'il reste peut-être encore moins de temps à vivre à ceux qui s'imaginent avoir tout leur temps.

Il ne faut jamais remettre quoi que ce soit à plus tard, mais à condition de s'y être préparé.

Plus tard, c'est souvent, sinon toujours trop tard.

Il faut, pour apprendre à vivre, toute une vie au moins, et il n'est pas sûr que, même là, ce soit suffisant.

A l'optimisme succède le pessimisme , et au pessimisme, la frustration.

Il faut s'efforcer de vivre pleinement chaque seconde de sa vie, surtout qu'elle ne vaut absolument rien.

Tout ce que l'on fait par sentiment, ou même par conviction, du devoir, on ne le fait pas soi-même: c'est l'autre en soi, l'intrus, le violeur de soi ( la loi, la morale, la tradition, les conventions, les règles) qui réellement l'accomplit: pas la peine de s'en vanter, ni, peut-être, de s'en affliger non plus.

Ils sont encore moins libres qu'ils ne le pourraient jamais soupçonner, ceux qui, libres se croyant, en fait ne le sont.

Face au vide de la réalité, l'être humain ne peut que se nourrir de fantasmes, à moins qu'il ne choisisse la voie du suicide, mais peut-être découvrira-t-on un jour que le suicide aussi relève du fantasme.

Au fond, l'écriture est peut-être une entreprise impossible: dans le meilleur des cas, on s'efforce d'écrire, mais la plupart du temps, on croit seulement écrire.

Tout ce que l'on fait est certainement important et même nécessaire, pour soi et peut-être également pour les autres: ce n'est pour autant ni forcément important, ni nécessaire en soi.

Un écrivain brûle toujours ce qu'il écrit et il est même probable que publier un écrit revient, aux yeux d'un écrivain véritable, à le soumettre à l'action du feu; on ne le sait pas, et si on ne le sait pas, c'est parce qu'on ne sait pas souvent identifier l'action du feu.

Pour ceux que la vie piétine et écrase, les plaisirs les plus simples constituent de véritables délices, sont des éclaircies exeptionnelles dans un ciel toujours sombre, mais il existe des catégories de gens qui voudraient leur ôter même cela.

Ceux qui croient que la vie est une tragédie ne sont coupables que d'un charmant contresens; si la vie n'était que cela, on n'aurait à s'en plaindre.

Il faudrait être une espèce de débile mental pour oser se croire intelligent; le nombre de gens qui, contre l'évidence de surcroît, sont convaincus de leur intelligence, laquelle ne peut qu'être redoutable, est véritablement effrayant.

Une série inépuisable où des drames imaginaires alternent avec des comédies ennuyeuses que l'on invente pour soi-même et les autres, à croire que l'on ne saurait trouver autre chose, et il semble de plus  qu'on n'en ait jamais assez.

On s'ennuie à mourir, mais en même temps on ne veut pas mourir, peut-être justement parce qu'on s'ennuie à mourir.

La manière dont on dit ce que tout le monde sait déjà le modifie au point d'en faire quelque chose de, semble-t-il, totalement inédit.

Un seul acte, une seule parole parfois suffisent pour, sans même qu'on s'en rende compte, ruiner toute une vie, mais l'inaction et le mutisme aussi.

Un être humain incapable de penser, de donner une oeuvre, ne serait-ce que grâce à son attitude générale  et à son omportement, à ses paroles et à ses actes, et pas forcément à travers des livres, et des tableaux, au moyen d'inventions et de découvertes, cela existe malheureusement.

Etre responsable du malheur, ou même de la seule, fût-elle passagère, tristesse, du chagrin d'autrui, il n'y a peut-être rien de plus honteux que cela.

Rien ne sert de nier qu'il n'y ait pas de différence entre les êtres humains et les animaux: les êtres humains, eux, savent être méprisables.

Les êtres humains devraient essayer de s'inspirer des animaux: cela pourrait leur permettre de s'élever. vu que, quand bien même ces derniers seraient féroces, ils ne perviennent à se montrer cruels: la cruauté semble être  l'apanage de l'être dit humain.

En général, les êtres humains ont tendance à être fiers de leur statut d'être humain; on aimerait bien savoir pourquoi. Ne serait-ce parce qu'ils sauraient qu'il faut plutôt en avoir honte?

Ce qu'il cherche chez les autres, c'est son propre reflet, qu'il finit même, croit-il, par rencontrer, et il en est, bien entendu, tout heureux, s'en esbaudissant même, mais c'est pour ne point deviner l'étendue de son ignorance.

Qu'est-ce que cette éducation qui, n'apprenant ni à respirer ni à interrompre sa respiration, se veut processus de formation? En vue de quoi, il est certainement préférable de ne pas le savoir.

Il faut (entreprise difficile, mais d'autant plus nécessaire) veiller à ce que les sots et les ignorants n'aient, aussi longtemps qu'ils demeurent sots et ignorants, lamoindre possibilité de s'affirmer, vu qu'ils risquent d'en tirer conclusion qu'ils sont sont savants et intelligents, et l'on peut redouter qu'il n'en résulte d'horribles catastrophes.

Malgré tout ce que l'existence (mais uniquement par la faute des êtres humains, il le faut bien préciser) impose de sale, d'horrible et de laid, d'affreusement laid, la vie demeure belle et ce n'est rien de moins qu'un miracle.

Sans doute toute une société composée d'êtres vertueux est une impossibilité, mais un petit clan? une famille? Ce ne sera certes jamais facile, mais pourquoi ne pas essayer au moins?

Ne rien faire, n'avoir rien fait qui puisse, si peu que ce soit, contribuer à la mise en place, à la création de conditions propices à l'avènement, si lointain soit-il,d'une société différente, d'un monde meilleur, c'est, quand on en a la capacité, les moyens, une véritable honte, c'est laid et repoussant.

Que des personnes, dont tout semble indiquer que ce ne sont que de véritables attardés, soient convaincues d'être intelligentes, ne saurait surprendre; ce qui étonne au point d'inquiéter, c'est qu'il s'en puisse trouver, et qui ne sont certainement pas bêtes, qui les trouvent, sincèrement autant qu'on en puisse juger, intelligentes.

Ne pas prêter attention à ceux qui s'expriment avec trop d'assurance et de conviction, vu que, bien souvent, ils ne cherchent à persuader personne d'autre qu'eux-mêmes.

On gâche sa vie ou, ce qui revient plus ou moins au même, on se la laisse gâcher, et on conclut que toute vie n'est que gâchis: il faut craindre que ce ne soit quelque peu exagéré.

La méchanceté est due moins à de l'égoïsme qu'à une absence à peu près totale d'imagination, laquelle empêche de comprendre la souffrance d'autrui.

L'imagination elle-même n'est point synonyme d'intelligence, mais sans imagination, l'intelligence ne peut que se trouver appauvrie, amoindrie.

Les imbéciles ne sont pas forcément, ni toujours, méchants, et, quand ils le sont, c'est bien souvent sans même le vouloir, mais ceux qui sont méchants sont, eux, toujours des imbéciles, même si tel ne semble pas le cas.

Il est facile, en tout cas tentant,  de parler, de discourir, quand, ne sachant rien, on croit, comme n'importe quel autre connard, tout savoir; par contre, c'est quand on sait vraiment, qu'on estime devoir se taire.

On n'entend que les bruits du langage, pas les silences, mais ce n'est pas parce qu'on est sourd; c'est plutôt parce qu'on est complètement bouché.

Il faut apprendre à être attentif aux silences des mots et à obéir aux injonctions de ces silences: c'est très difficile et, en même temps, bien plus simple qu'on ne le craint.

On se méfie de ce qui est manifestement dangereux, jamais assez de ce qui, sous des allures d'innocence, est en fait bien plus redoutable encore.

Si seulement l'on soupçonnait que ses croyances et, même, ses convictions à soi ne sont que des sottises! Mais c'est encore une sottise que de croire ou d'espérer qu'il en puisse ainsi être, sauf pour quelques-uns bien entendu.

On confond régulièrement le plaisir et le bien-être, mais cela ne se peut justifier que si l'on parle du plaisir que peut le bien-être procurer.

 Il est rare, extrêmement rare qu'une production (littéraire, artistique, intellectuelle en général) fort abondante soit également de grande valeur, mais cela ne signifie nullement que ça n'arrive jamais.

Ceux qui pensent que tel artiste est l'auteur d'une seule oeuvre et de rien d'autre, oublient ou ne savent pas que derrière une oeuvre se tiennent tant d'autres.

L'oeuvre interrompue--elle n'est jamais achevée comme les imbéciles eux-mêmes parfois le savent---, l'auteur doit se retirer, s'effacer. Par modestie certes, mais bien plus encore par précaution.

C'est de la folie que de discuter avec quelqu'un qui, ayant un revolver en main, est de surcroît assuré, quoiq u'il/elle fasse, d'impunité, à moins, peut-être, qu'on ne puisse convaincre l'autre d'avoir soi-même sur soi une bombe toute prête à exploser.

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Il est possible que la justice existe, mais pas entre les êtres humains, ou alors dans des groupes extrêmement restreints.

Pour les sots, la justice est une forme de rétribution, mais il y a infiniment pire et plus inquiétant; il y a ceux qui croient que la justice est synonyme de répression.

Ils savent condamner, mais n'ont pas appris à louer; qui sont-ils donc?

Les temps furent où l'on pouvait souhaiter, l'institutionnel seul étant insuffisant, qu'existassent des institutions, mais ces temps-là ne sont plus