Il est tout fier d'affirmer qu'il aime son pays, mais il se montrerait peut-être bien moins enthousiaste, s'il pouvait comprendre que ce qu'il appelle aussi sottement que fièrement "son pays" n'est qu'une construction dont il n'est même pas l'unique auteur et qui n'existe que dans ce qui lui tient de cerveau.
Les naïfs qui croient avoir (comme ils disent avec cette assurance dont les seuls imbéciles ont le secret) des droits feraient mieux de ne pas le dire au flic qui les menace de son pistolet ou au juge qui les condamne à avoir la tête tranchée en public un jour de foire, bien qu'ils soient de toute évidence innocents, eux qui n'étaient point là quand le crime fut commis.
Faulkner refusa de rencontrer John Kennedy; mais c'est uniquement parce qu'il était suffisamment intelligent pour savoir qu'un paysan comme Kennedy ne pouvait rien avoir à lui dire, et que tout ce qu'il, lui Faulkner, pourrait trouver à dire à Kennedy lui demeurerait certainement incompréhensible.
Il se plaint de n'être point traité comme l'être humain qu'il est ou croit être: il ne sait pas ce qu'est un être humain, et c'est peut-être tant mieux, car s'il le savait, il éprouverait de violentes envies de meurtre ppour peu qu'on voie en lui un être humain.
Il y a toujours partout des lois, des lois naturelles, mais aussi des lois humaines: le problème, c'est qu'on ne les connaît pas et que, même quand on les connaît, on n'est jamais sûr, s'agissant des lois humaines surtout, qu'il s'agisse bien de lois et non d'on ne sait trop quel quel déchet.
La force, l'autorité ne peuvent être que des excuses, des recours de dernière instance, jamais des arguments, sauf aux yeux des brutes.
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