L'âge vient, le temps s'en va, tout fout le camp, et il en a toujours été ainsi, mais ce n'est que maintenant, en ce maintenant qui surgit parfois bien tôt, le plus souvent toutefois bien tard, quand on sent déjà l'imminence de la froideur de la mort, que l'on s'en rend compte, tantôt résigné, tantôt dévoré d'amertume: tout ça pour en venir là! C'est vraiment trop con pour être vrai, et pourtant...
Que la vie ne soit rien d'autre qu'un cheminement, plus ou moins long, plus ou moins court, vers la mort, n'importe quel analphabète l'a toujours su, mais il faut croire que même les analphabètes ne sont pas si nombreux.
En disant que la vie, que toute vie est précieuse, on ne dit rien d'autre que ceci, que la vie a un prix et ce prix, on le sait bien, c'est la mort, mais on voudrait bien n'en rien savoir.
De même que c'est dans l'obscurité la plus sombre que l'on éprouve un cruel besoin de lumière, c'est quand on se sent proche de mort que l'on a le plus envie de vivre ou plutôt de simplement rester en vie, mais que le sentiment de la proximité de la mort s'éloigne, et l'on a vite fait d'oublier l'urgence de vivre.
On peut souhaiter mourir vingt fois, mais on ne meurt qu'une fois.
Il s'agit, pour l'être humain, moins de vivre caché (pour être heureux) que de mourir caché ( pour ne point exposer l'indignité impuissante de son cadavre).
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