Friday, June 28, 2019

Les chefs d'Etat, ceux qui sont, comme on dit en employant une expression fort complexe, au pouvoir, qui, eux, n'ont en général que du mépris- et ils n'ont pas toujours tort- pour les lois et les institutions, invoquent toujours ces mêmes lois et institutions pour expliquer leur inaction et justifier des décisions absolument abjectes, mais le pire, c'est qu'on ne le leur en tient pas rigueur.

Le plus grand danger qui menace l'être humain, c'est, bien entendu, l'être humain lui-même, l'humanité de l'être humain qui de lui fait un état lamentable et pitoyable.

Il n'y a pas de gouvernants chez ceux qui se peuvent gouverner eux-mêmes; chez les animaux, par exemple, mais les êtres humains sont des étants d'une infériorité telle qu'il leur faut tuer ou être tués: il leur faut des législateurs, des bourreaux.


Comment devient-on un être humain? Les enfants ne sont pas des êtres humains, ils sont bien mieux qu'eux; le contact avec les humains, cependant, salit, corrompt; mort à  l'humanité de l'animal humain!


On aurait souvent l'impression que les animaux sont tristes, mais il se faut demander si ce n'est pas la vue des humains qui les rend tristes.


Qui d'autre que l'être humain est capable de se fabriquer des chaînes  et de s'en vanter?













Les saisons sont toutes
Bien plus belles qu'on ne le pense,
Mais l'homme n'y voit rien.

C'est l'évidence même:
L'homme subit les saisons plus
 Qu'il ne les savoure.


La diversité
Des saisons est comme un hymne
A la gloire du Temps.

Les saisons du cœur
Sont bien plus imprévisibles
Que même la Nature.

Il arrive parfois
Qu'indifférent aux saisons
On soit: quel malheur!

Cet oiseau qui passe
Connaît bien mieux les saisons
Que n'importe quel homme.

Pour lui toute saison
Arrive au mauvais moment:
Que peut-il donc être?

Apprendre à connaître
Les saisons telles qu'elles sont:
Y songe- t-on jamais?

La Nature se vêt
Toujours de couleurs conformes
A chaque saison.

Pour les exploités
C'est toujours la même saison:
Celle de la souffrance.

A l'aube de la vie,
On dilapide tout son temps:
Mais bien vite, le soir.

La saison du juste:
Celle qui jamais ne vient,
Même quand c'est trop tard.

Je me nomme Hiver,
La plus belle des saisons;
Mais très peu le savent.

Et quand vient la nuit,
Ferme les yeux et écoute
Son chant lumineux.

A tout changement
De saison, tout paysage
N'est plus comme avant.

Que vienne la saison
Du culte de la vertu
Chez tous les humains.

Partout et toujours,
C'est la saison des haïkus;
Ne le savent pas tous.

Qu'à chaque seconde
Résonne le chant d'un haïku,
En silence partout.

En toute  saison,
Tu te feras un devoir
D'apprendre le haïku.

Où que tu te trouves,
Produis au moins un haïku:
Plus tard tu verras.

Un jour viendra
Où l'on comprendra enfin
Que tout est haïku.

Sa finalité
Semble bien être cela
Qu'on nomme satori.

Au commencement,
S'il y en a qui soit un,
De tout, un haïku.

Il semble que le monde
Soit fait pour aboutir à
Un unique haïku.

Je suis ce qui est
Et je suis ce qui n'est pas:
J'ai pour nom Haïku.


En s'intéressant
Au seul instant, le haïku
Dit le rien de tout.

En sa brièveté,
Le haïku  l'air de dire
L'insaisissable.

Mais en vérité,
Ce presque rien qu'est le haïku
Dit le rien lui-même.

La méditation
Est nécessaire au haïku.
Le reste importe peu.

La vie, un haïku
Que l'on met toute une vie
A tenter d'écrire.

La mort est peut-être
De toute vie, quelle qu'elle soit,
Le haïku ultime.

Le haïku s'écrit
Sans papier ni roseau,
Et même sans auteur.

Le haïku, c'est comme
Une des formes accidentelles
De l'Esprit du monde.

Idéalement,
C'est sur le vent que s'écrit
L'authentique haïku.

C'est une quête et non
Une sorte de révélation:
C'est ça le haïku.

On n'y comprend rien,
Si l'on  croit que le haïku
Exprime quelque chose.

Le haïku n'advient
Qu'au terme de profondes lectures,
En tant qu'écriture.

Ce qui, au fond, compte,
Ce sont les saisons du cœur,
De l'esprit, de l'âme.

Pour le poète, seule
Une saison vraiment compte:
Celle du haïku.

Sont-ce les saisons
Les seules auteures des haïkus?
N'est-ce pas l'inverse?

Ecrire un haïku,
Un seul qui résumerait
L'univers lui-même.

Faire de sa vie
Un magnifique haïku:
Le rêve suprême, quoi!

Après dix-sept ans
Passés sur dix-sept syllabes,
Il s'interrogea.

Ayant médité
Pendant de nombreuses années,
Il voulut écrire.

Commencer très tôt,
Car il est toujours trop tard
Pour faire ce qu'on veut.

Au soir de la vie,
C'est la saison des regrets,
Des mensonges aussi.

Le poète cherche,
Et on croit qu'il a trouvé!
Quoi? Il ne sait pas.

Il dort tout le temps,
Mais il n'en est guère conscient
Et s'estime heureux.

C'est la pire  saison
Et elle dure toute la vie
Pour pratiquement tous.

Ma saison à moi
Est celle du travail et du
Plaisir qu'il implique.

Y a-t-il ailleurs
Que sur terre des saisons?
Oui, mais autrement.

 Des jours serait bien
 Plus dure la monotonie,
Les saisons absentes.

Rien n'est propice
Au travail autant que la
Période des vacances.

Brutal le changement
De saison ne l'est que pour
Quelques jours seulement.

Il aime tant l'hiver
Qu'il se rend sous les tropiques,
 Dès les premières neiges.

De l'hiver les pauvres
Ne connaissent que les rigueurs,
Par contre point les autres.

En toute saison,
Ils ne pensent qu'à manger:
Mais c'est qu'ils ont faim.

La vie est pour eux
Un interminable hiver,
Même quand il fait chaud.

Ils n'en connaissent qu'une
De saison, et c'est la pire:
Celle de la misère.

Froid, glacé, l'hiver,
L'intérieur des églises,
 Sauf quand on y prie.

En Scandinavie,
On se croirait, en été,
 Le soir en plein jour.

A Tana en hiver,
Le charme des brumes matinales
Fait penser à Londres.

Durant les vacances
D'été en Europe, les villes
Ne se ressemblent pas.

Selon les saisons,
Les gens ne sont plus les mêmes,
La plupart du temps.

Les saisons souvent
Nous semblent comme détraquées,
Alors que c'est nous.

Les saisons enseignent
Qu'éphémère, tout paysage
N'est qu'une création.

C'est un escargot:
Il avance tout tranquillement,
 Bavant gentiment.

Toute apparition
Est aussi disparition:
Rien de plus clair.

De tout le néant
En est l'infini aussi:
On l'a désappris.

Les saisons nous voilent
La réalité du monde,
Parce qu'elle est trop vive.

L'essence du haïku;
Le temps de tout instant et
Son abolition.

Le temps qui passe et
Tout dépasse, il le voudrait
Immobiliser.

Tout est dans l'instant:
C'est la sagesse du haïku
Qu'on peine à comprendre.

L'instant certes n'est rien,
Mais en même temps, il est tout.
Qui le pourrait nier?

La vie n'est guère plus
Qu'une succession d'instants:
C'est déjà beaucoup.

Cinquante ans plus tard,
Il comprit avoir cessé
De vivre ce jour-là.

Tout instant toujours
Continuera d'exister
Eternellement.

L'éternité dure
A peine plus qu'un simple instant;
Pourquoi?

Tout ce temps n'avait
En fait à peine existé.
Mais que c'était long!

Il n'a rien fait,
Le temps lui aura manqué;
C'est ce qu'il prétend.


La cinquième saison,
On n'en peut faire l'expérience
Que grâce au penser.

Il est une saison
Qui, quand bien même permanente
Devrait être, n'est pas.

Une saison surtout
Pour beaucoup n'existe pas:
Celle du penser.

Tout ce qui empêche
L'exercice de la pensée
S'oppose à la vie.

A quoi sert d'avoir
Connu toutes les saisons,
 Sauf celle qui importe?

Au fond, il n'y a
Sur terre qu'une seule saison:
Celle de l'ennui.

A Madagascar
Et dans tous les pays pauvres,
Il fait toujours triste.

Durant la saison
Des fêtes et des évasions,
Soyons indulgents.

Le temps passe, s'en va,
Mais, chez moi, la même saison
Toujours me harcèle.

La vie ne connaît
En fait qu'une seule saison;
C'est la maladie.

La saison des jouets
Est maintenant terminée;
Celle des jeux aussi.

Maintenant commence
La plus dure des saisons:
On ne le sait pas.

Il y a une saison
Qui traverse tous les moments
Et elle est bien fade.

L'enfance, des erreurs
La saison, et la vieillesse,
Celle des horreurs.

Trop chaud est l'été
Et beaucoup trop froid l'hiver,
Sauf pour quelques-uns.

Les saisons nous cachent
Ce qu'est la réalité
En la transformant.

La réalité
Ne se peut concevoir sans
Le souffle du haïku.

C'est une illusion
Que la réalité, seule
Compte la vérité.

Les saisons soulignent
L'éternité de l'instant,
Sans la révéler.

C'est grâce aux saisons
Que l'on comprend combien est
Ephémère la vie.

Toute saison toujours
Est le travail du soleil
qui sans cesse se meut.

Qu'est-ce que le haïku?
Une lumière qui s'éteint
De jour comme de nuit.


C'est le lien social
Qui empoisonne l'existence
De tout et de tous.


Toujours je m'ennuie,
Et chaque seconde qui passe
Dure bien trop longtemps.

Chaque seconde de plus
En est toujours une de trop
Qui n'est qu'en pure perte.

Tout instant importe,
Mais l'addition de tous rien
Ne vaut; qui l'eût dit?

Eternel et nul
Comme un battement de cils
Dans l'attente de l'autre.

En une seule seconde,
Une vie peut basculer
Et même s'écrouler.

Une vie ne suffit
Pour attendre la seconde
Qui peut-être viendra.

En cette seconde-là,
J'ai bien cru ma dernière heure
Déjà arrivée.

La plus longue durée
N'est qu'une accumulation
De points, et c'est tout.

En fait chaque seconde
Dure toute une éternité:
Que de temps perdu!

Vivre chaque seconde,
Comme si c'était la dernière
De toute sa vie.

Tout instant qui passe
Est unique; malgré cela,
Quelle désinvolture!

L'instant de sa mort
Rôde et guette en permanence:
Ne point l'oublier.

Le passé n'est plus,
C'est ce que croient bien des gens.
Quelle absurdité!

A chaque instant fuit
La vie dans toute sa gloire
Et sa vanité.

L'instant de ma mort,
Qui toujours sans cesse m'assiège,
Je n'en saurai rien.

Qu'est-ce qu'un instant?
Presque rien et tout n'est-ce pas?
Vous ne trouvez pas?

Tant de temps perdu,
Que d'instants jetés au vent;
C'est, dit-on, la vie.

De bien trop d'instants
De sa vie on pourrait dire
Qu'ils n'ont pas été.

Oh, quelles sont rapides
Les secondes quand on sent
S'amener la mort.

La saison approche
A grands pas des illusions:
C'est qu'il se fait tard.

Sous un ciel d'été,
Se sentir de froid transi:
Banal fait divers.

Elles étaient, les secondes,
Alors si longues et bien lentes;
On avait le temps.














































































































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