Sunday, July 21, 2019

Le mot grec doxa, que l'on traduit par opinion, se traduit également par, en français, le mot gloire, mais il serait plus approprié que l'on parlât de notoriété ou encore de popularité. Ce double sens, si c'en est bien un, de doxa nous rappelle que la notoriété, ou la popularité, que l'on (mais qui?) confond souvent avec la gloire, n'est que la sœur jumelle de l'opinion dont on n'ignore que, née de l'ignorance, elle ne peut, tout comme elle, conduire à la pire des servitudes.
On la disait autrefois subjective, ce qui signifie qu'on voyait bien alors qu'elle est comme toujours livrée au caprice, vouée au changement et donc condamnée à l'erreur. On en est maintenant venu à la trouver publique et on a même inventé l'opinion publique internationale, autant de signes terrifiants du niveau d'inculture et de l'immensité de la sottise dont on risque presque tous d'être, la confusion involontairement (?) entretenue par les médias qui s'en nourrissent, d'être les prisonniers
Et dire que depuis les Grecs déjà on savait que l'opinion, d'être aux antipodes de l'epistémè, ne peut qu'être ennemie non  seulement de l'alètheia, mais de la gnosis déjà, et bien plus encore de la sophia. Mais on n'y voit rien et il n'est pas impossible cette confusion entre ces différents termes ait rendu possible ce qu'on nomme démocratie et dont Platon craignait qu'elle ne se transformât en ochlocratie.


Francis Ponge rappela, un jour, à quelqu'un qui l'interrogeait, qu'il était contre la démocratie, non pour s'en excuser ou pour le regretter, mais pour apporter une précision et presque pour s'en vanter. Francis Ponge est un homme intelligent, mais il semble qu'il n'ait rien retenu  à propos de ce que Deleuze disait des "gros concepts", bref qu'il ait oublié que LA démocratie n'existe pas, ne peut pas exister. Il n'aurait pas moins oublié que, pour Derrida, c'était là une chance, la seule même peut-être, pour la démocratie, entendue au sens de justice, et qu'il faut autant soutenir, encourager, selon les circonstances, le désir de démocratie, qu'il le faut condamner.


Je soupçonne ceux qui se disent en faveur de la démocratie de ne pas savoir ce que c'est: ils sont convaincus que la démocratie rime avec la tenue d'élections à intervalles réguliers, mais en quoi  les élections peuvent-elles mener à ce qu'on nomme démocratie (que j'invite à entendre ici en son sens le plus courant, le plus vulgaire) ? Ne dirait-on pas qu'elle favorise plutôt l'émergence de dictatures?


La démocratie n'est le plus souvent autre chose qu'un slogan, et les slogans n'ont d'utilité que pour les publicistes, les propagandistes, les prostitué(e)s et les politicards.


Une société dont tous les membres seraient des gens vertueux est une impossibilité, mais point une communauté, ni des communautés de gens vertueux; et pourtant, les communautés de gens vertueux sont rares, rares au point d'être inexistantes. Il y a bien des raisons à cela, il y a surtout que la vertu est une passion (au sens étymologique) difficile.


Quand on aura compris que l'être humain est surtout guidé par l'instinct de mort, quand, en d'autres mots, on aura compris la pensée de Freud dans toute sa complexité et sa profondeur, on ne s'étonnera plus de rien.













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