Saturday, October 8, 2011

CHANGER LE MONDE ?
Quelqu’un m’écrit, à l’instant même, pour me demander ce que je fais, ce que je suis en train de faire pour changer le monde, pour qu’il soit différent.Non sans ajouter que le monde va mal.Bref, c’est parce que le monde va mal qu’il faudrait songer à le changer,à faire en sorte qu’il soit différent.Faut-il donc penser que si le monde allait bien, il n’y aurait rien à faire? Àmoins qu’on ne pense que le monde va toujours mal ? Ce qui, après tout, n’est pas impossible. Mais ce sont surtout ceux pour qui tout va mal, horriblement mal ( la majorité) ,qui se persuadent ( qui doivent se persuader ? ) que tout va bien, merveilleusement bien pour eux, voire surtout pour eux.Toute la difficulté de la révolution tient avant tout à cela.
Elle tient également , ladite difficulté, au fait que le désir ou projet de révolution-----------quoi qu’on en tende par là et bien souvent, trop souvent, cela n’a absolument rien de révolutionnaire,-----------s’accompagne si peu de la réflexion sans laquelle il ne saurait y avoir d’action révolutionnaire authentique.Il faut envisager de changer le monde non seulement parce qu’il et quand il va mal,mais même s’il et quand , comme le croient volontiers d’aucuns, le temps et l’espace des hommes n’ayant pas l’homogénéité abstraite qu’on pense pouvoir leur attribuer ,il va bien.Faute de le pouvoir,il faudrait au moins vouloir changer le monde, pour la raison toute simple et toute bête que, sinon, on ouvre la porte toute grande à l’idéologie, c’est-à-dire au dogmatisme, à la domination et à l’oppression.Mais encore qu’on ne puisse jamais surestimer le rôle de l’enthousiasme ou la fonction de l’indignation,la révolution, si et quand elle se réalise, et elle ne se réalise qu’en tant qu’impossible selon un processus ,un procès qui jamais ne s’achève, ne se réalise ni grâce à la magie inexistante du volontarisme,ni à coups d’injonctions au fond toujours naïves même quand elles ne pèchent par mièvrerie moralisatrice.
Seules la pensée, la lecture et l’écriture en tant que pensée agissante, et l’éthique sans cesse renouvelée qui en résulte, sont véritablement révolutionnaires.Tout le reste n’est même pas de la poudre aux yeux.
Ramanujam Sooriamoorthy

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