Saturday, August 1, 2015

Il faut toujours s'arranger pour, les siens exceptés peut-être,  n'avoir besoin de personne: c'est trop dangereux. Mais comme on a toujours besoin d'autrui, on fera de son mieux pour avoir toujours le moins possible besoin d'eux. Et, sans oublier le devoir, la dette de bienveillance vis-à- vis de ceux dont on aura eu besoin, tout faire pour s'assurer qu'ils n'aient jamais le sentiment qu'ils ont été indispensables.

L'ingratitude, c'est la stratégie conçue par bien des gens pour faire comprendre à leurs bienfaiteurs, à leurs sauveurs qu'ils ne leur doivent absolument rien, pour essayer de convaincre tout le monde qu'ils n'ont jamais eu besoin de personne.

On peut toujours essayer de restituer à l'autre ce qu'on lui doit, mais quand bien même on lui eût rendu, fût-ce au centuple, ce qu'on lui doit, on n'en finira jamais d'être son éternel débiteur, ne serait-ce que parce que ce que l'autre a fait pour soi à tel moment précis, en ignorât-il tout, est, à proprement parler, irremplaçable.

La bienfaisance, on n'a peut-être rien trouvé de mieux pour dominer et asservir son prochain.

Il veut être aimé et c'est pour cela qu'il se montre, qu'il est  si bon, si généreux; mais qui voit qu'au fond il n'est ni bon, ni généreux? Presque personne; peut-être même pas lui.

Pour vouloir être aimé des autres, il faut avoir de soi-même une bien médiocre opinion et les tenir en très haute estime, sauf quand on veut être aimé d'eux à seule fin d'en faire ses prisonniers, ses esclaves.




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