Wednesday, August 5, 2020

Qui tient à démontrer sa supériorité doit se sentir bien inférieur, doit même être très inférieur.


Quiconque est, se trompât - il, convaincu de sa supériorité ne s'avisera sans doute pas d'en faire étalage, et c'est tant mieux; surtout pour lui.

Il faut, pour vite comprendre qu'on est en présence d'un être supérieur, beaucoup d'intelligence; beaucoup d'intelligence et de modestie, et cette union d'une intelligence exceptionnelle et d'une modestie in - appréciable est tellement rare qu'on la pourrait croire impossible.

 Certains   hommes supérieurs aiment à vivre obscurément et  médiocrement dans de petites villes éloignées perdues dans des régions où il ne s'aventure grand monde en général, à croire qu'ils bénéficient, en vivant ainsi, de quelque mystérieuse protection et jouissent de la sérénité qui leur est indispensable pour les activités auxquelles ils attachent de l'importance


En général, les gens se sentent perdus à l'étranger: à peine arrivés dans le pays qu'ils,pendant de longs mois, ont rêvé de connaître, d'explorer, ils éprouvent un cruel besoin de renter immédiatement.


Bien des gens  ayant abondamment voyagé sont, en fait,  les hommes d'une seule ville: Borges est l'homme de Buenos Aires, Joyce, celui de Dublin et Valéry, le Méditerranéen, l'homme de Paris, Pessoa, celui de Lisbonne, quand on ne serait tenté de trouver que c'est Buenos Aires qui est la ville de Borges, Dublin, celle de Joyce, et ainsi de suite, comme si ces auteurs avaient créé Buenos Aires, Dublin, Paris, Lisbonne, eux - mêmes, des villes imaginaires ressemblant aux villes réelles que tout le monde connaît ou croit connaître, et bien différentes d'elles en même temps, créations uniques et possessions uniques de chacun d'entre eux, et il en va ainsi de tous, car la ville que je vois, que je visite, dont j'arpente les rues sans en contempler les monuments, sans faire attention à ses couleurs qui ne cessent de changer, non seulement les saisons, mais quotidiennement selon les déplacements du soleil dans sa course, n'est pas celle que voient les autres, ni même celle que je reconnais à différents moments de la journée, et c'est probablement pour autant, pour tout cela, que toute ville, tout lieu est toujours plongé, pour celui qui y est attentif, dans un silence indéfinissable et revêtu  d'une obscurité plus révélatrice de son "être" que les lumières dont il est inondé, encore que toute lumière ait sa part d'obscurité, laquelle est plus impressionnante que la familiarité lumineuse  dont on est, le plus souvent, le spectateur aveugle.






No comments:

Post a Comment