Saturday, May 19, 2012

Le succès est, dans le meilleur des cas, affaire de travail, de patience, de discipline et de volonté,mais dans le meilleur des cas seulement, autrement dit très rarement;la plupart du temps, les facteurs de succès sont tellement ignobles qu'un être qui se respecte n'en voudrait pas,et personne ne l'ignore vraiment.

Le travail et la patience ne conduisent pas toujours au génie,mais reconnaissons à Flaubert le droit de plaisanter, et n'en concluons que le travail et la patience sont aux antipodes du génie.

Certes, le génie, sans le travail, s'étiole,se sclérose ,se dissout,mais peut-être seulement là où le travail n'eùt servi à rien.

Etre noble,c'est bien sûr également une question de style, de prestance ,mais le style et la prestance ne relèvent pas d'abord de l'extériorité visible ,ils sont plutôt le reflet d'une intériorité que l'on a le plus souvent mal à identifier,car elle est aussi peu de l'ordre de la visibilité que l'extériorité, généralement éclatante et tapageuse,ou du moins bien visible, qu'on associe(rait) à la noblesse de tempérament,l'est d'une authentique noblesse;non qu'elle en soit forcément la négation,mais la vraie noblesse n'a jamais besoin de quelque parure.
Les êtres humains dans leur très grande majorité, surpris au naturel,ou tout simplement au repos,tout souci méprisé des convenances qui les silencieusement contraignent à adopter telle attitude,à supprimer tel réflexe, à prendre la pose,quoi! sont ,dans cet espace réservé auquel n'ont accès que les proches et les intimes ,lesquels se trouvent en même temps être ceux pour lesquels ils n'ont guère de considération,étant donné qu'ils ont ,en leur présence ou en leur compagnie, des comportements qu'ils ne se permettraient ailleurs,bien plus par respect ou crainte d'autrui que par soin de leur image personnelle, de celle qu'ils cherchent à promouvoir d'eux-mêmes, si différents de ce qu'ils sont à la ville ,en public, qu'il n'est ni infréquent ni surprenant que, rendant à l'improviste  visite à un collègue de travail ou même à ,comme on dit, un ami, on soit à ce point surpris par l'inconnu qui vient à sa rencontre qu'on est tenté de, s'excusant, se retirer  en toute hâte,tout honteux de s'être montré maladroit,gêné surtout d'avoir surpris quelqu'un dans une tenue  ou dans une attitude peu compatibles avec l'idée qu'on se fait d'habitude de la dignité d'un individu,mais dès qu'il se confirme qu'on ne s'est pas trompé d'adresse ni même de ville,comme en pourrait témoigner l'exubérance de l'accueil  du collègue,ou ami, tout heureux,ou même fier, de recevoir quelqu'un, le sentiment de gêne se transformerait presque en expression de colère, colère contre l'autre, et bien plus encore contre soi-même  de s'être montré si peu intelligent dans le choix de ses fréquentations, de n'avoir surtout point compris que la personne qu'on tenait en relativement haute estime n'existait qu'éphémèrement durant les quelques heures que le travail et les obligations quotidiennes lui arrachaient,et que ce n'est qu'une fois libéré des divers déguisements imposés par le regard d'autrui,qu' il se révèle tel qu'il est : un inconnu qu'on croyait seulement connaître et qu'il faudra dorénavant apprendre à connaître ou, ce qui est plus fréquemment le cas, à éloigner.
Tout change certes,mais pas au point de frapper de péremption totale même cela qui existait il y a bien longtemps et que l'on eût pu croire enseveli dans un linceul d'oubli , c'est sans doute ce qui explique notre croyance en la permanence de tout être , de toute chose,alors que le souvenir lui-même en est devenu incertain, perdu dans la brume qui,l'hiver venu, confond l'océan et la plage dans une même indistinction.

Tout change et rien ne change vraiment, rien ne change et tout change en même temps, et nous ne sommes que des nigauds au milieu de tout cela.
Le fait que tout change, que la rose que je contemplais ce matin en me promenant dans le jardin n'est plus vraiment la même,le fait qu'il n'y ait rien de plus immuable que ce principe général qui tout et tous soumet à la loi du changement,ne peut que signifier que nous vivons dans un univers peuplé de fantômes, que nous sommes comme des morts vivant au milieu d'autres morts,et vraiment cela ne mérite pas que nous fassions grand cas de cette existence qui est la nôtre.


Friday, May 18, 2012

On voudrait avoir neuf ou dix vies alors qu'on ne sait même que faire de celle que l'on a,mais peut-être est-ce parce que celle que l'on a, elle-même faite de beuf ou dix vies,n'est pas tout à fait à soi.
Rencontrant au bout de quelque temps quelqu'un que j'avais autrefois connu , qui,à l'époque m'avait frappé par ce qu'alors je tenais pour sa très grande simplicité et dont la modestie m'avait presque ému,je suis tout surpris, amusé et choqué à la fois, de constater qu'il est comme tout changé, que la personne discrète et effacée qu'il m'avait semblé connaître s'est effacée pour céder la place à quelqu'un de visiblement hautain et arrogant, non qu'il se montre vis-à-vis de moi hautain et arrogant,mais il ne m'est guère difficile,tant je le trouve artificiel et superficiel,de deviner,sous son apparence de gentillesse et d'amabilité, que je dois probablement aux bontés que j'au eues pour lui autrefois et dont il doit être bien pressé de se tenir quitte,vu l'empressement qu'il met à vouloir se montrer généreux à mon endroit,quelqu'un d'agressif , un individu obsédé par la passion de l'ostentation,bref un être vulgaire qui, fût-il inoffensif, ne serait pas moins répugnant , mais bientôt le cours de la conversation,que j'ai pourtant hâte d'écourter, me remet en mémoire certains aspects de son comportement antérieur,et je comprends graduellement que sa gentillesse passée n'était,en fait, qu'un masque imposé par des circonstances peu propices  à l'exercice d'exhibitionnisme auquel il se livre maintenant , que c'est maintenant enfin qu'il se révèle tel qu'il a toujours été et n'a cessé d'être et que ,si ce que je croyais être auparavant sa vraie personnalité,était en fait un masque, c'est le masque qu'il a l'air de maintenant porter, c'est le déguisement sans lequel il est désormais méconnaissable même à ses propres yeux,qui l'exhibe dans toute l'horrible et laide nudité de sa personne que plus rien ne semble pouvoir distinguer du personnage ,du rôle qu'il a l'air de jouer ,mais en fait il n'est nullement en train de jouer,même s'il en peut donner l'impression,alors que,quand il jouait effectivement ,quand il n'épargnait aucun effort pour offrir de lui l'image d'un homme simple et sympathique, il n'attirait même l'attention en raison de son allure toute naturelle et sans allure, et il en va ainsi de bien des personnes dont on croit qu'elles ont changé,quand, en fait, elles se montrent  sous leur vrai jour, n'étant jamais aussi cabotins que quand ils sont fidèles à eux-mêmes  et ne donnant jamais autant  l'impression d'être vraiment eux-mêmes que quand ils jouent la comédie.

Thursday, May 17, 2012

D'apprendre que quelqu'un d'autre cultive des désirs identiques aux miens, oriente ses pensées sur ce qui me passionne,y concentre son énergie, aussitôt me rend cela qui jusque-là constituait pour moi un motif d'action, une raison de vivre, fade,inintéressant et même sale;après tout, si n'importe qui peut également s'attacher à ce qui me fascine,le trouvant non moins fascinant, il est fort probable que cela ne soit pas fascinant du tout.

Wednesday, May 16, 2012

L'oeuvre de Proust ,que je lis dans l'admiration la plus totale possible, est , sous réserve que je sache lire, bien plus que l'oeuvre elle-même de Proust, et, en même temps, bien moins que cette oeuvre ,même si je sais lire, de sorte que l'admiration dont je pâlis à la lecture n'est admiration que de moi-même en définitive, et ceci me rappelle que la lecture,pour être juste-----------à tous les sens de ce mot-----------, doit probablement se garder de toute tentation d'admiration.
Il ne saurait prétendre être intelligent celui qui ne sait s'affranchir des autres, des contemporains surtout.
On n'hésite point,malgré le doute latent, qu'on finit toujours,n'importe comment, par écarter,à croire aux mensonges les plus grossiers aussi longtemps que son ego en est flatté et ,corrélativement,on balaie d'un revers de main bien cavalier toute critique quelque justifiée qu'elle puisse être.

Tuesday, May 15, 2012

Comment, en se remémorant les heures passées en la compagnie ,ou même tout simplement en la présence de certaines personnes, en songeant à ces instants dévorés par des actions ridicules et honteuses, ne pas éprouver le sentiment d'un immense et terrible gâchis ?

Une vie de part en part saine et noble,cela devrait être possible; les parents et les maîtres sont apparemment là pour cela,mais le problème, c'est qu'il y a si peu de parents et de maîtres, et quand il y en aurait, on ne sait pas toujours bénéficier de leur présence et de leur enseignement.
Quand ce qui plaît,plaisait, cesse de plaire, quand ce sans quoi on était convaincu de ne pouvoir continuer à vivre n'exerce plus la fascination subie dans le ravissement pendant de longues années et qui remonte à si longtemps qu'on la croirait avoir toujours manifesté sa présence, il s'ensuit le plus souvent un sentiment d'incrédulité telle qu'on préfère,plutôt que d'avouer s'être comporté comme un imbécile,s'obstiner à en extraire quelque parcelle, pourtant vaine reconnue, de plaisir , cependant qu'en soi on ne cesse de s'interroger pour essayer de comprendre ,non pas comment cela qui maintenant semble si pitoyable et laid , si avilissant ,a pu émerveiller, mais ce qui a pu occasionner le soudain changement dont on se demande encore s'il est bien réel , si bientôt il ne s'évanouira point ,autorisant le retour de cela qui, pour l'heure, et pour toujours peut-être, ne semble plus appartenir qu'au royaume des illusions, source de son jaillissement et lieu de son déploiement depuis toujours,dont   ce n'est que maintenant seulement ,maintenant enfin, dans la lumière crépusculaire d'une révélation déchirante , que l'évidence plonge dans la plus entière stupéfaction, pour que, peut-être, naisse un être nouveau, nullement ou si peu prisonnier de ces trompeuses séductions qui font de chaque être humain une simple marionnette qui croit vivre pleinement alors qu'il ne fait que péniblement de tenter de survivre.

Monday, May 14, 2012

Quelqu'un de lucide et d'intelligent redoute moins la critique  que la louange,car si la critique n'est bien souvent que  méchante, la louange est ,dans la plupart des cas, naïve.

C'est dans l'allégresse que le grand homme accueille l'indifférence des contemporains, lui qui n'a que faire de l'intérêt qu'ils  pourraient trouver à sa personne.




Il ne surprendra personne que des imbéciles se croient intelligents,mais que faut-il penser de ceux qui, incontestablement intelligents, se croient intelligents ?
Si les hommes n'étaient qu'égoïstes, ce ne serait pas si grave, ce ne setait même pas grave du tout dans la mesure où leur égoïsme les pourrait inciter, dans l'espoir d'un gain supérieur en retour, à faire preuve d'altruisme,mais les hommes ne savent se montrer égoïstes de manière intelligente.

La bienveillance, l'altruisme,la générosité ne sont bien souvent que des masques; bien souvent seulement et il s'en faut réjouir.

Sunday, May 13, 2012

A la limite,il peut arriver même à l'être le plus imbécile qui soit de comprendre ce qui a l'air de défier toute compréhension,mais il sera toujours difficile,même à l'être le plus intelligent de la terre, de comprendre, d'activement comprendre les choses les plus simples qui soient.
Le lieu le plus morne et austère qui soit,l'endroit de la terre où il ne se passe pour ainsi dire rien ,le village le plus retiré nous deviennent  chers et nous y voudrions passer le reste de notre vie ,pourvu qu'y vive une personne aimée,et notre imagination  alors d'embellir les rues le long desquelles elle promène ses pas, et ses paysages de se transformer nous rendant plus attentifs aux formes qu'ils inventent et aux couleurs qui n'appartiennent qu'à eux, et l'air qui y flotte d'être plus respirable qu'ailleurs,uniquement parce que c'est là qu'elle vit encore, parce que, surtout, c'est là qu'elle a vécu,qu'elle aura passé tant d'années de sa vie, et ce lieu ne nous sera  pas moins une source de douces et mélancoliques rêveries si nois devions apprendre qu'elle n'y vit plus ,car nous nous rappellerons, nous nous dirons, en nous promenant, à notre tour, en ces lieux, dont le charme s'accroît désormais de son absence, que c'est là qu'ont résonné ses pas, que c'est là qu'a retenti sa voix, c'est là que l'inégalable et inaltérable parfum de son corps s'est discrètement répandu, que c'est là,pour y avoir été, qu'elle continuera de se toujours trouver, et il nous arrivera de croire l'avoir vue, vision bien plus réelle en un sens que sa présence elle-même, et de nous précipiter à sa rencontre pour , dans la confusion et la tristesse, constater qu'il ne s'agit même de quelqu'un qui lui ressemblerait, car elle est ,bien entendu, unique, aussi unique que le lieu où elle vit, grâce à sa présence rendu unique.
                                                        TOUT SIMPLEMENT
 De même que les goûts,les penchants,les caprices de la personne aimée ou admirée,non moins que ses tics les plus fâcheux et ses manies les plus déplorables, voire ses défauts et ses travers,mais qui alors ne nous semblent jamais,contre l'évidence la moins réfutable qui soit, tels, nous frappent, le doute nonobstant qui s'insinue,que nous  avons cependant vite fait, par dénégation, grâce, si l'on peut dire, à un coupable sentiment d'infidélité, de nous être, fût-ce momentanément, laissé détourner de notre ardeur admirative, d'éloigner,quant à la dignité de notre comportement,comme étant les seuls enviables,mobilisent tous nos efforts en vue d'une imitation que nous voudrions bien totale et  dont nous échouons pour l'heure, vu que dure la fascination, à constater le ridicule qui en émane pour notre honte future, quand cesseront les effets du sortilège dont nous ne soupçonnons même qu'il puisse un jour s'évaporer,inclinant plutôt à tenir pour acquis qu'il ne peut que se sans cesse renouveler en se toujours améliorant ,et réglementent toutes nos pensées et actions au point de nous priver de toute réelle autonomie,nous laissant  l'illusion de prendre des initiatives  qui, en fait, traduisent des soumissions et des abandons , nous en venons à contracter une allergie immédiate à l'encontre de tout ce dont nous nous délections , de tout ce qui ,pensions-nous, allait constituer jusqu'à la fin de notre séjour terrestre nos seules raisons de vivre, dès que nous parvient la nouvelle,ou aussitôt que s'ébruite le soupçon, dont pourtant rien ne permet de penser qu'il repose sur des bases suffisamment solides pour justifier quelque réaction de notre part,que quelqu'un que nous méprisons,quelqu'un, qui nous inspire une répugnance telle que c'est dans l'allégresse et la jubilation que nous apprendrions qu'il lui est arrivé  un malheur dont rien ni personne ne le pourraient secourir ,que c'est tout frémissants et ivres d'extase que nous assisterions ,oublieux des nobles  sentiments  qui d'habitude nous habitent, à son humiliation publique au milieu des cris et des vociférations d'une foule en délire enlaidie et défigurée par ses instincts les plus bas, cultive des appétits identiques aux nôtres,fait l'expérience de vibrations qui nous sont familières et  dont nous étions convaincus qu'elles ne pouvaient que lui être entièrement étrangères  jouit ,lui aussi, de ce qui nous procure les plus extrêmes plaisirs ,et le dépit qui alors s'empare de notre être,loin de s'atténuer du fait que nous n'ignorons que, malgré l'air de parenté qui semble nous unir, en raison d'une communauté d'inclinations, à la personne exécrée et honnie,tout continue de nous opposer à elle, s'accroît au contraire de notre réluctance à accepter que quelqu'un, que nous aimerions savoir le plus éloigné possible de nous, puisse se passionner pour cela qui ,selon nous, eût dû être strictement  réservé à une catégorie toute spéciale de personnes,à laquelle nous appartenons,nullement en vertu de quelque privilège décerné par les hasards  de la naissance ou voulu par l'iniquité d'une organisation sociale fondée sur l'injustice ,mais au nom d'une élévation ,jamais définitivement conquise et toujours à reconquérir, de l'esprit, de l'âme et du coeur, il s'accroît et s'aggrave ,se transformant  en haine meurtrière dirigée non seulement contre la /les personne/s que l'on se contentait jusque-là de simplement ignorer avec dédain et qui désormais,étant   responsable/s  d'avoir, en s'y intéressant, sali  ce que l'on ne peut plus dorénavant vénérer, méritent bel et bien de subir l'impitoyable férocité de nos désirs mortifères,mais peut-être bien plus encore contre notre être à nous tout honteux de devoir concéder que celui qu'il vomit le rappelle au moins par quelque côté, sans oublier les désirs et les ambitions soudain noircis d'être convoités par des gens dont l'ignominie est telle qu'il suffit que l'on songe ne serait-ce qu' accidentellement et si fugitivement que ce soit   à eux,pour qu'on se sente comme irrémédiablement souillé,mais il y a probablement pire,le pire étant la dissolution, dans le prolongement d'une toujours tardive révélation qui est de l'ordre d'un séisme, de l'admiration de telle ou telle personne dont les goûts, les penchants,les caprices et les inclinations fournissaient le modèle réglant les nôtres au prix de monstrueuses tentatives d'identification qui régulièrement dans une angoisse quasi  morbide nous plongeaient, la révélant aussi médiocre que peuvent ses goûts, ses penchants banals et ridicules être,cependant que dans le désarroi  concomitant de la ruine de nos désirs et ambitions dont l'inanité enfin apparue pousserait au suicide, nous ne savons plus que faire,à moins que ce désaveuglement ne soit ,on le peut souhaiter, une exhortation ,une injonction pour que nous nous mettions ,enfin, à oeuvrer à l'invention de notre être à nous,dans l'affranchissement le plus total possible , dans une liberté si grande qu'on ne saurait même l'imaginer.

Thursday, May 10, 2012

De ce que ce qui est capable du meilleur soit , pour cette raison même, capable du pire, il ne s'ensuit pas que ce qui est capable du pire soit capable du meilleur.

Les gens inférieurs croient toujours que les autres ont des devoirs et des responsabilités envers eux,mais peut-être estiment-ils que c'est parce qu'ils sont inférieurs que les autres leur doivent quelque chose.


En renonçant au monde après avoir fait la rencontre d'un vieux, d'un pauvre, d'un malade et après avoir vu un mort,Gautama dit clairement que si l'on tient à rester au monde, il faut être toujours jeune et riche, qu'il faut toujours jouir d'une bonne santé, et ce n'est qu'ainsi qu'on pourra,éventuellement, tenir la mort à distance le plus longtemps possible, mais c'est parce qu'il sait qu'on ne peut être toujours jeune et qu'il faut bien ,tôt ou tard, mourir, qu'il n'a d'autre choix que celui de l'immortalité.
Une vie humaine ne vaut que dans la mesure où elle ne se contente pas de seulement s'efforcer de tendre vers la perfection.


Toute la question,c'est de savoir ce que l'on fait, fera de sa vie, et on ne croit pas si bien dire, vu qu'en (se ) posant cette question,si jamais on la pose, on démontre, sans le savoir peut-être, mais on ne démontre pas moins savoir,ou du moins soupçonner que sa vie à soi, ce n'est pas soi,qu'elle est comme distincte, séparée de soi, sinon étrangère à soi.




Wednesday, May 9, 2012

On ne peut être révolutionnaire avant d'avoir épuisé toutes les facettes de toute orthodoxie possible,non seulement celles de toute orthodoxie passée et présente,mais également celles de toute orthodoxie à venir;faute de quoi, on n'est pas plus révolutionnaire que n'importe quel bateleur d'estrade.Et encore ! Peut-être même est-on moins révolutionnaire que le dernier des bateleurs d'estrade lui-même.
Dira-t-on de quelqu'un qui se bat pour une cause,pour une idée,pour un idéal ,qu'il mène un combat abstrait? Que c'est un rêveur? Un idéaliste ?Oui,bien sûr,mais seulement à condition d'oublier que ce combat-là est motivé par une volonté de négation de certaines réalités  et est orienté dans le sens d'une transformation constante de notre attitude vis-à-vis des êtres et des choses.
On ne peut croire être intelligent si on ne sait empêcher les autres de faire intrusion chez soi,en soi.

Les pires intrusions sont celles que l'on subit sans que les autres y soient vraiment pour quelque chose,sont celles dont on est soi-même, soi seul responsable.

Si au fond on n'attachait------------et on le fait la plupart du temps sans même en être conscient,-----------de l'importance à ce que les autres pourraient penser de soi,on ne se sentirait obligé vis-à-vis de personne,les siens exceptés, et les siens, ce ne serait pas n'importe qui ,mais véritablement les siens.


Il n'est jamais facile d'identifier les siens; les relations au sein de la famille, au sein du couple peuvent être d'une aide appréciable,mais sait-on hamais quand on peut s'y fier ?


Confier des responsabilités à autrui, aux siens notamment, leur en donc imposer,c'est----------comment en peut-on douter?-----un acte particulièrement ignoble,car  le propre d'une responsabilité---------on le devrait savoir--------- ,c'est de ne pouvoir être accomplie.

Les seules responsabilités dignes d'un être humain sont celles qu'il sera toujours libre, entièrement libre , d'écarter, d'ignorer,mais qu'il se librement obligera à honorer.

On n'a de responsabilités que vis-à vis de soi et des siens d'abord,mais il y en a qui ,oubliant les leurs  et même eux-mêmes, privilégient les autres.On peut certes expliquer et comprendre un tel comportement; qui le voudra,cependant, très lucidement et conscieusement, adopter ?

Ceux qui prétendent ,ou affirment,agir pour le bien-----------admettons-les sincères,------- de l'Humanité ou du pays, de la Nation, comme on dit-----------encore heureux qu'on ne dise pas l'Etat---------,ou même pour le groupe,social, ethnique, religieux, familial,etc. ,ont l'air d'ignorer que toute action, pour être de quelque efficacité,ne saurait avoir pour destinataires des entités vagues et abstraites, que , quoi qu'il en soit, on  peut d'autant moins agir en faveur de ces entités vagues,imprécises, abstraites que sont l'Humanité,la Nation l'Etat, le groupe,les autres, qu'on n'est même pas sûr de savoir si elles existent,mais cela ne signifie nullement, bien au contraire, qu'il ne faille sérieusement réfléchir aux rapports avec autrui,avec les autres.

Il n'est pas impossible d'agir en faveur des autres dans leur très grande généralité,mais à condition de se concentrer sur son action et non sur les autres.
S'il est vrai que personne n'a été plus philosophe que Kant,il est encore plus vrai que personne n'aura jusqu'ici été aussi écrivain que Proust.,car après Kant,il y a quand même eu Hegel,Husserl,Heidegger,tandis qu'après Proust, Joyce sans doute excepté,..........
C'est quand on ne dispose ni de la force physique ni de la force institutionnelle qu'on est en mesure vérifier si on est vraiment courageux.
Etre courageux ne signifie pas qu'on s'expose inutilement, mais il est des cas où il faut bien se résoudre à s'exposer,à mettre en danger sa vie.




Là où l'intelligence ne s'accompagne pas de noblesse,de vertu, elle n'est qu'habileté ouruse.

L'intelligence sans la noblesse,c'est peut-être pire encore que l'inintelligence sans la noblesse.

L'intelligence ne conduit point forcément,hélas! à la noblesse;la noblesse ,par contre, peut conduire à l'intelligence.

La noblesse ,ce n'est probablement autre chose que la volonté en acte de ne porter , fût-ce par l'imagination, atteinte à qui que, à quoi que ce soit.

Tuesday, May 8, 2012

On doit à l'ignorance et à la sottise bien des hyperboles, des litotes et des catachrèses ,mais il y a heureusement les écrivains et les poètes.
Les grands écrivains, les grands artistes,les philosophes ne décrivent pas la réalité ,ils la dé-couvrent et , la dé-couvrant, en proposent la ré-invention.
La critique est,le plus souvent, plus dure à accepter quand elle est justifiée;quand elle ne l'est pas, on ne s'en soucie guère;parfois.

Contre toute critique, se convaincre qu'on a toujours raison et que les autres ne sont que des imbéciles; il y en a qui en sont capables.Eh oui!


Monday, May 7, 2012

De même qu'il est possible, à l'instar du scientifique, d'expliquer sans vraiment comprendre,on peut, comme le philosophe,même si telle n'est pas sa tâche, comprendre,  et être presque  totalement incapable d'expliquer. S'il faut-----------mais rien n'est moins sûr-------------, pour pouvoir apprécier, honorer, respecter,aimer, qu'on ait compris et soit en mesure d'expliquer,il faudra bien alors conclure quil n'y a ( peut-être ) personne qui comprenne et explique aussi bien que le sage ou l'artiste.Mais ,si tant est qu'ils comprennent ou aient compris quoi que ce soit, ils expliquent sans vraiment expliquer et on ne sait trop ce qu'il en faut penser.
Une oeuvre longue, abondante, colossale,monstrueuse  même, et profonde en même temps, cela  a bien moins qu'on ne le croit à avoir avec la matérialité sensible de l'oeuvre.

On aimerait bien que la mort n'existât point, ne fût qu'illusion,ou du moins que la vie ne s'arrêtât point avec la mort;on se dit qu'on pourra alors corriger toute erreur commise,se racheter,qu'on aura toujours le temps de faire ce qu'on a omis de faire,mais on oublie ou on ignore que ce n'est absolument pas parce que le temps aura fait défaut qu'on n'a pas fait ce qu'on aurait voulu et surtout ce qu'on aurait dû faire.
Le désir, pourvu qu'il soit sincère, authentique, de noblesse, pourvu qu'il soit accompagné d'efforts véritables et constants en vue  de la noblesse, est certainement fort louable,mais point si louable si, toute son ardeur nonobstant,il n'est que désir de noblesse.
La mort d'un salaud n'en fait pas quelqu'un de bien;bien au contraire,elle consacre pour toujours sa turpitude désormais inaltérable , irrachetable, et c'est,ma foi! tant mieux.


La hauteur a très peu à voir avec l'attitude ou même avec le comportement;elle tient bien plus d'une disposition intellectuelle et morale,et spirituelle aussi qu'on aura appris,mais sans vraiment en être conscient, à cultiver au contact des êtres et des choses.Comment ? Pourquoi ? Un jour peut-être,on le saura; estimons-nous pour l'heure heureux qu'il y ait des êtres humains capables de hauteur,même si nous en sommes personnellement incapables.
Le passé, c'est à la fois ce qui est passé et ce qui n'est pas encore là; de là l'impossibilité de se jamais réconcilier avec ou de surmonter le passé.

Sunday, May 6, 2012

L'acteur de cinéma  jouant le rôle d'un cordonnier se démène pour ressembler à tel cordonnier qu'il aura vu et observé,tandis que le cordonnier, se rendant au cinéma, essaie d'imiter l'acteur qui joue le rôle de cordonnier,non pas dans son rôle de cordonnier, mais tel qu'il est ou serait dans sa vie de tous les jours,laquelle ne peut, selon lui, le cordonnier, qu'être palpitante et fascinante de bout en bout
Les scientifiques expliquent le monde ,les philosophes aident à le comprendre,les artistes et les sages permettent de le respecter et de l'aimer.

De tous les philosophes,personne ,pas même Nietzsche,n'est aussi poète que Heidegger,et c'est probalement ce qui fait de lui le philosophe suprême.

Holderlin n'est pas moins philosophe que poète,et c'est parce qu'il est avant tout poète qu'il est philosophe;c'est, je crois,Heidegger qui l'a le premier compris et fait comprendre.
Certains préjugés sont certainement moins nocifs,mais aucunement moins absurdes que d'autres;ils doivent ,par conséquent, être combattus avec au moins presque autant d'acharnement  que celui d'entre les préjugés qui a l'air le plus inoffensif.
Quand quelqu'un se montre trop affirmatif et péremptoire, il y  a, à moins que ce ne soit un con, de fortes chances pour que ce soit un illuminé; le problème c'est qu'on prend aisément l'illuminé pour un imbécile et l'imbécile pour un illuminé.


Saturday, May 5, 2012

Les nécessités qu'impose la vie en société peuvent amener tout écrivain à s'oublier;on le peut regretter ,mais on n'en tiendra rigueur à l'écrivain que s'il a oeuvré à son propre suicide pour n'être plus qu'un saltimbanque.Qui cependant dira si cela a jamais lieu ?

L'être humain ne vit pas en société : il y survit.Il y survit en se perdant ,en gaspillant ce qu'il a de plus précieux.Pour vraiment vivre enfin,il lui faut encore survivre à la survie à laquelle le contraint la Société, et c'est incroyablement difficile.
Sollers déclarant qu'il vaut mieux être grand écrivain que Lacan semble non seulement oublier que Lacan est un immense écrivain,mais aussi,pire encore, s'en tenir à une conception fort étroite de l'écriture et de la fonction de l'écrivain,conception à laquelle un journaliste ou un écrivant eussent volontiers souscrit ,certainement pas le Sollers qu'on a connu jusqu'à Paradis par exemple, voire jusqu'à Femmes;il est toutefois bien vrai que depuis l'auteur de Nombres et de Lois a beaucoup changé.
L'animal humain donnera plus volontiers libre cours à ses haines qu'il ne s'efforcera de réaliser ce qu'il désire le plus;mais peut-être est-ce cela ce qu'il désire le plus, cet animal-là :haïr,détester, faire du mal.


Ce n'est pas le fait d'être un sot qui dérange la plupart des gens, c'est le fait d'en avoir conscience.

On s'accommode fort bien de son ignominie, de sa bassesse,mais ce qu'on ne saurait tolérer , c'est qu'on puisse en dire du mal.


Quand on offense les autres sans le vouloir et sans le savoir, c'est qu'on est quelqu'un de dangereux, quelqu'un qui mériterait qu'on se débarrassât de lui,d'une manière ou d'une autre.


Il y a pire que ceux qui n'aiment à admettre leurs erreurs,il y a ceux qui reconnaissent en avoir commis,mais qui affirment n'en être pas responsables.

Il y a autant de honte à tirer profit d'une injustice qu'on n'a pas soi-même commise qu'à en perpétrer une.
La plupart des gens ont besoin d'être aimés,voire d'être admirés et adorés,ou à la rigueur d'être considérés avec une gentille attention; seuls quelques-uns n'expriment que le désir qu'on leur foute la paix.Notons cependant que ce sont surtout ceux qui ne sont pas ou ne se sentent pas aimés qui brûlent-----en raison de cela même ?-------- du désir de l'être et qu'il n'y a que ceux que les autres agacent qui réclament-------en raison de cela même ?------ d'être laissés en paix , comme s'il suffisait que l'on désirât quelque chose pour s'en trouver privé.Toute la question, c'est peut-être de savoir ce qui se passerait si ceux qui sont taraudés par le besoin d'être aimés parvenaient,en admettant que cela jamais arrive, à se faire aimer, et si on laissait , en admettant que jamais cela arrive,à leur tranquillité ceux qui pestent contre toute intrusion dans l'espace qu'ils se sont à eux aménagé.Mais sans doute ne voudront-ils alors être aimés,ceux qui jusque-là se plaignaient de ne l'être, et ne souhaiteront-ils qu'on leur foute la paix ceux qui jusque-là exigeaient justement cela.

Friday, May 4, 2012

Pour beaucoup de gens,il est plus intéressant et avantageux d'avoir une réputation de noblesse et d'intelligence que d'être effectivement nobles et intelligents;on les comprend et on serait tenté de les mépriser.
Il suffit, pour pouvoir transformer ses faiblesses et les désavantages dont on est affligé en atouts d'être habile .mais pour être habile,il faut être au moins un tout p'tit peu malhonnête.
Sans doute est-il vrai qu'on n'est confronté qu'à des illusions,mais reconnaissons quand même qu'il y en a qui sont belles et qui valent bien qu'on s'y intéresse.

Il y a bien des évidences ,bien des banalités si l'on préfère,dont on ne s'aperçoit que très tardivement,et c'est toujours alors un sujet de tristesse,un motif d'incrédulité , mais il est exceptionnel qu'on soit disposé ,malgré cela, à reconnaître qu'on se sera pendant si longtemps comporté comme un aveugle , comme un sot.
L'assouvissement de ses intérêts,ou même, plus simplement et tout bêtement,celui de ce que l'on croit à tort être ses intérêts bien à soi,qui ne mobiliserait la moindre parcelle d'énergie si on n'entretenait la conviction,laquelle se révèle bien souvent illusoire,qu'en résultera nécessairement un plaisir que rien ne peut égaler ,constitue probablement l'obstacle le plus sûr à tout effort dans la voie de la noblesse.
Il y a bien des choses que l'on n'arrive à comprendre avant d'en avoir fait l'expérience directement ,mais cela n'arrive qu'aux imbéciles qui ,même là, ne se rendent compte de leur obtusion foncière.
C'est parce que la justice ne saurait exister,ni dans la Nature, ni chez les humains, qu'il y faut travailler.Si elle existait effectivement ou qu'elle simplement pût exister,on n'aurait même à s'en préoccuper.

Thursday, May 3, 2012

En admettant qu'il soit légitime et juste de souhaiter la ruine et la chute d'un salopard, on s'interdira,le moment tant attendu du malheur espéré venu de se réjouir :pourquoi s'en réjouir en effet,alors que ses anciens collaborateurs et amis sont là pour cela ?
Pour la plupart des gens,est un imbécile toute personne dont les sympathies et les allergies ne coïncident point avec leurs penchants et leurs préjugés.
C'est tout naturellement que l'on croit à une espèce de pérennité des êtres et des choses, tout en les sachant périssables,et peut-être même parce qu'on les sait ou obscurément périssables devine, voués,non pas tôt ou tard,mais dès l'instant même de leur émouvante apparition,laquelle ne peut que,pour peu qu'on ne soit pas entièrement débile, faire naître des craintes et des appréhensions que les multiples sollicitations du quotidien ont seules le pouvoir de reléguer dans un oubli relatif, à une transformation dont les effets n'apparaissent que très tardivement,et l'on s'acharne alors à repérer les signes de l'ancien sous les traits du nouveau en se remémorant les diverses étapes qui annonçaient déjà l'imminence du changement cependant qu'il semblait assuré que tout fùt appelé à perdurer insensible au passage des ans.
On croit qu'il ou elle s'exile parce qu'il ou elle cherche,chercherait à fuir ou qu'il ou elle veut, voudrait abandonner son pays,comme s'il existait des gens qui fussent propriétaires de quelque pays,comme s'il existait qui que que ce soit qui fût propriétaire de quoi que ce soit,qui eût quoi que ce soit à lui, à elle en propre,mais qui dira si, pour ne point s'écarter de la bizarre expression tant utilisée ici et là-----son pays------------ et qui ne renvoie probablement à rien d'autre qu'à un ensemble de souvenirs et de fantasmes que chacun doit à des interprétations justes non moins qu'à des appréciations falsifiées par le jeu des sentiments et l'évanescence des sensations,qui dira si ce n'est justement pour retrouver ou enfin trouver son pays,tel qu'il l'a connu ou croit l'avoir connu, tel qu'il voudrait qu'il fût,qu'il s'exile ?
L'exil n'est pas l'émigration :de même qu'on peut s'exiler sans émigrer,on peut très bien émigrer sans s'exiler ,mais si l'on accepte avec une relative ,sinon avec une grande facilité,laquelle confinerait à de la complaisance,que celui qui émigre ne s' exile pas forcément, il est rare qu'on veuille bien reconnaître que ce n'est pas parce que l'on s'exile qu'on émigre.
Là où le pouvoir se confond avec la force et où la force ne se distingue du pouvoir,il n'y a ,sauf pour les salauds et ( peut-être ) pour les faibles aussi, de choix qu'entre l'exil et la révolution,mais cela ne veut aucunement dire que les deux s'excluent mutuellement.

Tuesday, May 1, 2012

Le silence n'est pas toujours signe de consentement;il, bien plus souvent qu'on ne le croit, est expression de refus ,voire de mépris.
Bannir tout ce qui ne contribue à l'élévation de soi et persévérer le long de la voie difficile et pénible qui mène vers les hauteurs;il y a des gens parfaitement méprisables qui font semblant d'y consacrer leur existence,mais le plus étonnant et invraisemblalble ,c'est qu'il s'en rencontre qui sont convaincus de l'honnêteté de leurs intentions.Mais peut-être font-ils seulement semblant d'être convaincus.