Thursday, May 22, 2014

Ce n'est pas toujours après coup, une fois tel geste accompli et, le plus souvent, bien longtemps après, dans la remémoration involontaire et incrédule de l'acte passé, que l'on se pénètre de l'énormité dont on s'est rendu coupable, mais, bien plus fréquemment qu'on n'accepterait de se l'avouer, c'est avant même la concrétisation vers laquelle pousse, irrésistible, certain réflexe, certaine impulsion, que l'on inexplicablement, encore qu'un certain mimétisme n'en soit point absent ----mais c'est ce mimétisme-là qu'il faudra alors expliquer ---- se laisse aller à telle action, dont pourtant on soupçonne, très clairement, avec une lucidité quasi diabolique, luciférienne, l'impardonnable gravité dans l'instant même où l'on y cède, comme si l'on était par moments (par moments? par moments seulement?) violemment attiré par la passion de commettre quelque action particulièrement répréhensible, afin, peut-être, de, comme l'on croit, s'affirmer, ou encore dans le but de s'inventer un prétexte pour pouvoir ultérieurement s'autoflageller et ainsi parvenir à s'exposer à la commisération d'autrui dont l'attention, alors mobilisée par l'élan qui l'anime, n'a d'yeux que pour les malheurs et les souffrances qui contribuent à la glorification, voire à la sanctification de son abjection à soi, et tout cela est désespérément lamentable.

On croit s'absoudre de toute faute, se décharger de toute responsabilité en invoquant le fait de n'avoir point, en commettant une action qui, indubitablement, mérite d'être condamnée, agi exprès, mais qui avouera n'avoir point effectué volontairement une bonne et noble action?

Si la faute commise involontairement, inconsciemment,  demeure inexcusable, le bienfait accompli sans le savoir demeure alors  également louable, mais le seul bienfait; et peut-être pas le bienfaiteur également.

Il est si (naturellement?) vertueux qu'il n'a pas conscience de l'être; il ressemble en cela à cet individu qui est tellement méprisable qu'il ne peut que se croire vertueux.

 Quand le Pouvoir sert surtout à dominer, c'est qu'il est exercé par des voyous et des bandits.

On s'étonne, mais à tort, de ce que les gens d'église n'aient aucune considération pour les malheurs d'autrui, pour ceux des petites gens surtout: ils n'ont de temps que pour leur église et pour ceux qui en garantissent la survie et l'autorité, pour les riches et les puissants surtout.

La plupart des gens sont si débiles et ignorants qu'un individu passablement médiocre pourrait, pourvu qu'il soit suffisamment malhonnête, passer pour un foudre d'intelligence, mais à moins qu'on ne soit inimaginablement riche, on passera difficilement, le fût-on réellement, pour riche, sauf aux yeux de ceux qui, ayant conscience, fût-ce à tort, d'être extrêmement pauvres, trouvent que pratiquement tout le monde est, eux exceptés, riches.




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