Ceux qui affirment, ou prétendent, que point n'est besoin d'avoir beaucoup d'argent pour être, comme on dit, heureux, ne savent pas, font semblant de ne pas savoir, ne veulent pas savoir ( parce qu'ils savent sans doute) que même avec énormément d'argent, il n'est pas sûr qu'on soit heureux.
De même que ceux qui sont moyennement intelligents et qui, très souvent, ne sont que de véritables attardés mentaux se croient toujours suffisamment intelligents, sinon trop intelligents, ceux qui ne sont guère riches se croient également suffisamment ou trop riches, à cette différence près cependant que, si tous les débiles sont en permanence convaincus d'être intelligents, les pauvres ne croient pas tous être toujours suffisamment ou trop riches.
Les gens riches, ceux qui sont vraiment riches, sont, bien plus souvent qu'on ne le croit, peu conscients de l'être et il n'est pas infréquent qu'ils vivent, que certains d'entre eux, en tout cas, surtout ceux d'entre eux qui n'ont pas toujours connu l'opulence, vivent dans la crainte quotidienne de la disparition prochaine, imminente même, de la fortune qu'ils ont su acquérir ou conquérir, ou redoutent le retour, par tel coup du sort, des années sombres dont le souvenir ne cesse, longtemps après encore, de les hanter, et de là une certaine tendance, sinon un certain réflexe, chez bon nombre de riches, en cela fort différents des nouveaux riches et des faux riches, qui les comme naturellement incline à mener une existence modeste, à s'abstenir de toute dépense tenue pour inutile, à vouloir presque à tout prix réaliser des économies, avec, de surcroît, une espèce de férocité qui étonne, qui fait sourire et qui les ferait passer pour pingres aux yeux de ceux qui tout bêtement s'imaginent que seuls sont riches les personnes qui non seulement se permettent de dépenser à tort et à travers, comme si tout l'or du monde leur appartenait ou qu'il ne dût y avoir de lendemain, mais encore le font ostensiblement, comme si l'on ne dépensait réellement que si on le faisait sur la place publique sous le regard envieux et jaloux des uns et de celui admiratif des autres, cependant qu'il y en aurait qui simuleraient une certaine indifférence qui, toutefois, ne trompe personne, et l'on se prend à se demander s'ils comprendront jamais que les gens vraiment riches savent qu'on n'est jamais assez riche, tandis que ceux qui ne le sont pas ont la naïveté de croire qu'ils le sont et s'estiment comme obligés d'emprunter des airs et d'adopter des comportements que l'opinion publique et le cinéma consacrent comme étant ceux que l'on attend des authentiquement riches, démontrant par là même qu'ils ne sont pas riches, tout se passant comme si en définitive les vrais riches donnaient l'impression d'être presque indigents, cependant que des pseudo-riches font étalage d'un luxe factice et d'une prospérité de simple façade.
Saturday, June 28, 2014
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