Il arrive même à des gens extrêmement intelligents de ne point comprendre ce qui pourtant est fort simple , et l'on voudrait que les enfants comprissent ce qui est difficile et que bien souvent ils ne comprennent uniquement parce qu'on le leur expose et explique si mal.
L'égoïsme est certainement responsable de bien des malheurs,peut-être pas autant cependant qu'un altruisme qui s'ingénie à imposer sa conception du bien,laquelle se révèle n'être bien souvent que pure sottise.
Il faut ,pour vouloir assurer le bien d'autrui , n'entretînt-on aucun espoir de récompense ou même de gratitude,beaucoup de naïveté ,mais pour oser croire que l'on en est capable, il faut bien plus,il faut de la prétention et de la bêtise.
On peut douter que la plupart des hommes chérissent la liberté ; si tel était le cas, ils ne la refuseraient pas aux autres.Et si l'on s'amusait à penser que la liberté, ils ne la souhaitent pour eux seuls,il faudrait alors s'en inquiéter bien plus, vu qu'il ne saurait y avoir de véritable liberté ne fût-ce que pour un seul ,quand il n'y en a pas pour tous.
L'argument du plaisir est absolument inattaquable aussi longtemps que le plaisir , son plaisir à soi ne nuit à rien ni à personne, faute de quoi il est sale,ce plaisir-là .
Thomas Mann a ,peut-être comme personne,compris ,même s'il n'est certainement pas le seul à l'avoir compris, qu'il ne suffit pas à l'écrivain de produire une oeuvre d'une certaine qualité, mais qu'il lui faut encore donner une oeuvre d'un certain volume . A cela seul se reconnaît, se reconnaîtrait le vraiment grand écrivain.Thomas Mann était-il convaincu d'être grand écrivain ?Probablement pas; ce qui est sûr, c'est qu'il s'efforçait d'en être un.Cependant, Thomas Mann ne pouvait ignorer qu'une oeuvre peut être sublime sans être océanique.Sans doute est-il préférable qu'elle le soit ,mais en mettant l'accent sur le volume,la quantité,l'auteur de La Montagne magique n'a aucunement suggéré que l'abondance seule pût être synonyme d'excellence.Peut-être exprimait-il simplement le soupçon qu'il n'est,au fond, point si difficile, de produire un grand livre,un seul , même si c'est assurément déjà très bien; cependant ,le grand écrivain ne saurait être l'auteur d'un seul livre,si génial soit-il,encore qu'il soit probablement vrai que l'écrivain ne cesse jamais de toujours écrire et réécrire le même livre .En fait,on se peut demander si Thomas Mann ne voulait pas tout simplement dire que le véritable écrivain est celui qui ne cesse jamais d'écrire.Et écrire, ce n’est pas n’importe quoi; la plupart des gens , et même la plupart de ceux qui passent pour ou se croient écrivains croient seulement écrire .Mann lui-même n’était peut-être pas tant écrivain qu’amateur des belles lettres,mais son souci du langage ,tel qu’il nous est révélé par le texte au Quichotte consacré,ne saurait tromper : il est bel et bien écrivain.
Saturday, November 12, 2011
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