Wednesday, July 24, 2019
La nuit, les rues désertes, les carrefours vides, l'obscurité que masquent de tristes réverbères et le vain mécanisme des feux rouges: vert, rouge, orange, vert, rouge, orange, et surtout le silence, le silence qui persiste, à tout indifférent, cependant que la nuit s'enfonce dans la nuit jusqu'à ce que soudain éclate le jour et que les rues s'emplissent de gens, que divers bruits s'emparent des rues: ça parle, ça crie, ça hurle, ça grince, ça crisse et c'est comme si la nuit n'avait point été là, la nuit qui, à son retour, fera oublier la lumière du jour, comme si le jour n'avait eu de réalité non plus, une fois le soleil disparu, sauf bien entendu si l'on se trouve en Scandinavie en été, quand il fait jour près de vingt-trois heures sur vingt-quatre et, pour peu qu'on s'endorme au mauvais moment , on se lève et s'endort en plein jour, ou presque, mais la nuit n'en demeure pas moins bien spéciale qui transforme et éloigne les lieux que l'on, à tort d'ailleurs, croit familiers, les déportant, donc, au moins doublement dans les profondeurs d'insondables ténèbres, cependant que, sur place, ils semblent si étranges, étrangers même, comme inconnus, les maisons, les magasins, tous les bâtiments, les endroits encore ouverts et éclairés, tels des bars, des cafés, certains restaurants où l'on s'est rendu vingt fois, compris, tous enfermés, prisonniers du voile invisible et indestructible de la nuit qui convie bien moins au repos, qu'il n'incite à des promenades solitaires, à des explorations souvent futiles, vu que l'on est à si point perdu dans ses pensées, dans ce qui en tient lieu plutôt, que tout se passe comme si on ne voyait rien, comme si on était insensible aux multiples parfums de la nuit, se trouvât-on, par moments, à proximité de quelque jardin, comme s'il n'y avait rien, rien à part ses soucis à soi, ses fantasmes, d'infranchissables obstacles interdisant que l'on soit attentif à la beauté et au mystère de la nuit, qu'est la nuit, offerts et inaccessibles à la fois, dans le silence, dans le vide, témoins impassibles de la viduité à soi d'être humain égaré sur les chemins de la vie.
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