Un livre qui serait immédiatement de tous compris, que l'on aurait, le livre refermé, entièrement épuisé, ne pourrait, en admettant que cela puisse exister, valoir grand- chose.
L'ouvrage le plus médiocre, l'ouvrage le plus atroce et ridicule même , se transforme grâce au lecteur, pourvu qu'il sache lire; et l'ouvrage alors produit par la lecture n'a plus rien à voir avec les ordures publiées par des pornographes qui s'ignorent.
L'oeuvre ne présente quelque intérêt que si elle fonde son propre langage, lequel ne peut d'abord qu'être incompréhensible même pour le plus avisé d'entre les lecteurs, qui, lui, n'en est pas dupe et reconnaît au moins l'immensité de la tâche qui l'attend.
Sous sa vaine apparence de lisibilité, toute oeuvre demeure foncièrement illisible, ne serait-ce que parce que l'on en a jamais fini de la lire.
Il n'est pas impossible que sachent lire ceux- là seuls qui doutent d'en être capables.
Seule la lecture peut sauver le monde, mais non seulement ne lit- on pas, mais, pire encore, on croit lire, et il en résulte toutes les catastrophes les plus effrayantes, les plus inattendues.
Thursday, June 28, 2018
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