Tuesday, February 9, 2016



DU REFUS DU STÉRÉOTYPE
Très brève note sur, entre autres, au moins deux remarques de Sir Aneerood Jugnauth
  
Il est bien connu que le politicien, surtout quand il est au pouvoir, prend garde de ne froisser l’opinion courante,  témoigne d’une profonde réluctance à s’éloigner des clichés les plus éculés eux-mêmes, et n’a que de l’aversion pour tout ce qui va à contre-courant des idées reçues. Et ce qui (naturellement ?) vaut pour le politicien ne vaut pas moins (bizarrement ?) pour le politique, encore qu’on se fût attendu de sa part, d’autant plus qu’il est, le politique, un acteur qui est  le plus souvent absent de la scène politique, qu’il eût un comportement différent. Mais il faut croire qu’il n’en est, en général, rien ; si, dans l’opposition, si, hors du pouvoir ou/ et avant le pouvoir, le politicien se fait un point d’honneur de tenir un discours progressiste, voire révolutionnaire, une fois au pouvoir, il a vite fait de montrer et de démontrer qu’il n’est, lui aussi, qu’un affreux réactionnaire. Non qu’il préfère le confort que procure l’immobilisme du stéréotype, l’envers nullement solidaire et  farouchement hostile de tout effort authentique de pensée, mais il cherche et trouve refuge dans le semblant de progressisme,  de mouvement sinon de changement, de tout conservatisme. Et le pouvoir est, comme par essence, conservateur, réactionnaire.
Or il semble bien que Sir Aneerood Jugnauth soit au moins en train d’infliger un sévère démenti à ces idées reçues quant au pouvoir. Ceux qui s’en étonneraient n’ont que le tort d’oublier son désir, sa volonté même d’achever sa carrière dans l’honneur, ce qu’amplement souligne son discours de Rivière-du- Rempart, le 12 décembre 2014, discours qui, bien plus que l’expression d’un souhait ou l’énoncé d’une ambition, signifie la promesse d’un engagement. Mais on n’atteint pas à l’honneur, on ne gravit pas les difficiles sommets qui y mènent n’importe comment, certainement pas avec la désinvolture d’un cavalier se rendant au bal, comme dirait notre ami de Copenhague. Et Sir Aneerood Jugnauth a déjà plus d’une fois prouvé qu’il a, le premier et, à ce jour, le SEUL, magnifiquement compris cela.
Il a parfaitement établi qu’il ne revient pas au pouvoir, surtout pas à un Premier ministre, d’être le complice des écarts dont ont pu se rendre coupables les autorités censées être au service du pays, mais qu’il est de son devoir de s’opposer de tout son être auxdits écarts, même quand il n’en est, ni directement ni indirectement, la cible. Allant plus loin encore, il  a choisi de privilégier la distinction et la retenue contre certains antagonismes, contre l’hostilité à peine voilée de réactionnaires soucieux du seul effritement de leurs prérogatives abusivement, voire illégalement, acquises, alors que d’autres ne se fussent privés de recourir à l’intimidation, aux menaces pour éliminer toute velléité de confrontation.  Ce qu’un jour l’Histoire appellera peut-être l’affaire Iqbal, le cas Ramdhony, ou encore le (faux ?) problème Pravind Jugnauth signifie déjà que le rêve d’honneur de Sir Aneerood Jugnauth, c’est le rêve d’une île Maurice réellement démocratique, dans laquelle prévaut la primauté effective de la loi et au sein de laquelle le Gouvernement et ses auxiliaires seront au service des gens, avec pour tâche de protéger, et non de dominer.
Il y a à peine quelques jours Sir Aneerood Jugnauth a opéré, contre toute attente peut-être, mais avec un rare bonheur assurément, un véritable virage épistémologique  en refusant de se satisfaire des concepts traditionnels d’esclavage, dont il souligne la nécessaire extension pour une appréhension idoine  du champ conceptuel ainsi défriché, et celui de patriotisme, de service au pays, en rappelant, avec une extrême lucidité, qu’il est plus d’un moyen de servir son pays, où que l’on se trouve,  et que les plus reconnus  et acceptés d’entre ces moyens ne sont pas forcément, ni toujours les meilleurs.
Par toutes ses prises de position, lesquelles pourraient déjà constituer le manifeste de son testament politique, Sir Aneerood Jugnauth a suffisamment et abondamment confirmé savoir  qu’il ne foulera le sol de la Terre promise de l’honneur qu’en léguant au pays une Nation démocratique et juste, une Nation qui méprise les flagorneurs et les profiteurs, une Nation au sein de laquelle le peuple sera vraiment roi. Pour toutes ces raisons, je ne craindrai de proclamer la nécessité, le devoir même pour tous, quels qu’ils soient et quelles que soient leurs préférences personnelles ou politiques, de le soutenir, de l’épauler, de l’aider  dans son désir de trouver le chemin de l’honneur (Honoris Iter) : c’est tout le pays qui en bénéficiera et, sans doute, pendant très longtemps au moins.

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