MAIS DE QUEL ALOI ?
Il y a quelque trente ou quarante ans de cela,prit , à la faveur d’une consultation populaire, le pouvoir dans un pays dont le nom m’échappe un parti qui se voulait libéral,sinon libertaire. Et libertaire l’est , de manière générale, tout parti d’opposition ou tout parti accédant au pouvoir, sauf, peut-être, quand il se succcède à lui-même.Le président de ce parti , qui devait assumer les fonctions de Premier ministre,n’était que le chef nominal de son parti et du nouveau gouvernement.
Il n’était pas moins avocat cependant.Interrogé lors d’une conférence de presse au sujet de la présence d’éléments des services de Renseignements dans la salle où se déroulait la rencontre avec les journalistes ---- présence inattendue ,voire choquante, dans la mesure où les services de Renseignements en question étaient aux yeux de presque toute la population de ce pays ,à tort ou à raison, le symbole même de la répression réelle ou imaginaire exercée par le régime précédent----,il eut la candeur de répondre que lesdits services étaient au service du nouveau gouvernement et que, par conséquent, il ne fallait point s’étonner de leur présence,même si strictement aucun changement n’était intervenu au niveau de ce que son parti lui-même qualifiait de Gestapo locale peu de temps avant.
Ainsi donc,les services de Renseignements d’un pays ne sont pas, du moins d’après cette personne et, hélas! pas que d’après elle, au service de l’État, ni au service de la nation, ni même à celui du pays, du peuple ou de la population ( termes aucunement synonymes comme le dernier des ignorants lui-même ne saurait l’ignorer ),mais au service du Gouvernement.Et on peut,on doit même se demander si ,pour lui ,non moins que pour tant d’autres ( la majorité? ) le Gouvernement ne se réduit au parti au pouvoir ,avec tout ce que cela peut impliquer.Cette personne, cette personnalité, si l’on préfère, nous rappelle, si tant est qu’il s’agisse de cela, qu’un avocat n’est pas forcément juriste ; elle nous rappelle ou nous apprend, si tant est qu’il s’agisse bien de cela, que ,pour être législateur, on n’en est pas pour autant savant.
Et si le parti qui gouverne tient que ce qu’on nomme les institutions ne sont là que pour le servir,quoi d’étonnant à ce que ceux qui oeuvrent au sein des institutions, mais qui ne sont pas eux-mêmes lesdites institutions,même si trop souvent,ils s’y identifient tant et si bien,ou si mal, qu’ils finissent par s’en croire les propriétaires,entretiennent la conviction que leur rôle consiste en un vasselage permanent dans le mépris le plus arrogant et total des lois, dont l’aloi n’est apprécié qu’aussi longtemps qu’elles ,les lois,servent des intérêts bien précis, fussent-ils parfois justifiés?
Se faut-il même alors scandaliser de ce que,les institutions,ou plutôt les personnes travaillant, comme on dit, dans les diverses institutions , étant ,l’exceptionnelle exception confirmant la règle, à la solde du parti au pouvoir, et le parti au pouvoir n’ayant d’yeux que pour le pouvoir, l’aloi dont sont constituées les lois ne soit ni bon, ni même mauvais ? Je ne le pense pas, car se scandaliser ne saurait suffire;il faut bien plus que cela.
Car là où il y a ,non pas une absence de lois--------ce qui est rigoureusement impossible--------, mais un semblant de lois, un travestissement--------il y en a qui s’y connaissent,------------qui, sous le couvert d’une légalité au demeurant toute formelle,fait régner le caprice et triompher l’arbitraire dans l’insolente impunité des hors-la-loi, de ceux qui se mettent hors la loi,pour peu qu’ils soient les nerfs et les serfs du parti au pouvoir,on ne peut parler de démocratie, ni même de dictature peut-être, mais de ce que le vieux Platon appelait ochlocratie, que je traduis plutôt librement en règne des pires .En fait ,l’ochlocratie, c’est le règne de la populace, et il y a de cela quand un semblant de lois se substitue à l’équitabilité et à l’impartialité des lois.Le terme le plus approprié serait kakistocratie ,l’équivalent du règne d’un collectif de voyous et de filous.
On pourrait la croire,la kakistocratie, impossible , ou incapable de durer,mais on se trompe;plus d’un exemple démontre qu’il n’y a qu’elle qui soit et qui dure.Mais ce n’est pas seulement parce que ,comme le jugeait Montesquieu rectifiant ,en quelque sorte, le propos de Bayle regrettant qu’une république de bons chrétiens ne puisse durer , une telle république, celle de bons chrétiens ,ou même de bons athées, ne saurait ( même ) durer,c’est aussi et surtout parce que nous y, d’une manière ou d’une autre, souscrivons et applaudissons,là où elle sévit .Sans doute pas nous tous, mais bon nombre d’entre nous;assurément la majorité d’entre nous.
De quel aloi la loi ? Les lois ? Mais de ce que nous voulons,activement ou/et passivement.Toutefois ,il ne s’agit pas de désespérer.Il suffirait d’un peu de dignité , encore que la dignité pour certains ( la majorité? ) ne soit digne de la moindre attention, pour que………….
Ramanujam Sooriamoorthy
Saturday, October 8, 2011
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