Friday, March 18, 2011

De l'impair à l'impasse

DE L’IMPAIR À L’IMPASSE ?
Il semble bien que ,pour l’heure et pour longtemps encore, et cela ne fait pas que commencer,,il y ait surtout deux dangers qui guettent,menacent et même assiègent la langue française. (Précisons tout de suite, cependant, qu’en disant la langue française , nous ne pensons pas une seconde qu’elle soit une ni qu’elle se réduise à quelque orthodoxie. ) Il y a,il y aurait, d’abord,encore que ce ne soit pas forcément un ordre de priorités, ce qu’on appellera le conservatisme ou encore le nostalgisme :contre l’état de déclin dans lequel stagne ,ou a l’air de stagner la langue française,compte tenu surtout de l’hégémonie envahissante, non pas de l’anglais, mais du Globish, du Global English, irrésistible est pour certains la tentation d’opérer un retour en arrière pour retrouver et faire revivre un état antérieur caractérisé , sinon par une omniprésence triomphale de la langue, du moins par une fière et joyeuse affirmation de l’éclat dont elle comme naturellement resplendit,pas plus ni moins ,par ailleurs , que n’importe quelle autre langue. Il s’agit là d’une tentation qui, pour légitime, peut-être, qu’elle soit, n’en est pas moins maladroite et même puérile.Elle risque d’enfermer le français, toute pratique du français , dans un passé où il se contenterait de se mirer narcissiquement et psychotiquement, en niant tout lien avec le présent et en n’exprimant aucun souci pour l’avenir,ou, pire, en entretenant l’illusion que l’avenir sera à l’image du passé, pas de tout le passé,mais de cette partie-là seule du passé qui est de gloire auréolée. Cela n’est guère sérieux et, en l’admettant possible, n’est nullement souhaitable,car conduisant soit à l’isolement-----------on se replie sur soi et,in différent aux autres ,on ne connaît,n’accepte ,ne reconnaît que soi------------- ,soit à la guerre-------------on veut que l’autre n’ait d’yeux que pour soi et se ,admiratif, soumette à l’autorité,au prestige de son excellence inégalée, sinon inégalable----------, voire aux deux, l’un n’excluant pas l’autre,y pouvant même contribuer .
A l’autre pôle, il y a ceux qui estiment que , les beaux jours du français étant ensevelis sous un passé à jamais révolu,il n’y a pas à y revenir,et qu’il faut plutôt se tourner vers l’avenir,l’avenir étant le Globish ou encore l’informatique, la techno-science.Et( paradoxalement ? ),ils affichent cette position au nom des intérêts, lesquels ne peuvent, en dernière instance , être que matériels, économiques, sociaux , à défendre et à promouvoir de la France et même des Français,peut-être des francophones aussi, quoique là on ne soit de rien assuré.Il s’en ensuit une attitude,une politique de désaffection , de honte, voire de mépris vis-à-vis du français et surtout du passéisme qu’il symbolise(rait ), dont le corollaire est un relâchement total dans la pratique-------------à tous les niveaux : dans l’enseignement, dans les médias, dans le quotidien même , tant sur le plan du parler que celui de l’écrit, peut-être bien dans la production en français en général,----------- du français et un accueil ,non pas tant aux langues étrangères, dites étrangères, qui savamment mené ne devrait aucune contestation rencontrer, mais, au Globish .
On pourrait croire ces deux attitudes antithétiques;elles ne le sont pas,elles obéissent à des motifs analogues, sont inspirées par des constats identiques,et contribuent à la naissance d’un seul et même, les semblants de différence nonobstant , espace-temps dans lequel le français ,soit abêti par les louanges dont on l’aura suffoqué,fossilisé se trouve ,soit altéré jusqu’à l’épuisement par les intrusions et les déformations qu’il aura lui-même accueillies, méconnaissable à soi-même se trouve devenu.Le résultat est , au fond, le même :qu’il s’agisse de relégation au musée des vieilleries ou de déliquescence, c’est toujours à une forme de régression ou de disparition que l’on assiste, dans l’effroi et le regret ,ou dans la sérénité et la jubilation.Et l’impair, en définitive le même, d’orienter tout droit vers la même impasse , celle que nous venons d’identifier.
S’en faut-il cependant affliger? Peut-être bien que oui, peut-être bien que non ; ce qui est indéniable, c’est qu’il s’en faut alarmer.Car , comme nous ne cessons de le crier depuis bientôt vingt ans, et pas seulement ici, mais un peu partout, à Madagascar, aux Seychelles, en Zambie, au Japon, aux États-Unis, au Canada, en France même, dans la présente configuration géo-économico-politico-culturelle, le français, certaines pratiques du français, certaines pratiques linguistiques et langagières telles qu’elles se sont jusqu’ici énoncées surtout en français, comme en peuvent témoigner les travaux de Mallarmé, de Lautréamont, de Sollers, de Derrida,de Lacan, mais aussi ceux de Rabelais et de Céline , avec ,entre autres, la suspension qu’ils proposent de tout sens achevé ,permettent d’élaborer la stratégie-------------plurielle , cela va de soi,-------------- la mieux appropriée pour lutter contre toute forme d’hégémonisme , pour ruiner toute idéologie. Ne serait-ce que pour cela, que parce que certaines pratiques dues au français sont ,seraient en mesure de préserver de toute menace de dictature,toute dictature étant en définitive celle du sens, le combat en faveur du français, sans toutefois qu’on en fasse une nouvelle forme hégémonique, s’impose comme une obligation non seulement politique,mais également morale.
Ramanujam Sooriamoorthy
(AMEF)
Association mauricienne des enseignants de français
Président
Blog : http://sooriamoorthy.blogspot.com

2 comments:

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