Wednesday, January 27, 2016

Bien des auteurs ne montrent leurs oeuvres que par mépris: mépris des oeuvres elles-mêmes dont ils ont l'air de se débarrasser en les montrant aux autres, mais mépris également de ceux à qui ils montrent leurs oeuvres et qui n'y voient que du feu et croient que c'est par égard pour eux.

Tout le monde aime John Ford, y compris John Ford lui-même, quand il lui arrivait d'oublier qu'il était John Ford.

A écouter Ford (John) parler du cinéma, à le voir à l'oeuvre sur un plateau de tournage, on pourrait avoir l'impression qu'il s'ennuie à mourir, qu'il est tout furieux, constamment de mauvaise humeur, comme s'il haïssait le cinéma; on peut se demander si, au fond, ce ne sont pas surtout les acteurs qui l'agaçaient et qu'il méprisait. Il aurait bien voulu d'un cinéma sans acteur, mais même lui n'a jamais vraiment pu se débarrasser entièrement de l'acteur. Reconnaissons quand même que chez lui,tout comme chez les vrais cinéastes, chez Visconti, chez Antonioni, chez Pasolini, chez Kurosawa, chez Welles lui-même, grand acteur pourtant, le rôle de l'acteur lui-même, une pièce parmi tant d'autres et rien d'autre, est véritablement infime, mais, pour s'en apercevoir, il faut avoir appris à regarder, à lire un film.

Le désir exprimé de liberté souvent à une volonté de paresse, d'oisiveté, se réduit, et qu'il puisse exister ne serait-ce qu'un seul être dont le rêve suprême consisterait à glander, à ne rien foutre, à passer  son temps et à gaspiller sa vie à bavarder, à jouer aux cartes, à regarder la télévision , à s'intoxiquer, cela est fort inquiétant, surtout là où l'on croit et clame que les êtres, tout particulièrement les êtres humains, sont tous pareils.

Il est des inactions qui sont peut-être bien plus sales encore que certaines actions.

Il est des hommes, surtout des hommes, qui aiment à dominer: ils sont presque tous, sinon tous, des êtres inférieurs.










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